CAMPAGNE DE FRANCE 1814 (3 a)
1er - 15 mars 1814

Vous pouvez cliquer sur les panoramas pour les agrandir !
 

 

Campagne de France (1) : novembre 1813- janvier 1814
Campagne de France (2 a) : 1er- 14 février 1814
Campagne de France (2 b) : 15-28 février 1814
Campagne de France (3 a) : 1er - 15 mars 1814
Campagne de France (3 b) : 16-31 mars 1814
Campagne de France (4) : avril 1814
Campagne de France dans le Sud-Est
Campagne de France dans le Sud-Ouest


Ce qui précède : Campagne de France (2 b) : 15-28 février 1814

01/03/1814 Lizy-sur-Ourcq
01/03/1814 Mesnil-Saint-Père
01/03/1814 Jouarre
02/03/1814 Bar-sur-Seine
02/03/1814 La Ferté-sous-Jouarre
02/03/1814 Reddition de Soissons
02/03/1814 Fère-Champenoise
03/03/1814 Laubressel
03/03/1814 La Guillotière
03/03/1814 Thennelières
03/03/1814 Neuilly-Saint-Front
03/03/1814 Barce
03/03/1814 Bézu-St-Germain
04/03/1814 Fismes
04/03/1814 Montfaucon
05/03/1814 Reims et Braine
05/03/1814 Berry-au-Bac
07/03/1814 Craonne
07/03/1814 Courtrai
08-09/03/1814 Bergen-op-Zoom
08-09-10/03/1814 Chavignon
09-10/03/1814 Laon
12/03/1814 Reims 
13-14/03/1814 Reims  
13/03/1814 Saint-Nicolas
14/03/1814 Berry-au-Bac
15/03/1814 Compiègne

1er mars 1814 : combat de Lizy-sur-Ourcq

Le général Blücher, commandant l'armée  coalisée dite de Silésie, ayant passé la Marne à la Ferté-sous-Jouarre, attaque les maréchaux Mortier et Marmont postés derrière l'Ourcq. Pendant que le général Sacken attirait l'attention des maréchaux par de fausses démonstrations devant Lizy, le général Yorck passait la petite rivière de Gesvres, et poussait la cavalerie du général Doumerc, qui fléchit devant lui. Mais le général Marmont s'étant porté à la rencontre du général prussien, le rejeta sur la rive droite de l'Ourcq après un engagement assez chaud, dans lequel il lui fit trois cents prisonniers. 

 

1er mars 1814 : Combat de Mesnil-Saint-Père
Stèle 22 : Mesnil-Saint-Père
1er mars 1814, le combat de Mesnil-Saint-Père
Intersection de la D43 et du Chemin de la Basse-Bataille, 300 m du port (en coordonnées : N48.253181°- E4.343212° ou 48°15'11.29"N  4°20'35.46"E)

 

1er mars 1814 : L'Empereur est à Jouarre


Il passe la nuit au château de Venteuil.

 

2 mars 1814 : Combat de Bar-sur-Seine

Le 2 mars 1814, un combat oppose les troupes de Macdonald aux Autrichiens du prince de Wurtemberg.  Un petit boulet de canon incrusté dans la porte de Châtillon, dernier vestige de l’enceinte fortifiée de 1779, en est le seul souvenir.

 

Pendant que l'empereur Napoléon,avec le gros de l'armée française, se portait sur la Marne à la poursuite de l'armée  coalisée de Silésie, les maréchaux Macdonald et Oudinot étaient restés sur l'Aube pour tenir en échec l'armée austro-russe. Le 2 mars, le maréchal Macdonald est attaqué près de Bar-sur-Seine par le corps du prince royal de Wurtemberg. Le général Brayer défendit cette ville pendant quelques heures, mais l'ennemi ayant enfoncé la porte de Châtillon à coups de canon, il ne voulut pas exposer la ville aux calamités d'une prise de vive force, et se retira derrière la Barce dont il fit sauter le pont. 

 

 


2 mars 1814 : La Ferté-sous-Jouarre

Le 2 mars 1814 :  REDDITION DE SOISSONS.

La ville de Soissons, prise le 14 février, ainsi que nous l'avons vu, avait été évacuée par les Russes, et réoccupée par les troupes françaises.  Le général Moreau en avait le commandement, avec une garnison de douze à quinze cents Polonais.  Les généraux  coalisés  Vorontsov et Bülow, marchant pour faire leur jonction avec le général Blücher, qui, poussé par l'empereur Napoléon, se repliait de la Marne sur l'Aisne, se présentèrent devant cette ville le 2 mars, et après quelques coups de canon tirés, la sommèrent d'ouvrir ses portes.  Le général Moreau, intimidé par la force de l'ennemi, ne se pénétra point assez de l'importance de la place qu'il était chargé de défendre, et capitula sous la seule condition qu'il lui serait loisible de rejoindre l'armée française avec sa garnison et ses pièces de campagne.  Quoique cette capitulation fût des plus avantageuses pour l'ennemi, elle fut au moment d'être rompue par la mauvaise foi des Prussiens qui, en contravention du traité, ne voulaient laisser sortir que deux pièces de campagne.  Cette déloyauté transporta de fureur la garnison, excitée encore par le bruit du canon de l'armée française, qui depuis la veille ne cessait de se faire entendre en se rapprochant; elle allait se mettre en révolte contre le général Moreau, et défendre la place malgré lui, lorsque le général russe Vorontsov aplanit les difficultés, en faisant sentir aux Prussiens le danger d'insister sur leurs injustes prétentions.  « Donnez-leur, dit-il, toutes les pièces qu'ils réclament, et les miennes même, s'ils les exigent; mais qu'ils partent de suite:  nous aurons encore fait un bon marché.»  Le général Vorontsov voyait sainement; à peine la garnison fut hors des faubourgs, que les têtes des colonnes de l'armée du général Blücher y parvinrent dans le plus grand  désordre, vigoureusement suivies par l'armée sous les ordres de Napoléon.  Blücher fut sauvé, car il put alors passer l'Aisne sans obstacle.  Mais si Soissons avait tenu seulement trois ou quatre jours, ainsi qu'il était raisonnable de l'espérer, qu'eût fait ce général pressé en queue par les maréchaux Mortier et Marmont, poussé sur son flanc gauche par Napoléon, et acculé à l'Aisne, sur laquelle il n'avait aucun passage assuré.  Selon toutes les apparences, il eût été contraint de mettre bas les armes en rase campagne, comme à Schwartau (6 novembre), dans la guerre de 1806.  Plus heureux que sage, la fortune le tira de ce mauvais pas, où son imprévoyance accoutumée l'avait précipité.

 

3 mars 1814 : bataille de Laubressel

Troupes françaises
Maréchal Macdonald
2ème Corps (Gérard)
  - Division  Duhesme (24e Léger, 19e, 37e et 56e de Ligne)
  - Division Rottembourg (2ème Division de Tirailleurs de la Jeune Garde, détachée du corps d'Oudinot)
2ème Corps de Cavalerie (Saint-Germain)
  - 2ème division de Cuirassiers 
  - 2ème division de cavalerie légère
7ème Corps
  - brigades de la division Leval

Total 20.000 hommes

Pertes françaises : 500 tués et blessés, 2000 prisonniers, 7 canons perdus

 

Troupes alliées
Général Schwarzenberg (armée de Bohème)
5ème Corps bavarois (von Wrede)
6ème Corps russe (Wittgenstein)

 

 

 

Total : 32.000 hommes

Pertes alliées : 1.000 hommes tués et blessés.

 

 

Panorama sur Laubressel, plus particulièrement, vue sur le chevet de l'église, d'est en ouest. (Cliquez pour agrandir).Cette image permet une parfaite comparaison avec le tableau du colonel Langlois. Comme ce tableau le démontre, l'église fut témoin des combats. Il n'existe aucun monument à cette bataille, si ce n'est une plaque commémorative, autrefois apposée sur le monument aux morts, et maintenant conservée à la mairie. Le Guide Napoléon nous en révèle le texte :
COMBAT DE LAUBRESSEL, PRÈS DE TROYES
LE 3 MARS 1814
CORPS D’ARMÉE DU MARÉCHAL OUDINOT
LE GÉNÉRAL DE DIVISION DE ROTTEMBOURG
À LA TÊTE DE LA JEUNE GARDE
TINT TÊTE AU CORPS DU PRINCE GORSTCHAKOFF
QUI CHERCHE À S’EMPARER DU PLATEAU
ET DU VILLAGE DE LAUBRESSEL

On notera qu'il s'agit, mot pour mot, de la légende du tableau de Langlois au Musée de l'Armée !

Stèle 17 : Laubressel
3 mars 1814, le combat de Laubressel
Chevet de l’église, place de la Mairie (en coordonnées : N48.29875°- E4.21429° ou 48°17'55.77"N  4°12'51.39"E)

 

Combat de Laubressel près de Troyes, le 3 mars 1814
Corps d'armée du maréchal Oudinot.
Le général de division baron de Rottembourg, à la tête d'une division de la Garde, tient
tête au corps du prince Gortschakoff, qui cherche à s'emparer du plateau et
du village de Laubressel. Au fond à droite Troyes.
Sur le premier plan le général de Rottembourg, accompagné du colonel Sourd.
 


La même vue d'est en ouest, de l'extérieur du village.(Cliquez pour agrandir)


La sortie opposée du village, le vue d'ouest en est.(Cliquez pour agrandir.)

3 mars 1814, Thennelières
Croisement de la D161, rue du 14 juillet et de la D48, rue St-Jean. Place devant l’église à côté du Monument aux morts (en coordonnées : N48.29078°- E4.17506° ou 48°17'26.80" N 4° 10' 30.21"E)

 

L'église de Tennelières, témoin des combats.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 






Bataille de Laubressel : combat de la Guillotière

Stèle 19 : Courteranges
3 février 1814 - 3 mars 1814, la défense du pont de la Guillotière

Pont de la Guillotière, établi sur le canal de restitution, D619 (ancienne N19) sur le parking droit en venant de Troyes . (en coordonnées : N48.268484°- E4.212510° ou 48° 16' 6.54 N 4° 12'45.03 E)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La stèle pupitre numéro 19 au pont de la Guillotière à Courteranges, sur le parking à droite en venant de Troyes.

 

 


Pont de la Guillotière, épisode du combat de Laubressel. Le général Jacques-Louis Dornier y est tué. 
Après s'être signalé à Montereau, ce fils de soldat suisse venait d'être nommé général de brigade, commandant la 1ère brigade de la 1ère Division du 2ème Corps sous Gérard.



Le bouclier symbolisant le combat de La Guillotière dans la Befreiungshalle de Kelheim. Il est étonnant de voir cette mention, et non Laubressel.

 Le 3 mars 1814 : NEUILLY-SAINT-FRONT

L'armée coalisée de Silésie, aux ordres du maréchal Blücher, poussée en queue et en flanc par les maréchaux Mortier et Marmont et par l'empereur Napoléon, se repliait de la Marne sur l'Aisne. Le 3 mars au passage de l'Ourcq, près le village de Neuilly Saint-Front, elle est attaquée par le corps du maréchal Marmont, et son arrière-garde entamée perd six cents hommes. 


Le 3 mars 1814. COMBAT SUR LA BARCE

Pendant que l'empereur Napoléon se portait sur la Marne contre l'armée  coalisée dite de Silésie, les maréchaux Macdonald et Oudinot laissés sur l'Aube, étaient attaqués par l'armée austro-russe.  Après les combats de Bar-sur-Aube et de Bar-sur-Seine (27 février et 2 mars) , ces deux corps français qui ne comptaient pas au-delà de vingt-cinq mille hommes, trop faibles pour soutenir le choc d'un ennemi quatre fois plus nombreux, se retirèrent sur la Barce, couvrant de cette position la ville de Troyes. Le 3 mars ils furent de nouveau attaqués par toutes les forces  coalisées; et après avoir vigoureusement soutenu leurs efforts toute la journée, ils évacuèrent les bords de la Barce, et se replièrent sur Troyes pendant la nuit.  Le maréchal Macdonald, qui commandait en chef les deux corps réunis, ne jugeant pas possible avec des forces aussi disproportionnées de tenir sur la rive droite de la Seine, passa sur la rive gauche de cette rivière, et évacua, le lendemain 4, la ville de Troyes, qui fut aussitôt occupée par l'ennemi. 

3-4 mars 1814 : Bézu-Saint-Germain

Dans la rue principale, sur la maison de M. Harmand, maire de la commune en 1814 :

BATAILLE
DE
CHÂTEAU-THIERRY

DANS CE VILLAGE               
NAPOLÉON IER                           
PASSA LA NUIT DU 3 AU 4
MARS 1814 PEU AVANT      
LES BATAILLES DE              
CRAONNE ET LAON               

L'escalier conduisant à l'étage et la porte de la chambre de l'Empereur
(à l'occasion du bicentenaire du passage de l'Empereur).

 

Le bicentenaire  : http://napoleon-monuments.eu/Napoleon1er/Bezu2014.htm

4 mars 1814 : Combat de MONTFAUCON

n
EN HOMMAGE
AU DÉVOUEMENT
DE CHARLES-HENRI
DE TILLANCOURT
ET DES
VOLONTAIRES
DE MONTFAUCON
1814 

Le 4 mars, sur la route de Montmirail, Charles-Henri de Tillancourt (né le 13 mars 1775 à Follaincourt dans les Vosges), maire de Montfaucon, tend une embuscade à un convoi ennemi, fait prisonnier son escorte et détourne munitions et vivres, à la grande joie des habitants. Ce fait d'armes lui valut la croix de la Légion d'honneur.
 

Au cimetière, derrière l'église, tombes de la famille de Tillancourt : à gauche, Edmond de Tillancourt, ancien député et maire de Montfaucon, au centre, Charles-Henri de Tillancourt, maire de Montfaucon de 1807 à 1834, (date de son décès à Tillancourt), à droite, celle de Marie-Louise Berlin de la Doultre, décédée en 1868. Les Tillancourt étaient les châtelains de la Doutre, à Tillancourt.

Ici gît

Charles-Henri de Tillancourt
militaire - agriculteur
maire de Montfaucon de 1807 à 1834
........................le 12 avril
1834 à l'âge de 59 ans
Priez pour lui.


4 mars 1814 : Fismes

 

 Sur le mur de l'hôtel de ville de Fismes :

 

 

 

 

 

 

LE 4 MARS 1814
AUX HEURES GLORIEUSES
ET DOULOUREUSES DE LA
CAMPAGNE DE FRANCE
NAPOLÉON 1er
S'ARRÊTA DANS CETTE VILLE
À LA MAISON HAUBERTIN
AUJOURD'HUI DISPARUE

 

 

 

 

 

 

Plaque apposée le 8 mars 1992 par l'A.C.M.N.(délégation de la Marne).

Photo B. Ballery


Le 5 mars 1814. COMBATS DE REIMS ET DE BRAINE.

Pendant que le gros de l'armée française, sous les ordres de l'empereur Napoléon, poussait l'armée  coalisée de Silésie, de la Marne sur l'Aisne, le général Corbineau, à la tête de quatre cents hommes de cavalerie de la Garde impériale, sous les ordres immédiats du chef d'escadron François, se portait sur Reims.  Le 5 mars, vers quatre heures du matin, ce corps arrive devant la ville par des chemins de traverse, la tourne par Saint-Brice, enveloppe quatre bataillons ennemis postés sur le plateau de Sainte- Geneviève, et leur fait mettre bas les armes.  La possession de Reims coupa toute communication de l'armée de Silésie avec l'armée austro-russe, restée sur la Seine.  Le même jour, la division de cavalerie Roussel, vers deux heures du matin, attaqua et culbuta, près de Braine, sur la route de Soissons, un millier de cosaques qui occupaient cette petite ville; elle fit une centaine de prisonniers et délivra quelques Français faits prisonniers par les Russes les jours précédents. 

5 mars 1814 : Combat de BERRY-AU-BAC


L'actuel pont sur l'Aisne, à Berry-au-Bac. Le 5 mars à midi, les cavaliers de Nansouty, les lanciers polonais du général Pac et la division de cavalerie Exelmans s’emparent de Berry-au-Bac et rejettent les cosaques vers Corbeny. Dans l’après-midi, Ney et la division Friant s’établissent sur le rive droite .

L
Combat de Berry-au-Bac, les lanciers polonais, suivis des chasseurs à cheval de la Garde, enlèvent le pont, par Félix Philippoteaux.

 

 

 

 

 

 

à la mémoire

des généraux

NANSOUTY, PAC et EXELMANS

et des combattants

qui s'illustrèrent à

BERRY-AU-BAC

le 5 mars 1814

ACMN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La plaque de l'ACMN sur le pont de Berry-au-Bac.

Les lanciers polonais, encouragés par la présence de Napoléon sur le champ de bataille, chargent les Russes qui sont rapidement enfoncés et doivent repasser le pont en désordre. Suivis par les escadrons de Nansouty et d'Exelmans, les cavaliers du général Pac traversent le pont au galop et se lancent à la poursuite des cosaques2. Au cours de la mêlée, le chef d'escadron Ambroise Skarzynski arrache une lance à un cavalier russe et s'en sert pour mettre hors de combat plusieurs adversaires, imité en cela par d'autres officiers polonais. Les fuyards russes tentent de se reformer au-delà de La Ville-aux-Bois, mais ils sont dispersés à nouveau par la cavalerie de la Garde et rejetés sur Corbeny. Au cours de l'engagement, la troupe de Nansouty capture 200 cosaques ainsi que deux pièces d'artillerie et les bagages ennemis.


 

6 mars 1814 : prélude à la bataille de CRAONNE

Le 9 mars 2014, à l'occasion du bicentenaire, une nouvelle plaque a été inaugurée près des ruines de l'église du Vieux Craonne, village disparu. Ce village fut le témoin du prélude à la bataille du 7 mars.

7 mars 1814 : Bataille de CRAONNE



 

Les savantes manœuvres de l'empereur Napoléon tenaient depuis six semaines la fortune en suspens entre l'armée française et les armées coalisées.  Attaquant tour-à-tour sur la Seine et la Marne l'armée austro-russe et l'armée de Silésie, il était parvenu pendant tout le mois de février, avec moins de soixante mille hommes, à battre et contenir deux cent cinquante mille ennemis, qui, par deux directions, marchaient sur Paris.  Mais ses troupes ne se recrutant pas dans la même proportion qu'elles diminuaient, ses moyens d'agression et de défense s'affaiblissaient chaque jour, lorsqu'au contraire, journellement les  coalisés s'alimentaient bien au-delà de leurs pertes.  Le résultat d'une lutte déjà si inégale ne pouvait être douteux.  

Nous avons déjà dit que Napoléon n'avait pu contraindre à une action générale l'armée austro-russe ; après l'avoir rejetée derrière la Seine et l'Aube, et laissé pour la tenir en échec un corps de vingt-cinq mille hommes sous les ordres des maréchaux Macdonald et Oudinot, il s'était porté avec le reste de son armée contre l'armée de Silésie, qui par la Marne s'avançait sur Paris.  Napoléon ayant passé cette rivière à la Ferté-sous-Jouarre, arriva sur le flanc gauche du feld-maréchal Blücher au moment où celui-ci pressait sur Meaux les corps des maréchaux Mortier et Marmont.  Le maréchal prussien, craignant de renouveler les journées de Champaubert, Montmirail, Château-Thierry et Vauchamps (10, 11, 12 et 14 février), effectua sa retraite vers Soissons pour se mettre à couvert derrière l'Aisne.  On a vu, au 2 de ce mois, par quelle circonstance inattendue Soissons étant tombé au pouvoir des  coalisés ; le passage de cette rivière fut assuré au feld-maréchal Blücher, qui par-là évita une ruine totale.  La jonction de l'armée de Silésie avec les corps des généraux Bülow, Vorontsov et Wintzingerode, qui s'effectua sur l'Aisne, porta les forces réunies sous les ordres de Blücher à cent mille hommes.

Napoléon, après sa réunion avec les maréchaux Mortier et Marmont, pouvait disposer d'à peu près trente-cinq mille hommes.  Ne supposant pas que la place de Soissons eût fait une aussi courte résistance, malgré son infériorité numérique, il se disposa à donner une seconde leçon de tactique au feld-maréchal Blücher.  Son projet était de couper l'armée de Silésie de la Belgique, en la tournant par sa gauche, et, à cet effet, de la prévenir à Laon.

Le 5 mars au soir, le pont de Berry-au-Bac fut forcé par la division de cavalerie Exelmans et la brigade de cavalerie polonaise du général Pac.  L'armée française passant l'Aisne prit position à Corbeny.  Le feld-maréchal Blücher se voyant ainsi menacé par sa gauche, se hâta d'arrêter la retraite en échelons de ses divers corps, et leur donna l'ordre de se réunir sur le plateau de Craonne, pour s'opposer à la marche de l'armée française sur Laon.  Il dirigea en même temps sur cette ville un corps de dix mille chevaux et celui de Bülow, afin d'en conserver la position jusqu'à la concentration de toutes ses forces, ou de tourner la droite de l'armée française si elle attaquait la position de Craonne.  

Le 6, dans l'après-midi, Napoléon poussa dans cette direction une reconnaissance commandée par le capitaine d'ordonnance Caraman.  Elle fut si vigoureusement reçue qu'il la fit soutenir par le maréchal Ney, prince de la Moskowa.  Jusqu'à sept heures du soir, la division Meunier fut aux prises avec l'ennemi.

Le lendemain 7, au matin, Napoléon reconnut la position des  coalisés.  Leurs ailes s'appuyaient à deux profonds ravins.  Un autre large ravin, mais moins profond, couvrait leur front, où l'on ne pouvait arriver que par deux débouchés, longs et étroits défilés défendus par de nombreuses batteries.  Le corps russe du général Vorontsov était en première ligne, celui du général Sacken en seconde, et les corps de Langeron, Kleist et Yorck manœuvraient sur le flanc des deux armées.

Napoléon chargea le prince de la Moskowa de l'attaque principale qu'il dirigea sur la droite de cette formidable position par le vallon de la Lette. Le général Nansouty, avec la division de cavalerie du général Exelmans et la brigade polonaise du général Pac, dut chercher à déborder la droite de l'ennemi par la vallée de Vassogne.  Pour donner le temps aux divers corps d'entrer enligne, l'artillerie de la Garde devait engager la canonnade sur le centre.

L'attaque de droite devait être soutenue par les maréchaux Mortier, duc de Tresse, et Victor, duc de Bellune.  Mais le prince de la Moskowa, emporté par trop d'ardeur n'attendit point l'arrivée de ces deux collègues, et dès qu'il entendit les premiers coups de canon de nos batteries, il déboucha du village de Saint-Martin sur deux colonnes; celle de droite composée de la brigade Boyer, et celle de gauche formée des divisions Meunier et Curial.  Elles s'avancèrent quelque temps protégées par l'escarpement du plateau; mais lorsqu'au moment de le couronner elles se démasquèrent, elles furent accueillies par un feu d'artillerie et de mousqueterie si vif qu'elles s'arrêtèrent tout court.  

Napoléon voyant l'affaire prématurément engagée, fit porter de suite en avant sur la ferme de Hurtebise la division Boyer de Rebeval, du corps du duc de Bellune, qui seule était arrivée.  Les troupes russes se retirèrent à son approche.  Le duc de Bellune s'occupait de placer son artillerie lorsqu'une balle, lui traversant la cuisse, le mit hors de combat.

http://extrazoom.com/image-10373.html?s=huln50x50
 

Vue sur le champ de bataille, à partir de la ferme d'Hurtebise, vers l'ouest. Le bâtiment moderne à gauche (au sud) de la route est la Caverne du Dragon, musée de la Guerre 14-18.
La route qui passe devant la ferme descend vers l'abbaye de Vauclair, également témoin des combats.


Le monument, en 2014.

Près de la ferme d'Hurtebise, un beau monument associe le poilu de 1917 et le Marie-Louise de 1814 . Le champ de bataille de 1814 fut, un peu plus d'un siècle plus tard, le théâtre du tragique échec du chemin des Dames. Sur la ferme, une plaque rappelle aussi les combats du 4e de Zouaves en...1914 et 1917, une autre, les combats des unités de la 4ème division cuirassée en 1940 !
Comme le disent les Anglais : "Once a battlefield, always a battlefield".

Quand même 2 remarques : les pires combats eurent lieu ici en 1917, pas en 1914, et de plus, "Bleus" fait plus penser à 1792 qu'à 1914. De plus, le bleu de 1914 n'est pas le bleu horizon de 1917....

1814-1914

À LA VAILLANCE DE LA JEUNESSE FRANÇAISE
MARIE-LOUISE DE 1814
BLEUS DE 1914

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Détail du marie-louise. On ne peut constater qu'une chose : contrairement à la plupart de ses camarades, celui-ci a eu la chance de toucher un uniforme et un équipement complet ! De plus, il a un uniforme d'avant le règlement Bardin de 1812 !

Notons que la statue est du célèbre Maxime Réal del Sarte.  Celui-ci, amputé du bras droit suite à sa blessure aux Eparges en janvier 1916, n'en continua pas moins son œuvre !


La ferme, vue de l'est.

 

 

HURTEBISE près de Craone (Aisne). - C'est dans cette demeure que Napoléon Ier passa la nuit la veille de la bataille de Craonne le 7 mars 1814. Deux boulets sont posés comme ornements sur les piliers de la porte d'entrée.


 

Hurtebise Arbres témoins de l'épopée du 7 mars 1814 Une légende locale veut que, sous ce tumulus, reposent de nombreux Français tombés dans cette mémorable journée.

Pendant ce temps, le général Nansouty abordait l'extrême droite de la ligne ennemie; mais l'artillerie n'ayant pu suivre, son attaque fit peu d'effet, et cette diversion ne fut d'aucune importance pour notre droite.  Cependant le corps du prince de la Moskowa y réduit à trois mille hommes, se consumait en efforts impuissants devant le village d'Ailles et ressemblait moins à une colonne d'attaque qu'à des tirailleurs qui en auraient précédé une.  Le général Boyer de Rebeval n'était pas plus heureux; quoique protégé par les batteries de la Garde, il était écrasé par la mitraille, et sa propre artillerie ne lui était d'aucun secours; car ses canonniers, aussi novices que son infanterie, ne pouvaient manœuvrer les pièces.  Le général Drouot, aide-de-camp de Napoléon, vint à cette division, et mettant pied à terre, montra sous la mitraille, aux jeunes canonniers, la manière de charger et de pointer, avec autant de calme et de douceur que s'il eût été au polygone.

 

Napoléon, voyant le mouvement général de retraite des  coalisés, donna le commandement de toute la cavalerie au colonel-général comte Belliard, qui, manœuvrant sur la ligne ennemie, la poussa vivement, cherchant à la déborder par sa droite.  Dans le même temps, le général Drouot avec six batteries de la Garde foudroyait les colonnes russes.  

La nuit surprit l'armée française dans sa poursuite entre Filain et Ostel, où elle bivouaqua. Le général Colbert, commandant l'extrême avant-garde, poussa ses avant-postes à l'Ange-Gardien, sur la route de Soissons à Laon. Les généraux Vorontsov et Sacken, après une halte de quatre heures, pendant la nuit, au village de Chavignon, ayant rallié la garnison de Soissons, se retirèrent sous Laon. La cavalerie du général Wintzingerode, les corps de Kleist, Yorck et Langeron, manœuvrant dès la veille pour venir, par Fétieux, tomber sur le flanc droit des Français, s'égarèrent et n'arrivèrent dans ce village qu'à la nuit; ce qui fit échouer le projet du maréchal Blücher.

Telle fut la bataille de Craonne.  La victoire resta aux Français puisqu'ils contraignirent l'ennemi à la retraite; mais ils la payèrent chèrement. Plus de six mille hommes furent mis hors de combat. Outre les officiers que nous avons déjà nommés, les généraux Bigarré, Boyer et Lecapitaine furent blessés. Les  coalisés perdirent cinq mille hommes tués ou blessés. De part ni d'autre on ne fit aucun prisonnier. Les Russes laissèrent deux pièces de canon démontées sur le champ de bataille. Le lendemain, l'armée française se mit en marche sur Laon.

Ainsi donc Napoléon, qui s'attendait en quittant la Marne à acculer l'armée de Silésie à l'Aisne, vit son espoir trompé par la reddition de Soissons, qui permit aux  coalisés de passer cette rivière.  Il les attaqua néanmoins sur l'autre rive; mais les chances du succès n'étaient plus aussi nombreuses ; et nous venons de voir que, par suite de ses attaques morcelées et intempestives, l'armée française n'obtint même pas un résultat ordinaire de la victoire de Craonne.

 

http://extrazoom.com/image-10374.html?s=huln50x50
 

Un monument très peu connu, et pour cause : il a été complètement oblitéré par les combats du Chemin des Dames lors de la 1 GM. Il semblerait qu'il ait été situé face à la ferme d'Hurtebise, donc plus ou moins à l'endroit maintenant occupé par le monument 1814-1914. Inauguré le 8 mars 1914, pour le centenaire, il fut détruit peu de temps plus tard.

 

 

 

 

 

 

Une photo de l'inauguration, le 8 mars 1914.

Une carte postale ancienne bien émouvante... Pendant les accalmies des combats, les poilus ont rassemblé les dernières pierres du monument, puis les ont surmontées d'un casque Adrian,
pour en garder quelques traces... La dernière image du monument...
Chose bizarre les "tire-bouchons", qui sont en fait des piquets pour fixer les fils de fer barbelés, sont ici montés à l'envers, la partie visible ici étant en fait destinée à être vissée dans la terre.



Autre victime des combats de la 1 GM, le village aujourd'hui disparu d'Ailles. On y trouvait un orme planté en souvenir de la bataille. Le mention concernant les ossements est surprenante, mais tout à fait possible. Le monument doit être celui de la ferme d'Hurtebise, ce qui permet de date la carte de 1914.

Impatienté de l'impuissance de l'attaque principale, Napoléon ordonna au général Grouchy de la soutenir avec une brigade de cavalerie; mais ce général ayant été blessé presqu'aussitôt, ses escadrons ne recevant point de nouveaux ordres restèrent inactifs, Dans ce moment le général Vorontsov s'apercevant de la faiblesse des corps français qu'il avait devant lui, les fit charger par sa cavalerie. Celle-ci fond sur les divisions Meunier, Curial et Boyer de Rebeval, les culbute dans le bois contre lequel elles étaient adossées, et l'artillerie russe les foudroie jusque dans le ravin de Vauclair.  Vainement le général Laferrière avec les éclaireurs de la Garde se précipite sur l'ennemi, il tombe grièvement blessé, et sa cavalerie repoussée ne peut se rallier que dans le même ravin, sous la protection de l'infanterie.  Témoin du désordre qui se propageait, Napoléon dispose deux nouvelles attaques :  il ordonne au général Colbert de déboucher avec j ses lanciers sur le grand plateau de Craonne; j il met sous les ordres du général Charpentier, qui arrivait avec sa division, le corps entier du duc de Bellune, le fait soutenir par la division Triant de la Vieille Garde et lui prescrit de rétablir le combat.


L'abbaye cistercienne de Vauclair, également témoin des combats de 1814. Vue à partir de l'est vers l'ouest, dans l'axe de l'avance française.

Cette double attaque eut un plein succès, Le général Colbert (Edouard) parvient, sous le feu le plus violent, à se former sur le grand plateau en avant de la ferme des Roches.  Le général Charpentier franchit le ravin de Vauclair et culbute ce qui lui résiste; les divisions Boyer, Meunier et Curial, sortent alors du ravin et s'emparent du village d'Ailles.  Le général Vorontsov, ébranlé par sa gauche et son centre, commence son mouvement de retraite, repliant successivement ses lignes.  Dans   ce moment sa droite fut chargée et maltraitée par les divisions Exelmans, Laferrière et la brigade Pac, sous les ordres du général Nansouty ; mais la cavalerie du corps de Sacken l'ayant soutenue, elle ne put être sérieusement entamée.

 


Le plateau du Chemin de Dames, vu de la statue de Napoléon. Nous avons devant nous les positions russes. (1996) Idem ci-dessous.
Cliquez pour agrandir.

Statue de l'Empereur à l'emplacement de l’ancien moulin, près de la ferme d'Hurtebise.
C'est un avis personnel, mais je trouve que c'est peut-être la plus laide...
 

     "Cette tour, située sur le point le plus élevé du plateau, servit d'observatoire
à Napoléon Ier pour suivre et diriger les opérations de la Bataille
de Craonne, le 7 mars 1814."

 

                                                                                         Sur le socle:

COMMÉMORATION DE LA BATAILLE DE CRAONNE
7 MARS 1814
CE MONUMENT A ÉTÉ ÉRIGÉ PAR LE COMITÉ DE TOURISME
ET L’UNION DES ST. DE L’AISNE ET INAUGURÉ LE 30 JUIN 1974
PAR M. MICHEL PONIATOWSKI
MINISTRE D’ÉTAT. MINISTRE DE L’INTÉRIEUR.

                                                                                          Déjà très mal en point en 1996, elle n'existe plus de nos jours...

La statue, restaurée, telle qu'elle se présente en 2014. La restauration n'a pas replacé la plaque.
Une belle carte, à côté de la statue, explique maintenant les combats.

 

http://extrazoom.com/image-10375.html?s=huln50x50
 
Le plateau du Chemin de Dames, vu de la statue de Napoléon, vers  l'ouest. Nous avons devant nous les positions russes. (2014)
 

Le bicentenaire de la bataille de Craonne : http://napoleon-monuments.eu/Napoleon1er/Craonne2014.htm


Le 7 mars 18 14 :  PREMIER COMBAT DE COURTRAI.

Pendant que les principales forces de l'empire français, sous les ordres immédiats de l'empereur Napoléon, contenaient les armées  coalisées sur la Seine et la Marne, le général comte Maison avec un corps de troupes était chargé de la défense de la Belgique. Ce général, suppléant au nombre par d'habiles combinaisons, malgré son immense infériorité numérique, tenait en échec, sur les frontières de l'ancienne France, les corps  coalisés qui venaient d'envahir la Hollande. Le 7 mars, le général Maison ayant pris ta veille position devant Courtrai, fut attaqué parle duc de Weimar. Les divers postes français se maintinrent dans leurs positions respectives ; seulement le général Penne, établi à Belleghem, ne croyant pas pouvoir disputer opiniâtrement ce village, se repliait sur une hauteur en arrière, lorsque le comte Maison, accourant avec son artillerie légère, de l'infanterie et de la cavalerie, arrêta court l'offensive des ennemis par une vive canonnade qui fit de grands ravages sur la chaussée, où ils s'étaient serrés en masse. La nuit étant arrivée, le duc de Weimar remit au lendemain à renouveler son attaque; mais le général Maison, ne jugeant pas pouvoir accepter un-nouveau combat dans la position de Courtrai, l'évacua pendant la nuit et se retira sous Lille.  


8 mars 1814 : traité de Chaumont

Par ce traité d'alliance du 8 mars (antidaté du 1er mars), la Russie, l'Autriche et la Prusse, et le Royaume-Uni s'engagent à tenir en campagne une armée active de 150 000 hommes et à ne tenir aucune négociation séparée avec l'ennemi commun. Le Royaume-Uni, lui, fournit annuellement un subside de 120 millions de francs.

8-9 mars 1814 : Bergen-op-Zoom : la plus grande défaite britannique de la campagne, presque toujours passée sous silence !


Assaut anglais raté sur la ville de Bergen op Zoom, tenue par les troupes du général Bizanet.
Sur 4800 hommes, les Britanniques ont les pertes suivantes : 400 tués (2 généraux!), 500 blessés, 1600 prisonniers (1 général) et 4 drapeaux perdus (75 % des généraux). Ces drapeaux sont encore dans les collections du Musée de l'Armée de Paris aux Invalides. Jusqu'à la dernière désastreuse transformation du musée de l'Armée, un de ceux-ci était encore visible.

Ces drapeaux sont les suivants :
- 2nd Battalion 1st Foot Guards (très vraisemblablement les "King's colours").
- 4th Battalion 1st Foot : les 2 couleurs "Regimental and King's colours".
- 2nd Battalion 69th Foot :  "Regimental colours". Notons que ce régiment particulièrement malheureux partit en campagne en 1815 avec un seul drapeau (King's coulours), qu'il perdit aux Quatre-Bras ! (Source : une passionnante discussion ici : http://www.napoleon-series.org/cgi-bin/forum/archive2013_config.pl?md=read;id=142552 et The British Army against Napoleon, Robert Burnham and Ron McGuigan, 2010.

Dans le même temps que les troupes suédoises, russes et allemandes envahissaient la Hollande et la Belgique par les frontières de l'est, une expédition anglaise, sous les ordres du général Graham, débarquait sur les côtes de ce pays et s'unissait aux  coalisés. Le général anglais ayant échoué dans ses tentatives sur Anvers, porta ses troupes devant Berg-op- Zoom, dont il fit le blocus.

Cette place, où commandait le général français Bizanet, n'avait au commencement de mars pour garnison que deux mille sept cents hommes, quoique le développement de ses défenses n'en exigeât pas moins de douze mille. Le général Graham, qui s'était ménagé des intelligences parmi les habitants, voulut essayer si, par un coup de main, il ne pourrait pas se rendre maître de cette place. La faiblesse de la garnison, la facilité de traverser à sec les fossés que la gelée avait rendus praticables, lui donnaient l'espoir de ne point trop trouver d'obstacles dans son entreprise.  Croyant faire une galanterie au prince d'Orange en lui envoyant les clefs d'une des premières forteresses de la Hollande le jour de sa fête, il fixa son attaque au 8 mars dans la nuit.

Entre neuf et dix heures du soir, six mille hommes divisés en quatre colonnes, dirigés par des habitants, se portent sur Berg-op- Zoom:  tandis que deux d'entre elles attaquent par l'extérieur aux portes du port et de Steenbergen, deux autres escaladent les remparts et pénètrent dans l'intérieur de la ville. Les Français, surpris, se rallient pourtant, disputent le terrain de rue en rue, et conservent un tiers de la place, malgré tous les efforts de l'ennemi. Prenant à leur tour l'offensive, ils repoussent les Anglais qui, perdant tout-à-coup leur première énergie, fuient en désordre et sont faits prisonniers ou précipités du haut des remparts. La colonne qui, à la faveur de la marée basse s'était introduite dans le port, n'étant pas soutenue par les troupes qui venaient d'être chassées de l'intérieur de la ville, fut contrainte de mettre bas les armes ne pouvant plus rétrograder, la marée remontant déjà. Enfin, la colonne qui avait attaqué la porte de Steenbergen et forcé les ouvrages avancés, livrée à elle-même, se trouva pressée contre la porte de la ville par le feu des Français, qui la prenait dans tous les sens. Ne pouvant ni reculer, ni avancer, sans espoir d'être secourue, et pour éviter une mort certaine; elle implora la clémence des assiégés, les priant instamment d'ouvrir la porte et de la recevoir comme prisonnière ; ce qui fut exécuté:4e sorte qu'après, un combat qui dura jusqu'au lendemain neuf heures du matin, les assiégés firent capituler les assiégeants.

De six mille Anglais qui avaient attaque Berg-op-Zoom, quinze cents seulement parvinrent à s'échapper. Deux généraux et deux mille quatre cents hommes furent tués ; un général, deux mille soixante-dix-sept prisonniers et quatre drapeaux restèrent au pouvoir des vainqueurs, qui n'eurent que cinq cent soixante hommes hors de combat (1). Voyez, pour de plus grands détails, l'intéressante relation de cette surprise par M. le colonel Legrand, qui commandait le génie de cette place.

La résistance de la garnison de Berg-op-Zoom est tellement héroïque, et son résultat si extraordinaire que nous croyons devoir faire connaître le nom des officiers qui secondèrent le plus par leur habileté, les dispositions du général Bizanet et l'intrépidité des troupes. Ce sont le colonel du génie Legrand, le commandant d'artillerie Denis, officier d'un rare mérite; le chef de bataillon du génie Leclerc, le major Hugot de Neuville, les chefs de bataillon d'infanterie Baron, Lespez, Lombart; les adjudants de place Maupin, Dourin; les capitaines Béer, Codery, Jacquain, Delaume et Gageot du génie; le capitaine de marine Evrard, le lieutenant de gendarmerie, Rouet et le garde du génie Moreau. 

Une carte de 1649


et une carte des événements de 1814.

8-9-10 mars 1814 : QG de l'Empereur à Chavignon

L'Empereur établir son QG à Chavignon,  3, rue Saint-Pierre. L'hôtel à malheureusement été détruit, mais le 7 mars 2009, les  Amis du Patrimoine Napoléonien y apposèrent une plaque

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

       "Ancien hôtel Saint-Pierre, où Napoléon établit son quartier général et où il coucha pendant trois nuits, lors de la bataille de Laon, le 9 mars 1814.
         Pendant ce séjour, un soir qu'il essayait en vain de prendre un livre sur le manteau très élévé de la cheminée de l'hôtel, le général Petit, d'une stature plus haute que l'Empereur, s'empressa de le lui donner en disant :  « Je suis plus grand que vous, Sire ». « Dites plus long », répliqua l'Empereur."

ICI
SE TENAIT
 L’HÔTEL SAINT-PIERRE

NAPOLEON Ier
ÉTABLIT SON Q. G.
 LES 8, 9, 10 MARS 1814
(BATAILLE DE LAON)
 

DON
M. DELGADO APN 02

CHAV 02000


9
mars 1814 : bataille de Laon


Carte de Kaussler.

Après la bataille de Craonne (7 mars), l'armée française se mit en mouvement sur Laon; le maréchal Marmont, duc de Raguse, avec le sixième corps d'infanterie, la division du duc de Padoue, nouvellement organisée, et le premier corps de cavalerie, suivit par Berry-au-Bac la route de Reims; et le reste de l'armée, sous les ordres de l'empereur Napoléon, marcha par celle de Soissons; les deux colonnes formant un total à peu près de trente mille hommes. Napoléon inférant de ce qu'il n'avait eu à combattre à Craonne qu'une portion de l'armée du feld-maréchal Blücher , que la majeure partie de cette armée était engagée dans un mouvement décousu, espéra ne pas lui donner le temps de s'établir à Laon, et lui enlever cette position par une attaque brusquée.

De son côté, le feld-maréchal Blücher ayant échoué dans son projet de tourner la droite de l'armée française pendant la dernière action, se hâta de réunir ses divers corps épars et de les concentrer sous Laon pour y recevoir une seconde bataille.

Le 8 mars, le maréchal Ney, prince de la Moskowa, faisant l'avant-garde des troupes qui suivaient la route de Soissons, poussa à coups de canon l'arrière-garde ennemie jusqu'à la tête du défilé d'Étouvelles, formé par des marais impraticables qui de chaque côté resserrent la chaussée. L'ennemi défendant vigoureusement cette position, notre avant-garde bivouaqua à la nuit près le village d'Urcel ; Napoléon et la vieille garde s'établirent en arrière à celui de Chavignon.

Dans la soirée, des paysans ayant fait connaître la possibilité de tourner le défilé d'Étouvelles, Napoléon voulut tenter pendant la nuit un coup de main sur Laon, espérant que l'armée ennemie n'y serait point encore réunie.  En conséquence, il chargea le chef d'escadron d'ordonnance Gourgaud de tourner le poste d'Étouvelles avec deux bataillons de chasseurs à pied et deux escadrons de chasseurs à cheval de la vieille garde, tandis que le prince de la Moskowa forcerait de front la chaussée avec son infanterie, et ouvrirait à l'aide-major général comte Belliard un débouché pour se précipiter dans la ville à la tête de la cavalerie, pêle-mêle avec les fuyards.

A onze heures du soir, le chef d'escadron Gourgaud se mit en mouvement par le moulin de Cléry, Chavellois et Chivy. La difficulté des chemins, l'obscurité de la nuit, retardèrent sa marche, qui n'eut point l'effet qu'on en attendait.  Mais l'attaque du prince de la Moskowa fut tellement impétueuse, que le défilé fut forcé d'emblée.  Les Russes endormis sont éveillés dans Étouvelles à coups de baïonnette ; ils n'ont pas le temps de courir aux armes, et dans le tumulte inséparable d'une surprise de nuit, ils perdent un grand nombre d'hommes tués ou prisonniers, avant d'être en état de défense.  Parvenu à Chivy, le prince de la Moskowa ne tarda pas à y être joint par la colonne du chef d'escadron Gourgaud.  Une demi-heure avant le jour, le général Belliard déboucha de ce village, et donna la chasse aux fuyards ; mais arrivé au pied de la montagne sur laquelle est situé Laon, sa cavalerie fut si rudement accueillie par un feu de mitraille, qu'elle fut contrainte de s'arrêter, et de prendre position hors de portée pour attendre le jour. Lorsqu'il parut, on aperçut l'armée ennemie tout entière en ordre de bataille.  Sa droite s'appuyait aux collines entre Thierret et la Neuville ; son centre, sur la croupe et au pied de la montagne de Laon; sa gauche appuyée aux hauteurs d'Athies.  Tout son front était couvert par une artillerie nombreuse avantageusement placée.  Le développement de cette formidable ligne ne présentait pas moins de quatre-vingt-dix mille hommes.

Aussitôt que le jour permit d'agir, notre avant-garde occupa successivement, sans beaucoup de résistance, Clac, Leully, Semilly, Ardon, et l'armée se déploya à cheval sur la route, la droite à Leully, la gauche au tertre de Clacy.  Dans le même temps, le duc de Raguse se dirigeait par la route de Reims vers L'extrême gauche ennemie, dans la direction d'Athies.

Vers onze heures, le feld-maréchal Blücher ayant reconnu la faiblesse de l'armée française, quittant ses dispositions de défense, résolut de prendre l'offensive.  Une double attaque nous fit perdre d'abord Semilly et Ardon; notre infanterie, vivement poussée, se retirait même en désordre, lorsque le général Belliard, par plusieurs charges sur l'ennemi, l'arrêta dans sa poursuite, et favorisa la reprise des deux villages, où notre infanterie ne tarda pas à rentrer.  Jusqu'à quatre heures les deux partis, tour-à-tour attaqués et attaquants, se maintinrent dans leur position respective.

Napoléon commençait à voir que la position de Laon était inexpugnable par une simple attaque de front.  Il avait compté que le duc de Raguse arrivant à sa hauteur en même temps que lui, favoriserait par une diversion sur l'extrême gauche ennemie, ses opérations sur le centre et la droite.  Il avait envoyé à ce maréchal plusieurs officiers d'état-major pour hâter sa marche; mais ils ne parvinrent pas, s'étant égarés ou ayant été pris par les partis de Cosaques qui rôdaient derrière l'armée.  Impatienté de n'avoir aucune nouvelle du sixième corps, Napoléon, vers cinq heures, tenta une nouvelle attaque générale.  Les divisions Charpentier et Boyer de Rebeval arrivant dans ce moment et s'étant jointes aux divisions Friant et Curial, emportèrent le village de Clacy que l'ennemi occupait en force, et où la brigade Montmarie fit deux cent cinquante prisonniers.  Mais dans le temps que nous obtenions ce léger succès vers notre gauche, le général prussien Bülow s'emparait de nouveau du village d'Ardon, où s'était jusque là maintenue la division Poret de Morvan.

Le jour commençant à baisser, Napoléon fit cesser le feu.  Pensant avoir dans la nuit des nouvelles du duc de Raguse, il remit au lendemain de recommencer le combat, fit bivouaquer les troupes sur le terrain où elles avaient combattu, et retourna avec la vieille garde coucher au village de Chavignon.

Pendant que la colonne de gauche opérait sur Laon par la route de Soissons, le duc de Raguse suivant celle de Reims, délogea vers une heure du défilé de Fécieux l'avant - garde ennemie, commandée par le colonel Blücher (fils du général), et arriva devant Athies, qu'occupait le corps prussien d'Yorck.  L'action fut chaude, mais enfin l'ennemi fut chassé du village, et la brigade Lucotte de la division du duc de Padoue y prit poste un peu avant la chute du jour.  Le duc de Raguse n'ayant reçu aucune nouvelle de Napoléon, suspendit son offensive, établit ses bivouacs, et envoya le colonel Fabvier avec quatre cents chevaux et deux pièces de canon, pour tâcher d'avoir des renseignements sur la colonne de gauche.

Le feld-maréchal Blücher, qui ne pouvait se persuader, vu la difficulté de l'entreprise, que Napoléon, avec des forces si disproportionnées, voulût forcer de front la position de Laon, ayant été instruit de l'attaque du duc de Raguse, pensa que les efforts de l'armée française allaient se porter par la route de Reims sur sa gauche, et que le mouvement sur celle de Soissons n'était qu'une fausse attaque masquant la véritable.  Pour déjouer ce projet supposé, il porta vers Athies les corps russes de Langeron et de Sacken, pour soutenir le corps prussien d'Yorck, auquel il ordonna de prendre l'offensive aussitôt que les premiers seraient à portée de le soutenir.


Le "Hourrah" d'Athies, par R. Knötel.

La nuit était à peine close, et les troupes du duc de Raguse commençaient à allumer leurs feux, lorsqu'elles sont tout-à-coup abordées de front par les Prussiens, qui, à la faveur de l'obscurité, s'étaient approchés inaperçus.  Athies est emporté; l'ennemi ne trouvant pas de résistance, perce jusqu'à la colline où campait le gros du sixième corps.  A peine nos batteries ont le temps de faire une décharge, que les canonniers les entraînent à la prolonge vers la chaussée.  Là, tout le monde cherche à se rallier, et déjà l'ordre se rétablissait, lorsque le corps du général Kleist qui, dans l'obscurité, s'était glissé le long des bois, fait entendre sa mousqueterie sur les derrières.  Dès-lors une terreur panique s'empare de nos troupes :  infanterie, cavalerie, artillerie, tout fuit à la débandade jusqu'à Fécieux, où les plus fatigués reprirent haleine.  La déroute ne se serait point arrêtée là, si le colonel Fabvier, entendant le bruit du combat, ne fût accouru en toute hâte.  Formant aussitôt l'arrière-garde, il imposa tellement à l'ennemi par sa bonne contenance que celui-ci, trompé sur sa force, n'osa point continuer la poursuite.  Les fuyards se rallièrent alors sous la protection de cette arrière-garde, et le duc de Raguse s'établit derrière la Vesle, aux environs de Fismes.

Les pertes, dans cette malheureuse affaire, furent peu considérables en morts et blessés; mais deux mille cinq cents prisonniers, quarante bouches à feu et cent trente et un caissons, tombèrent au pouvoir de l'ennemi.

Le feld-maréchal Blücher ne doutant pas qu'après cet échec l'armée française ne se retirât au plus vite de devant Laon, donna ordre aux corps de Langeron, Yorck, Kleist et Sacken (environ cinquante mille hommes), de pousser par la chaussée de Berry-au-Bac, afin de lui couper la retraite sur Reims.  Avec à peu près quarante mille hommes, il conserva sa position de Laon, se préparant à prendre l'offensive sur ce point dès que le jour paraîtrait.

Vers trois heures du matin, Napoléon eut connaissance du revers essuyé par le duc de Raguse.  Calculant alors que le feld-maréchal Blücher, pour accabler ainsi ce maréchal, avait dû nécessairement dégarnir sa droite et son centre, il résolut de se maintenir devant Laon, tant à dessein d'arrêter, par une attitude menaçante, les corps détachés à la poursuite du sixième corps, que dans l'espoir d'un succès que la supériorité numérique de l'ennemi ne lui avait pas permis d'obtenir la veille. Ainsi dix-sept à dix-huit mille hommes allaient encore se heurter contre quarante mille, avantageusement postés sur une montagne inexpugnable.

Le 10 mars, au jour, la division Charpentier, appuyée de la division Boyer de Rebeval, fut attaquée dans le village de Clacy par trois divisions russes du corps de Vorontsov.  Cinq attaques successives, toujours renouvelées par des troupes fraîches, échouèrent complètement par les bonnes dispositions du général Charpentier, qui se maintint dans son poste jusque deux heures.

Dans ce moment Napoléon prit l'offensive; il dirigea les divisions Meunier et Curial sur la montagne de Laon, en avant du village de Semilly.  Mais elles furent si maltraitées par les batteries à mi-côte, qui jusque là avaient été masquées, qu'elles furent contraintes de rentrer en ligne.

Convaincu enfin de l'impossibilité d'enlever Laon de vive force, Napoléon voulut faire une dernière tentative pour tourner la position par la route de la Fère.  Le général Drouot envoyé en reconnaissance vers ce point, revint bientôt, et avec sa franchise accoutumée il déclara qu'un tel projet - était inexécutable.  Peu satisfait de cette réponse, Napoléon ordonna au général Belliard de pousser un parti de cavalerie aussi loin que possible dans cette direction.  Ce général ayant trouvé de fortes masses d'infanterie embusquées derrière des taillis, appuyées de plusieurs batteries, vint confirmer le rapport du général Drouot.  Le général Belliard voyant que Napoléon n'était point encore ébranlé par de telles difficultés, insista fortement, le conjurant de ne pas s'exposer ainsi à tout perdre, et parvint enfin vers quatre heures à le décider à la retraite.  Toutefois on continua de canonner jusqu'à la nuit, que l'armée commença à repasser le défilé d'Étouvelles.  La vieille garde et Napoléon couchèrent à Chavignon.

Le 11 mars au jour, l'armée française, marchant la gauche en tête, commença son mouvement rétrograde sur Soissons, où elle prit position à quatre heures après midi, sans avoir été autrement inquiétée que par deux hourras de cavalerie, l'un sur l'arrière-garde à Étouvelles, et l'autre sur la division Poret de Morvan, postée sur les hauteurs de Crécy.


Blücher à Laon, d'après un tableau de R. Eichstädt (extrait de A. Bär et P. Quenkel, Bildersaal deutscher Geschichte, Union deutsche Verlagsgesellschaft, Stuugart, Berlin,Leipzig, 1890).

La perte totale des alliés, dans les trois journées appelées la Bataille de Laon, s'éleva à cinq mille tués, blessés ou prisonniers.  Les Français, sans compter celle qu'éprouva le duc de Raguse, eurent trois mille cinq cents hommes hors de combat.  C'était peu, sans doute, eu égard à l'importance des opérations entreprises, mais beaucoup en raison de la faiblesse numérique de l'armée impériale.  Il est vrai, cependant, de dire que l'opiniâtreté de Napoléon devant Laon lui eût été bien plus funeste, si le feld-maréchal Blücher, utilisant les forces considérables dont il disposait, eût pris une vigoureuse offensive, sans danger pour lui, puisque de ses hauteurs il pouvait compter jusqu'au dernier homme des troupes françaises.  Mais satisfait de peu, le général prussien s'estima heureux d'avoir conservé ses positions, et ne tenta seulement pas d'attaque sérieuse sur l'arrière-garde française, qu'il eût écrasée au passage du long défilé qu'elle avait à dos.  Ceci expliquerait la sécurité de Napoléon dans la dangereuse position qu'il garda deux jours; il connaissait son adversaire, et savait dès-lors qu'il n'avait rien à redouter d'une faute ou d'une imprudence.

D'après Éphémérides militaires depuis 1792 jusqu'en 1815, ou Anniversaires de la valeur française. Mars. par une société de militaires et de gens de lettres, 1818 Pillet aîné (Paris) 1818-1820 et les Mémoires de Koch.
Nous avons modernisé l'orthographe et les noms des lieux, ainsi que quelques autres éléments trop datés de l'époque. Nous avons également fait quelques ajouts et apporté quelques corrections. Ainsi, nous avons changé "général Blücher" en "feld-maréchal Blücher", sa nomination datant du 19 octobre 1813.

 
 Panorama du champ de bataille de Laon le 9 mars 1814,
d'abord vu du nord (sud de la ville) vers le sud (attaque française vue des positions alliées),
ensuite du sud (nord de la ville) vers le nord.

 

 




Le bouclier symbolisant la bataille de Laon dans la Befreiungshalle de Kelheim.

Le 12 mars 1814 : SURPRISE DE REIMS.

Pendant que l'armée française, sous les ordres de l'empereur Napoléon, était aux mains, sous Laon, avec l'armée  coalisée de Silésie, le comte de Saint-Priest, commandant un corps russe, s'approchait de Reims à l'improviste. Ce général, né français, s'étant procuré des intelligences avec quelques royalistes de cette ville, fut instruit qu'elle n'avait pour garnison qu'une centaine de chevaux de la Garde impériale, cinquante gendarmes et les cadres de trois bataillons, sous les ordres du général Corbineau. Il résolut de s'en emparer par surprise; la place n'étant fermée que par un mur abattu en partie. Le 12 mars, à la pointe du jour, l'ennemi pénètre dans Reims par trois côtés différends, surprend la petite garnison, qui ne pouvant se réunir est bien vite dispersée. Cependant le colonel Jacquemart ayant rassemblé quelques troupes, veut s'opposer aux progrès des Russes ; mais trop faible, il est contraint de battre en retraite. Quelques compagnies lui ferment le passage, il leur passe sur le corps et sort de la ville par la porte de Mars. Dix escadrons se mettent à sa poursuite, le chargent, le cernent ; mais sa bonne contenance les éloigne, et cette poignée de braves se joint enfin à la division de gardes d'honneur du général Defrance, qui accourait, mais trop tard, pour secourir Reims. Le général Corbineau trouvant toutes les issues occupées par l'ennemi, ne put sortir de Reims et resta caché jusqu'au lendemain, que la ville fut reprise par Napoléon. La garnison entière eût été prisonnière sans le généreux dévouement de la garde urbaine, qui facilita son évasion en la soutenant vaillamment dans plusieurs quartiers.

Le 13 mars 1814 :  COMBAT DE SAINT-NICOLAS

Dans le temps que l'empereur Napoléon s'emparait de Reims sur le corps du comte de Saint-Priest, le maréchal Macdonald, duc de Tarente, commandant les troupes laissées devant l'armée austro-russe sur la Seine, ordonnait une reconnaissance sur Sézanne et Villenoxe pour s'assurer de la position et de la force de l'ennemi. Le général Trelliard poussa jusqu'à Sézanne; mais le soir il fut contraint de l'évacuer, déposté par la cavalerie russe. Le général Saint- Germain, en se portant sur Villenoxe, ayant donné dans le corps russe du général Raïevski, fut ramené battant. Le général comte Gérard, prévenu de cet échec, porta une division d'infanterie sur les hauteurs de Saint-Nicolas, et fit attaquer, par le général Belair, l'ennemi déjà maître du village. Ces sages dispositions arrêtèrent les Russes tout court; et le général Belair s'étant emparé de Saint-Nicolas, plaça une batterie sur le flanc de la colonne ennemie, qu'il força, par une vive canonnade, de se retirer sur Saint-Ferréol.  

 

13-14 mars 1814 : reprise de REIMS  "le Dernier sourire de la Fortune"

Nous avons vu, au 12 mars, comment la ville de Reims tomba au pouvoir du comte de Saint-Priest, commandant un corps prussien et russe. L'empereur Napoléon, instruit de cet événement, quitta Soissons, où il s'était retiré après la bataille de Laon (9 mars), et se porta rapidement sur Reims pour reprendre cette ville.

La cavalerie du général Bordessoulle replia, sans coup férir, la cavalerie ennemie près de Ronay. L'infanterie du duc de Raguse, qui suivait immédiatement, trouva sur le plateau des Ormes deux bataillons prussiens, qui s'étant retranchés dans le cimetière furent assaillis par la division Ricard et mirent bas les armes.

Napoléon étant arrivé à son avant-garde à quatre heures, reconnut le corps ennemi, fort de quatorze mille hommes, en position sur la Vesle en avant de Reims; ne pouvant le tourner faute de pont sur la Vesle, il ordonna aussitôt de la forcer de front.

La division de cavalerie Merlin engagea l'action à l'extrême droite, cerna trois bataillons et les fit prisonniers. Sur la chaussée, la division Ricard attaqua vivement et repoussa l'ennemi jusqu'à l'entrée du faubourg. Le comte de Saint-Priest voyant alors qu'il avait affaire à l'empereur en personne, jugea qu'il ne pourrait se maintenir et ordonna à sa seconde ligne de traverser Reims en toute diligence et de se retirer dans la direction de Laon. Dans ce moment, le comte de Saint-Priest ayant eu l'épaule fracassée d'un éclat d'obus, le désordre se mit dans ses troupes, qui encombrèrent bientôt la porte de Soissons. Le général Philippe de Ségur, commandant une brigade de gardes d'honneur de la division Defrance, s'en étant aperçu, tomba sur les dragons russes, en sabra et culbuta un grand nombre dans le bras gauche de la Vesle, et leur enleva huit pièces. Le général Ségur fut grièvement blessé de plusieurs coups. Toutefois, cette brillante charge qui aurait coupé la retraite à tout ce qui était sur la rive gauche, si le général Defrance avait pu la soutenir avec son autre brigade, n'obtint qu'un demi-succès; le 1er régiment d'infanterie russe de Rézan se fit jour à la baïonnette et sauva son général expirant.

Le duc de Raguse pénétra aussitôt dans le faubourg, et pendant que son artillerie tirait pour rompre la grille du canal, il plaça son infanterie dans les maisons, d'où elle tirailla jusqu'à onze heures sur les troupes qui tenaient encore derrière des épaulements.

Dans le temps que l'entrée de Reims était si vivement disputée, Napoléon ayant fait établir un pont sur la Vesle, les chevau-légers polonais de la Garde, que commandait le général Kraczinski, suivis de la division Exelmans, passèrent cette rivière et refoulèrent sur la ville une grande partie des troupes qui se retiraient sur la route de Berry-au-Bac. Dès ce moment la déroute de l'ennemi fut complète ; et les troupes, n'écoutant plus les généraux, se sauvèrent à la débandade dans toutes les directions.

Napoléon entra dans Reims à une heure du matin. La ville fut spontanément illuminée, et le peuple, dans l'ivresse de sa joie d'être délivré des excès commis par les  coalisés, se précipita au-devant de lui et le conduisit en triomphe à l'hôtel-de-ville.

Le résultat de cette affaire où les Français n'eurent pas au-delà de sept à huit cents hommes hors de combat, fut pour l'ennemi une perte de huit cents tués, le double de blessés, trois mille prisonniers, onze bouches à feu, cent chariots de munitions et un équipage de pont. L'armée obtint trois jours de repos à Reims, après lesquels Napoléon retourna sur l'Aube et la Seine pour opérer contre l'armée austro-russe du prince de Schwartzenberg, laissant divers corps de troupes pour observer et contenir le feld-maréchal Blücher.

Reims, Mont-Saint-Pierre.

Napoléon
dirigea
de ce lieu
la reprise
de
Reims
13 Mars 1814

 

Le commandant Lachouque, qui devait avoir de meilleurs yeux que moi, a réussi à discerner sur les autres côtés du monument les noms de :
Marmont, Ney, Berthier, Lefebvre, Bertrand, Drouot, Friant. Lagrange, Ricard, Exelmans, Krasinski, Defrance, Arrighi, Bordessoulle, Pierre Boyer. Sébastiani, Colbert, Letort, de Ségur, Merlin, Pelleport, Piquet.

En fait, la carte postale ancienne montre que les noms étaient bien plus lisibles à l'époque... sur l'ancien monument.

En effet, un examen attentif nous montre que, malgré des similitudes, il ne s'agit pas du même obélisque !

 

Déjà en mauvais état en 1996, il est à craindre que l'endroit soit maintenant encore plus défiguré avec les travaux en cours...

                                                                                       Inauguration du monument sur le Mont-Saint-Pierre, le 16 ou le 19 mai 1909.
                                                                                                                                                                                                         Documents aimablement communiqués par M. Philippe Jérôme.

                                                  

Reims, Parc de la Haubette

Aux
Troupes
françaises
victorieuses

Bataille
de Reims

13 Mars 1814

 

 

Au verso :


Napoléon
a campé ici
13 Mars 1814

 

Trois intéressantes vues du parc de la Haubette au début du 20e siècle (avant 1911). Il y avait même une Salle des Souvenirs militaires ! On notera la plaque "Hôtel Dieu de Reims".
Documents aimablement communiqués par M. Philippe Jérôme.

 

Le magnifique  ouvrage du Commandant Lachouque "Napoléon en 1814" nous donne quelques explications à propos de ce site. 

"Dans le parc de la Haubette-Tinqueux, aménagé en 1903 et 1904, sur la butte Sainte-Geneviève, le propriétaire, M. Nouvion-Jacquet, fit édifier en 1908 une pyramide de pierre entourée d'une grille (DT : cette dernière a disparu) et surmontée de quatre boulets. On lit sur les faces: (cf. ci-dessus).

"Çà et là, dans le parc, qui appartient maintenant (c-à-d. en 1959) à MM. Lanson père et fils, nom prestigieux parmi les grandes marques de champagne, se cachent sous les ronces un petit parc à boulets, des dalles de pierre dégradées qui portent des inscriptions incomplètes. Sur l'une d'entre elles, on lit :

1814
Aux Maries-Louises

(sic)

 



 

Le rond-point

du

Vieux Grenadier

 

 

13 Mars 1814
Napoléon est en
observation au mont Saint-Pierre
de 2 à 4 heures.
Prise de la montagne
Sainte-Geneviève
de 4 à 6 heures.
Bivouac impérial
à 7 heures.

Etat-Major entourant Napoléon 1er
dans la nuit du 13 mars 1814 :

Marmont             Berthier

Ney                    Lefebvre

Drouot                 Bertrand

 

C'est ici
que des moulins..
maison historique sise..
s'abrita l'Empereur de 11 heures
à minuit le 13 Mars

(DT : la suite, déjà cassée en 1959 était : "avant son entrée à Rheims (sic) à une heure du matin" selon le Répertoire Napoléonien, donc mieux informé que Lachouque)

"L'aimable secrétaire général du Syndicat d'initiative rémois, M. Claude Holtz, a bien voulu nous révéler que ces émouvants vestiges ont été déposés en ces lieux « pour créer l'atmosphère », mais n'ont fait partie d'aucun monument aujourd'hui disparu . Cependant, dans un bosquet voisin, le « Carabinier » de Chinard, réplique en bronze de celui qui domine l'arc de triomphe du Carrousel à Paris, monte la garde sur l'emplacement du bivouac que quitte l'Empereur dans la nuit du 14 mars."

Voilà : il s'agit donc d'un monument on ne peut plus romantique (on faisait des ruines "neuves", à l'époque romantique) –même si ce monument date de 1908 !

Le carabinier de Chinard, copie en bronze de la statue en marbre situé sur l’Arc de Triomphe du Carrousel est installé désormais dans la cour d’honneur de la maison de champagne Lanson, rue de Courlancy.

 Le carabinier de Chinard

Le Carabinier (à cheval), maintenant dans la cour d’honneur de la maison Lanson, rue de Courlancy, à Reims.

La copie dans la galerie des Invalides.

      Le Carabinier sur l'arc de Triomphe du Carrousel.

 


Le Carabinier, tel qu'il se trouvait dans le parc de la Haubette,
maintenant dans la cour d’honneur de la maison Lanson, rue de Courlancy.
Carte postale ancienne aimablement communiquée par M. Philippe Jérôme.


Document collection Philippe Jérôme

Vous trouverez le parc de la Haubette ou de la Cure d'Aire en prenant  l'avenue d'Epernay, puis la rue François Dor : il se trouve entre la rue de Pargny et l'avenue François Mauriac.




Reims, Cimetière du Nord, dit du Champ-de-Mars (1, rue du Champ-de-Mars),

Nous trouvons dans "REIMS EN 1814 PENDANT L'INVASION" de A. Dry (1902), p. 364, le texte suivant :

De toutes les tombes érigées en I814, une seule subsiste actuellement; celle du lieutenant Amalric. On la trouve difficilement dans la vieille partie du cimetière de Mars.  L'inscription, un peu effacée par le temps, est encore cependant très lisible.
«  Ici repose Alfred-Ernest Amalric, lieutenant dans la cavalerie de la Garde, fils du Secrétaire général de la grande chancellerie de la Légion d'honneur, tué le 5 mars à l'âge de 18 ans, près du village de Tinqueux, dans un combat où il fit des prodiges de valeur. Sa mort est le seul chagrin que cet enfant chéri ait donné à ses parents inconsolables. »

Malheureusement, personne n'a pu nous renseigner à ce sujet.

 

7ème division.

La face "française" du monument érigé en 1893-1894.

 

 

 

 

 

 

 

 

À LA MÉMOIRE
DES SOLDATS FRANÇAIS
MORTS À LA DÉFENSE DE REIMS
EN 1814

_______


PRO PATRIA CECIDERUNT *             

LE SOUVENIR FRANÇAIS.             
 


CÉSAR RENÉ MARIE FRANÇOIS
RODOLPHE DE VACHON, COMTE
DE BELMONT BRIANÇON
COLONEL MAJOR DU 3ème RÉGI.
DES GARDES D'HONNEUR
MARIÉ À MLLE CLÉMENTINE
DE CHOISEUL-GOUFFIER

                     
MORT À LA DÉFENSE DE
REIMS
LE 13 MARS 1814


DECORUM PRO PATRIA MORI **

 

 

 

 

 

 

 

 

* Ils sont morts pour la Patrie."
** "Il est beau de mourir pour la Patrie."

César René Marie François Rodolphe VACHON, comte de BELMONT BRIANÇON est né le vendredi 2 Mars 1770 à Saint-Sulpice, Paris.
Il fut reçu à l'école militaire royale de La Flèche le 31 octobre 1785, sortit de l'école le 11 mars 1788, puis émigra à la Révolution. Rentré en France, il fut nommé chambellan de l'Empereur et chevalier de l'Ordre de la Réunion, À 30 ans, il épousa à Amiens, le samedi 10 Janvier 1801 (20 Nivôse An 9), Clémentine-Louise-Henriette de CHOISEUL-BEAUPRÉ-GOUFFIER. Il est alors domicilié à Paris, au 90 de la rue St-Honoré.
Nommé Colonel Major du 3ème Régiment des Gardes d'Honneur, il est tué au combat,  le dimanche 13 Mars 1814 à Reims.

Au sujet de Belmont, et des pertes des Régiments de Gardes d'Honneur, Dry nous dit (op.cit.  p.224) :
"Les pertes des 1er et 3e Gardes d'honneur avaient en effet été très grandes. Au 1er régiment, le lieutenant de Campigneulles, au 3e, le colonel de Belmont-Briançou avaient
été tués ; huit lieutenants avaient été blessés (Au 1er régiment: Perrier, de la Genevraye, de Lalonde, lieutenants, et Tillaye, chirurgien.  Au 3e régiment :  Sapinaud, Legoux-Duplessis, de Kergrist, Martin de Bourgon ; Legoux-Duplessis mourut de ses blessures.).

Le corps du colonel de Belmont ne fut retrouvé que le 14 mars dans la matinée ; l'enterrement eut lieu au vieux cimetière de la porte Mars, en grande pompe.  Une très simple épitaphe fut placée sur le tombeau en 1814 :

« Ici repose le corps de M. le comte de Briançon de Belmont, colonel-major du 3e régiment des gardes d'honneur, âgé de cinquante ans, mort à la bataille de Reims le 13 mars 1814. » (Il avait en fait seulement 44 ans.)

Dans le même cimetière furent déposés les restes de plusieurs autres officiers : Guerrier, chef d'escadron d'artillerie de la garde. Amalric, lieutenant de cavalerie, mort à dix-huit ans, etc."

Le combat du 13 mars avait fini très tard dans la nuit et ce ne fut que dans l'après-midi du 14 qu'on put ramasser la plupart des morts. Quatre cent soixante-treize cadavres furent trouvés au fond de Muire, à Sainte-Geneviève et à la porte de Vesle. Pêle-mêle, Français et Coalisés furent enterrés près de la porte de Vesle, à côté "du Lavage Becquaine", héros anonymes, morts les uns pour défendre leur patrie, les autres pour la gloire de leurs maîtres, sans qu'aucun monument ait gardé leurs noms obscurs ! Le souvenir même de leurs tombes n'existe plus aujourd'hui. De riantes maisons et des fabriques se sont élevées lâ où les soldats du 13 mars continuent à dormir leur dernier sommeil.

La face "russe"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

AUX SOLDATS RUSSES
MORTS À REIMS

EN 1814

_______

 

HOSTES .... FRATRES ...*       

(        
 


À LA MÉMOIRE
DU PRINCE GAGARINE
COMMANDANT DES BASCHKIRS
TUÉ À LA PORTE DE PARIS
LE 5 MARS 1814 ÂGÉ DE 23 ANS
DE JOSEPH DE HECK
CAPITAINE DE L'ÉTAT-MAJOR RUSSE
CHEVALIER DES ORDRES DE SAINTE-ANNE
ET VLADIMIR NÉ EN 1785
TUÉ AU COMBAT DES PROMENADES
le 7 / 19 MARS 1814.**


INTER ARMA CARITUS*** (sic)                      

 

 

 

 

 

 

 

* Ennemis... Frères...

** Le 7 mars, selon le calendrier julien, le 19, selon le calendrier grégrorien.

*** En fait, on a voulu écrire "Inter arma caritas" : "La charité au milieu des combats". Il s'agit d'ailleurs de la devise... du Comité International de la Croix-Rouge !

Le sort du Prince Gagarine, dit "Tête de mort", ne semble absolument pas clair. Il a été fait prisonnier par le brigadier Lallemant, des Dragons de la Garde, au moment où il arrivait au pont de Berry-au-Bac, venant de Reims, avec les restes de son régiment, le 1er régiment de Baschkirs, sabré le matin à Reims, régiment dont il avait pris le commandement le 1er janvier 1814. Auparavant, il commandait les Hussards de Belorousskiy (Russie blanche).  Ce monument mentionne cependant qu'il a été tué à la Porte de Paris, à Reims.  Ceci est manifestement une erreur. Mais la date est révélatrice : il est mentionné le 5 mars, date de la bataille de Berry-au-Bac ! D'autres sources mentionnent qu'il a été envoyé comme prisonnier à Paris. Comment a-t-il, dans ce cas, pu être enterré à Reims ? A moins qu'il s'agisse simplement d'un cénotaphe, mais sur une tombe commune. Dry (op.cit.) est formel : " L'intention du Souvenir français était excellente et l'on ne peut qu'y applaudir. Mais la Société et l'architecte du monument ont été bien mal conseillés ! Le prince Gagarine n'a jamais été tué à Reims. Il a été fait prisonnier à Berry-au-Bac et envoyé à Paris. [...] Je ne sais d'où provient l'erreur commise. Personne à Reims n'a pu me renseigner à ce sujet. 11 est curieux tout de même de constater, une fois de plus, comment on écrit l'histoire ! Bien des Rémois ont dû déjà s'apitoyer sur le sort du jeune prince Gagarine, tué à vingt-trois ans !"

ICI REPOSE
MESSIRE LOUIS LEGOUZ-DUPLESSI
CHEVALIER SEIGNEUR DE BORDES
CHEVALIER DE SAINT-LOUIS
CAPITAINE AU SERVICE DE FRANCE
MORT DE SES BLESSURES
À REIMS le 3 mai 1814

Priez Dieu pour lui

Louis-Philippe Le Gouz du Plessis, (ou Legout (selon Martinien) ou Legoux, selon d'autres sources), est né le 24 mai 1784 à Baugé (Maine-et-Loire).  Capitaine au 3e Régiment de Gardes d’honneur, blessé aux côtés du colonel de Ségur dans la charge du 13 mars 1814, décédé dans la même ville, le 3 mai.  La mention Chevalier de St-Louis peut surprendre : il ne figure pas dans la base de données des chevaliers de St-Louis, et n'a pas été nommé avant la Révolution (c'est impossible, vu son âge).  Il a donc dû être nommé sur son lit de mort, mais on n'en trouve nulle trace. Le monument date de 1826.

L'arrière de la tombe du capitaine Le Gouz du Plessis a été transformé en monument à d'autres officiers autres morts des suites des combats de 1814.  Il n'y aucune certitude qu'ils reposent ici, mais comme ils sont morts après les combats, il est tout à fait possible que le monument Le Gouz ait été placé sur une tombe commune de 1814.

HONNEUR AUX BRAVES

 

JOACHIM ABDAL, NÉ À ST-PONS (HÉRAULT), AIDE
DE CAMP DU GÉNÉRAL MEUNIER, TUÉ À LA DÉFENSE
DE REIMS LE 11 MARS 1814, ÂGÉ DE TRENTE ANS.
LOUIS VIDAL, NÉ À GRASSE,
CAPITAINE AUX CHASSEURS DE LA GARDE,
TUÉ LE 13 MARS, ÂGÉ DE VINGT-NEUF ANS.
JOSEPH QUIQUAND, NÉ À ROUGEMONT (DOUBS),
LIEUTENANT AUX VOLTIGEURS DE LA GARDE, MORT DE
SES BLESSURES LE 22 MARS, ÂGÉ DE TRENTE-TROIS ANS.
CLAUDE GAITTE, NÉ À AUTUN, CAPITAINE AUX
ÉCLAIREURS DE LA GARDE, MORT DE SES BLESSURES
LE 26 MARS, ÂGÉ DE QUARANTE-QUATRE ANS.
PROSPER GALLAND, NÉ À BLANSE-BERRY (INDRE),
LIEUTENANT AU 5E RÉGIMENT DE CHASSEURS À
CHEVAL, MORT LE 2 AVRIL, ÂGÉ DE TRENTE-NEUF ANS.
FRANÇOIS GUERRIER, NÉ À METZ, OFFICIER DE LA
LÉGION D’HONNEUR, COMMANDANT D’ARTILLERIE
DE LA VIEILLE GARDE, MORT DE SES BLESSURES
LE 22 JUIN, ÂGÉ DE TRENTE ET UN ANS.
MAURICE BROSSES, SOUS-LIEUTENANT AU
1ER RÉGIMENT DES VOLTIGEURS DE LA GARDE,
MORT DE SES BLESSURES LE 14 JUIN.

DÉSIRÉ BERGUIN, NÉ À SAINT-DOMINGUE,
LIEUTENANT AU 5E RÉGIMENT DE LIGNE,
MORT DE SES BLESSURES LE 22 JUIN.
MAXIMILIEN DE GUÉRIN DE BRUSLARD,
NÉ À ABLON, CAPITAINE DE DRAGONS
MORT LE 6 JUILLET 1814.

LUX PERPETUA LUCEAT EIS*

 

LE SOUVENIR FRANCAIS                                 

           

                                                                   * Que la lumière éternelle brille pour eux.

Quelques remarques :
- Abdal, Joachim : ° en 1784 à St-Pons (Hérault), aide de camp du général Meunier, lieutenant de cavalerie, tué à la défense de Reims le 11 mars 1814. On ne trouve aucune trace de lui dans les registres.
- Vidal, Louis: ° le 18/09/1784 à Grasse.
- Qui(n)quant ou Quiquand, Joseph : ° le 3 (ou le 4) janvier 1781 à Rougemont dans le Doubs. Lieutenant au 4e Régiment de Voltigeurs de la Garde, blessé à Craonne le 7 mars, mort de ses blessures à Reims, le 22 mars 1814.
- Gaitte ou Gaittet : ° le 21/11/1772
- Galland : ° en 1774 au Blanc.
On notera que le Martinien mentionne un lieutenant Galland, mort le 2 avril, mais celui-ci est blessé à Laon et sert au 7e Régiment de Voltigeurs.
- Guerrier : ° en 1782. Il
était chef d'escadron, capitaine en second à l'artillerie à Cheval de la Vieille Garde. Il fut tué à l'attaque de la porte de Paris.
- Brosset (et non Brosses), Maurice. Le SHAT mentionne un Pierre Brosset, ° le 03/02/1790 à Château-Renault (Indre-et-Loire). Entré au service au Fusiliers-Chasseurs le 14 mars 1809,passé aux 1er Voltigeurs (1er Bataillon, 1ère Compagnie) en tant que caporal le 1er août 1811.  Adjudant Sous-Officier le 1er juin 1813. Sous-Lieutenant au 3e bataillon du 1er Régiment de Voltigeurs de la Garde le 1er janvier 1814. Mort de ses blessures à Reims, le 14 juin 1814.
- Berquin (et non Berguin) : né à St-Domingue, date de naissance inconnue. Lieutenant au 5e de Ligne (ne figure pas dans le dossier du 5e de Ligne), mort de ses blessures à Reims le 22 juin 1814. 
- Guérin de Bruslard, Maximilien (de) : né à Ablon (Calvados) date de naissance inconnue. Capitaine de Dragons (régiment inconnu), mort le 6 juillet 1814 à Reims, des suites de ses blessures. Nous avons retrouvé un Antoine-Maximilien Guérin, marquis de Brûlard,
capitaine de dragons au régiment de Languedoc en 1789, peut-être son père?

- On remarquera que fort peu de ces morts sont mentionnés dans le Martinien !

Un grand merci à M. Bernard Quintin pour ses précieuses recherches !

Pour une visite complète du cimetière du Nord, rendez-vous sur : http://www.napoleonprisonnier.com/lieux/reims.html   Un travail superbe !

14 mars 1814 : affaire de Berry-au-Bac

Le 14 mars a lieu à Berry-au-Bac une affaire de cavalerie entre la 1e division de Cavalerie légère (Général Merlin) du 1er Corps de Cavalerie. Environ 1600 cavaliers français affrontent 650 cavaliers prussiens de 2 régiments du 1er Corps de Yorck. 238 Français sont capturés (nombre de morts et blessés inconnu) pour 3 morts et quelques blessés du côté prussien.

15 mars 1814 :  Compiègne

Une colonne prussienne venant de Noyon, ayant quatre pièces d'artillerie, de l'infanterie et de la cavalerie, se présente devant Compiègne. La ville, défendue par une simple muraille en ruine sur plusieurs points, fut trois fois sommée de se rendre. Mais le major Otenin, du 136e,'et le chef de bataillon Lecomte, du 6e de voltigeurs de la Garde, répondirent à coups de fusil, et on se battit de part et d'autre pendant toute la journée. Les habitants des villages voisins, accourus au secours de la ville, chassèrent trois cents fantassins qui occupaient la hauteur de Margny. Dans le même temps, les habitants de Compiègne, soutenant les voltigeurs de la Garde, firent une sortie sous la conduite du chef de bataillon Mallert, et les Prussiens furent contraints à la retraite. Compiègne fut encore attaqué le ier avril par un corps prussien fort de huit mille hommes et de vingt-huit pièces d'artillerie. Sa garnison, composée d'un régiment de garde nationale, fort de neuf cents hommes, levé en Bretagne, commandé par le lieutenant-colonel Baudry, et d'un bataillon de voltigeurs de la Garde, fort de deux cents hommes, sous le chef de bataillon Lacombe, combattit opiniâtrement pendant vingt heures, et força encore une fois l'ennemi à la retraite, après lui avoir mis cinq cents hommes hors de combat. 

SUITE : Campagne de France (3 b) : 16-31 mars 1814

Campagne de France (1) : novembre 1813- janvier 1814
Campagne de France (2 a) : 1er- 14 février 1814
Campagne de France (2 b) : 15-28 février 1814
Campagne de France (3 a) : 1er - 15 mars 1814
Campagne de France (3 b) : 16-31 mars 1814
Campagne de France (4) : avril 1814
Campagne de France dans le Sud-Est
Campagne de France dans le Sud-Ouest

 

 

- Éphémérides militaires depuis 1792 jusqu'en 1815, ou Anniversaires de la valeur française. Mars, par une société de militaires et de gens de lettres, 1820 Pillet aîné (Paris), (1818-1820).
-Cartes (sauf mention contraire) :Johnston, Alex. Keith, Atlas to Alison's History of Europe, William Blackwood and Sons, Edinburgh and London,  1848.

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