Louis-Alexandre BERTHIER
(1753-1804-1815),
maréchal de l'EmpiRE
prince de Neuchâtel et Valangin
prince de Wagram
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I. - L'HOMME ET SON CARACTÈRE1
L'aspect de Berthier n'était pas exactement en rapport avec la grandeur où il parvint. Sa taille était médiocre (c'est-à-dire moyenne ; note : en fait, 1,73m) , son visage banal et son expression sans vivacité. Il avait les yeux grands, mais sans flamme ; le front haut, mais sans noblesse ; et son nez, fort long, rendait presque ridicule son profil aiguisé. Il était d'ailleurs bien fait de sa personne, de proportions harmonieuses, avec des mains fines, des petits pieds et des manières d'une aisance très attirante.
La dominante de son caractère était, en dehors de la bravoure guerrière que tous avaient, et qui ne serait point un éloge tant elle était parmi ces hommes monnaie courante; cette dominante, dis-je, était la souplesse.
Sa fluidité, son adresse à juger une circonstance et à démêler d'abord ce qu'il en pouvait tirer d'avantageux pour lui-même, était extrême.
Il en résulta que, selon les occasions, ce fut le bien public qui en profita, ou sa propre dignité qui en souffrit.
On le voit, mêlé aux premiers orages de la Révolution, évoluer de l'un à l'autre avec une si merveilleuse prestesse, avec des ménagements si parfaitement calculés, qu'il réunit les suffrages de toutes les factions. La Révolution grandit, s'affirme, domine tout il faut être pour ou contre. Berthier se range à bon escient sous son pavillon, tout en évitant de rompre d'une façon éclatante avec les vieux partis. On lui pardonne d'un côté, on lui sait bon gré de l'autre, et voilà l'habile homme qui se faufile à travers les dénonciations et les échafauds de la Terreur jusqu'à l'arc-en-ciel impérial, qui ramène le beau temps et l'illumine avant tout autre.
L'empereur aime les têtes dociles : la sienne l'est, puisque le besoin le veut ainsi.
De son grand-officier, le prince de Neufchâtel devient l'ami du maître ; il le suit partout, exécute ses ordres, devance ses désirs. Il est une éminence grise, mais qui s'affiche et ne craint pas les honneurs. Il se donne pour le « favori » et, tout le monde le croit, Napoléon le premier.
Jusque-là, les choses sont à son avantage, il a tout ce qu'il peut souhaiter, et l'on ne saurait lui tenir rigueur pour une fortune qu'il doit à son industrie, sans qu'après tout on puisse l'accuser de l'avoir volée à personne.
Par malheur, cet excès de diplomatie, cette persistance dans l'égoïsme le mène, lors de la catastrophe de 1814, aux plus dégradantes démarches.
Nous verrons par son histoire jusqu'où peut descendre l'ingratitude de l'homme qui dans le bienfaiteur ne voit que le bienfait, et dont le cœur est trop étroit pour abriter à la fois l'ambition et la reconnaissance.*
Le maréchal Berthier mesurait 1,73 m.
II. — SON ORIGINE ET SA JEUNESSE
Louis-Alexandre Berthier est né à Versailles le 20 novembre 1753. Son père fut anobli en 1765 pour avoir sauvé Versailles des flammes. Adjoint au gouverneur de l'Hôtel de la guerre, il eut naturellement la pensée de faire de son fils un soldat. Aussi voyons- nous le jeune Berthier étrangement précoce, ingénieur-géographe des camps et armées en 1766, à treize ans!
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DANS CET
IMMEUBLE CONSTRUIT PAR |
En 1770, il est lieutenant dans le corps royal d'état-major ; après quoi il
devient capitaine de dragons au régiment de Lorraine. Il est remarquable qu'un
jeune homme dont la noblesse était pour lemoins douteuse soit entré si aisément
dans les armées du roi, et qu’il ait franchi les premiers grades plus vite que
bien des gentilshommes de haut lignage, à une époque où la naissance entrait
pour une si large part dans l'avancement.
C'est que déjà la fortune lui souriait, attirée par ses propres sourires, et que
son esprit délié savait mettre à profit les plus fugitives aubaines.
La guerre de l'indépendance des États-Unis faisait alors grand bruit. La cour
elle-même en était remuée jusqu'à l'enthousiasme, et s'enflammait pour la
chevaleresque équipée de MM. de La Fayette et de Rochambeau. Berthier,
ambitieux, inquiet, plein de courage, voyant que la paix nuisait à la rapidité
de sa carrière, se jeta d'un élan dans l'aventure américaine. Il y perdit son
frère, mais rapporta des bords de l'Ohio les épaulettes de colonel.
En 1789, Louis XVI le nomme major général de la garde nationale de Versailles.
Il remplit son rôle en conscience, protège de toute son influence la sécurité si
précaire de la famille royale, et, nettement royaliste alors, il s'oppose à ce
qu'on oblige les gardes du corps à porter la cocarde aux trois couleurs et à
prêter le serment civique, comme le voulait Lecointre.
En 1790, il succède à la Tour-du-Pin comme commandant de cette même garde
nationale.
En 1791, commencent les difficultés où sa diplomatie va trouver un emploi.
Mesdames Adélaïde, Victoire et Sophie, filles de Louis XV et tantes de Louis
XVI, étant parties de Bellevue, qu'elles habitent, pour émigrer en Italie, la
foule irritée rendit Berthier responsable de cette fuite et voulut l'en punir,
bien aise sans doute de piller, par surcroît de vengeance, le château devenu
vide. Berthier, très bravement, tint tête à la populace et la dispersa.
C'était plus qu'il n'en fallait pour le rendre suspect aux révolutionnaires.
Fort à propos, le roi le nomma adjudant général et l'éloigna de Paris, sous
prétexte de porter les bâtons aux deux maréchaux nouvellement promus, Lückner et
Rochambeau. Il demeura près de Lückner, à Metz, en qualité de chef d'état-major.
On ne l'oubliait pas d'ailleurs dans les comités révolutionnaires, et l'on
réclamait impérieusement sa mise en accusation. Luckner l'eût en vain défendu et
protégé contre tant de rancunes déchaînées, si l'adroit Berthier, évoluant
brusquement du côté des idées nouvelles, ne se fût fait envoyer en Vendée, où
son zèle désarma les commissaires de la Convention et pour un temps détourna
l'orage menaçant. De là, il rejoint Custine sur le Rhin, trouve le moyen de ne
pas être englobé dans la disgrâce du général, franchit encore à son avantage le
9 thermidor, et il arrive dans le Midi au moment où Bonaparte va entreprendre la
conquête de l'Italie.
Dès lors s'ouvre la vraie carrière militaire de Berthier.
Devenu chef d'état-major de Bonaparte, qui, appréciant bien vite ses facultés
spéciales, se l'attache définitivement, il décide, aidé de Masséna et de
Salicetti, la victoire de Montenotte.
Montenotte Superiore : la route va d'ouest (extrême droite de l'image, vers
Altare) en est ,Montenotte Superiore, centre gauche de l'image (voiture).
A Lodi, sa conduite est si admirable, que Bonaparte termine son rapport au
Directoire sur cette bataille par ces mots : « Je ne dois pas oublier
l'intrépide Berthier, qui a été dans cette journée canonnier, cavalier et
grenadier. »
10 mai 1796 (21 floréal an IV) : bataille du pont de Lodi
Les 15-17 novembre 1796 : bataille du Pont d’Arcole
Le célèbre tableau d'Horace Vernet et le pont actuel, sous le même angle.
La bataille du Pont d’Arcole, les 15-17 novembre 1796, par le
général (alors capitaine) baron Louis Albert Guislain Bacler d'Albe.
De droite à gauche : Bonaparte recevant la nouvelle du succès de l’assaut de la
32e demi-brigade (corps d’Augereau), Berthier chef d’état-major ordonnant de
faire soigner les blessés, le général Robert, ancien de la prise de la Bastille,
blessé à mort et, à gauche sur la jetée, Masséna repartant à l’assaut. Au
centre, le pont de bateaux construit par les pontonniers d’Andréossy, écroulé à
plusieurs reprises. Dans le lointain, Arcole en flammes, avec le fameux pont si
durement défendu par les Croates de l’armée autrichienne, ainsi que les troupes
d’Augereau achevant de repousser l’ennemi. Dans le fond, la retraite
autrichienne. D'après le livret du Salon de 1804.
A Rivoli, à Odogno, même valeur, même mépris du danger.
14 - 15 janvier 1797 (25 Nivôse an V) : bataille de Rivoli :
Aussi Berthier reçut-il
la flatteuse mission de porter avec Monge, à Paris, le traité de Campo-Formio,
qui terminait brillamment cette magnifique campagne.
Lorsque Bonaparte partit pour te congrès de Rastadt, Berthier demeura en Italie
et prit le commandement des troupes qui y étaient demeurées. Ce fut en cette
qualité qu'il reçut l'ordre d'aller à Rome demander raison du meurtre du général
Duphot. Il partit avec dix-huit mille hommes, s'empara du château Saint-Ange et
pénétra dans la Ville éternelle.
Le pape Pie VI avait cédé la place et s'était retiré à Sienne, accompagné
d'ailleurs par un régiment de dragons français et entouré des plus grands
égards.
Berthier, maître de Rome, y avait aussitôt proclamé la république, au milieu de
l'enthousiasme populaire.
À la place des États pontificaux, le général Berthier a proclamé la République
romaine le 15 février 1798 (27 pluviôse an VI).
Malheureusement, les troupes et les officiers
eux-mêmes, mal payés, mal nourris, eurent l'idée aussi compréhensible que
condamnable de s'indemniser avec les chefs-d’œuvre de toute nature dont ils se
voyaient entourés. Ce fut une curée abominable : les tableaux, les tentures, les
vases précieux, tout était enlevé, brocanté, dispersé. Le peuple romain, tôt
dégrisé de sa première ivresse de liberté, se souleva contre ses libérateurs,
devenus pires que ses anciens maîtres, et Berthier s'esquiva, enchanté qu'un
ordre du Directoire transmît à Masséna, en même temps que le pouvoir, la
responsabilité de tout ce qui pourrait survenir. Il fut là, en somme, ce qu'il a
toujours été, un chef médiocre et sans initiative, alors qu'au second rang il
devenait un subalterne aussi précieux que zélé.
On reconnaît à cela son habituel caractère, toujours soucieux de ne pas se
compromettre, n'exécutant avec vigueur et décision que ce qu'un autre a conçu,
et dont par conséquent il ne portera pas le poids en cas d'échec, tout en
revendiquant sa part en cas de réussite.
Comme l'étoile de Bonaparte monte sans cesse au zénith, Berthier se garde d'en
détourner les yeux. On l'accuse même à ce moment d'adulations à l'égard du futur
empereur, auxquelles rien ne l'obligeait. Quoi qu'il en soit, il part pour
l'Égypte avec Bonaparte.
Il est mêlé à toute la campagne, en dépit de quelques velléités de retour; il
passe en Syrie, prend part à l'assaut de Jaffa et se trouve à Saint-Jean-d'Acre.
On pense bien que l' « intime » du général ne se fit pas faute de savourer
l'encens que l'on prodigua aux vainqueurs des Pyramides.
Ce fut avec Berthier que Bonaparte machina son coup d'État du 18 brumaire, et la
récompense de cette collaboration fut le ministère de la guerre, que lui donna
le nouveau consul.
Mais sa place n'était pas dans un bureau, même ministériel. Le 2 avril 1800,
Carnot lui succède, et Berthier part pour Dijon. Là il organise, en vingt jours,
une armée de 50000 hommes qui, réunie à des effectifs tirés d'un peu partout,
devient la Grande-Armée, et se dirige vers Genève, d'où Bonaparte l'emmène vers
l'Italie, à travers le Saint-Bernard. Dans le passage de la montagne, Berthier
voit tout, surveille tout, active tout. Rentré dans son rôle d'agent et déchargé
du soin de l'initiative première, il redevient lui-même, se multiplie, fait des
prodiges.
A Montebello, il se bat comme un lion.
9 juin 1800 : bataille de MONTEBELLO
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IN QUESTI LUOGHI |
A Marengo, il a ses habits
criblés de balles. Mais pourtant, s'étant laissé aller à trahir l'épouvante que
lui causait le danger couru par Bonaparte, celui-ci lui dit avec une
dédaigneuse froideur :
« Je crois que vous pâlissez ! »
La bataille n'en fut pas moins gagnée, et Berthier eut l'honneur de signer
l'armistice avec Mélas, tandis que Bonaparte courait vers Paris.
Ensuite le calme revient, des paix se signent de tous côtés, et Berthier part
pour l'Espagne en qualité d'ambassadeur extraordinaire.
Il habitait alors, quand il séjournait à Paris, l'ancien hôtel Bertin, embelli
par le fermier général Reuilly, et situé au coin du boulevard et de la rue des
Capucines. Cet hôtel, appelé, à la fin de l'empire, l'hôtel de Wagram, est
aujourd'hui démoli.
III. — SA CARRIÈRE SOUS L'EMPIRE ET SA MORT
L'Empire est proclamé. Berthier va être des premiers à ressentir le bien- faisant contrecoup d'un tel événement.
Il est inscrit en tête dans la grande promotion des maréchaux de 1804. Coup sur coup, il est nommé ministre de la guerre pour la seconde fois, chef de la première cohorte de la Légion d'honneur, grand veneur de France , colonel général des Suisses, président à vie du collège électoral de Seine- et-Oise. Le premier consul lui avait déjà donné, quelque temps auparavant, la superbe terre de Grosbois en Val-de-Marne, vendue après l'arrestation de Moreau, à qui elle appartenait, et qui restera jusqu'en 1960 dans la famille du prince de Wagram.
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En 1804, après l'arrestation de ce dernier, Napoléon Ier lui rachète le château par l'intermédiaire de Fouché, pour le céder en 1805 au maréchal Berthier, prince de Wagram. |
1805
Berthier quitte de nouveau le ministère pour prendre part à la campagne de 1805 contre l'Autriche et la Russie coalisées. Son habileté assure le succès de cette rapide campagne. A Ulm, l'Empereur l'expédie au général Mack pour traiter de la reddition de cette place, pendant qu'il demeure à son mauvais bivouac pour être prêt à répondre aux conditions de la partie ennemie. Berthier y revient le soir, apportant la capitulation signée à Elchingen le 18 octobre 1805. Austerlitz clôt glorieusement cette campagne, et c'est encore lui qui signe l'armistice avec le prince Jean de Lichtenstein, lieutenant-général, le 6 décembre 1805.
1806-08
Le 30 mars 1806, Napoléon lui attribua la principauté de Neufchâtel et Valangin, qui venait d'être cédée par la Prusse.
Berthier prit de ce moment le titre d'Altesse Sérénissime, prince et duc de Neuchâtel, et ne signa plus que de son prénom, Alexandre. L'empereur l'appela mon cousin. Le 18 novembre de la même année, le peuple neuchâtelois prêta serment à François de Lespérut, son commissaire générai et extraordinaire dans sa principauté.
Toutefois la guerre de Prusse, qui venait de commencer en octobre 1806, ne lui laissa pas le loisir d'abandonner son poste de major général. On connaît les détails de cette campagne. Le 14 octobre, les Prussiens étaient battus à Iéna ; le 16, Berlin ouvrait ses portes, et Berthier, comme toujours, pouvait s'attribuer une part importante dans ces victoires.
Aussi Napoléon demanda-t-il pour lui Marie-Élisabeth, nièce du roi de Bavière et fille du duc Guillaume de Bavière-Birkenfeld.
Ce dernier se trouvait à Paris, dans l'espoir d'obtenir un dédommagement pour une province perdue. Comme il en parlait à l'empereur, Napoléon lui dit à brûle-pourpoint : « Je marie votre fille à Berthier! »
Le pauvre duc tomba en syncope; mais, n'ayant pas le choix, il lui fallut bien consentir. Mlle Visconti, une amie d'autrefois, avait refusé d'épouser Berthier, en arguant de mésalliance, ce qui ne l'empêcha pas de devenir l'amie de la princesse de Neuchâtel, tout en demeurant celle du maréchal.
Son mariage lui avait encore valu la dignité de vice-connétable.
On le voit ensuite à l'entrevue d'Erfurt, puis, dans cette même année 1808, à Burgos, à Tolède, à Madrid.
1809
En 1809, à l'ouverture de la seconde campagne d'Autriche, il est nommé général en chef de la Grande-Armée en attendant l'arrivée de l'empereur. Livré à lui-même, il commet faute sur faute, et il est nécessaire que Napoléon, furieux, arrive à bride abattue, pour rassembler l'armée et rétablir ses affaires.
A Eckmühl, sa bravoure fait merveille, et il charge plusieurs fois en personne à la tête des divisions bavaroises.
Alteglofsheim
Panoramas sur la plaine d'Alteglofheim. Comme on le voit le terrain est
particulièrement adapté aux charges de cavalerie.
Le combat de cavalerie eut lieu dans la plaine au sud-est d'Alteglofsheim, entre
ce village et Langenerling
La plaine d'Alteglofsheim fut le théâtre
d'un célèbre combat de cavalerie où la double cuirasse des cuirassier français
démontra sa supériorité sur la cuirasse simple des Autrichiens.
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Puis c'est la bataille d'Essling avec ses alternatives de victoire et de déroute, dans laquelle il n'abandonne pas l'Empereur.
Il passa le mois de juin à Schönbrunn pour y préparer Wagram, et c'est là que sa perspicacité sauva Napoléon d'un dangereux attentat, prémédité par Frédéric Staps.
Dans la journée de Wagram, Berthier poussa la bravoure à la plus folle témérité. On fut contraint de l'arrêter, et sa conduite inspira à Napoléon lui-même une telle admiration, qu'il lui conféra, le 15 août suivant, le titre de prince de Wagram.
1810
Le 8 mai 1810, Berthier s'acquitta d'une aimable mission. Il était chargé d'aller demander la main de Marie-Louise pour Napoléon. Tout étant convenu d'avance, son audience au palais de Vienne ne fut qu'une formalité, et il ramena peu après l'archiduchesse.
Le 16 mars 1810 au matin arrive à Sankt-Peter, en Haute-Autriche, à une centaine
de kilomètres de Linz,le cortège autrichien qui accompagne la future impératrice
Marie-Louise.
C’est là qu’elle est « remise » à la France pour son mariage avec l’Empereur
Napoléon.
Une belle fresque peinte relate l’événement avec texte suivant :
Ankunft
der Österreichischen Kaisertöchter Erzhertogin Maria-Luise (1791-1847) am 16
März 1810 bei einem auf der Höhe des "St. Peters Berges" vor Braunau
aufgestellten Pavillon in dem sie offiziell von der frazösischen Delegation
unter Führung des Marschalls Alexandre Berthier (1753-1815), Fürst und auch
Herzog von Neuchâtel und Valangin, Fürst von Wagram zur Weiterreise nach Paris
zur Hochzeit mit dem französischem Kaiser Napoleon I. (1769-1821) punkvoll
empfangen würde.
« Arrivée de la fille de l'Empereur, l'archiduchesse Marie-Louise (1791-1847) le 16 mars 1810, dans un pavillon élevé sur la colline de Sankt Peter, en avant de Braunau. Elle y est reçue en grande pompe par une délégation française conduite par le maréchal Alexandre Berthier (1753-1815), Prince et aussi duc de Neuchâtel et Valangin, prince de Wagram, avant le voyage qui la conduira à Paris, pour ses noces avec l’empereur français Napoléon (1769-1821).»
1812
Il avait été l'adversaire de la campagne de Russie ; mais, placé devant l'inévitable, il s'évertua du moins à y faire bonne figure. A Moscou, il entraîna l'Empereur, prêt de périr dans les flammes. Il avait pris part â toutes les batailles qui en jalonnent la route; mais au retour son découragement était manifeste, et il fallut un ordre positif de Napoléon pour qu'il, demeurât sans lui à l'armée, afin d'aider à la retraite. Il était las, vieilli, courant les camps depuis 1778, et il cachait à peine ce désir, que nous verrons si général, de se reposer enfin et de jouir en paix de ses titres et de sa fortune.
1813
Un effort pourtant restait à fournir, une dure fatigue à supporter. A peine revenu de Russie, après les plus rudes épreuves, Berthier organise en hâte la campagne de Saxe. Il est à Lützen, à Dresde, à Leipzig. Le soir de cette dernière bataille, voyant l'armée sans munitions, sans espoir lui-même, il commence la retraite sur Hanau et Mayence, et il parcourt les rues en personne pour rallier les fuyards éperdus.
1814
En 1814 enfin, l'Europe entière se dresse contre la France, et Berthier retrouve un peu de juvénile ardeur. A La Rothière, on se bat à la nuit. Berthier traverse les lignes françaises, et il prend les sentinelles des alliés pour celles des Français. A Montereau, à Craonne, à Laon, à Reims, il se bat comme un conscrit; mais c'est la fin. L'armée est décimée, le territoire envahi ; tout croule, tout se disperse, et l'Empereur se retire à Fontainebleau. Berthier est encore là.
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13 mars 1814 : Reims, Mont-Saint-Pierre.
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Napoléon |
Le commandant Lachouque, qui devait avoir
de meilleurs yeux que moi, a réussi à discerner sur les autres côtés du monument
les noms de :
Marmont, Ney, Berthier, Lefebvre, Bertrand, Drouot, Friant. Lagrange, Ricard,
Exelmans, Krasinski, Defrance, Arrighi, Bordessoulle, Pierre Boyer. Sébastiani,
Colbert, Letort, de Ségur, Merlin, Pelleport, Piquet.
En fait, la carte postale ancienne montre que les noms étaient bien plus lisibles à l'époque... sur l'ancien monument.
En effet, un examen attentif nous montre que, malgré des similitudes, il ne s'agit pas du même obélisque !
Reims, Parc de la Haubette
Etat-Major entourant Napoléon 1er
Marmont Berthier Ney Lefèvre Drouot
Bertrand |
30 mars 1814 : Sens
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A dater de cet instant, il entre dans une phase de sa vie que lui pardonnera malaisément l'histoire.
Lui, Berthier, prince, duc, maréchal, grand veneur, vice-connétable, chargé enfin de tous les titres qu'a pu inventer l'amitié impériale pour le flatter, enrichi des dépouilles de l'Europe entière, allié à une famille royale, accablé de bienfaits par Napoléon, à qui il doit tout; lui, Berthier, dis-je, feignit de vouloir suivre l'empereur jusqu'au bout de son infortune, prouvant ainsi qu'il savait bien où était son devoir. Il donna les plus chevaleresques assurances, et ayant obtenu la permission d'aller à Paris, sous prétexte de brûler des papiers, il courut jusqu'à Compiègne au-devant de Louis XVIII, renia son bienfaiteur, le ridiculisa, le bafoua, l'appela « cet homme » et finalement se fit confirmer dans toutes ses charges et dignités par le pouvoir nouveau.
Il figura dans les parades qui accompagnèrent les débuts du règne royal, et ce spectacle sembla si inconvenant au peuple, que beaucoup de gens lui crièrent : « A l'île d'Elbe ! Berthier! A l'île d'Elbe ! »
Toutefois, en dépit de tant d'empressement à dédaigner le malheur et à encenser la puissance, il lui fallut abandonner sa principauté de Neuchâtel, où il espérait couler, dans sa vieillesse, les jours d'un bon et paisible souverain.
Il signa sa renonciation le 3 juin 1814, et par compensation il fut, le 4, confirmé dans sa dignité de maréchal, puis porté sur la liste des pairs de France, nommé capitaine de la compagnie des gardes du corps Wagram et commandeur de l'ordre de Saint-Louis.
Ce ne fut qu'un rêve. Tandis que le 20 mars 1815 Napoléon, échappé de l'île d'Elbe, arrivait à Fontainebleau, Louis XVIII fuyait vers Gand, escorté par Berthier, qui pendant ce temps faisait faire des ouvertures à celui qu'il avait trahi.
Napoléon déclara qu'il était prêt à lui pardonner, à la condition qu'il paraîtrait devant lui dans son habit de garde du corps.
Mais, compromis aux yeux de tout le monde, suspect à ses amis du jour et de la veille, Berthier n'osa pas revenir, pas plus qu'il n'osa demeurer près du roi.
Il se retira au château de Bamberg, chez son beau-père. Il est en proie aux remords, aux regrets, au désespoir. Mais est-ce assez pour affirmer que sa mort est un suicide ? Nous en doutons.
Il meurt le 1er juin 1815 dans des circonstances toujours restées mystérieuses (accident, malaise, suicide ou assassinat** ?) en tombant d'une fenêtre du château (Neue Residenz) de Bamberg.
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"Alexandre Berthier, maréchal de Napoléon, a trouvé la mort dans une chute depuis l'étage supérieur, le 1er juin 1815, à une heure de l’après-midi."
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Il sera ensuite transféré dans le caveau de
famille du duc Guillaume au couvent des bénédictins de Banz, où il restera
jusqu’en 1884.
Finalement, il sera inhumé dans le caveau des Wittelsbach, à l'abbaye de
Tegernsee.
Malheureusement, aucune plaque ne signale la tombe du maréchal.
IV. — JUGEMENT DE NAPOLÉON
Du 18 janvier 1797 (rapport au Directoire sur Rivoli) :
« Le général Berthier, chef de l'état-major, a déployé dans cette occasion la
bravoure dont il a si souvent fait preuve dans cette campagne.
Du 17 octobre 1797 (lettre au Directoire) :
« Le général Berthier, dont le talent égale le patriotisme, est une des colonnes
de la république, comme un des plus zélés défenseurs de la liberté. Il n'est pas
une victoire de l'armée d'Italie à laquelle il n'ait pris part. Je ne craindrais
pas que l'amitié me rendît partial en retraçant ici les services que ce brave
général a rendus à sa patrie; mais l'histoire prendra ce soin, et l'opinion de
toute l'armée fondera ce témoignage de l'histoire. Accueillez avec distinction
ce général éminent. Il illustre la patrie et rend célèbre le nom français. Il
m'est impossible de vous envoyer le traité définitif (Campo-Formio) par un homme
plus distingué. »
«Est-ce que vous croyez, dit un jour Napoléon à M. Collot, que j'aurais confié mon armée à Berthier si je ne devais pas être là?
Lors de l'abandon de Fontainebleau, l'Empereur dit avec
mélancolie à l'un des rares fidèles demeurés près de lui :
« Vous voyez cet homme qui s'en va et que j'ai comblé de bienfaits, eh bien! il
court se salir; et, quoi qu’on m'ait dit, il ne reviendra plus ici.
Après la fuite de Louis XVIII, que Berthier accompagnait à
Gand, Napoléon dit à Rapp :
«Concevez-vous cette bête de Berthier, qui n'a pas voulu rester? Il reviendra.
Je lui pardonne tout, à une condition cependant : c'est qu'il mettra son habit
de garde du corps pour paraître devant moi, et tout sera fini. »
Enfin à Sainte-Hélène, cette conclusion sévère et méritée :
« J'ai été trahi par Berthier, véritable oison que j'avais fait une espèce
d'aigle. »
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Voici, pour compléter ce portrait, ce que dit M. Bachelin du prince de Neuchâtel
: « De petite taille, mais doué de muscles d'acier, il endurait les nuits
d'insomnie, les rigueurs du bivouac et toutes les intempéries des saisons sans
se plaindre, passant les jours à cheval, écrivant au débotté pour remonter à
cheval ensuite, sans s'étonner en rien ni se douter même de sa force (on dit
qu'il passa huit jours et huit nuits sans dormir). Complet dans sa spécialité,
rouage admirable et nécessaire de cet édifice gigantesque de la Grande-Armée,
dont il prépara toutes les campagnes, rédigea tous les ordres du jour et tous
les bulletins ; la triture des combinaisons militaires lui était devenue si
familière, qu'il savait l'effectif de chaque corps, son aptitude spéciale, et
qu'il n'ordonnait sa mise en mouvement qu'à coup sûr. Sa mémoire était
prodigieuse ; il rendait un compte exact d'un régiment, et expliquait la
formation, la composition, donnait les noms des officiers les plus inférieurs,
indiquait les cantonnements et les munitions. C'était un état d'effectif vivant,
que l'empereur consultait à coup sûr. Admirablement placé comme chef
d'état-major, il ne donnait son avis que lorsqu'il était consulté, s'effaçant
toujours devant le génie du maître ; il ne faisait qu'aider et compléter les
grandes combinaisons de Napoléon, dont on l'avait surnommé le bras droit...
Berthier était nécessaire à Napoléon, dont il comprenait et saisissait la
pensée. Napoléon l'aimait ; il avait l'habitude de son Berthier... Il ne chercha
jamais à briller par l'esprit et la conversation. On l'accuse même d'une
certaine lourdeur, qui tenait à la brusquerie de son caractère peu enjoué. Il
avait en outre une prononciation désagréable qui lui nuisait comme homme de
société. Plein de zèle et de déférence pour l'empereur, il était en revanche
hautain avec ses collègues. » C'est ce dernier trait que Napoléon expliquait à
Las Cases qui lui en faisait l'observation, en lui disant : « Mais, mon cher,
rien n'est si impérieux que la faiblesse appuyée sur la force. Voyez les femmes.
»
** Les hypothèses sont données du plus au moins vraisemblable. Le thèse de l'assassinat par des agents royalistes invisibles est tout à invraisemblable.
Texte : d'après
De Beauregard, Gérard,
Les Maréchaux de Napoléon, Mame, Tours, s.d. (1900).
Collection
Hachette : Maréchaux d'Empire, Généraux et figures historiques (Collection de
l'auteur)
© D. Timmermans