Emmanuel de Grouchy

(1766-1815-1847)

marquis (ancien régime)

maréchal de l'Empire

comte de l'Empire - Pair de France

Pourquoi Grouchy n'a pas "marché au canon" le 18 juin 1815

 

I. — REMARQUE PRELIMINAIRE

S'il est un mal-aimé parmi les maréchaux de Napoléon, c'est bien Grouchy. "Petit dernier" d'une longue lignée de maréchaux de l'Empire, seul le maréchal de la promotion de 1815, Grouchy souffre encore de nos jours des accusations portées contre lui par Napoléon à Sainte-Hélène et par les historiens qui ont accepté sans esprit critique ces accusations, pire encore, qui sont allés beaucoup plus loin dans la calomnie. Or, ces accusations ne reposent sur rien en ne résistent pas à une analyse dépassionnée de la situation.

Mais tout cela a une conséquence directe : aucun monument n'a été érigé à sa gloire, et sa ville natale n'a même pas daigné apposer une plaque sur sa maison natale.
 


 

Armes de Comte de l'Empire :

D'or, fretté d'azur ; sur-le-tout d'argent, à trois trèfles de sinople ; au canton des Comtes Militaires de l'Empire brochant
 

 

Grouchy en Colonel du 2e Dragons en 1792, par G. Rouget.

 

 

II. — SON ORIGINE ET SA JEUNESSE

 

Né à Paris le 23 octobre 1766, Grouchy était un authentique marquis de l'ancien régime. Son père était François Jacques DE GROUCHY, Marquis DE GROUCHY (1715-1808), Cornette de Cavalerie, sa mère, Gilberte FRÉTEAU DE PÉNY (†1793)


Il entre à l'armée comme aspirant au Corps Royal de l'Artillerie en 1779. Celui qui deviendra célèbre comme commandant de cavalerie commence donc sa carrière dans l'artillerie.

Élève d'artillerie à l'École de Strasbourg, 31 mars 1780; lieutenant d'artillerie par lettre de service du 14 mars 1781, à dater du 23 octobre 1780; sous-lieutenant en pied dans le régiment d'artillerie de Besançon, 24 août 1781.

C'est le 28 octobre  1784 qu'il devient capitaine au Royal-Étranger-Cavalerie. Sous-lieutenant des Gardes du corps du Roi, compagnie écossaise, avec rang de lieutenant-colonel, 25 décembre 1786; réformé, 27 janvier 1787.

Au moment où survient la Révolution, il est déjà commandant au 12e Régiment de Chasseurs à Cheval, mais il se montra partisan de la Révolution. Lieutenant-colonel du 12e chasseurs à cheval, 18 décembre 1791 ; colonel du 2e dragons, 1er février 1792.

Colonel du 6e hussards, 8 juillet 1792 ; à l'armée du Centre, puis des Alpes, septembre 1792; maréchal de camp, 7 septembre 1792.

A l'armée des Côtes de Brest, 15 mai 1793; défendit Nantes contre Charette; repoussa les Vendéens du camp des Gorinières qu'il commandait près de Nantes, 31 août-1er septembre 1793; suspendu de ses fonctions comme noble, 30 septembre 1793; exclu de l'armée pour ce motif, 8 octobre 1793.

Réintégré dans son grade à. l'armée de l'Ouest, 29 novembre 1794; nommé provisoirement général de division par les représentants, 23 avril 1795; confirmé dans ce grade par le comité de salut public, 13 juin 1795; chef d'état-major de Hoche à l'armée de l'Ouest, 1795-1796; prit part à l'affaire de Quiberon; commanda par intérim l'armée de l'Ouest à la place de Canclaux, 7-10 septembre 1795; nommé commandant en chef de l'armée des Côtes de Brest à la place de Pérignon, 26 novembre 1795.

Subordonné à Hoche à l'armée des Côtes de l'Océan, 1er janvier 1796; nommé chef d'état-major de l'armée du Nord à la place de Des Bruslys, 25 mars; commandant supérieur à Brest puis à l'île de Ré, 16 août; commandant la 12e division militaire à La Rochelle, 2 septembre 1796-17 mars 1798; commandant en 2e l'expédition d'Irlande et chef d'état-major de Hoche, 1er novembre 1796; partit de Brest le 15 décembre; commanda par intérim l'expédition d'Irlande du 24 décembre 1796 au 18 janvier 1797;

Commanda les 4 divisions militaires de l'Ouest; chef d'état-major de l'armée du Nord, 17 mars 1798; de l'armée de Mayence sous Joubert, 11 juillet; chargé de commander la citadelle de Turin à la place de Mesnard, 27 novembre; commandant la division du Piémont, 11 décembre.

Chef d'état-major de Moreau en Italie, mai 1799; vainqueur à San Giuliano, 20 juin; chef d'une division sous Pérignon à la gauche de l'armée d'Italie à la bataille de Novi, 15 août 1799; reçut 14 blessures en défendant Pasturana et y fut fait prisonnier, 15 août 1799.

Protesta par lettre étant en captivité contre l'établissement du Consulat; commandant la 4e division de la 2e armée de réserve, 31 juillet 1800; puis la 2e division à la place de Baraguey-d'Hilliers à la même armée, 8 septembre (devenue armée des Grisons, 5 octobre) ; commanda par intérim l'armée des Grisons pendant une maladie de Macdonald, 2-5 novembre 1800; nommé à la place de Delmas commandant la 1ère division du corps du centre à l'armée d'Allemagne, 12 novembre ; prit possession de son commandement le 1er décembre; servit à Hohenlinden, 3 décembre.

Monument de la bataille de Hohenlinden, inauguré en 1998.  Les trois premiers  piliers symbolisent les nations belligérantes, la Bavière, l'Autriche et la France. Le dernier représente la population entre Danube et Inn, qui souffrit de la guerre. Les poutres transversales qui  reposent sur les piliers représentent l'espoir d'un avenir pacifique qui unira les peuples d'Europe. La stèle en granit rouge de Finlande représente le sang versé, et les thuyas, à gauche, les troupes françaises montant à l'assaut .

Sous Murat au corps d'observation du Midi, juillet 1801; inspecteur général de cavalerie, 23 septembre 1801; en mission en Étrurie, 1803; nommé commandant la cavalerie du camp de Bayonne sous Augereau, 30 août 1803; au camp de Brest, 1804; commandant la 2e division du corps d'occupation de la Hollande sous Marmont à la place de Barbou au 6 mars 1804.

 

III. — SA CARRIÈRE SOUS L'EMPIRE

1805
Commandant la 2e division du 2e Corps de la Grande Armée sous Marmont, 30 août 1805 ; servit à Wertingen, 8 octobre, Gunzbourg, 9 octobre, devant Ulm, 17 octobre;

1806

Remplacé dans son commandement pour cause de maladie, 27 avril 1806; commandant la 2e division de dragons à la place de Beker à la réserve de cavalerie de la Grande Armée sous Murat, 20 septembre; servit à Zehdenick, 26 octobre, Prenzlau, 28 octobre, à la prise de Lubeck, 6 novembre, à Thorn, 5 décembre; commandant la 2e division de dragons au 2e Corps de cavalerie sous Bessières, 13 décembre; au combat de Biezun, 23 décembre;

1807

Puis de nouveau à la réserve de cavalerie sous Murat, 12 janvier 1807; servit à Ziegelhoff, 7 février; blessé à Eylau, 8 février; servit à Friedland, 14 juin; grand-croix de l'ordre militaire de Bavière, 29 juin 1807; grand aigle de la Légion d'honneur, 13 juillet 1807; commandant la cavalerie du corps d'observation des Côtes de l'Océan sous Moncey, 5 novembre.

1808

Commandant la cavalerie de l'armée d'Espagne, février-octobre 1808; réprima l'insurrection de Madrid, 2 mai 1808; gouverneur de Madrid; employé à l'armée d'Italie, 9 novembre;

1809

Comte de l’Empire, 28 janvier 1809; commandant la division de dragons à l'armée d'Italie sous le prince Eugène de Beauharnais au 1" avril 1809; servit au Piave, 8 mai; détaché avec les divisions Pacthod et Sahuc, 20 mai; au siège de Graz, 28-30 mai; occupa Graz, 30 mai; vainqueur à Stein am Anger, 7 juin, à Vasvar, 10 juin, à Papa, 12 juin; servit à la bataille de Raab, 14 juin; couvrit l'extrême droite de la ligne française sous Davout à Wagram, 6 juillet; colonel général des chasseurs à la place de Marmont, 31 juillet 1809; autorisé à rentrer en France, 19 octobre; disponible, 20 octobre 1809;

1810-12

Commandant la division de cavalerie légère du corps d'observation d'Italie, 20 avril 1811-10 janvier 1812; commandant le 3e Corps de réserve de cavalerie de la Grande Armée à la place de La Tour-Maubourg qui n'avait pas rejoint, 28 janvier 1812; servit en cette qualité sous le prince Eugène en Russie, 1812; s'empara d'Orcha, de Liady, 14 août 1812 ; blessé d'un biscaïen à la poitrine à la Moskova, 7 septembre; servit à Malojaroslaw.etz, 24 octobre; puis à Krasnoïe ; commanda pendant la retraite « le bataillon sacré », formé d'officiers, en novembre 1812;

1813

Autorisé à, rentrer en France, 19 janvier 1813; nommé commandant le 3e Corps de cavalerie à Metz, 15 février ; déclara que sa santé ne lui permettait pas de s'y rendre et qu'il désirait ne commander qu'un corps d'infanterie; fut mis, pour ce motif, en non-activité, 1er avril 1813 ; et rentra dans ses foyers; remplacé par Arrighi le 25 mars 1813; désigné pour l'armée d'Italie, 5 novembre; n'y était pas encore parti lorsqu'il fut nommé commandant en chef de la cavalerie de la Grande Armée, 15 décembre ;

1814

Servit à Brienne, 29 janvier 1814, La Rothière, 1er février,

29 janvier 1814 : Bataille de Brienne-le-Château

Napoléon veut encore empêcher la jonction de Blücher avec Schwarzenberg qui arrive par le sud-est en lui coupant la route de Troyes, et se dirige, par des chemins réputés impraticables, sur Brienne qu'il attaque le 29. La ville et le château de Brienne sont occupés par les corps russes de Osten-Sacken et d'Olsoufiev, avec lesquels se trouve Blücher, qui manque d'être pris avec son état-major. Napoléon engage 16.000 hommes contre les 26.000 alliés. Malgré leur supériorité numérique, les alliés sont expulsés de la ville, c'est une victoire pour Napoléon. Les pertes sont de 3 à 4.000 hommes côté français, de 3 à 6.000 hommes côté allié.

Bas-relief représentant la bataille de Brienne-le-Chateau sur le socle de la colonne au roi Guillaume de Wurtemberg, sur la grand-place de Stuttgart. Il commandait les troupes wurtembergeoises en 1814, alors qu'il était Prince héritier.
La plaque indiquant qu'il s'agit de la bataille de Brienne, en-dessous du bas-relief, a malheureusement disparu.
Etant donné que la bataille de Brienne fut une défaite pour les Coalisés, il y a fort à parier que ce qui est appelé bataille de Brienne est en fait celle de La Rothière.
(Cliquez pour agrandir.)

 

Puis il sert à Vauchamps, 14 février, au combat de Montereau, 17 février; blessé à la prise de Troyes, 23 février ; s'empara de Braisne, 5 mars; blessé d'un coup de feu à la cuisse à Craonne, 7 mars 1814;

Inspecteur général des chasseurs et chevau-légers lanciers, 19 juillet 1814;

1815

Commandant l'armée du Midi contre le duc d'Angoulême et les 7e, 8e, 9e et 10e divisions militaires, 31 mars 1815 ; fit prisonnier le duc d'Angoulême; commandant le 7e Corps et l'armée des Alpes, 11-26 avril 1815; organisa la défense des Alpes.

Maréchal de France, 15 avril 1815. Ironie de l'histoire, il a de magnifiques états de service, mais c'est finalement pour une "campagne" qui n'en mérite même pas le nom, qu'il fut nommé maréchal : la capture du duc d'Angoulême à Pont-Saint-Esprit.

Rappelé à Paris, 8 mai; pair de France, 2 juin 1815; commandant la réserve de cavalerie à l'armée de Belgique, 3 juin ;

Servit à Ligny, 16 juin; chargé de poursuivre l'armée prussienne sur Wavre avec l'aile droite de l'armée, 17 juin.

 

(Cliquez pour agrandir.)

Vue sur Ligny à partir des hauteurs au sud-est du village. Positions de l'artillerie du 4e Corps français et positions de départ des attaques des divisions Pécheux (à gauche) et Vichery (à centre gauche de la photo).
La division Hulot se trouvait à droite du bord droit de la photo.
On distingue dans le lointain, passée la vallée de la Ligne, la crête de Brye, où se situait le moulin de Blücher.
 

À Wavre, les 18-19 juin (pour une visite complète, cliquez sur le lien), il repousse Thielmann, mais doit se replier après avoir appris la nouvelle de la déroute de Waterloo.

 

Pourquoi Grouchy n'a pas "marché au canon" le 18 juin 1815

Les pseudohistoriens du dimanche - en suivant en cela la propagande nationaliste française du XIXe siècle - accusent souvent Grouchy de ne pas avoir "marché au canon".

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles il ne l'a pas fait.

- Tout d'abord, il n'avait aucune raison de le faire. Les ordres de l'Empereur étaient clairs. Grouchy devait poursuivre les Prussiens. En donnant ses ordres  - rappelons que Napoléon ne charge Grouchy de cette poursuite que le 17 à midi, après avoir perdu une bonne douzaine d'heures, temps mis à profit par les Prussiens pour s'éclipser - Napoléon savait bien qu'il allait affronter les troupes de Wellington le 18.  Il le faisait en toute connaissance de cause, croyant de plus que celles-ci se repliaient. Il n'y avait donc aucune raison pour Grouchy de cesser subitement de suivre les ordres donnés.  Imaginons ce qu'auraient été les autres campagnes de l'Empire si, à tout moment, les chefs avaient, d'initiative, subitement décidé de ne pas suivre les ordres de Napoléon ! L'accent mis ultérieurement sur les insistances de Vandamme - qui n'a cessé de saboter les ordres de ses supérieurs au cours de cette campagne (cf. son attitude le 15) - est bien sûr la conséquence de la connaissance l'issue fatale de la campagne.  Évidemment, le 18 juin 1815 à 11h35, on ne connaissait pas cette issue.

- Ensuite, même s'il l'avait fait. Il lui aurait été matériellement impossible d'arriver à temps sur le champ de bataille de Mont-Saint-Jean, surtout pas avec un nombre suffisant d'unités pour faire basculer la victoire.  Il faut tenir compte des éléments suivants, que la plupart des gens ignorent.

1) Au moment où Grouchy et son état-major entendent les premiers coups de canon de la bataille de Waterloo (11h35), personne ne sait à quel point cette bataille sera importante, même décisive. En effet, même Napoléon croit que Wellington va se replier, voire même rembarquer à Ostende ou à Anvers. A ce moment, il peut donc très bien croire qu'il s'agit d'un combat d'arrière-garde sans grande importance. Ce doute n'est dissipé avec certitude qu'au moment des 3.600 coups tirés par la grande batterie en 30 minutes, de 13h à 13h30. Mais cela retarde d'autant une prise de décision. De toute façon, Grouchy n'a pas d'ordres de rejoindre, donc il n'a pas de raison de le faire.

2) À ce moment-là, si Grouchy veut se rendre sur ce champ de bataille de Waterloo, il doit donner ses ordres. Cela prend du temps, tous ses subordonnés ne sont pas près de lui, il faut les prévenir.  Une fois que ces ordres sont donnés, ils doivent parcourir toute la chaîne hiérarchique de haut en bas pour arriver aux soldats qui doivent se mettre en marche.  C'est la durée de transmission des ordres. Ces ordres doivent être clairs, les hommes doivent savoir ce qu'ils doivent faire.  Il ne suffit pas de dire :  "Il faut aller dans cette direction."  Beaucoup de gens croient qu'il suffit d'un claquement de doigts pour que 33.000 hommes se mettent subitement à marcher dans la bonne direction !

3) Ensuite,  un ou plusieurs corps d'armée d'infanterie ne se déplacent pas comme un cavalier  - ou même un fantassin - seul.  Selon les normes de déplacement des troupes de l'époque, que l'on peut retrouver dans les documents du XIXe siècle, un corps d'armée d'infanterie se déplace - dans des conditions très défavorables, ce qui est le cas ici, le terrain est très gras suite aux pluies de la veille et de la nuit - à une vitesse de 1,25 km à l'heure.  N'oublions pas que seuls l'artillerie et le charroi se déplacent sur les routes - dans le cas donné, d'ailleurs uniquement des chemins de terre, il n'y a aucune route pavée sur le trajet que les troupes de Grouchy doivent parcourir - et que l'infanterie marche à côté des chemins, à travers champs.  (Notons au passage que la vitesse de déplacement d'un corps de cavalerie dans des conditions très défavorables est de 1,4 km/h.  Pour des conditions "seulement" mauvaises, la vitesse de déplacement est de 1,6 km/h pour un corps d'infanterie et de 1,7 km/h pour un corps de cavalerie.)

Je me demande parfois si certaines personnes ne croient pas que Grouchy commandait une unité de parachutistes !

4) À cela, il faut ajouter la durée d'écoulement.  Ce n'est pas parce que le premier soldat de la première unité arrive à destination, que tout le corps d'armée est prêt à combattre. En fonction du chemin, du nombre des troupes et d'autres paramètres, il se peut très bien que - dans certains cas - quand le premier soldat de la première unité arrive à destination,  le dernier soldat de la dernière unité ... ne soit pas encore parti !!!!  Quand le premier soldat de la première unité arrive, il n'est donc nullement question de commencer à combattre !

De plus, il faut tenir compte du fait que, s'il entame une telle manœuvre, la présence de Thielmann sur son flanc droit constituerait une menace pour Grouchy, il ne peut donc manœuvrer sans couvrir son flanc, et cette précaution le ralentirait évidemment.

5) En arrivant au compte-gouttes à partir de 22h00 -22h30, la seule conséquence aurait été, pour les troupes de Grouchy, d'être emportées dans la débâcle et d'être entraînées dans la déroute.  Or, en ne marchant pas au canon, Grouchy a pu ramener toutes ses troupes, tous ses blessés, tous ses emblèmes et tous ses canons (sauf un, pris dans la boue au nord-ouest de Namur). Il a donc préservé une armée en état de combattre, armée qui aurait – éventuellement, si la situation politique avait été différente à Paris - pu servir à une campagne ultérieure.  Ceci bien sûr au conditionnel. Maintenant, cela n'est pas considéré comme important, mais uniquement parce qu'on sait ce qui s'est passé. Ce n'était pas le cas à l'époque.

6) Grouchy a donc non seulement fait ce qui lui avait été ordonné, mais il a préservé ses troupes, comme tout bon chef a le devoir de le faire.

7) Le parallèle qui est parfois tiré avec l'arrivée de Desaix à la bataille de Marengo ne tient pas. D'une part, les ordres de Desaix lui permettaient bel et bien de changer son itinéraire, puisqu'il était à la recherche d'un ennemi dont on ne connaissait pas l'emplacement.  De plus, Desaix n'a pas "marché au canon", il a été rappelé par Bonaparte ! D'autre part, il était assez près pour pouvoir faire la différence, ce qu'il fit d'ailleurs.

8) On oublie que Wellington lui-même a laissé 20.000 hommes dans les environs de Hal. On ne leur reproche jamais de ne pas avoir "marché au canon" ! Et pourtant, ils étaient bien plus près, bien plus à même de rejoindre le champ de bataille de Waterloo, et Wellington a bien failli être battu.

Toutes les critiques à l'égard de Grouchy - allant parfois jusqu'à parler de "trahison" par ce que Grouchy était un marquis de l'ancien régime - proviennent de la propagande et des historiens du XIXe siècle, qui ne pouvaient envisager que Napoléon lui-même ait fait des erreurs ce jour-là. Or, la responsabilité ultime repose toujours chez le chef. C'est d'ailleurs pour cela qu'il est le chef. Tout cela est écrit à partir de la connaissance de l'issue de la bataille.  Or, le 18 juin 1815, à 11h35, on ne savait pas ce qui allait se passer ce jour-là.  C'est évidemment la façon dont il ne faut pas "faire de l'histoire" !

 

 

Avant Wavre, il y a Walhain...

 

Walhain

Au carrefour de la rue de la Sauvenière et de la rue Gailly.

Grouchy arriva vers dix heures à Walhain-Saint-Paul. Il entra dans la maison du notaire Hollertt * pour écrire à l'Empereur et déjeuner avec son état-major. Selon certaines sources, le repas aurait eu lieu sous le kiosque dans le jardin - mais ce n'est absolument pas sur, puisque d'autres sources parlent de la "pièce" où le repas eut lieu. Ils en était au dessert (les fameuses fraises - c'était la saison !) lorsqu'on entendit les premiers coups de canon dans le lointain.

Grouchy et Gérard descendirent dans le jardin avec de nombreux officiers de l'état-major. Plusieurs avaient mis l'oreille contre terre, pour s'assurer de la direction.

Un paysan que le général Valazé avait pris comme guide, déclara que la bataille avait lieu à Mont-Saint-Jean. Le notaire Hollertt confirma les paroles du guide : « C'est sur la lisière de la forêt de Soignes. Il y a d'ici environ trois lieues et demie ».  Le paysan parle évidemment du déplacement d'un homme seul (+/- 5-6 km/h), pas d'un corps d'armée.

De toute façon, à ce moment, il est trop tard. Même donnant immédiatement l'ordre de partir vers Mont-Saint-Jean - ce que Grouchy n'avait aucune raison de faire, car les combats du 18 du côté de Mont-Saint-Jean étaient prévus et il n'avait pas l'ordre de rejoindre - les premières unités des troupes de Grouchy n'auraient pu arriver sur place avant 22h00 au plus tôt, et seulement une petite partie de ces troupes. Ils n'auraient rien changé à l'issue, mais auraient été entraînées dans la débâcle.

Ceux qui croient cette légende ne tiennent pas compte :
- du délai de transmission de l'ordre. Quand l'ordre part du sommet pour descendre la chaîne hiérarchique, cela prend un temps considérable avant d'atteindre le soldat de base et avant que celui-ci ne se mette en marche.
- de la distance à parcourir
- de la vitesse de déplacement d'un corps d'armée d'infanterie : 2,6 km/h sur de bonnes routes, 1,25 km/h dans de très mauvaises conditions, ce qui était le cas ici.
- de la durée d'écoulement : ce n'est pas parce que le premier soldat arrive, que tout le cours peut combattre ! Les derniers soldats du corps sont alors encore à des kilomètres du champ de bataille !
Source : Boehn, Hubert von, Generalstabsgeschäfte, Potsdam, 1862.

* Hollertt avec "tt", c'est bien ainsi que le nom figure dans tous les documents officiels de l'époque.

 

18 JUIN 1815
ICI STATIONNAIT LE MARECHAL GROUCHY
ALORS QUE WATERLOO S'EMBRASAIT.

 

Le porche d'entrée du château-ferme Marette (ou ferme Evilard) à Walhain-Saint-Paul. La maison du notaire Hollertt est à droite, une fois passé l'entrée. On en voit le toit derrière les branches.

En 1815, il n'y avait qu'une aile d'écuries et de remises à gauche du porche. Lors de travaux effectués en 1900 et en 1937, deux autres ailes ont été construites, transformant les bâtiments en ferme en carré.

Dénommée château-ferme Marette, cette maison du notaire Hollertt1 fut achetée á son décès par Monsieur Lardinois. Sa fille épousa Monsieur Evilard, dont les descendants exploitaient toujours la ferme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


La maison du notaire Hollertt. Anciennement, le bâtiment comptait deux autres portes à gauche, mais cette partie de la maison a aujourd'hui disparu.

 

L'arrière de la maison. Les deux arbres que vous voyez se trouvent dans le jardin où avait été construit le kiosque, qui n'existe plus de nos jours. C'est dans ce jardin que les officiers descendirent pour mieux écouter la canonnade.

En comparant, les deux côtés de la maison, on voit qu'une partie a disparu.

C'est également dans cette maison que fut transporté et soigné le général Gérard après sa blessure à Bierges.  On y conserva longtemps sa civière. Si je me souviens bien du témoignage de l'occupant du lieu, avec qui j'ai eu le plaisir d'un agréable conversation, cette civière servit ensuite plusieurs fois pour des enterrements, donc celui d'un officier allemand en mai 1940. Plusieurs soldats allemands furent (temporairement) enterrés dans la propriété.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Walhain

- rue de Baudecet, ferme de Baudecet : passage des troupes prussiennes dans la nuit du 16 au 17 juin 1815 et des troupes de Grouchy le 18 juin 1815.

 

Bierges

 

La Dyle à Bierges. Nous sommes au coin de la rue de la Carrière et de ruelle a l'Buse. On distingue, à gauche, le moulin, théâtre de durs combats.

 

La Dyle à Bierges, au nord-est du moulin, lieu également très disputé.

 

Moulin de Bierges

 


Une vue actuelle du moulin de Bierges, à gauche, et une vue ancienne, avant la destructions d'une partie des bâtiment, ci-dessus.
A l'origine, toute la rive nord de la Dyle était bordée d'une grange, aujourd'hui détruite.

 

 

Le petit pont du moulin de Bierges.                                               

Quelques photos anciennes du Moulin de Bierges pour lesquelles nous remercions M. Frédéric Nicourt.

 


 

Première phase de la bataille

 

2e phase de la bataille.

 

Wavre

Le Pont du Christ

Le Christ porte encore dans son flanc gauche l'impact d'un biscaïen. Selon la direction du tir, il devrait être prussien, les Français venant du côté opposé. Sauf, bien sûr, s'Il a été transféré sur l'autre parapet lors de travaux !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De l'autre côté du pont, la Dyle est couverte, mais le parapet porte  deux plaques.

 

 

AUX SOLDATS DU BATAILLON STOFFEL, DU 2E
Régiment étranger (suisse), créé le 24 avril
1815 - intégré à la 10e division du 3e corps
d'armée français (armée du Nord) -, qui
prirent part à la campagne de Belgique et qui
furent décimés, à Wavre, en conquérant à
deux reprises le Pont du Christ, dans la
soirée du dimanche 18 juin 1815. 09-05-2009

 

 

 

LE 18 JUIN 1815, CE PONT

FUT L'ENJEU D'UN COMBAT

ENTRE LES TROUPES DE

GROUCHY ET DE BLUCHER

 

 

 

 


La Dyle dans le centre de Wavre, un peu plus à l'est, où elle n'est plus couverte.

Église Saint-Jean-Baptiste

 


Le côté sud-est, exposé aux tirs. Le boulet a dû traverser le second vitrail.

 

LE 18 JUIN 1815, L’ARTILLERIE FRANÇAISE
BOMBARDE LES TROUPES PRUSSIENNES
RETRANCHÉES DANS WAVRE.

 

HOMMAGES AUX VICTIMES.

 

UN BOULET EST ENCASTRÉ DANS UN PILIER
DE L’ÉGLISE. 

La plaque à l'entrée de l'église, inaugurée lors du week-end des 3 et 4 juillet 2010.

 

 

QUID VIS, O IRRITA ACIES CONTRE HANC PETRAM
 

ECCE NEDUM PLUS ULTRA
 

SIC INCONSULTA TRANSIT GLORIA MUNDI.

 

Pour les non-latinistes: "Que veux-tu faire, furieux fer, contre cette pierre ? Tu n'iras pas plus loin ! Ainsi passe la gloire écervelée du monde." Cette plaque, due à une initiative du curé, semble ancienne, pourtant elle ne date que des années 1970.

 

Les façades arrière de plusieurs maisons de la rue du Commerce portent encore dans la maçonnerie des projectiles tirés par les Français.2

 

Hôtel de ville

- place de l'hôtel de ville : l'hôtel de ville, alors couvent des Carmes, servit d'hôpital après la bataille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Limal

Ferme de la Bourse

Grouchy arriva ici vers 21h00 et il passa la nuit du 18 au 19 dans cette ferme, où il rédigea à 23h30 un ordre à Vandamme.

Jusque peu de temps après la Seconde Guerre mondiale, il y avait encore des traces de balles dans les murs de cette  ferme.

 


Une autre portion du champ de bataille encore préservée (vue du nord vers l'est): au nord de la ferme de la Bourse, le long de la rue Champêtre. (La ferme est derrière nous.)

 

 
Un peu plus à l'est, dans les champs, vue du NE au SE (emplacement du f de gauche sur la carte ci-dessus): la ferme de la Bourse est à l'extrême-droite de la photo.

 

 

Ferme du Pélerin

 

 

"Français"
"prussiens"
bec à bec
21 hrs 18 juin 1815

Wavre 1815 - 1995                                                       

 

Jusqu'à la Première Guerre mondiale, la ferme du Pèlerin a été un cabaret (éponyme).  Il n'y a pas si longtemps, on pouvait encore voir un boulet de canon dans le mur de l'écurie.


Une des toutes dernières portions du champ de bataille de Wavre encore intactes, près de la ferme du Pélerin, au sud-ouest de celle-ci (emplacement du z' sur la carte ci-dessus). Vue de l'est (ferme du Pélerin) vers l'ouest. Combats du soir du 18 juin 1815.

 


Wavre

Château de la Bawette

Le 17 juin. vers 20h00, la tête de colonne du IIIe corps d'armée prussien de Thielmann, atteint les hauteurs de la Bawette et y campe. Thielmann s'installe au château. La cavalerie de Lottum et la division Borke, qui forment l'arrière-garde, n'arrivent que tard dans la nuit.

 

Le 18, Thielmann apprend l'arrivée des troupes de Grouchy,  laisse à la Bawette 14 escadrons et une batterie sous le commandement du général Hobe. Au soir, ce dernier se replie sur Limal et Thielmann vers Louvain. Les troupes de Vandamme chassent alors les derniers prussiens de la ferme. Deux boulets français sont encore visibles, encastrés les pilastres de la ferme. Grouchy arrive en vainqueur à la Bawette le 19 juin et y installe son quartier-général, en attendant de s'emparer de Bruxelles.  C'est là qu'il apprend le désastre de Waterloo. A 10h30, suite à un message de Vandamme, Grouchy se replie sur Wavre et  entreprend ensuite sa retraite par Dion-le-Mont, Tourinnes et Grand-Leez.
 

 

 

Le lendemain, Grouchy fit  retraite sur Namur, Dinant et Rethel. Au cours de cette magistrale retraite après la demi-victoire de Wavre, il ne perdit aucune aigle, et n'abandonna aucun blessé, seul un canon dut être abandonné, embourbé et hors d'usage.

 

20 juin 1815

Il faut encore mentionner la plaque apposée à l'emplacement de la porte de Bruxelles à Namur (actuellement place d'Omalius) par l'ACMN en 1986. C'est le seule monument commémorant le combats du 20 juin 1815, le monument funéraire érigé en 1857 au cimetière de Namur (Saint-Servais) ayant été détruit.

 

 

ici s'élevait

la porte de bruxelles

le 20 juin 1815, cette porte

fut témoin des combats

opposant l'Arrière-garde

du maréchal grouchy

à l'armée prussienne.

                     a.c.m.n.  1986

 

 

RAPPORT DE GROUCHY A L'EMPEREUR, rédigé à Dinant, le 20 juin 1815

Sire,


Ce n'est qu'a près de sept heures du soir, le 18 juin, que j'ai reçu la lettre du duc de Dalmatie, qui me prescrivait de marcher sur Saint-Lambert, et d'attaquer le général Bulow. J'avais rencontré l'ennemi en me portant sur Wavres, à hauteur de la baraque. Sur-le-champ il avait été abordé, poussé jusques dans Wavres, et le corps Vandamme attaquait cette ville et était fortement engagé. La portion de Wavres, sur la droite de la Dyle, était emportée, mais on éprouvait de grandes difficultés à déboucher de l'autre côté. Le général Gérard essayait d'enlever le moulin de Bielge*, et d'y passer la rivière ; il ne pouvait y réussir : il y avait été blessé d'une balle dans la poitrine, blessure qui heureusement n'est pas mortelle. Le lieutenant-général Alix avait été tué à l'attaque de Wavres ; dans cet état de choses, impatient de pouvoir déboucher sur le mont Saint-Lambert, et coopérer aux succès des armes de V.M...... Dans cette journée si importante, je dirigeai sur Limale la cavalerie de Pajol, la division Teste, et deux des divisions du général Gérard, afin de forcer le passage de la Dyle, et de marcher contre le général Bülow. Le corps du général Vandamme entretint l'attaque de Wavres et du moulin de Bielge, d'où l'ennemi faisait mine de vouloir déboucher ; ce que je jugeai qu'il ne pourrait effectuer, la position et le courage de nos troupes répondant qu'il n'y parviendrait pas. Mon mouvement sur Limale prit du temps, à raison de la distance ; cependant j'arrivai, j'effectuai le passage, et les hauteurs furent enlevées par la division Vichery et la cavalerie. la nuit ne permit pas d'aller loin, et je n'entendais plus le canon du cote ou V.M. se battait.

Dans cette position, j'attendis le jour : Wavres et Bielge étaient occupés par les Prussiens. Le 19 à trois heures du matin, ils attaquèrent à leur tour, voulant profiter de la mauvaise position où j'étais, et prétendant me rejeter dans le défilé, enlever l'artillerie qui avait débouché et me faire repasser la Dyle. Leurs efforts furent inutiles ; l'intrépidité des troupes mit à même de repousser toutes les attaques, de culbuter les Prussiens et de faire enlever par le division Teste le village de Bielge ; le brave général Penne y fut tué.
Le général Vandamme faisant alors passer par Bielge une de ses divisions, enleva sans peine les hauteurs de Wavres, et sur toute ma ligne le succès fut complet. J'étais en avant de Rozierne, me disposant à marcher sur Bruxelles, lorsque j'ai reçu la douloureuse nouvelle de la perte de la bataille de Waterloo. L'officier qui me l'apporta me dit que V.M.. se retirait sur la Sambre, sans pouvoir préciser sur quel point il entrait dans ses vues que je me dirigeasse. Engagé sur toute ma ligne, je cessai de poursuivre, et préparai mon mouvement rétrograde. L'ennemi en retraite ne songea pas à me suivre. Je marchai jusqu'à Temploux et Gembloux ; ayant ma cavalerie légère à Mari de Saint-Denis et mes dragons sur Namur. Apprenant que l'ennemi avait déjà passé la Sambre et se trouvait sur mon flanc ; n'étant pas assez fort pour opérer une diversion utile pour l'armée de V.M.. sans compromettre celle que je commandais, je marchai sur Namur ; le 4e corps par la route de Namur à Charleroi, et le 3e par celle directe qui y conduit de Temploux. Dans ce moment les queues des deux colonnes furent attaquées ; celle de droite ayant fait son mouvement rétrograde plus tôt qu'on ne s'y attendait compromit un instant la retraite de celle de gauche. De bonnes dispositions réparèrent tout ; deux pièces qui avaient été prises furent reprises par le brave 20e de dragons, sous les ordres du colonel Briqueville, qui enleva en outre un obusier à l'ennemi. Les faibles carrés du ..... régiment, chargés par une cavalerie nombreuse, l'attendirent à bout portant, lui firent essuyer une perte énorme, et prouvèrent ce que peuvent de bonnes dispositions, jointes à une attitude calme et un feu bien dirigé. La cavalerie ennemie, chargée à son tour par le 1er de hussards aux ordres du maréchal-de-camp Clary, laissa en nos mains nombre de prisonniers. Tout rentra donc sans perte dans Namur. Le long défilé qui règne depuis cette place jusqu'à Dinan, défilé où l'on ne peut marcher que sur une seule colonne, et les embarras résultant des nombreux transports de blessés que je conduisais avec moi, rendaient nécessaire de tenir longtemps la ville, où je ne trouvai pas les moyens de faire sauter le pont. Je chargeai de la défense de Namur le général Vandamme, qui, avec son intrépidité ordinaire, s'y maintint jusqu'à huit heures du soir ; de sorte que rien ne resta en arrière, et que j'occupai Dinan.
 

L'ennemi a perdu des milliers d'hommes à l'attaque de Namur, on s'est battu avec un acharnement rare, et les troupes ont fait leur devoir d'une manière bien digne d'éloge.
 

Je suis avec respect,
Sire,
De Votre Majesté
Le très-fidèle sujet,
 

Le maréchal comte de Grouchy

Paru dans le Moniteur du 24 juin 1815.

* Bierges

Rejoignit les débris de l'armée avec 45.000 hommes et prit le commandement de toute l'armée du Nord, 26 juin; se replia sur Paris et céda le commandement à Davout, 28 juin 1815.

IV. — SA CARRIÈRE après L'EMPIRE ET SA MORT

Proscrit à la Seconde Restauration, 24 juillet 1815; s'embarqua à Guernesey puis se réfugia à Philadelphie; amnistié et remis lieutenant-général, 24 novembre 1819; rentra en France, 20 juin 1820; admis à la retraite, 1er décembre 1824.

La Restauration ne reconnaissant pas les nominations faites au cours des Cent-Jours, il dut attendre jusqu'en 1831 (1835, selon d'autres sources) pour que sa nomination soit enfin reconnue et son traitement versé ! Reconnu maréchal de France, 19 novembre 1831; pair de France, 11 octobre 1832. Il était commandeur de la Couronne de Fer.

En revenant d'un voyage en Italie, il décède "de maladie", à savoir d'une crise d'appendicite, le 29 mai 1847, à 20h 30, à Saint-Étienne,  à l'hôtel du Nord, rue Royale (actuellement le N° 7 de la rue de la République). La rue se trouve dans le quartier où a été construite, à partir de 1872, la caserne de cavalerie Grouchy, remplacée, en 1946, par la piscine Grouchy.

Un plaque y mentionne :

EN CETTE MAISON, ALORS HÔTEL DU NORD
DESCENDIRENT
L’ACTRICE RACHEL
L’ÉCRIVAIN B. D’AUREVILLY,
EMMANUEL DE GROUCHY
MARÉCHAL DE FRANCE Y MOURUT LE 30 MAI 1847

La date exacte de sa mort est le 29 mai.

Le nom du maréchal Grouchy est inscrit au côté Nord de l'Arc de Triomphe de l'Etoile.

Notons qu'il était le beau-frère de Condorcet, celui-ci ayant épousé sa sœur Sophie, et également de Pierre-Jean Cabanis, célèbre médecin et académicien qui avait épousé sa sœur Charlotte-Félicité.  Dans les deux cas, cela n'a certainement pas aidé sa carrière : le salon de Sophie était le point de rencontre d'opposants à l'Empire, et Cabanis, bien que sénateur de l'Empire, était hostile à l'Empereur. Un autre facteur explique peut-être son maréchalat tardif : Grouchy avait été un proche de Moreau.

Même après sa mort, le malheureux semble encore être la victime d'un ostracisme de la part de ses concitoyens et collègues.  Si, comme la plupart de ses collègues maréchaux, il est enterré au Père-Lachaise, c'est cependant loin d'eux, dans la 57e division (avenue latérale du Nord, première ligne).

Restauration prévue en 2006

Financement Souvenir Français

(toujours en attente, depuis 2006, d'une autorisation pour effectuer les travaux de restauration !)

 

La plaque pour laquelle l'ACMN espère obtenir un jour l'autorisation...

 

EMMANUEL

MARQUIS DE GROUCHY

PAIR ET MARÉCHAL DE FRANCE

Né le 23 octobre 1766 ;

Mort le 29 mai 1847

 

 

JOSEPHINE FANNY HUA

MARÉCHALE

MARQUISE DE GROUCHY

NÉE À MANTES

LE 20 Xbre 1802

DÉCÉDÉE À PAU

LE 20 JUIN 1889.

 

 

 

NOEMI

DE GROUCHY

NÉE LE 4 janvier 1830

Décédée

le 10 février 1843

Le nom de la première des trois couronnes, donc celle de gauche, n'est pas lisible, mais il s'agit de la fille du couple, Charlotte Antoinette Noëmi DE GROUCHY, née le lundi 4 janvier 1830,  malheureusement décédée à l'âge de 13 ans, le vendredi 10 février 1843 à Danvou-la-Ferrière (14).
 

Fanny Hua, sa seconde épouse, est la seule des maréchales de l'Empire à être née au XIXe siècle; elle est décédée sous la 3ème République, le 20 juin 1889, à Pau.

Aucune inscription ne rappelle les nombreux titres du Maréchal, aussi nous permettons-nous de le faire ici :

- Pair de France,

- Grand-Croix de l'Ordre militaire de Bavière,

- Grand-Aigle de la Légion d'Honneur,

- Commandant de la Couronne de Fer.


Le maréchal de Grouchy a tout de même un honneur particulier, bien mérité : celui d'avoir son cœur dans une urne dans le caveau des gouverneurs aux Invalides. Cependant, aucune plaque ne le mentionne dans l'église.

Unions et enfants

•Marié le 13 mai 1785 (vendredi) avec Cécile FC LE DOULCET DE PONTÉCOULANT 1767-1827 (Parents : Léon Armand LE DOULCET DE PONTÉCOULANT, Marquis DE PONTÉCOULANT 1726- &  Marie Anne PAJOT D'ARDIVILLIERS ca 1735-) dont

Henriette Ernestine DE GROUCHY 1787-1866

Alphonse DE GROUCHY, Marquis DE GROUCHY 1789-1864

Victor DE GROUCHY, Comte DE GROUCHY 1796-1864

 

•Marié le 19 juin 1827 (mardi) avec Fanny HUA 1802-1880 (Parents : Eustache Antoine HUA, Juge 1759-1836 &  Louise Jeanne HORDRET ca 1770-1820) dont

Charlotte Antoinette Noëmi DE GROUCHY 1830-1843

Source : https://gw.geneanet.org/garric?lang=fr&p=emmanuel&n=de+grouchy


Collection Hachette : Maréchaux d'Empire, Généraux et figures historiques (Collection de l'auteur)

Retour à la page Maréchaux

Retour à la page d'accueil

© D. Timmermans