CAMPAGNE D'ALLEMAGNE 1813

CAMPAGNE D'ETE ET D'AUTOMNE : AOÛT-OCTOBRE 1813

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lES AUTRES MONUMENTS DE LA BATAILLE DE LEIPZIG

Les Tombes de la bataille de Leipzig (pas encore terminé)

14-19 octobre 1813 : de LIEBERTWOLKWITZ à LEIPZIG

14 octobre 1813 : Liebertwolkwitz

16 octobre 1813 : Wachau

16 octobre 1813 : Möckern

16 octobre 1813 : Lindenau

18 octobre 1813 : Leipzig

19 octobre 1813 : prise de Leipzig

Légende de la carte : souligné en rouge : lieux des combats (tous cliquables) ; souligné en bleu : postions françaises (partiellement cliquables) ; souligné en vert : positions alliées (partiellement cliquables).

Textes ci-dessous extraits de Éphémérides militaires depuis 1792 jusqu'en 1815, ou Anniversaires de la valeur française. Octobre. par une société de militaires et de gens de lettres, 1820 Pillet aîné (Paris) 1818-1820.
Nous avons modernisé l'orthographe et les noms des lieux, ainsi que quelques autres éléments trop datés de 1820.

Le 16 octobre 1813. BATAILLE DE WACHAU (OU PREMIÈRE DE LEIPZIG) [1]

Avec la victoire remportée sous les murs de Dresde (26-27 août) avaient fini les succès de l'armée française. Les affaires malheureuses de la Katzbach et de Jüterbock (26 août et 6 septembre) commencèrent cette longue série de revers qui ouvrit à toutes les armées de l'Europe coalisées les portes de la France et de la capitale.

 

Aucun événement important ne s'était passé entre les deux armées belligérantes pendant le mois de septembre. En vain l'empereur Napoléon voulut-il, en marchant tantôt sur l'armée de Silésie que commandait le général Blücher, tantôt sur celle de Bohême aux ordres du prince de Schwarzenberg, les engager à quelque affaire générale; ces deux généraux, se fiant peu à leur supériorité numérique, n'osaient jamais tenir ferme, et cédant le terrain dès qu'ils étaient attaqués, se retiraient, l'un en Silésie et l'autre en Bohême. Cependant le général Bennigsen étant arrivé de la Pologne avec un corps de trente mille hommes, et s'étant joint, le 26 septembre, à l'armée de Bohême, les alliés résolurent de reprendre encore une fois l'offensive. Changeant alors leur plan d'attaque, au lieu de nous aborder sur l'Elbe et de front, comme ils l'avaient fait jusqu'alors, ils formèrent le projet de se réunir sur nos derrières, dans les plaines de Leipzig, et là de terminer cette campagne par une bataille décisive. Le succès de cette manœuvre était d'autant plus probable, que les armées combinées réunies formaient un total de trois cent cinquante mille hommes, tandis que l'armée française n'en comptait pas au-delà de cent quatre-vingt mille. Dans ce but, le général Blücher quitte la Silésie, vient se joindre au prince royal de Suède, qui couvrait Berlin, et les deux armées passent l'Elbe à Dessau, non loin de Leipzig, tandis que le prince de Schwarzenberg, débouchant des montagnes de la Bohême, se porte par Chemnitz sur Leipzig.

 

L'empereur Napoléon, pour prévenir les desseins de l'ennemi, laisse le maréchal Gouvion-Saint-Cyr à Dresde avec un corps de vingt-cinq mille hommes; pendant que le roi de Naples, avec une partie de l'armée, observe celle de Bohême, il se porte à Düben sur la Mulde, pour tâcher de livrer bataille aux corps qui ont passé l'Elbe, avant qu'ils aient effectué leur jonction dans les plaines de Leipzig. Depuis trois jours, Napoléon était à Düben ; lorsque le 14 octobre il apprit la déclaration de guerre de la Bavière. Cette circonstance mettant à découvert les frontières de la France depuis Huningue jusqu'à Mayence, il devenait urgent de gagner promptement Leipzig, afin de n'y être pas prévenu par les armées coalisées, et de pouvoir se rapprocher facilement des frontières de France. Il se hâta donc de diriger l'armée sur Leipzig, et s'y rendit avec la garde le jour même. Dans le même temps, l'armée de Bohême arrivait à trois lieues de Leipzig par la route de Borna, faisant replier devant elle le roi de Naples. La journée du 15 se passa de part et d'autre en reconnaissances. Quoique Blücher ni le prince royal de Suède ne l'eussent pas encore joint, le prince de Schwarzenberg, dans l'espoir de surprendre l'armée française avant sa concentration, paraissait vouloir l'attaquer bientôt. Napoléon, qui pensait pouvoir battre le général autrichien avant l'arrivée du prince royal, fit aussi ses dispositions pour le combat.

 

Le 16 au matin, l'armée française couvrant Leipzig, était ainsi placée à deux lieues et demie à l'orient de cette ville. L'extrémité de l'aile droite s'appuyait à la Pleisse, aux villages de Markkleeberg, Dölitz et Connewitz, qu'occupait le prince Poniatowski avec les Polonais. A la gauche, derrière le village de Wachau, le corps du maréchal Victor; en arrière, occupant le village de Dösen, le maréchal Augereau; ces corps étaient flanqués à droite par la cavalerie des généraux Kellermann et Milhaud. Le général Lauriston était au centre à Liebertwolkwitz, ayant le maréchal Macdonald à sa gauche. Les corps de cavalerie des généraux Latour-Maubourg et Sébastiani à la gauche du maréchal Macdonald. Derrière ces divers corps et au centre se trouvait la garde impériale, en réserve près du village de Probstheida. Le corps du général Marmont tenait l'extrême gauche sur la route de Halle, ayant à sa droite celui du général Souham, et flanqué par la cavalerie du duc de Padoue. Le corps du général Reynier arrivait vers la gauche par la route d'Eulenbourg. Celui du général Bertrand, destiné à garder le passage de l'Elster, avait pris position derrière cette rivière, au village de Lindenau. L'aile droite était aux ordres du roi de Naples; le centre, directement sous l'empereur; la gauche, séparée de l'armée principale par une distance de près de trois lieues, était commandée par le maréchal Ney.

 

Vers 9 heures du matin, au moment où Napoléon examinait les colonnes de l'ennemi, qui se disposaient pour l'attaque, trois coups de canons tirés à intervalles réguliers partirent des batteries ennemies. La canonnade s'engagea aussitôt avec violence sur toute la ligne, et l'armée alliée s'ébranla sur tous les points.

 

Le général Kleist marcha sur notre droite, et malgré la résistance des Polonais, il s'empara du village de Markkleeberg; le prince Eugène de Wurtemberg se porta sur Wachau ; le général Klenau sur Liebertwolkwitz. Ces deux villages furent attaqués six fois successivement, et autant de fois l'ennemi fut culbuté en désordre.

 

A onze heures, le maréchal Macdonald déboucha en avant de Holzhausen, et s'avança sur le ruisseau de Liebertwolkwitz ; l'attaque de Klenau fut ainsi prise en flanc. La division Charpentier, qui était en tête de la colonne, marchait à une batterie placée sur la position dite la redoute suédoise. Six mille Autrichiens la défendaient, soutenus par un effroyable feu de mitraille. Le 1er régiment de cette division, placé en face de la redoute, paraissait hésiter dans sa marche ; Napoléon arrive dans ce moment: « Quel est ce régiment ? demande-t- il. - Le 22e léger, répond l'officier qui le commandait. - Ce n'est pas possible ; il ne resterait pas les bras croisés à se laisser mitrailler.» A ces mots qui l'émeuvent, le  régiment s'élance et la batterie est enlevée.

 

Il était midi ; Napoléon ayant obtenu ce premier succès, pensa que l'instant de décider la victoire était arrivé. Ne pouvant agir sur les ailes de l'ennemi, qui, plus nombreux, présentait un front trop étendu, il tente de percer son centre, pendant qu'il l'occupe à ses extrémités par des attaques réitérées. Il dirige sur Wachau le maréchal Oudinot avec deux divisions de la jeune garde, tandis que le maréchal Mortier, avec deux autres divisions, va appuyer le mouvement du maréchal Macdonald. Soixante bouches à feu de la garde, sous le commandement du général Drouot, soutiennent l'attaque sur Wachau, par où débouche en même temps le général Victor. Le corps du prince de Wurtemberg est enfoncé et fuit en désordre; mais des troupes fraîches s'étant avancées pour le soutenir, il se rallie, sous leur protection, derrière la bergerie d'Auenheim et Gössa. Dans le même temps, le général Lauriston débouchait de Liebertwolkwitz, et le maréchal Macdonald s'avançait vers les hauteurs à gauche de ce village. L'ennemi fut encore ici repoussé, et le 5e corps se rendit maître du bois de Gross-Pössna. Ce fut dans cette attaque que le général de division Maison, officier d'une grande distinction, fut blessé. Le général Klenau essaya de rétablir ses affaires par des charges de sa cavalerie ; mais celle-ci fut culbutée par celle du général Sébastiani, et ce corps ennemi, encore repoussé près de Seyfartshayn, eut peine à se soutenir dans cette position jusqu'à la nuit.

 

Le prince de Schwarzenberg, pour soutenir sa ligne ébranlée, fit avancer ses réserves. L'empereur Napoléon voyant cependant, vers trois heures après midi, qu'aucun résultat important n'était déterminé, ordonna une charge de cavalerie sur le point de Wachau ; le corps du général Kellermann et les dragons de la Garde débouchèrent par la droite de ce village, tandis que le roi de Naples, avec le corps du général Latour-Maubourg, débouchait par la gauche. Le général Kellermann renversa d'abord une division de cuirassiers russes; mais pris en flanc par trois régiments qui arrivaient dans cet instant, il fut rompu et contraint de se replier sur les hauteurs de Wachau. Le roi de Naples, soutenu par notre infanterie, enfonça le corps du prince de Wurtemberg, et s'empara de vingt-six pièces de canon. Déjà le centre de l'armée ennemie ainsi ébranlé 1 pliait et allait être percé, lorsque l'empereur Alexandre fit avancer la cavalerie de sa garde, qui, rencontrant le corps du général Latour-Maubourg dans le désordre inséparable d'une charge à fond, le ramena à son tour, et reprit vingt-quatre des pièces enlevées. Le général Latour-Maubourg eut une cuisse emportée dans cette charge. Le combat resta donc encore indécis sur ce point. Toutes les réserves des alliés étaient engagées. Si dans ce moment on eût fait donner sur leur centre harassé et en désordre notre réserve, composée de la Vieille Garde et d'un corps de dix mille hommes arrivant de Leipzig, il est probable que l'équilibre du combat était rompu, et la victoire à nous. Napoléon, qui le sentait, allait exécuter cette dernière attaque, et déjà ces troupes se portaient en avant, lorsqu'un parti de cavalerie ennemie qui s'était glissé sur nos derrières ayant causé quelque inquiétude, le mouvement fut arrêté, et elles restèrent en carré, dans la même position jusqu'à la nuit. Une seconde attaque de notre cavalerie eut encore lieu vers cinq heures, en avant de Liebertwolkwitz, mais elle n'eut qu'un succès précaire, et le combat ne se soutint plus que par une canonnade qui, sur toute la ligne, se prolongea jusqu'à huit heures.

 

A notre extrême droite, le corps autrichien de Meerfeldt fit toute la journée de vains efforts pour s'emparer des passages sur la Pleisse, défendus parle prince Poniatowski. Seulement vers la fin de la journée il parvint à s'établir dans le village de Dölitz; mais il ne le garda pas longtemps. Le général Curial, avec les chasseurs de la garde, le culbuta au-delà de la rivière, et lui fit quelques centaines de prisonniers, parmi lesquels se trouva le général Meerfeldt lui-même. La conduite brillante du prince Poniatowski dans cette affaire le fit nommer le soir même maréchal de l'empire, dignité qu'il avait si justement méritée, mais dont il ne devait jouir qu'un instant.

 

Derrière l'Elster, le général Giulay, après sept heures d'un combat opiniâtre, s'était emparé de Lindenau. Le général Bertrand, sentant que de la possession de ce poste dépendait le salut de l'armée, réattaqua l'ennemi avec une telle vigueur, qu'il le chassa au-delà de l'Elster, et resta maître de Lindenau.

 

A notre gauche, le maréchal Ney ne voyant paraître aucune troupe ennemie vers dix heures du matin, sur le point où il se trouvait, et entendant la canonnade sur Wachau, fit marcher de ce côté le corps du général Souham; mais il ne tarda pas à se repentir de ce faux mouvement, car, à midi, le général Blücher arrivant avec l'armée de Silésie, l'attaqua vivement. Le maréchal Marmont, resté seul avec la cavalerie du duc de Padoue, se défendit cependant longtemps contre les efforts de toute cette armée; mais le village de Möckern ayant été enfin emporté, le maréchal Ney replia ses troupes vers le soir jusque sous les murs de Leipzig, et borna sa défense au faubourg de Halle. Le maréchal Marmont, les généraux Compans et Friederichs furent blessés dans ces diverses attaques, où nous essuyâmes de grandes pertes en hommes.

 

Ainsi donc la victoire était incertaine. De part et d'autre on s'était fait beaucoup de mal et les succès avaient été balancés. Mais pour nous une bataille indécise était une bataille perdue, puisque nous ne pouvions compter sur des renforts, et que le prince royal de Suède allait se joindre le lendemain au reste de l'armée alliée. L'armée française campa sur une partie du terrain qu'avait occupé l'ennemi, et les deux armées restèrent toute la journée du 17 en présence l'une de l'autre sans entreprendre le moindre mouvement hostile. A ce calme subit allait succéder bientôt la plus terrible des tempêtes.

 

 

 

Le 18 octobre 1813. BATAILLE DE LEIPZIG[1]

 Nous avons vu, au 16 octobre, quels furent les circonstances qui amenèrent de Dresde dans les plaines de Leipzig l'armée française, contrainte à la défensive après une offensive longue et brillante

 

Le succès de la bataille livrée le 16 n'avait cependant pas été assez avantageux pour améliorer sa position, que chaque instant rendait plus critique; et, en effet, le 16, elle n'avait pas eu à combattre toutes les forces de l'ennemi. Le prince royal de Suède, qui commandait quatre-vingt-deux mille hommes et les corps de Bennigsen et Colloredo, forts de quarante- un mille, n'étaient pas encore en ligne ce jour-là; mais leur arrivée était prochaine, et l'armée alliée allait ainsi réunir autour de Leipzig une masse de trois cent cinquante mille combattants, dont cinquante-quatre de cavalerie[2]. L'armée française, ayant laissé à Dresde vingt-cinq mille hommes sous les ordres du maréchal Gouvion-Saint-Cyr, se trouvait réduite, sous Leipzig, à cent cinquante- six mille huit cents hommes, dont seulement vingt-deux mille huit cents de cavalerie[3].

 

Cette énorme disproportion de forces ne laissait aucun doute sur le résultat d'une nouvelle bataille, qui ne pouvait plus être à l'avantage des Français. L'empereur Napoléon, ne pouvant plus se faire illusion, sentit tout le danger de sa situation; il avait à lutter contre un ennemi presque trois fois plus nombreux, qui, placé autour de lui en cercle, occupait les trois quarts de la circonférence. Nous avions, à la vérité, gagné du terrain le 16, à notre centre et vers la droite; mais notre gauche, repoussée par l'armée de Silésie, touchait déjà aux faubourgs de Leipzig, seul et unique point de retraite; de sorte que si cette gauche, attaquée de nouveau par le général Blücher et par le prince royal de Suède, qui arrivait sur ce point par la route de Halle, ne pouvait pas résister à une si grande supériorité; la ville, toute ouverte, tombait au pouvoir des vainqueurs, et alors notre droite et notre centre étaient entièrement détruits. Napoléon, dans l'impossibilité de se dégarnir sur aucun point, préféra de rapprocher son centre de Leipzig, appuyant ainsi sa gauche, et laissa sa droite dans la même position. Une sage prévoyance eût voulu qu'il commençât sa retraite dès la nuit du 16 au 17. Car si le 16, il n'avait pu remporter une victoire décisive, le succès était encore plus impossible par l'augmentation des forces de l'ennemi. D'ailleurs, nous avions fait de grandes pertes dans la première bataille; nos munitions commençaient à devenir rares, et on ne pouvait trop se dépêcher de passer un effroyable défilé long d'une demi-lieue, formé par cinq ou six ponts placés sur autant de petites rivières qui se croisent en tous sens au milieu de marais impraticables, et que l'armée avait à dos sur sa seule route de retraite; une autre considération devait hâter la marche rétrograde de Napoléon : c'était la défection de la Bavière, dont l'armée s'étant jointe à l'armée autrichienne, avait quitté l'Inn et marchait pour lui couper toute retraite; mais il ne pouvait se faire à l'idée d'évacuer l'Allemagne et de reporter le théâtre de la guerre sur le Rhin. Disposant encore d'une armée nombreuse, il ne put se décider à ne pas combattre ; tout calcul de la raison disparut, et il voulut encore une fois tenter la fortune qui venait de le fuir sans retour.
 

 

La journée du 17 se passa sans mouvement hostile de part ni d'autre; seulement, à notre gauche, la cavalerie du duc de Padoue ayant fait un mouvement pour se placer à la droite de l'infanterie du général Souham, le général Blücher crut qu'on allait l'attaquer, et fit porter en avant un gros corps de cavalerie, soutenu de vingt-quatre bouches à feu; la canonnade s'engagea. Le duc de Padoue chargea l'ennemi: mais s'étant trop laissé emporter à l'ardeur de la poursuite, il fut pris de flanc et ramené après avoir perdu quatre pièces de canon.

 

Le prince de Schwarzenberg, commandant l'armée alliée, attendait l'arrivée du prince royal de Suède, des généraux Bennigsen et Colloredo pour recommencer l'attaque. Ces corps étant entrés en ligne vers le milieu de la journée, elle fut décidée pour le lendemain; Napoléon ne fit aucun mouvement. Le 18, à deux heures du matin, il rapprocha son centre de Leipzig, laissant sa gauche et sa droite dans leur première position, appuyées à la Partha et à la Pleisse. Le corps du général Bertrand, qui dans la journée du 16 avait défendu Lindenau en arrière de Leipzig, reçut l'ordre de marcher sur Weissenfels, et d'occuper le passage de la Saale, afin d'assurer la retraite de l'armée. Le général Bertrand balaya la plaine de Lützen et se rendit maître, à midi, du pont de Weissenfels. Cependant Napoléon, qui pensait à la retraite, ne prit aucun moyen pour la rendre prompte et facile. On ne prépara aucun pont sur les différentes rivières qu'il fallait passer, de sorte que lorsque l'armée fut vivement poussée le 19 au matin, elle ne trouva qu'un seul passage, mais tellement long et étroit que, bientôt encombré, toute retraite devint impossible.

 

Le 18 au matin, les deux armées étaient en présence et prêtes à commencer le combat. Depuis la guerre des Gaulois contre César, au siège d'Alésia, jamais armée si nombreuse n'avait été réunie sur un même champ de bataille; mais malheureusement il n'en fut pas ici de même qu'à Alésia, car le plus grand nombre l'emporta.

 

A huit heures du matin, l'armée de Bohême commença l'attaque en forçant les postes avancés que les Français avaient laissés en se retirant sous Leipzig. A dix heures, la canonnade s'engagea sur toute la ligne, et toute l'armée ennemie se déploya. Le maréchal Macdonald, duc de Tarente, qui se trouvait au centre, attaqué de front par le corps de Klenau et la division Zieten, le fut bientôt de flanc par le corps de Bennigsen, qui, ayant emporté Baalsdorf, menaçait de le tourner. Le maréchal se replia sur Stötteritz, où il appuya sa droite au général Lauriston. Dans le même temps, le prince Poniatowski avec les Polonais, qui tenait notre extrême droite, violemment abordé, perdit les villages de Dölitz et Lössnig, et allait être forcé à Connewitz, lorsque Napoléon, qui était placé avec la garde impériale sur le Thonberg, près d'un moulin à tabac, et de cette hauteur centrale se trouvait en mesure de soutenir les points trop fortement menacés, fit marcher à son secours deux divisions de la Jeune Garde sous les ordres du maréchal Oudinot. Le prince Poniatowski reprit alors l'avantage, et culbuta l'ennemi avec une perte énorme sur Dölitz ; mais le prince de Schwarzenberg ayant porté sur ce point de grandes masses, les Polonais furent encore repoussés, et reprirent leur position de Connewitz, qu'ils conservèrent cependant toute la journée, malgré les puissants et nombreux efforts de l'ennemi.

 

L'attaque la plus vive était au village de Probstheida, angle saillant de notre ligne, où se réunissaient le centre et la droite. Depuis le commencement de l'action, le feu se soutenait avec la même violence, sans que les alliés obtinssent le moindre avantage. Ce poste pétait défendu par le 2e corps, commandé par le maréchal Victor. Vers deux heures, le prince de Schwarzenberg envoya de nouvelles divisions sur ce point. L'ennemi pénétra jusqu'aux premières maisons du village, mais fut culbuté dans le vallon par une charge vigoureuse que fit exécuter le roi de Naples; il se rallia, soutenu par des troupes fraîches; il revint à la charge, entra dans Probstheida, mais en fut encore chassé, laissant sur le terrain un grand nombre de tués et de blessés. Les troupes ennemies qui depuis le matin attaquaient Probstheida recevant dans ce moment de nouveaux renforts, le roi de Naples fit soutenir le 2e corps. Ce fut en vain que l'ennemi renouvela deux fois ses attaques avec des forces immenses, nos braves soldats, électrisés par l'exemple du roi, de leurs généraux et de leurs officiers, se surpassèrent eux-mêmes, et l'empêchèrent constamment de pénétrer dans le village.

 

A cinq heures, l'empereur Napoléon fit avancer ses réserves d'artillerie, et les mit en batterie sur le plateau de Probstheida. Elles dirigèrent une canonnade foudroyante contre la ligne ennemie déployée dans le vallon. Le prince de Schwarzenberg, pour dégager ses troupes d'un feu meurtrier, les replia sur le plateau opposé, qu'il garnit également de toute son artillerie. Cette canonnade épouvantable se prolongea jusqu'à la nuit, et jusqu'à la nuit nos bataillons, criblés par une épaisse grêle de mitraille" restèrent inébranlables à leurs postes. Ce fut dans ce moment que le général Vial fut tué, le général Rochambeau blessé à mort, et que le général Belliard[4] eut le bras cassé par un boulet. La perte de l'ennemi fut au moins aussi forte que celle des Français, car si son artillerie était deux fois plus nombreuse, la nôtre portait sur des masses bien plus profondes. Deux tentatives que nos troupes firent pour déboucher de Probstheida, pendant cette canonnade, ne réussirent pas, et nous nous bornâmes à conserver ce village.

 

On ne se battait pas avec moins d'opiniâtreté à notre gauche qu'au centre et à la droite. A huit heures du matin, le prince royal de Suède passa la Partha et vint prendre position entre les corps de Blücher et de Bennigsen. Le maréchal Ney, commandant notre gauche, voyant sa droite menacée d'être prise à revers par ce mouvement, fit sur-le-champ un changement de front, l'aile droite en arrière, rapprochant ainsi cette aile de Leipzig et de notre centre. Vers onze heures', la cavalerie ennemie arriva devant Heiterblick, où se trouvait l'avant-garde du 7e corps, commandé par le général Reynier, et composée de deux régiments de cavalerie saxonne et d'un bataillon d'infanterie de la même nation. A l'approche des ennemis, cette troupe passa dans leurs rangs et tourna aussitôt ses armes contre nous[5]. Quelques instants après, deux brigades saxonnes, commandées par le général de Ryssel et le colonel Brause, et la brigade de cavalerie wurtembergeoise du général Normann, passèrent aussi à l'ennemi avec toute leur artillerie, qu'elles tournèrent de suite contre la division Durutte. Tous les efforts du général de Zeschau, commandant en chef les troupes saxonnes, ne purent retenir dans nos rangs qu'un petit nombre de ses soldats avec lesquels il resta en homme d'honneur au poste qu'il s'était chargé de défendre[6]. On rapporte que le général Reynier, croyant que ces troupes exécutaient seulement sans ordres un mouvement en avant, s'élança à la tête de la colonne en lui criant d'arrêter. Que le général saxon qui la conduisait paraissant vouloir s'emparer du général français, quelques jeunes officiers, la tête baissée ,honteux qu'ils étaient de leur propre conduite, s'approchèrent de celui-ci et le supplièrent de se retirer en lui disant: « Évitez-nous une infamie de plus, et n'ajoutez pas à notre action l'odieux de vous emmener à l'ennemi. » On assure encore que le commandant de l'artillerie saxonne ayant dit, en arrivant dans les rangs ennemis: « J'ai brûlé la moitié de mes munitions contre vous, je vais tirer le reste contre les Français, » les officiers et généraux russes, au milieu desquels il se trouvait, ne purent s'empêcher de lui témoigner tout le mépris qu'ils ressentaient pour lui, malgré l'avantage qu'ils retiraient de cette trahison. Tant il est vrai qu'un transfuge est si vil, que la honte et le mépris l'attendent même dans le parti pour lequel il se déshonore!

 

La défection des Saxons nous fit perdre la position de Paunsdorf, qu'ils étaient chargés de défendre, et l'ennemi, repoussant le général Reynier, avança en force sur Leipzig, dont il n'était plus qu'à une lieue. Le maréchal Ney, qui dans le même temps était vivement attaqué à Schönefeld par le général Blücher, ne put faire soutenir le général Reynier. Déjà deux fois ce village avait été pris par l'ennemi; deux fois il en avait été chassé; revenant sans cesse à la charge avec des troupes fraîches, il s'en empara de nouveau à trois heures après midi. Le maréchal fit un nouvel effort pour le reprendre : un bataillon du 65e régiment, conduit par son brave chef, le commandant Vielbans[7], qui, quoique non guéri encore d'une blessure reçue à la bataille de Dresde, n'avait pas voulu quitter son drapeau, se porta au pas de charge sur Schönefeld, et l'enleva à la baïonnette. Nous nous maintînmes encore dans cette position pendant deux heures; mais l'armée du prince royal de Suède avançant toujours, le maréchal Ney fut contraint de se replier derrière Reudnitz, à un quart de lieue de Leipzig. Cependant le prince royal de Suède faisait des progrès effrayants ; la division Delmas, malgré son opiniâtre résistance, plusieurs fois repoussée, avait fait des pertes énormes; le général Delmas[8], officier d'un grand mérite, était blessé à mort; l'ennemi paraissait n'avoir plus qu'un effort à faire pour pénétrer dans Leipzig. L'empereur Napoléon, instruit de ce qui se passait à sa gauche, s'y rendit à cinq heures du soir avec une division de la garde à pied et les grenadiers à cheval. Le village de Reudnitz fut repris. Les grenadiers à cheval et une division de cuirassiers se portèrent sur Volkmansdorf, et après plusieurs charges heureuses l'ennemi fut replié sur les hauteurs et contre Schönefeld, où il parvint à se maintenir. Dans le même moment, Napoléon voulant profiter d'une lacune qui se trouvait entre Bennigsen et le prince royal de Suède pour prendre ce dernier en flanc, porta sur le village de Mölkau le général Nansouty avec la cavalerie légère de la garde, soutenu par la division Durutte et vingt pièces de canon; mais cette manœuvre ne réussit pas: le général Nansouty fut repoussé, et l'ennemi s'empara des villages de Stuntz et Sellerhausen, où il se maintint jusqu'à la nuit. Vers les six heures, le général Blücher, qui était arrivé jusque sous les murs de Leipzig, lit attaquer le faubourg de Rosenthal par le général Sacken; mais les troupes qui y étaient, malgré leur petit nombre, s'y défendirent avec tant d'opiniâtreté, que tous les efforts des Russes échouèrent. La nuit mit fin aux mouvements des troupes, mais la canonnade se prolongea encore jusqu'à neuf heures.

 

Ainsi se termina la fameuse bataille du 18 octobre, dont les suites ont été si funestes pour la France; mais quels qu'en aient été les résultats, elle n'en est pas moins un des plus glorieux faits d'armes dont puisse s'honorer l'armée française. Malgré l'énorme disproportion des forces, cette armée ne fut point vaincue, puisque toutes les attaques de l'ennemi avaient été arrêtées. On n'avait pas, à la vérité, pu réparer tout à fait le mal qu'avait causé l'odieuse trahison des Saxons, mais nous avions conservé notre terrain au centre et à la droite, et regagné une partie de celui que nous avions perdu dans la journée vers la gauche. Cependant nos pertes et notre position étaient telles qu'il n'était plus possible de retarder d'un seul instant une prompte retraite. Depuis le 15 nous avions consommé deux cent cinquante mille coups de canon; il n'en restait pas plus de seize mille dans les parcs, et nos réserves les plus voisines étaient Erfurt et Magdebourg. Napoléon ordonna donc le mouvement rétrograde sur Erfurt vers dix heures du soir, et vint coucher dans un faubourg de Leipzig. On lui avait proposé d'incendier les immenses faubourgs de cette ville et de se servir du corps de la place comme d'une tête de pont qui aurait été défendue par six mille hommes et soixante bouches à feu; mais il refusa de prendre une mesure qui devait entraîner la ruine d'une des plus belles et plus commerçantes villes d'Allemagne, et cela sous les yeux du souverain qui l'y avait accompagné comme allié[9]. Il préféra faire défendre ces faubourgs par une partie de l'armée, pendant que les équipages et l'autre partie passeraient le défilé. Le mouvement des équipages et de l'artillerie ne s'effectua que lentement durant la nuit, de sorte que le lendemain au jour un grand nombre de voitures de toute espèce obstruèrent les débouchés de la ville et les approches du défilé. Les corps du maréchal Marmont et celui du général Souham; la division Durutte restant du 7e corps dont les Saxons avaient fait partie; le maréchal Macdonald et le prince Poniatowski furent chargés de défendre les approches de la ville pendant que le reste de l'armée effectuerait sa retraite. A neuf heures du matin, Napoléon étant monté à cheval alla voir le roi de Saxe. Il le laissa libre de faire ce qu'il voudrait, mais lui conseilla cependant de rester plutôt dans ses États pour les sauver de l'anarchie que pouvait répandre l'esprit insurrectionnel de son armée. Il lui laissa un bataillon saxon, resté encore fidèle, afin de lui servir de garde et pour le mettre à l'abri du premier mouvement de l'ennemi. Vers dix heures, Napoléon prit congé de ce prince. La seule porte de Leipzig, qui conduisait directement au pont était tellement obstruée, qu'il fut obligé de retourner sur ces pas, de sortir de la ville par où il était entré, et de suivre les boulevards extérieurs jusqu'au défilé. Là, le plus grand désordre régnait déjà: l'infanterie, l'artillerie, la cavalerie voulant passer à-la-fois: ce ne fut qu'avec beaucoup de peine que Napoléon, accompagné de son escorte, put parvenir jusqu'au premier pont, d'où alors il gagna facilement le village de Lindenau, à l'extrémité du défilé, où se trouvait déjà la garde et une partie de l'armée.

A la pointe du jour, l'ennemi s'étant aperçu de la retraite de l'armée française, s'élança de tous les côtés sur Leipzig. Blücher à la gauche sur la Partha
[10], le prince royal de Suède au centre, et Schwarzenberg à la droite sur la Pleisse assaillirent à la fois les faubourgs. Ce ne fut qu'après trois heures du combat le plus meurtrier que les alliés parvinrent à emporter d'assaut nos premiers postes; mais nos troupes s'étant jetées dans les maisons, ne purent de longtemps en être débusquées. On se battit avec acharnement jusqu'à onze heures. Dans ce moment le prince royal de Suède et Blücher forcèrent les barrières de la ville, et pénétrant dans les rues, se réunirent sur la grande place aux Autrichiens, auxquels les troupes badoises, qui étaient restées jusque là dans nos rangs, ouvrirent la porte de Saint-Pierre. Le bataillon saxon que Napoléon avait laissé à la garde du Roi se mit à tirer sur nos troupes des maisons et des remparts.

 

L'encombrement était à son comble ; cependant nos braves soldats, dans le faubourg de Halle, disputaient encore le terrain pied à pied. Les Polonais défendaient aussi vigoureusement le boulevard de l'ouest, où ils étaient acculés, et la retraite des corps qui avaient combattu la veille continuait, mais lentement: encore deux heures, et notre valeureuse arrière-garde était sauvée; car il lui restait la possibilité d'incendier la partie de la ville qu'elle occupait encore, et d'arrêter ainsi pour quelque temps la poursuite de l'ennemi. Mais quelques tirailleurs russes du corps du général Langeron[11] se glissèrent le long de l'Elster jusqu'au pont par où défilait l'armée française. D'après les ordres de Napoléon, le principal pont qui se trouvait sur la Pleisse avait été miné, et le général Dulauloy, commandant l'artillerie de la garde impériale, chargea le colonel Montfort de le faire sauter, lorsque les dernières troupes seraient passées. Ce colonel, au lieu de rester lui-même pour l'exécution d'un ordre si important, se contenta d'y laisser un caporal et quatre sapeurs. Ceux-ci, entendant des coups de fusil si près d'eux, pensèrent que l'armée ennemie arrivait au pont, et croyant n'avoir pas de temps à perdre pour assurer la retraite, ils mirent le feu aux fougasses et le firent sauter [12]. Cette précipitation inconsidérée coupa toute retraite aux troupes qui restaient encore dans Leipzig. Alors les plus braves, ces vétérans de la gloire qu'avaient épargnés vingt ans de bataille, réduits au désespoir, se firent ensevelir sous les débris du faubourg de Randstad ; le reste, voyant que désormais toute défense était inutile, chercha à se sauver au travers de la Pleisse et du lit bourbeux de l'Elster, où beaucoup se noyèrent. Le maréchal Macdonald passa cette rivière à la nage[13]. Le prince Poniatowski, déjà blessé, reçut un coup de feu au moment où il la traversait, et se noya. Le combat ne finit à Leipzig qu'à deux heures après midi. Le soir, la partie de l'armée qui passa le défilé et se rallia près de Lindenau, alla bivouaquer à trois lieues de là à Markrandstadt, et le lendemain elle se mit en marche sur Erfurt par Lützen et Weissenfels, où, au passage de la Saale, elle eut une assez forte escarmouche avec l'ennemi, mais n'en continua pas moins sa retraite sans être sérieusement inquiétée.

 

La perte des alliés dans les sanglantes journées des 16, 18 et 19 ne fut pas moindre de quatre-vingt mille hommes hors de combat, parmi lesquels on compta huit généraux tués et onze blessés[14]. Celle de l'armée française monta à vingt mille morts, trente mille prisonniers, y compris vingt mille malades ou blessés, qui restèrent dans les hôpitaux de Leipzig, deux cents bouches à feu et plus de six cents chariots. Outre ceux que nous avons déjà nommés, les généraux Lauriston, Reynier, Charpentier, Aubry, Valory, Bertrand (général de brigade) et sept à huit généraux polonais furent faits prisonniers, presque tous blessés.

 

Ces braves Polonais, ces fidèles alliés de la France, qui pendant vingt ans ont rivalisé de dévouement avec nos plus illustres guerriers, pour le salut et la gloire de leur patrie adoptive, qu'ils ne trahirent jamais; ces martyrs de la liberté dont le sort trahit encore ici les généreux efforts, dans ces trois jours de carnage se montrèrent supérieurs à eux-mêmes et à leur mauvaise fortune. Leur vaillant chef, le prince Poniatowski, rendit à l'armée française tous les services qu'on peut attendre d'un général consommé. Digne prix d'une si belle conduite, il avait été nommé maréchal de l'empire après la bataille du 16, mais la mort qui allait l'atteindre ne devait pas le laisser jouir d'une gloire si bien méritée. Sa perte retentit au cœur de toute l'armée; et chacun donna des larmes à la tragique fin d'un prince plus grand encore par ses belles qualités que par sa naissance. Son corps, retrouvé dans l'Elster, reçut des alliés tous les honneurs dus à sa réputation et à son rang, et l'empereur Alexandre le fit transporter à Varsovie, où il fut solennellement inhumé.

 

Noble et généreux Poniatowski ! Ta mémoire sera toujours chère aux Français; elle sera révérée chez toutes les nations, tant que les noms de patrie, de vertu et de courage seront en honneur parmi les hommes. 

 


[1] Ouvrages publiés. — Manuscrits et documents communiqués. — Rapports français et étrangers.

[2]   


Armée de Bohême composée de Russes, d'Autrichiens et de Prussiens, commandée par le prince de Schwarzenberg.

Armée du Nord composée de Suédois, Russes et Prussiens, sous les ordres du prince royal de Suède                                          

         Armée de Silésie, composée de Russes et Prussiens, aux ordres du général Blücher.

          Armée de Pologne, composée de Russes et d'Autrichiens, commandée par le général Bennigsen.

TOTAL

145.500 h.

   82.500

   94.000

   50.000

 350.000 h.

                                                                                                                                                                                                        

[3]

Aile droite sous les ordres du roi de Naples.

Centre où était Napoléon              

         Aile gauche commandée par le maréchal Ney, prince de la Moskowa

         Derrière Leipzig, sous les ordres du général Bertrand, gardant le défilé  

         Réserve composée de la Vieille et Jeune Garde, et de la cavalerie du général Nansouty 

TOTAL

    27.000 h

    46.000

    44.000

    15.000

    24.800

156.000 h. 

[4] En 1820 lieutenant-général, premier inspecteur des cuirassiers, comte et pair de France.

[5] Déjà deux jours avant, à Eilenbourg, un régiment bavarois faisant partie des troupes chargées sous les ordres du général Durieux d'escorter le grand parc de l'armée, avait passé à l'ennemi au moment où celui-ci attaquait le général Durieux.

 

[6] Le traducteur des Mémoires du baron d'Ödeleben sur la campagne de 1813, dans des notes qui, du reste, sont aussi justes que judicieuses, assure que, quoi qu'en aient dit les bulletins officiels, il ne resta aucun Saxon dans nos rangs. Nous pouvons affirmer, et nous le devons à la vérité, qu'outre le bataillon d'infanterie que Napoléon laissa le 19 au roi de Saxe, deux régiments de cuirassiers restèrent dans nos rangs jusqu'au 20 au matin. L'auteur de la relation que le lecteur à maintenant sous les yeux fut chargé par Napoléon, dans la nuit du 19 au 20, au village de Markrandstadt, où avait couché le quartier-général, d'aller les remercier de leur fidélité, de les dégager de leurs serments, et de les conduire aux avant-postes, pour qu'ils s'en retournassent près de leur roi.

[7] Cet officier, qui fut encore blessé à la prise de ce village, était en 1820 chef de bataillon dans la légion de la Nièvre.

 

[8] Cet officier général, qui depuis l'élévation de Napoléon à l'Empire n'avait pas voulu servir, lorsqu'il vit que l'armée française essuyait des revers, et que la coalition menaçait d'arriver jusqu'au Rhin, vint en Saxe demander de l'emploi comme soldat, comme simple officier ou dans son grade. Il y avait peu de temps qu'il était arrivé lorsqu'il fut tué.

 

[9] Le roi de Saxe avait quitté Dresde avec 1'empereur Napoléon et était venu à Leipzig, où il resta durant les deux batailles. Du haut d'une tour, il observait le champ de bataille, et ne pouvait assez s'étonner de voir les Français lutter avec tant de valeur contre toutes les armées de l'Europe.

 

[10] Avant de recommencer le combat, le général Blücher fit faire à l'armée française l'impertinente sommation de poser les armes. On pense bien qu'il ne lui fut répondu qu'à coups de canon. M. le général prussien se rappelait sans doute qu'en 1806 il avait capitulé à Schwartau, ayant encore douze mille hommes, devant quatre à cinq mille cavaliers français; et il pensait alors que l'armée française, combattant un contre trois, pouvait bien aussi capituler. Mais cette satisfaction n'était pas réservée à M. le général prussien. 

[11] Le général Langeron, depuis vingt ans au service russe, était Français, natif de Bourgogne.

[12]
Quelques feuilles allemandes ont insinué que c'était à dessein que ce pont avait été coupé si prématurément, et que Napoléon en avait donné l'ordre afin d'éviter que l'ennemi ne s'en emparât et ne poursuivit les Français trop vivement.
Cette calomnie a trouvé en France quelques gens qui l'ont accueillie, surtout après la chute du colosse impérial. La plus légère attention sur h configuration du terrain suffit pour la détruire: l'ennemi se serait emparé du grand pont, qu'on eût pu encore couper le dernier vers Lindenau. Et dans tous lestas le passage était si étroit, que deux pièces de canon eussent suffi pour l'arrêter. D'ailleurs, si cet ordre eût été donné quel est le Français qui, de sang froid, se serait chargé de l'exécuter ? Ce qui prouve encore mieux que c'est un de ces contes inventés par la malignité, c'est que les auteurs allemands ou russes qui ont écrit sur cette guerre, et qui, certes, n'avaient aucune envie d'épargner l'armée française, l'ont tous réfuté. 

 

[13]  Le chef d'escadron de cuirassiers Charles de Baillencourt, rendit dans ce moment un grand service au maréchal, en l'aidant à traverser la rivière et à en escalader les bords très escarpés. Cet officier de mérite fut blessé à la bataille d'Hanau, et mourut quelques temps après à Mayence des suites de sa blessure.

 

[14] Cette situation des pertes des deux partis est tirée des rapports ennemis et des ouvrages publiés à l'étranger.

 

OFFICIERS généraux TUÉS et  Blessés à LEIPZIG

Maréchal Poniatowski, tué 19/10

Maréchal Ney, blessé 18/10

Maréchal Marmont, blessé 18/10

GD Bertrand, blessé 18/10

GD Compans, blessé 16/10 & 18/10

GB Montélégier, blessé 18/10

GD Lefol, blessé 16/10

GB Pelleport, blessé 18/10

GD Latour-Maubourg, blessé 16/10, amputé

GB Pouchelon, blessé 18/10

GD Maison, blessé 16/10

GB Sopransi, blessé 18/10

GD Pajol, blessé 16/10

GB Aymard, blessé 18/10

GB Bachelet d'Amville, tué, 16/10

GB Baillod, blessé 18/10

GB Camus de Richemont, tué 18/10

GB Tolinski, blessé 18/10

GB Ferrière, tué, 16/10

GB Mongenet, blessé 18/10

GB Ménard, blessé 16/10

GB de Coëtlosquet, blessé 18/10

GB Meunier, blessé 16/10

GB Couloumy,  blessé 18/10, prisonnier, décédé 29/10

GB Bessières, blessé 18/10

GB Saint-André, blessé 16/10

GB d'Avrange d'Augeranville, blessé 18/10, prisonnier

GB Filhol de Camas, blessé 16/10

GB Bony, blessé 18/10, prisonnier

GB Choisy, blessé 16/10 & 18/10

GB Bronikowski, blessé 18/10, prisonnier

GB Lévesque de Laferrière, blessé 16/10

GB Sierawski, blessé 18/10, prisonnier

GB Gros, blessé 17/10

GB Gruyer, blessé 10/18

GD Vial, tué 18/10

GB Zoltowski, blessé 18/10

GD Aubry, blessé 18/10, prisonnier,

décédé 10/11
GB Grabowski, blessé 18/10, prisonnier
GD Delmas, blessé 18/10, prisonnier, décédé 20/10

GD Rochambeau, blessé 19/10, prisonnier, décédé 20/10

GD Friederichs, blessé 18/10, prisonnier, décédé 20/10

GD Brayer, blessé 19/10

GD Belliard, blessé 18/10

 

GB Boyer, blessé 19/10, prisonnier,

décédé 30/10

GD Gerard, blessé 18/10

GB Pelletier de Montmarie, blessé 19/10, prisonnier, décédé 1/11

GD Charbonnel, blessé 18/10

GB Kwasniewski, blessé 19/10, décédé 8/12

GD Souham, blessé 18/10

GB Pellegrin, blessé 19/10

GD Sébastiani, blessé 18/10

GB Valory, blessé 19/10, prisonnier

GD Ledru des Essarts, blessé 18/10

GB Bertrand EV, blessé 19/10, mort 15/01/14

GD Rozniecki, blessé 18/10

GB Lafitte, blessé 19/10, prisonnier

GD Kamieniecki, blessé 18/10

GB Mandeville, blessé 19/10, prisonnier

GB Coehorn, blessé 18/10, décédé 29/10

GB Brun, blessé 19/10, prisonnier

GB d'Estko, blessé 18/10, décédé 30/10

GB Uminski, blessé 19/10, prisonnier

GB Maury, tué, 18/10

GB Malachowski, blessé 19/10, prisonnier

GB Maran, blessé 18/10

GB Rautenstrauch, blessé 19/10, prisonnier

 

 

 

 

 

Bibliographie :

- Münch, Reinhard, Marksteine und Denkmale der Völkerschlacht in und um Leipzig, Verlag Dr. Bartel, Borsdorf, 2000.

 

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