Pierre BAROIS (2 août 1774- 29 juillet 1861)

Le texte qui suit nous a été très aimablement communiqué par M. Patrick Barois. Nous le remercions vivement de nous avoir permis de le publier ici.  Puisse ainsi son ancêtre un peu sortir de l'ombre.

 

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Pierre Barois peint par son épouse vers 1815.

La Légion d'Honneur sera ajoutée ultérieurement, car il ne sera nommé qu'en 1850.

Il s'agit d'une pratique tout à fait courante à l'époque.

 La famille de Pierre Barois est issue de Boscroger-sur-Buchy (département de la Seine Inférieure, devenue depuis Seine Maritime - 76). On y trouve ses parents Jean Barois (1734 – 1803 décédé à Boscroger) et Françoise Marie GRENET (certainement décédée avant 60 ans) ainsi que ses grands parents, Pierre Barois et Catherine Leroy.

 Jean BAROIS a eu un demi-frère, lui aussi prénommé Pierre, issu de Pierre BAROIS et de Marguerite DUBOSC, sans doute morte en couche en 1727 et un autre frère Louis. Nous ne savons rien des deux oncles de Pierre BAROIS, le médaillé de Sainte-Hélène.

 Jean BAROIS s’établit mercier à Cuy-Saint-Fiacre (76) ou naît son fils Pierre le 2 août 1774 (ses parrain et marraine sont Pierre BERANGER fils, laboureur, et Nicole CARMENT). Il est baptisé à l’église du village, le jour de sa naissance, par l’abbé N. DUTOT, vicaire de la paroisse et signataire de l’acte.

 A Boscroger-sur-Buchy, le nom BAROIS s’écrit indifféremment avec un ou deux « R ». Pour certains enfants de la fratrie deux « R » pour d’autres un seul. Pierre BAROIS  verra l’orthographe de son nom évoluer au fil des années : un « R » à sa naissance, deux sur les documents militaires de 1812 et 1813, un en 1814, deux en 1850, un seul sur sa tombe en 1861 et un pour sa descendance. (1)

 

 La carrière militaire de Pierre débute le 14 juillet 1793, jour de son engagement au 11ème bataillon de la Seine Inférieure. C’est un soldat de l’An UN ! Il n’a pas encore 19 ans.

 1793 - 1796 : il est à l’armée du Nord et accède au rang de caporal le 5 avril 1794 (16 germinal an II).

 

 1796 - 1798 : armée de Sambre et Meuse.

Il passe au 8ème régiment d’infanterie légère le 14 mars 1796 (à l’époque 8ème demi-brigade d’infanterie légère) et doit rendre ses galons de caporal (retrouvés en 1797). De juillet à septembre 1796, on retrouve ce régiment en Allemagne, dans la région de Francfort-sur-le-Main.

Barois est nommé fourrier au printemps 1798  (20 floréal an VI).

 

 1798 - 180:  c’est l’Italie (Gêne, Milan peut être en Italie centrale).

La campagne commence en septembre 1798. Le 8ème régiment d’infanterie légère est réparti entre trois régions éloignées les unes des autres. Le 1er bataillon participe au siège de Gaète au sud de Rome, le 2ème cantonné autour de Gêne, le 3ème participe au siège d’Ancône. Il y a de nombreux combats et des tués mais nous ne connaissons pas l’affectation précise de Pierre Barois durant cette période. Le 21 janvier il est nommé sergent-major. Au début de 1800 le 8ème Léger est semble-t-il regroupé dans la région de Gêne. L’armée, bien que commandée par de fameux généraux (MASSENA, MIOLLIS, SUCHET…) est dans une situation délicate. De décembre 1800 à janvier 1801, le 8ème Léger est impliqué dans des combats dans la région du Mincio et des lacs (au nord-est de Milan).

 

 Nous n’avons pas de précisions sur la période 1801 / 1803 (Paix d’Amiens).

 En 1803, le 5 octobre, Pierre BAROIS est nommé sous-lieutenant.

Le  23 décembre il embarque pour 10 mois sur le vaisseau le Scipion, à Toulon (sans doute en prévision de l’invasion de l’Angleterre).

 Le Scipion est un navire très récent. En 1802 il transporte le général Brune qui regagne Constantinople où il vient d’être nommé ambassadeur. En 1803, jumelé au Duquesne il fait des visites de courtoisie à Alger et à Tunis, mais Pierre Barois n’est pas encore à son bord. Ce vaisseau participe à la bataille de Trafalgar. Il échappe aux Anglais en ce funeste 25 octobre 1805, mais est capturé quelques semaines plus tard dans ces mêmes eaux.

 

 1804 – 1805 :  BAROIS retrouve la terre ferme le 17 septembre 1804 et repart en Italie.

De mai à décembre 1805 l’historique du régiment ne mentionne pas de combat. (Le 11 octobre, le régiment est à Augsbourg.) Un autre document cite un combat à Fiume près de Trieste.

 

 1806 – 1807 : le 8ème Léger est en garnison en Dalmatie. L’armée est commandée par Marmont. Pierre est nommé lieutenant le 13 avril 1807.

 

 1809 : c’est la campagne d’Autriche. La guerre reprend contre l’Autriche, qui a envahi la Bavière. Combats dans le nord-est de l’Italie. Le 16 avril, bataille de Sacile. Franchissement de la Piave. Combats du 8 au 12 mai. Combats en Dalmatie, à Cospic, du 20 au 21 mai. En ce mois de juin 1809, les troupes, dont deux bataillons du 8ème Léger,  parcourent plusieurs centaines de kilomètres pour être à Wagram le 6 juillet. BAROIS est de ceux-là. En 4 jours de combat, le régiment compte 50 tués dont 7 officiers et 65 blessés dont 9 officiers. Le 9 juillet, Il est nommé capitaine (à la tête de la compagnie de carabiniers du 4ème bataillon) en remplacement du capitaine Jacques LELARGE tué durant la bataille. Le 10 juillet, combat de Znaïm à 20 km de Wagram.

 Le régiment ne quitte cette région qu’à la fin de 1809.

 

 1810 – 1811 : Six mois de repos, puis c’est l’engagement en Espagne, tout d'abord en Catalogne, qui est relativement calme.

Combats à Montlouis (en France, près de Prades).[?]

De mai à août 1811, il participe au siège de Figueras (en espagnol, en français : Figuières ; en catalan : Figueres). Les pertes de l'unité s’élèvent à 2 tués et au moins 3 officiers blessés.

Les fossés de la citadelle de San Ferran à Figueres.
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La place d'armes de la citadelle de San Ferran à Figueres, la plus grande forteresse d'Europe.
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 1812 : En mars, Pierre Barois, capitaine d’une compagnie du 5ème bataillon, fait valoir ses droits à la retraite. Elle est effective le 16 mai. Les années de campagne s’accumulent… et des rhumatismes invalidants apparaissent.

 De juin à décembre 1812 (et même après…) des milliers de soldats connaissent une fin tragique en Russie. La situation militaire est très difficile, mais rien n’est encore perdu. Le 8ème Léger, en partie engagé, est durement éprouvé. Il est reconstitué à partir d’éléments du 4ème bataillon qui n’a pas fait campagne.

 

 1813 : Après 14 mois de vie civile à Rouen, Pierre reprend du service et retrouve son cher 8ème pour les campagnes d’Allemagne et de France (Décret signé à Saint-Cloud le 10 juillet par Marie-Louise). Peut être participe-t-il à la bataille de Dresde le 26 août ?

Le 6 septembre, bataille de Dennewitz, parfois appelée du nom de la ville proche, Jüterbog, à 100 km au Nord-Ouest de Dresde. Le corps du Maréchal Ney y est durement malmené, et le 8ème Régiment Léger y subit des pertes importantes : 60 tués dont 1 capitaine et un autre officier (un autre décédera de ses blessures) et 14 officiers blessés, dont le chef de bataillon Woilard

 

Le monument à Bülow à Dennewitz.

L'église de Dennewitz

.Du 16 au 18 octobre, c’est la terrible « bataille des Nations » à Leipzig. Les pertes du 8ème Léger, peu engagé, sont nettement moindres que le 6 septembre. Les armées françaises retraitent rapidement vers l’ouest de l’Allemagne. A Hanau, une autre bataille est livrée le 30 octobre. Le 8ème s'y distingue, il défend avec ténacité une des portes de la ville.

 

 1814 : C’est la campagne de France. De février à avril, le maréchal Augereau qui commande le corps d’armée de Lyon essaye, de la Suisse au Lyonnais, de contenir les envahisseurs. Le 8ème Léger participe aux combats d’Annecy, de Chapareillan, de Montmélian (aux confins de la Savoie et de l’Isère) et de Tarare (près de Lyon). Pierre Barois, capitaine de la 4ème compagnie de carabiniers, en est il ? La petite histoire ne le dit pas, mais on peut le supposer.

 Napoléon, malgré une brillante campagne, abdique à Fontainebleau le 6 avril, puis part pour l’île d’Elbe. En juin, Pierre BAROIS fait valoir une deuxième fois ses droits à la retraite. Sa demande est acceptée le 15 septembre 1814 par le général Vilatte. Il est reconnu inapte au service même dans les vétérans (problèmes de santé déjà évoqués en 1812). Il se retire à Auxerre, se marie avec Anne Thirza LECONTE (2) (1795 – 1874) et assiste au retour de l’Aigle. Il ne revêt pas l’uniforme durant les Cent-Jours.

 Le couple habite désormais une charmante maison qui donne sur la place de l’abbé Deschamps au pied de la rue Porte pendante (actuelle rue Philibert-Roux). Deux enfants, Charles Eugène (1816 – 1907 à Chartres) époux Martineau, et Adèle (1818 -1847) épouse Carré et 6 petits-enfants (dont plusieurs sont nés à Chartres) égayent une paisible retraite de plus de 45 années.

 5 juin 1850 :  La Légion d’Honneur

Sur son portrait exécuté vers 1815; la Croix des braves est « collée » sur sa poitrine. En fait, Pierre s’attendait à la recevoir dans les dernières années de l’Empire, aussi la réclama-t-il dès 1848. Voici l’avis du Préfet de l’Yonne figurant sur l’avis de la Commission des réclamations des anciens soldats de la République et de l’Empire : « Position honorable, conduite irréprochable, attachement prononcé au gouvernement de la République sous la Présidence du neveu de l’Empereur. Des personnes dignes de foi représentent le Sieur Barois comme très honnête et très estimé à Auxerre… ». La Légion d’Honneur lui est remise le 5 juin 1850.

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 Pierre Barois en 1851,

dans un uniforme qui est certainement celui de la Garde nationale.

En 1857 ou 1858 il reçoit la médaille de Sainte-Hélène, instituée par Napoléon III. Curieusement, le dossier des médaillés de Sainte-Hélène conservé aux archives départementales de l’Yonne ne mentionne pas la reprise d’activité du 10 juillet 1813 au 15 septembre 1814. Son numéro de dossier est absent, mais il est bien porté « décoré » en face de son nom et dans la colonne campagnes il est indiqué : « toutes ». Son diplôme, son épée et sa médaille sont aujourd’hui sous la garde de l’un de ses descendants. Il en est de même pour la Légion d’Honneur et les derniers éléments d’uniforme que les mites ont épargné : broderies (grenade et galon) et quelques boutons.

 

Pierre décède le 29 juillet 1861, sa femme le 26 août 1874. La tombe « 236 » des époux Barois est toujours entretenue par leurs descendants, au cimetière Saint-Amâtre à Auxerre (côté rue Dunand). A 100 m est enterré un auxerrois célèbre : le légendaire capitaine Coignet (1776 – 1865). 

P. BAROIS

CAP. RET. CHEV. DE LA Légion d'Honneur

décédé le 29 juillet 1861

âgé de 87 ans

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madame Anne Hyppolyte

Thirza Leconte veuve BAROIS

décédée le 26 août 1874

à l'âge de soixante-dix-neuf ans

elle fut pendant 57 ans organiste de la cathédrale

PRIEZ POUR EUX

 

(1) - La Grande Histoire se souvient d’un autre Pierre BARROIS (1774 – 1860), mais ces deux militaires ne sont pas parents : Général et comte de l’Empire, BARROIS, originaire de Ligny (Meuse) a servi presque aux mêmes dates et a pris sa retraite en 1848. Il s’est illustré sur de nombreux champs de bataille, dont Waterloo.

 (2) - Anne Thirza fut pendant 57 ans organiste de la cathédrale Saint-Etienne (où rien ne rappelle ce fidèle service !). Elle avait aussi de vrais talents de portraitiste et a exécuté de beaux pastels dont ceux de ses parents et de son mari.

 Remerciements appuyés à Michel et Julien BAROIS qui ont fait œuvre de chercheurs et d’historiens, sans lesquels ces lignes n’auraient pas pu être écrites, ainsi qu’à plusieurs autres descendants de Pierre qui ont participé en 1988 / 1989 à la collecte des informations et à la réfection de la tombe (à l’initiative de Michel BAROIS), aux Mairies de Cuy-Saint-Fiacre, de Boscroger-sur-Buchy et d’Auxerre, aux Musées de l’Armée (Paris - Invalides) et de la Légion d’Honneur (Paris), au Service Historique de l’Armée de Terre (Vincennes), au centre de documentation de la Marine (Toulon) et à leurs agents pour leur coopération efficace et à Olivier Genin pour ses travaux sur le Scipion…

 Patrick Barois

 Tout complément d’information sera le bienvenu !

Il est possible de consulter en ligne le dossier de Pierre Barois dans la base de données de la Légion d'honneur : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/leonore_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_1=Cnoms&VALUE_1=Barois&FIELD_2=PRENOMS&VALUE_2=Pierre&FIELD_3=DATE%2dNSS&VALUE_3=&FIELD_4=LIEU%2dNSS&VALUE_4=&FIELD_5=Nom%20de%20jeune%20fille&VALUE_5=&FIELD_6=SEXE&VALUE_6=%20&FIELD_7=COTE&VALUE_7=&NUMBER=1&GRP=0&REQ=%28%28Barois%29%20%3aNOM%2cNOM2%2cNOM%2dJF%2cNOM%2dMARI%2cSURNOM%2cNOTES%20%20ET%20%20%28%28Pierre%29%20%3aPRENOMS%20%29%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=9&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=100&DOM=All

 

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