Charles-Pierre-François AUGEREAU
(Paris 1757-1804-1816 La Houssaye-en-Brie (Seine-et-Marne) )
Maréchal de l'Empire
duc
de Castiglione
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I. - L'HOMME ET SON CARACTÈRE1
Voici un type remarquable d'aventurier heureux.
Augereau est de ces hommes sans scrupules, sans morale, sans probité, mais
riches de moyens, imposants d'aspect, respectables par leur audace et leur
force, à qui la vie n'offre que deux éventualités : le pinacle ou l'échafaud.
Après avoir côtoyé de bien près celui-ci, et non pas seulement pour ces raisons
politiques qui faisaient alors de n'importe qui un condamné, ce fut à celui-là
qu'il parvint.
Il était grand (Note : 1,78 m), bien découplé, large d'épaules et fort en muscles; il savait
cambrer le torse, tendre le jarret et dresser la tête à souhait. Son visage,
plus rusé que fin, plus hautain que noble, exprimait plus de cynisme que
d'assurance, et pourtant les honneurs et le succès finirent par lui donner l'air
de toutes les vertus, dont il ne montrait d'abord qu'une caricature adoucie.
Son caractère, par une conséquence logique, eut le même destin. Arrêté au moment
où il semblait devoir descendre, par chutes successives, jusqu'aux derniers
degrés de la bassesse et de l'infamie, il se reprit sans se relever tout à fait,
maintenu plutôt par les apparences et l'éclat d'un rang inespéré que par la
réalité d'un amendement d'ailleurs bien peu vraisemblable.
Sa dignité de maréchal lui permit du moins de n'encourir que les qualificatifs
vagues et mitigés de déprédateur, de concussionnaire et d'ingrat, dans des
actions dont l'auteur, placé moins haut, eût été justement qualifié de voleur et
de traître.
Bien loin, d'ailleurs, de lui donner sa grandeur comme excuse, il ne fautpas
hésiter à en accroître sa responsabilité et à flétrir comme elles le méritent
ses rapines effrénées et ses indignes palinodies.
Car il fut d'une avidité sans égale, acceptant, demandant, exigeant de toutes
mains selon l'occasion, ruinant les villes et les individus, accaparant avec
effronterie tout ce qui, en honneurs ou en argent, apparaissait de quelque
profit. On juge par là de ce que dut être sa reconnaissance pour l'empereur
vaincu. Il l'abandonna sans même tenter de colorer sa défection. Le vieux
républicain militant se mit aux pieds de Louis XVIII; puis, étonné par le retour
de fortune de 1815, il se prosterna devant Napoléon, qui repoussa ses avances
avec dégoût; enfin le roi lui-même, après Waterloo, dédaigna les courbettes de
sa troisième trahison. Ce fut le dernier coup pour Augereau, mis ainsi dans
l'obligation de vivre à l'écart, loin des bénéfices du pouvoir et des affaires
fructueuses.
L'Histoire lui sera d'autant plus sévère que sa carrière de soldat, souvent
heureuse, mais sans utilité et sans persévérance, est loin de contrebalancer de
semblables griefs.
Le maréchal Augereau mesurait 1,78 m.
II. — SON ORIGINE ET SA JEUNESSE
La seule excuse valable aux vices d'Augereau est moins sa modeste naissance que
la triste éducation qui en fut la conséquence. Il naquit à Paris, rue
Mouffetard, le 21 octobre 1757, d'un père maçon (d'autres disent ouvrier
tanneur) et d'une mère marchande des quatre-saisons. Le pauvre ménage habitait
une masure du faubourg Saint-Marceau, et le jeune Pierre-François-Charles, dont
les. parents travaillaient tout le jour, se trouva abandonné à lui-même et
réduit à trouver dans la rue une règle de conduite et des principes.
Vicieux, querelleur, sans but ni occupation, il s'engagea de bonne heure au
régiment de Bourgogne-cavalerie, d'où sa conduite le fit bientôt renvoyer. Mais
sa belle taille et son désœuvrement le signalèrent de nouveau à l'attention des
racoleurs. Le marquis de Pozanne, colonel des carabiniers, recherchait partout
les beaux hommes, On le lui amena, et il recueillit sans autre information. Le
marquis fut en cela mal inspiré, car un des premiers actes du carabinier
Augereau fut de s'enfuir avec ses chevaux qu'il alla vendre en Suisse: comme il
n'eût pas été prudent de rentrer en France après un tel exploit, il se fit
maître d'armes au Locle, d'où bientôt, pris par l'ennui, il partit pour Naples
et s'engagea dans les troupes napolitaines, où il devint sergent.
Il épouse en premières noces, Joséphine-Marie-Marguerite-Gabrielle Grach ou Jrach (1766-1806) à Naples en 1788.
Mais, toujours inquiet, il abandonna de nouveau le métier et rouvrit, à Naples
même, une salle d'armes qui eut assez de succès grâce à la protection du baron
de Talleyrand, ambassadeur de France. On doit dire, à la louange d'Augereau,
qu'il n'oublia jamais les bons offices du baron et fit dans la suite tout ce
qu'il put pour le lui témoigner.
Cependant la Révolution française était commencée. Augereau, qui en avait
ouvertement approuvé les principes, fut contraint de quitter Naples. De retour
en France, il s'enrôla parmi les volontaires. Intelligent, intrépide, jacobin
exalté, il acquit aisément, dans son corps, une influence due autant à son
courage qu'à ses opinions.
Ce fut en Vendée qu'il alla d'abord et d'où il rapporta le grade de chef de
bataillon. Devenu peu après adjudant-général, il passa à l'armée des Pyrénées,
sous Dugommier, se distingua à la prise de Bellegarde, au blocus de Figuières,
et parvint, en 1794,, au grade de général de division.
De là, il passe en Italie, en 1795, avec un : corps de douze mille hommes,
concourt à la victoire de Loano, emporte, en 1796, après une marche forcée, les
gorges sauvages de Millésimo, enveloppe les Autrichiens commandés par Provera et
les oblige à capituler.
Lors de la campagne de 1796-97 en Italie, il s'illustre à la bataille de Montenotte...
11-12 avril 1796 (22-23 germinal an IV) : Bataille de Montenotte
Montenotte Superiore : la route va d'ouest (extrême droite de l'image, vers
Altare) en est ,Montenotte Superiore, centre gauche de l'image (voiture).
...et à la bataille de Millesimo
13 avril 1796 : bataille de Millesimo
Vue sur Millesimo vers le nord, avec une Bormida particulièrement basse.
Vue accompagnant le mouvement des Français.
Le 13 avril, vers 3 heures, les Français opèrent l'encerclement des
positions de Provera par un mouvement fulgurant : Banel, de Biestro,
attaque les avant-postes piémontais.
Il fait descendre sur Millesimo le 3e
bataillon de la 39e demi-brigade qui franchit la rivière Bormida par le
pont de Millesimo, coupant du même coup les communications entre les
Piémontais.
puis lors de la prise du château de Cosseria le 14 avril
13 - 14 avril 1796 : combats au château de Cosseria
Vue à partir de la vallée vers le mont.
Au centre droit de l'image, on distingue les ruines du château de Cosseria.
Les 13 (jour de la bataille de Millesimo) et 14 avril (jour de la bataille de Dego) eurent lieu des combats au château de Cosseria. Le général Joubert tenta de s'emparer des ruines du château de Cosseria, défendues par le général Provera et, plus particulièrement par le colonel Del Carretto commandant les régiments Montferrato, Marina et Susa. On trouve plusieurs plaques sur les ruines du château.
Vue à partir du château, vers la vallée.
Vue sur la plateforme et les ruines du
château.
Puis, ayant occupé les redoutes de Monte-Zemolo, il fait sa jonction avec Sérurier et sépare définitivement les Sardes des Autrichiens. Il emporte ensuite le camp retranché de Ceva, Alba et Casal.
3-5 août 1796 : Bataille de Lonato/Castiglione
Le combat de Lonato, par Jean-Baptiste Mauzaisse.
5 août 1796 : bataille de Castiglione
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La bataille de Castiglione, par Victor Adam. 5 août 1796, 10h00. Bonaparte donne
ses ordres à partir du mont Medolano. Marmont y amène l'artillerie, tandis que
la division Augereau a commencé l'attaque centrale dans la plaine.
Panorama du champ de bataille de Castiglione près du monte Medolano.
Panorama du champ de bataille de Castiglione près du monte Medolano.
Mais c'est surtout au pont d'Arcole qu'il manifeste son courage.
Arcole : rive droite de l'Alpone.
La bataille du Pont d’Arcole, les 15-17 novembre 1796, par le
général (alors capitaine) baron Louis Albert Guislain Bacler d'Albe.
De droite à gauche : Bonaparte recevant la nouvelle du succès de l’assaut de la
32e demi-brigade (corps d’Augereau), Berthier chef d’état-major ordonnant de
faire soigner les blessés, le général Robert, ancien de la prise de la Bastille,
blessé à mort et, à gauche sur la jetée, Masséna repartant à l’assaut. Au
centre, le pont de bateaux construit par les pontonniers d’Andréossy, écroulé à
plusieurs reprises. Dans le lointain, Arcole en flammes, avec le fameux pont si
durement défendu par les Croates de l’armée autrichienne, ainsi que les troupes
d’Augereau achevant de repousser l’ennemi. Dans le fond, la retraite
autrichienne. D'après le livret du Salon de 1804.
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Le nouveau pont d'Arcole.
On connaît ce fameux pont de bois, jeté sur la rivière d'Alpone, qu'il fallait
franchir pour enfoncer les Autrichiens retranchés de l'autre côté de l'eau.
Vingt pièces de canon balayent sans relâche le pont et la chaussée, tandis, que
des maisons crénelées arrive une grêle de balles.
Déjà plusieurs tentatives ont échoué, les grenadiers eux-mêmes hésitent devant
le passage redoutable. Alors Augereau, exaspéré, saisit un drapeau et s'élance
sur le pont suivi de Bonaparte lui-même, en criant :
« A moi, enfants de la France, à moi ! »
Les troupes s'élancent; mais l'ouragan de mitraille est si meurtrier, les morts
s'amoncellent en si grand nombre, qu'il faut remettre à plus tard l'entreprise :
sept généraux ou officiers supérieurs avaient été tués!
On reprocha par contre à Augereau le massacre des habitants de Lugo, en Romagne.
Il ne fut pas sans excuse en cette circonstance. En effet, les troupes enfermées
dans la ville non seulement avaient refusé de se rendre,
ce qui n'eût été qu'honorable, mais encore avaient 'traîtreusement attiré
quelques dragons français dans une embuscade et les avaient exterminés jusqu'au
dernier. La fureur du ressentiment motiva de barbares représailles. Cependant la
campagne était à sa fin; les Autrichiens étaient chassés d'Italie; quatre armées
étaient anéanties. On signa le
traité de Campo-Formio, et Augereau, en reconnaissance de sa part dans cette
série de triomphes, eut mission de porter à Paris les drapeaux pris à l'ennemi.
Il devait aussi remettre au Directoire un ordre (lu jour de l'armée d'Italie,
aux termes duquel cette armée se déclarait prête à soutenir le gouvernement
contre les partis extrêmes également déchaînés : les jacobins, parce qu'ils
accusaient le Directoire agioteur et corrompu de méconnaître les principes de
la. Révolution ; les royalistes, parce qu'ils entrevoyaient dans la faiblesse de
l'autorité civile compromise et méprisée une chance de réaction et de
restauration.
Le Directoire, heureux de ce secours à peine espéré, un peu redouté aussi, jugea
qu'Augereau lui-même, brave, mais sans grande culture, serait un précieux
instrument, parce qu'une fois le besoin passé, il serait aisé de le compromettre
et de le discréditer, au cas où d'auxiliaire il tenterait de devenir un maître.
On le nomma commandant de la 17e division militaire.
Au 18 fructidor, quand les royalistes accusés de complot furent traqués jusque
dans la salle du Corps législatif, Augereau, bon serviteur de l'autorité,
conduisit en personne l'entreprise, arracha de sa main les épaulettes au colonel
Ramel et fit mettre les suspects au Temple. Cela lui valut le titre de Sauveur
de la Patrie, mais non la place de directeur qu'on lui avait promise.
Son ambition et sa cupidité en furent cruellement atteintes, et il comprit
seulement alors la prévoyante duplicité du Directoire, qui, afin de se
débarrasser de ses plaintes, l'envoya à l'armée de Rhin-et-Moselle remplacer
Hoche, qui venait de mourir.
Toutefois le général jacobin acquit aussitôt sur cette armée républicaine un tel
ascendant, qu'il y parut encore trop dangereux : on l'envoya commander la 106
division militaire à Perpignan.
Député en 1799 au conseil des Cinq-Cents, il arriva au moment où Bonaparte
revenait d'Égypte couvert de gloire et manifestement préoccupé d'un coup d'État.
Autant par jalousie que par conviction, il s'associa aux protestations de
Jourdan et alla jusqu'à proclamer que « la tête du général de Fructidor serait
jetée bas, avant qu'on osât rien entreprendre contre le gouvernement établi ».
En prononçant ces superbes paroles, Augereau croyait encore le gouvernement le
plus fort. Vite détrompé, il courut à Saint-Cloud, embrassa Bonaparte et lui
tint ce langage, un peu différent de l'autre
« Comment! Vous avez voulu faire quelque chose pour la patrie et vous n'avez pas
appelé Augereau? »
Le premier consul, reconnaissant d'une telle platitude, l'envoya à l'armée
d'Allemagne pour seconder Moreau; il s'y employa de son mieux, et le
traité de Lunéville le ramena en France.
Le 5 avril 1801,Augereau achète les terres et le château de la Houssaye-en-Brie, près de Melun, à Achille Gigault de Grisenoy. Il vit tranquillement dans ce château, qui date du XVIIe siècles, jusqu'en 1803.
Augereau est nommé maréchal de l'Empire, 19 mai 1804. Dix jours plus tard, le 29 mai 1804, il reçoit Napoléon, venant de Fontainebleau, en son château.
Augereau reparaît alors sur la scène publique et y continue ses inqualifiables palinodies. Lors de la cérémonie qui eut lieu à Notre-Dame pour célébrer la conclusion du Concordat, il descendit avec ostentation de sa voiture, refusa d'entrer dans la basilique et dit le lendemain à Bonaparte qu'il ne manquait à la cérémonie de la veille qu'un million de Français morts pour la destruction de ce qu'on voulait rétablir. Quelque temps après, à Fontainebleau, il se faisait pompeusement présenter au Saint-Père lui-même !
Sa première épouse, de santé précaire, meurt ici le 21 août 1806, et est inhumée sous une stèle dans le parc du château. Celle-ci mentionne:
Á LA MÉMOIRE
DE GABRIELLE JRACH
ÉPOUSE
DE M. LE MARÉCHAL D’EMPIRE AUGEREAU
DUC DE CASTIGLIONE
DÉCÉDÉE EN SON CHÂTEAU DE LA HOUSSAYE
ET INHUMÉE SOUS CE MONUMENT
DANS LA XLe ANNÉE DE SA VIE
LE XXI AOÛT MVCCCVI
III. — SA CARRIÈRE SOUS L'EMPIRE ET SA MORT
Maître d'une fortune fabuleuse ramassée un peu partout, fait maréchal par
Napoléon trop habile pour garder des rancunes, grand-croix de Charles III
d'Espagne, le farouche républicain, décidément apprivoisé, songea au remariage.
« Cherchez-moi, dit-il à son notaire, une jeune personne de bonne noblesse, sage
et pauvre ; je veux qu'elle me doive tout. On trouva la femme désirée dans la
famille de Chavannes, et Augereau, à l'étonnement de tous, se montra excellent
mari.
Lors de son remariage, le 23 février 1809, avec Adélaïde-Josèphe Bourlon de Chavanges (1789-1869) à La Houssaye-en-Brie, sa nouvelle épouse demande de transférer la sépulture de sa première épouse à un endroit "plus discret" au fond du parc ! Sa seconde épouse est nommée dame du palais de l'impératrice, par décret du 10 avril 1812. Elle se remariera, après la mort du maréchal, au comte Charles Camille de Sainte-Aldegonde.
En 1805, Augereau déploya, dans la campagne d'Austerlitz, des talents de
stratégie et son habituelle bravoure. De même à Iéna.
A Eylau, malade, hors d'état de se soutenir, il se fait lier sur un cheval,
commande, se bat, caracole au milieu d'une neige aveuglante, du feu et de la
mitraille. Une balle l'atteint, et il n'y prend garde qu'après la bataille!
Comme on le rapporte, blessé, sur un brancard, il rencontre Napoléon et lui dit
avec colère :
« C'est une indignité! tu nous envoies à la boucherie!
— Maréchal, riposta froidement l'empereur, vous allez retourner en France pour
vous guérir de vos blessures. »
Il dut en effet repartir et put se soigner jusqu'en 1809, époque à laquelle on
l'envoya commander en Catalogne.
11 décembre 1809.
La reddition de Gérone, le 11 décembre 1809. La garnison dépose les armes devant le maréchal Augereau, duc de Castiglione. Banc à Séville (Place d'Espagne)
Mais il n'y fut pas heureux, et, remplacé par Macdonald, il revint de nouveau
vers sa retraite de la Houssaye, où il demeura jusqu'en 1812.
Il avait été, entre temps, fait duc de Castiglione.
Lors de la campagne de Russie, on lui confia le commandement d'un des corps
destinés à couvrir les derrières de la Grande Armée. II établit son quartier
général à Berlin et témoigna au roi de Prusse les plus grands égards. Pais la
débâcle vint. Privé de ses troupes, sans renforts, il dut se replier devant les
cosaques arrivés jusque dans son palais, et vint prendre le gouvernement des
duchés de Francfort et Wurtzbourg. Il prit ensuite une part honorable à la
campagne de Leipzig.
16-18 octobre 1813 Bataille de leipzig
Apelstein 03 Augereau (Markkleeberg, Johannishöhe, angle Eigenheimstrasse / Markkleeberger Strasse)
N - Schlacht bei Wachau 16. Oktober 1813 Dr. Theodor Apel 1863
N
AUGEREAU Herzog v. Gastilione (sic) IX. Corps 10000 M.
3
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L'Apelstein 3 indique les positions du IXème Corps du maréchal Augereau le 16. Augereau est également mentionné sur l'Apelstein 33.
Apelstein 33 Poniatowski - Augereau - Oudinot (Dölitz, Rembrandtplatz)
Au nord-ouest de Dölitz, la stèle 33 regroupe de très nombreuses unités : le VIIIème Corps de Poniatowski, le IXème Corps d'Augereau et les 3ème et 4ème divisions du Ier Corps de Jeune Garde d'Oudinot. Le 18, ces troupes défendirent les environs de Connewitz et de Lössnig contre les attaques autrichiennes. (Cf. aussi les Apelsteine 3, 11 et 13.) Cette nouvelle stèle fut placée en 1997, l'ancienne fut transférée dans la cour de la Torhaus Dölitz.
On la trouvera non loin de l'Österreicherdenkmal de Lössnig.
N
PONIATOWSKI AUGEREAU VIII. u. IX. CORPS OUDINOT III. u. IV. DIVISION D. JUNG. GARDE 30000 M.
33 |
N Schlacht bei LEIPZIG am 18. October 1813 33. (?)
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Ensuite, Napoléon le mit à la tête de. l'armée de l'Est, formée à Lyon en 1814
Pour défendre le territoire de la France envahie. La confiance impériale, cette
fois, se trouva mal placée; car Augereau, installé sur le flanc et sur les
derrières des alliés, non seulement ne les inquiéta point et s'abstint de leur
faire le mal qu'il aurait pu leur faire, mais encore il capitula et sortit de
Lyon pour gagner Valence.
Il accueillit la chute de l'empire avec transport et couvrit son nom d'opprobre
par la proclamation fameuse où il disait :
«... Soldats, vous êtes déliés de vos serments par l'abdication d'un homme qui,
après avoir immolé des millions de victimes à son ambition, n'a pas su mourir en
soldat !... »
Un tel langage, naturellement admissible dans la bouche d'un adversaire de
Napoléon, constitue, au contraire, le plus dégradant témoignage d'impudeur et de
bassesse dans celle d'Augereau, qui avait vécu de l'empire-, qui l'avait
approuvé, qui en avait tout accepté, qui l'avait exploité sans la moindre
retenue.
Ayant rencontré le vaincu qu'on emmenait à l'Île d'Elbe, il eut le triste
courage de l'accabler de reproches, au moment où Napoléon; descendu de voiture,
s'avançait pour l'embrasser.
Une telle apostasie méritait une récompense. Le duc de Castiglione, devenu
courtisan assidu de Louis XVIII, fut fait par lui pair de France, chevalier de
Saint-Louis, et on vit l'ancien jacobin présider dans l'église de
Clermont-Ferrand un service anniversaire de la mort de Louis XVI, le 21 janvier
1815. Cela, joint à un toast retentissant en l'honneur du roi, lui valut le
commandement de la 14e division militaire.
Survint un événement auquel il ne s'attendait guère et qui le troubla
profondément : le retour de l'île d'Elbe.
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Le misérable trouvait ainsi moyen, tout à la fois, de flagorner l'homme qu'il
insultait naguère et de salir le drapeau qu'il courtisait la veille.
En dépit de son indulgence, que sa diplomatie rendait sans limites, Napoléon eut
le cœur levé par tant d'ignominie et refusa de recevoir Augereau.
Enfin ce fut Waterloo, suivi de la seconde Restauration. Le maréchal se hâta de
revenir à Louis XVIII ; mais le roi, révolté à son tour par un tel abaissement,
se contenta de lui rendre sa pairie et de l'inscrire parmi les juges de Ney,
sans lui permettre de se montrer à la cour.
Cette disgrâce équivalait à un exil. Augereau se retira à la Houssaye et y
mourut d'une hydropisie de poitrine (de nos jours on dirait œdème pulmonaire), le 12 juin 1816, chargé du mépris général.
Le maréchal Augereau décède le12 juin 1816 en son château de La Houssaye-en-Brie (Seine-et-Marne), d'une hydropisie de poitrine, c'est-à-dire d'un œdème pulmonaire...
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...et est enterré dans le cimetière jouxtant l'église Saint-Nicolas.
Monument funéraire d'origine du maréchal Augereau, et de sa belle-mère (et non
de son épouse, comme il est souvent dit) née Delaunay de Bourlon, marquise de
Chavanges, érigée par la seconde épouse du maréchal, Adélaïde-Joséphine dite
Adèle Bourlon de Chavanges, dans l'église Saint-Nicolas
CI-GÎT S. E. MONSEIGNEUR CHARLES PIERRE FRANÇOIS AUGEREAU MARÉCHAL ET PAIR DE FRANCE, DUC DE CASTIGLIONE. CHEVALIER DE L’ORDRE ROYAL DE LA LÉGION D’HONNEUR, GRAND DIGNITAIRE DE L’ORDRE DE LA COURONNE DE FER, GRAND CORDON DE L’ORDRE DE CHARLES III NÉ Á PARIS LE 27 OCTOBRE 1747 DÉCÉDÉ EN SON CHÂTEAU DE LAHOUSSAYE LE 12 JUIN 1816. --------------------------- DE PROFUNDIS. |
CI-GÎT |
ADELE DE CHAVANGES MARÉCHALE ET DUCHESSE DE CASTIGIONE
A CONSACRÉ CE MONUMENT AUX DEUX OBJETS DE SES PLUS CHERS AFFECTIONS
On notera la double erreur dans sa date de naissance, qui doit être le 21
octobre 1757 et non le 27 octobre 1747.
Île de France, maintenant Île Maurice.
Lors de la suppression de ce cimetière, leur corps ont été transférés dans la chapelle familiale (malheureusement anonyme) du comte Charles Camille de Sainte-Aldegonde, l'époux de sa seconde épouse, au cimetière du Père-Lachaise, dans la 59e division (deuxième ligne, face à la 58e division), avenue Circulaire. C'est alors que le monument funéraire est transféré dans l'église Saint-Nicolas de La Houssaye. La chapelle ne porte pas de nom, ce qui la rend difficile à identifier, mais le maréchal ne repose absolument pas dans une tombe anonyme, comme on le lit parfois !
Pierre Charles François Mal AUGEREAU, duc de CASTIGLIONE, PAIR DE FRANCE, décédé le 12 juin 1816. |
IV. — JUGEMENT DE NAPOLÉON
D'une proclamation au retour de l'île d'Elbe :
« Un homme sorti de nos rangs a trahi nos lauriers, son pays, son prince, son bienfaiteur. La défection du duc de Castiglione livra Lyon sans défense à nos ennemis... »
A Sainte-Hélène :
« Augereau, qui comme guerrier a de belles pages dans l'histoire, manquait essentiellement de ténacité dans le succès. Il était toujours comme fatigué, comme découragé par la victoire même*; il en avait toujours assez. Sa taille, ses paroles, ses manières lui donnaient l'air d'un bravache, ce qu'il était loin d'être quand une fois il se trouva gorgé d'honneurs et de richesses, lesquels d'ailleurs il s'adjugeait de toutes mains et de toutes manières; aussi ses défections resteront inséparables de son nom. Depuis longtemps, chez lui, le maréchal n'était plus soldat. Son courage, ses vertus premières l'avaient élevé très haut, hors de la foule ; les honneurs, les dignités, la fortune, l'y avaient replongé. Il eût pu laisser un nom cher à la France; elle réprouvera la mémoire d'un défectionnaire lors de nos grands revers. Du resté, il a dû sa conduitemoins à son cœur qu'à son peu de lumière et à son entourage. Augereau avait de l'habileté, du courage; il était aimé du soldat et heureux dans ses opérations.
Du testament de Napoléon (art. 6)
« Les deux issues si malheureuses des invasions de la France, lorsqu'elle avait encore tant de ressources, sont dues aux trahisons de Marmont, AUGEREAU, Talleyrand et de Lafayette. Je leur pardonne. Puisse la postérité française leur pardonner comme moi! »
Toutefois Napoléon ajoutait que c'est Augereau surtout qui décida de la journée de Castiglione, et que quelques torts que l'empereur eût à lui reprocher par la suite, le souvenir de ce grand service national lui demeura constamment présent et triompha de tout.
ÉTATS DE SERVICE D'AUGEREAU (CHARLES-PIERRE-FRANÇOIS), DUC DE CASTIGLIONE, NÉ LE 21 OCTOBRE 1757, A PARIS (SEINE)
GRADES, CORPS ET DESTINATION
A servi dans le régiment de Clark, en 1774, jusqu'en1776; passé dans les dragons d'Artois, en 1776; passé en Prusse, 1777 ; adjudant-major dans la légion germanique, 1791 ; capitaine au 11e régiment de hussards, 26 juin 1793; adjudant-général, 27 septembre 1793; général de division, 25 décembre 1793; commandant la 17e division militaire, 8 août 1797 ; général en chef des armées de Sambre-et-Meuse et de Rhin-et-Moselle, 23 septembre 1797; de l'armée du Rhin, 9 décembre 1797; commandant la 10e division militaire, 29 janvier 1798 ; membre du Corps législatif, en 1799; général en chef de l'armée de Batavie, 28 décembre 1799 ; général en chef du camp de Bayonne, en août 1804 , et du camp de Brest, en janvier 1804; maréchal de l'Empire, 19 mai 1804; commandant le 7e corps de la Grande Armée, en 1805; commandant en chef en Catalogne, 1e 1er juin 1809, et l'armée de Lyon, en 1814; commandant la 14e division militaire en 1814. Décédé le 12 juin 1816.
CAMPAGNES
Armée des Pyrénées-Orientales, des côtes de la Rochelle, de la Vendée, d'Italie, de Sambreet-Meuse, du Rhin et de Batavie, du camp de Brest, de la Grande Armée, d'Espagne, de la Grande Armée.
DÉCORATIONS
ORDRE DE LA LÉGION D'HONNEUR
Chevalier, 16 octobre '1803; grand-officier, 14 juin 1804; grand-croix, 2 février 1805.
ORDRES ÉTRANGERS
Espagne : Charles III, grand-croix, 25 juin 1805.
ADDITIONS AUX SERVICES ET DÉCORATIONS
Chef de la 15e cohorte de la Légion d'honneur, 1805; duc de Castiglione, 1808 ; pair de France, 1814 ; chevalier de Saint-Louis, 1814.
Texte : d'après
De Beauregard, Gérard,
Les Maréchaux de Napoléon, Mame, Tours, s.d. (1900).
Collection
Hachette : Maréchaux d'Empire, Généraux et figures historiques (Collection de
l'auteur)