Il continua de servir à
l'avant-garde de Moreau, le suivit dans le Hourecouck et au blocus de
Mayence, et se distingua sur la Blire, où il commandait une avant-garde ;
détaché, coupé de son corps d'armée, il fut obligé de se faire jour à
travers l'ennemi, qui le poursuivit pendant quatre lieues sans pouvoir
l'entamer ; il rejoignit le corps de Moreau sans autre perte que quelques
tués et blessés. En avant de Kreutsnack, il s'élança sur l'ennemi,
l'enfonça, et entra pêle-mêle dans la ville avec lui ; il fit 2.500
prisonniers de toutes armes au village de Sperimgliengnien, près de
Kreutsnack. Dans une reconnaissance, il chargea le régiment de Kerer
hussards, et lui fit éprouver une perte de 160 chevaux. Sur le plateau de
Partenheim, au blocus de Mayence, dans une sortie que fit l'ennemi, il
attaque sa cavalerie, forte de 1500 chevaux, l'enfonce, le poursuit, lui
prend 200 chevaux, et met 150 hommes hors de combat. A une autre époque,
dans les derniers jours de septembre, l'ennemi ayant fait une sortie de
Mayence, par un épais brouillard, l'armée attaqua et culbuta les
avant-postes, pénétra dans le camp et les bivouacs de la ligne, et mit tout
en désordre. Le colonel Trelliard qui se trouvait à l'extrême gauche, et qui
n'avait pas été attaqué, prit sur lui de quitter son poste pour se porter
avec son régiment où était le danger, et malgré le brouillard, le désordre
et la confusion, il se précipita sur l'ennemi ; après trois charges
consécutives et meurtrières, il arrêta ses progrès, reprit l'artillerie dont
il s'était emparé, et le força à la retraite. Dans une autre rencontre, au
village de Marienbonne, sous Mayence, il chargea l'ennemi, fit un bataillon
de pandours prisonnier et 120 hussards.
Lorsque le général Marceau
fut tué à Altenkirchen, il servit avec son régiment à la division du général
Grenier, passa le Rhin à la tête de cette division, et, chargeant les
redoutes en avant de Neuwied, il fit 2.000 prisonniers.
Il servit également à
l'avant-garde du général Souham, au commencement de l'an 7, en Suisse. Son
régiment n'eut aucune occasion de se distinguer à cette époque ; le colonel
Trelliard fut rappelé de près de Bâle, où il se trouvait, pour aller, comme
général de brigade, occuper le commandement de la cavalerie française en
Hollande. Il prit part aux différents combats qui eurent lieu à la déroute
de l'armée anglaise prés d'Alquemard ; il fit ensuite partie de l'armée
gallo-batave, commandée par le général en chef Augereau, et commanda
l'avant-garde du lieutenant-général Duhem. Il se distingua particulièrement
à Forkem, où il se trouvait à l'aile gauche de l'armée, combattit tout le
jour, en avant de cette ville, un corps autrichien, numériquement beaucoup
plus fort que celui qu'il commandait, contint l'ennemi par des manœuvres
hardies, et lui opposa la plus vive résistance.
Appelé au camp de Boulogne
le 21 frimaire an 13, il eut le commandement de la brigade de hussards de la
division du général Bournier, marcha en Allemagne, à Ulm et à Austerlitz, et
commandait, à l'ouverture de la campagne, l'avant-garde des grenadiers du
général
Oudinot ; il se distingua au combat de Wertinguen, à la tête des 9e et
10e de hussards, chargea l'ennemi, prit trois pièces d'artillerie, et fit
700 prisonniers. A Braunau, sur le Danube, l'ennemi, qui occupait encore
cette place, avait les ponts ; le général Trelliard fit mettre pied à terre
à une partie de ses hussards, s'empara des barques que l'ennemi avait
négligées d'emmener sur l'autre rive, passa le fleuve, entra dans la ville,
et en chassa l'ennemi. A Vienne, il eut ordre du grand-duc de Berg de
seconder le général
Bertrand,
aide-de-camp de l'Empereur, qui était chargé de s'emparer des ponts sur le
Danube. Il se porta ensuite avec sa brigade sur Stoerau pour éclairer le
corps du grand-duc de Berg, et dirigeait l'avant-garde ; il fit deux
bataillons prisonniers. Chargé d'occuper Wichau, ou Murarie, poste placé en
pointe en avant de l'armée, le général Trelliard reçut pour instruction de
ne point abandonner ce poste, qu'importe le nombre des assaillants. Les
Russes vinrent attaquer Wichau le jour même où il avait fait pousser des
reconnaissances sur toutes les directions, sans qu'on eût aucune nouvelle de
l'ennemi ; il se croyait en pleine sécurité, lorsqu’à onze heures du soir
les Russes culbutèrent ses postes avancés, et entrèrent pêle-mêle dans la
ville avec eux. Le général défend de monter à cheval, donne l'ordre que les
hussards se rassemblent de suite sur la place avec leur carabine, et bientôt
il chasse l'ennemi ; mais les Russes arrivent en force avec de l'artillerie,
et après une attaque de quatre heures, ils envoient au général Trelliard un
parlementaire lui annoncer que la place était bloquée par un corps
considérable, et le sommer de se rendre. Le général s'y refusa, parvint à
faire connaître sa position au grand-duc de Berg, qui était à 14 lieues, et,
jusqu'à l'arrivée des forces qui le firent débloquer, il se défendit avec la
plus grande intrépidité.
A la bataille d'Austerlitz,
il partagea avec l'armée la gloire de cette journée, fut envoyé le soir à la
poursuite de l'ennemi, et fit grand nombre de prisonniers.
Dans la campagne de Prusse,
en 1806, il eut le commandement de la division de cavalerie légère attachée
à l'avant-garde du 5° corps, commandé par le maréchal
Lannes. Le
10 octobre, appuyé par une brigade d'infanterie de la division
Suchet,
commandée par le général Reille, il chargea l'ennemi dans son mouvement de
retraite, le culbuta et le poursuivit. Le résultat de celle brillante charge
fut 6.000 prisonniers, avec trois généraux, trois drapeaux, et trente pièces
d'artillerie. C'est à cette affaire que le prince Louis de Prusse, qui
commandait ce corps ennemi, fut tué dans la charge par un sous-officier de
la division de cavalerie légère. A la bataille d'Iéna, le général Trelliard,
avec sa division, couvrait le flanc gauche du 5e corps ; il chargea quatre
carrés d'infanterie, fit 8.000 prisonniers, prit 4 drapeaux, 2 généraux, et
8 pièces d'artillerie. Envoyé à la poursuite du corps prussien, commandé par
le général Blücher, qui se retirait sur Lubeck, il atteignit deux fois son
arrière-garde, et lui fit bon nombre de prisonniers. Arrivé à Stettin, sur
l'Oder, le maréchal
Lannes le
détacha avec sa division pour aller à la poursuite de l'ennemi jusqu'à la
Vistule. Il s'acquitta de cette mission avec un plein succès, fit grand
nombre de prisonniers, et força l'ennemi à passer le fleuve ; il traversa la
Vistule, toujours formant l'avant-garde du maréchal
Lannes.
Au combat de Pultusk, où le
maréchal et le 5e corps firent des prodiges de valeur, le général Trelliard
fut grièvement blessé ; le maréchal lui envoya le soir un officier lui dire
que l'empereur l'avait nommé général de division, en récompense de sa
brillante conduite durant cette campagne.
Aussitôt que sa blessure lui
permit de monter à cheval, il sollicita auprès de l'Empereur la permission
de retourner à l'armée. Il fut envoyé en Espagne dans les premiers jours de
1808, où il fut chargé du commandement de la province de Vitoria, passa en
Castille, et y fit une guerre active au corps espagnol et aux bandes de
guérillas.
Appelé en 1809 à la Grande
Armée, en Allemagne, il ne put arriver assez à temps pour prendre part aux
brillantes actions de cette campagne.
Renvoyé, en 1810, en
Espagne, il y fit les campagnes de 1810, 1811, 1812 et 1813, tant en Espagne
qu'en Portugal ; il commandait en Portugal la réserve de cavalerie, se
distingua avec sa division à Coïmbre, et lorsque l'armée fit sa retraite. Au
retour du Portugal, il fut appelé à Madrid pour commander la cavalerie
légère de l’armée du centre ; envoyé ensuite dans la Manche, il prit le
commandement de cette province, et celui de la 4e division de dragons. Il
eut à combattre les troupes espagnoles, qui cherchèrent à s'en emparer, et
les corps nombreux de guérillas qui infestaient cette province. Le général
Morillo, avec un corps d'infanterie de 5.000 hommes, 500 chevaux, et 5
pièces d'artillerie, voulait prendre Almagro, ville au centre de la Manche ;
le général Trelliard, prévenu de la marche du général espagnol, part à
minuit avec 300 chevaux, une pièce d'artillerie légère, et arrive à Almagro
à la pointe du jour, au moment où le général Morillo attaquait les
faubourgs ; il charge de suite en flanc sa colonne, en lui envoyant un seul
coup de canon ; met en fuite la cavalerie et l'infanterie, fait grand nombre
de prisonniers, et le chasse de la province. Lorsque le roi Joseph fit sa
retraite de Madrid sur Valence, le général Trelliard fut chargé de couvrir
ce mouvement avec la 4e division de dragons qu'il commandait, forte
seulement de 1.100 chevaux ; il attaqua l'avant-garde anglaise, qui avait
1.500 chevaux, 5 batteries et 5 pièces d'artillerie, se dirigeant sur Madrid
; il culbuta l'ennemi entre les villages de Majahonda et la Rosa, lui prit 3
pièces d'artillerie, 200 chevaux, tua 100 hommes, et en mit 400 hors de
combat. Cette affaire est un des plus beaux faits d'armes de cavalerie par
l’opiniâtreté de l'ennemi, qui revint trois fois à la charge dans
l'espérance de reprendre son artillerie ; ce ne fut qu'à la dernière qu'il
fut enfoncé. Cette brillante action assura la tranquillité, la marche du roi
sur Valence, et celle d'un convoi de plus de 2.000 voitures, la plupart
remplies d'habitants de Madrid, qui emmenaient avec eux leur famille.
Le 1er janvier
1814, il fut appelé de l'armée d'Espagne à la Grande Armée en Champagne,
avec la 2° division de cavalerie qu'il commandait. En avant de Nangis, le 15
février, à la tête de sa division, soutenue par le corps du comte Gérard, il
attaqua et culbuta l'avant-garde russe, lui prit 16 pièces de canon, fit
5.000 prisonniers, et la poursuivit jusque sous Provins. Le 24 du même mois,
avec la 2e brigade de sa division, il attaqua l’arrière-garde autrichienne,
qui se retirait de la Maison-Blanche sur Bar-sur-Seine, entama cette
arrière-garde à la hauteur de la Maison-Blanche, lui fit 1.200 prisonniers
d'infanterie, prit un drapeau, poursuivit la cavalerie pendant cinq lieues,
fit prisonniers 100 canonniers ou chevau-légers, tua bon nombre d'hommes, et
en mit 200 hors de combat. A
Arcis-sur-Aube, il soutint et couvrit la retraite du corps commandé par
le maréchal Oudinot, et quoique l'ennemi le foudroyât de son artillerie et
du feu de son infanterie, il fit sa retraite par le Chène1, et par sa
contenance et sa fermeté empêcha l'ennemi de l'entamer.
Nommé gouverneur de
Belle-Isle-en-Mer, au mois de juin 1814, il a été mis à la retraite le 18
octobre 1815, après 35 ans de services. Il jouit (1825), dans sa famille, de
l'estime de ses concitoyens. Compris dans le cadre de réserve, le 7 février
1831, il fut admis de nouveau à la retraite le 1er mai 1832 et décéda à
peine deux semaines plus tard, le 14 mai 1832 à Charonne (Paris).
Comte de l’Empire,
commandeur de la Légion d'honneur (14 juin 1804), chevalier de Saint-Louis;
le nom du général Trelliard est inscrit au côté Est de l’Arc de Triomphe.