La retraite, par Namur et Charleroi

 

Quand, sur le point de marcher sur Bruxelles, Grouchy, victorieux à Wavre, avait appris la défaite de l'Empereur, sa situation est dramatique : il doit gagner Givet par Namur et Dînant mais il est isolé derrière les armées ennemies qui, à tout moment, pourraient lui couper la route et anéantir ses 32.000 hommes !

 

D'abord, ii envoie la brigade des dragons d'Exelmans se saisir de Namur et il divise ses autres forces en deux colonnes : celle de droite - le 4e Corps - il la dirige vers Gembloux; celle de gauche -le 3e Corps - vers Grand-Leez, la cavalerie de Pajol étant chargée de les protéger et de garder le contact avec les Prussiens.

Une poursuite tardive

 

Ceux-ci n'engagent que tardivement la poursuite. Le 2e Corps de Pirch, 1er et 2e Corps de von Thielmann ne quittent leurs bivouacs que le 20 juin dans la matinée alors qu'Exelmans a déjà gagné Namur et occupé les ponts de la Sambre et de la Meuse, Vandamme, avec le 3ème Corps reçoit l'ordre de protéger la retraite du 4e Corps. Il prend ainsi position dans les faubourgs et tient tête aux Prussiens.   Dans «Waterloo 1815», Houssaye écrit à ce sujet : «La cavalerie, tout le 3ème Corps, les convois entrent dans Namur. Les Prussiens y étaient exécrés. Les Français en retraite y apportent les risques terribles de la guerre. Ils n'en sont pas moins reçus en amis. La municipalité fait distribuer 100.000 rations de pain et 100.000 rations d'eau de vie. Les femmes apportent, jusque sous les balles, des vivres aux soldats et des secours aux blessés.

 

Des vétérans des campagnes napoléoniennes en voyant arriver cavaliers et fantassins français se joignent à eux pour reprendre le combat..

 

Protégés par la division Treste, les 3e et 4e Corps réussissent à passer la Sambre avant la nuit et à s'engager le long de la Meuse en direction de Dinant. Avec huit pièces de campagne et quelque 2.000 hommes répartis sur les remparts aux trois portes de l'est : les portes Saint-Nicolas, de Louvain et de Fer, le général Teste repousse deux attaques prussiennes et parvient à s'échapper par la porte de France. Les colonels von Bismarck et von Zastrow furent tués dans l'engagement. Le lieutenant Fauville, natif de Patignies, de la division Teste est tué dans l'arrière-garde dont les morts reposent au cimetière de Namur (Belgrade).

Pirch n'osa pas poursuivre les Français, bien que ceux-ci n'avaient pu, faute de moyens, détruire le pont de la Sambre.

Toutes les troupes de Grouchy se trouvaient ainsi réunies.

«Vous avez rendu à la France un service qui sera apprécié de tout le monde» : tel fut l'éloge que le maréchal reçut, quelques jours plus tard du ministère de la Guerre.

Mais il est toujours sans ordre quant à la direction à prendre. Après avoir consulté ses chefs de corps, il décide de marcher sur Reims par Rocroi.

 

Quant à l'armée vaincue à Waterloo, elle tentait de se reformer et de se concentrer sur Laon. Mais elle ne comptait plus qu'environ 25.000 hommes, dont bon nombre étaient désarmés, et une trentaine de canons !

 

Les derniers jours

 

Quant à Napoléon après avoir fait transmettre à Grouchy un ordre de repli sur Namur et Givet, l'Empereur vaincu a quitté le champ de bataille en voiture, accompagné de ses fidèles Bertrand, Drouot, Gourgaud...

 

A Genappe, c'est la cohue, la confusion la plus complète. Napoléon doit abandonner se berline qui est pillée par les Prussiens. Il faillit même être fait prisonnier. Blûcher le suit de très près, mais celui-ci s'arrête au «Roi d'Espagne» pour y passer la nuit. Il y rend même visite au général Duhesme, mortellement blessé, tandis que les Prussiens continuent leur poursuite, sabrant sans pitié les trainards des troupes françaises en déroute.

 

Quand Napoléon repasse par Charleroi vers 5 heures du matin, il y trouve la même pagaille qu'à Genappe : voitures, chariots, pièces de canons prises à Ligny encombrent les places et les rues.

 

L'unique pont sur la Sambre est obstrué par des voitures qui ont dévalé la rue de la Montagne. Le sergent Mauduit souligna dans ses souvenirs, que «La perte des Français eut été plus considérable sans la généreuse sollicitude que leur témoignaient les habitants. « Lors de notre retraite, ils nous prodiguèrent des témoignages d'intérêts non moins attendrissants et non moins précieux bravant la colère des féroces Prussiens».

 

De Charleroi, l'Empereur repartira à cheval, vers Philippeville où il arrivera à neuf heures du matin. Il pense à rallier l'armée et envoyé des instructions aux commandants des places de Givet, d'Avesnes, de Maubeuge : «Tout n'est pas perdu », écrit-il, « en réunissant mes forces, les dépôts, les gardes nationales, j'aurai 300.000 hommes à opposer à l'ennemi».

Il veut être à Paris pour le 21 juin, et il prend la route de Rocroi, La Capelle, Laon où il arrive le 20 juin vers 7 heures du soir...

Le 21 juin, peu après son arrivée au Palais de l'Elysée, l'Empereur convoquait un Conseil des Ministres pour y discuter de la situation et des mesures à prendre.. Le lendemain, dans une dernière déclaration au peuple français, il renonçait à sa «vie politique» et proclamait son fils «Empereur des Français», sous le titre de Napoléon II...

 

Léon RUQUOY




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