Le dernier carré

 

Quand se déclenche la contre-attaque alliée, les derniers bataillons de la Garde se forment en carré tandis que Durutte perd à nouveau la ferme de la Papelotte et que les combats font rage dans Plancenoit en flamme qui sera bientôt occupé par les Prussiens. Vers 19 heures 30, alors que Pirch vient renforcer Bulôw, Morand reçoit l'ordre de reprendre Plancenoit avec deux bataillons de la Vieille Garde. Les Prussiens sont rejetés à plus de 500 mètres de l'église.

La Jeune Garde reprend vigueur et le dispositif de défense de Lobau redevient opérationnel. Au cours des combats menés par la Jeune Garde, nous retrouvons parmi les tirailleurs les lieutenants Colson de Jupille, Lebon de Bruxelles, Urbain de Philippeville et Louis de Jodoigne.

Les Prussiens possèdent tous les atouts dans leur jeu. Les Anglo-Néerlandais sont à bout de souffle. Leur situation est des plus précaires. Mais, les ordres de Wellington étaient de «tenir jusqu'au dernier homme». La pression prussienne se fait de plus en plus sentir. Le 1er bataillon du 1er chasseurs s'est déployé à l'est du Caillou. Il bloque l'attaque prussienne. Sur les hauteurs de Rossomme un peu au sud de Belle Alliance, l'ennemi est attendu de pied ferme par le 1er régiment des Grenadiers de la Garde.

 

Il est un peu plus de 20 heures lorsque l'Empereur aperçoit toute la ligne ennemie se lever. Napoléon tente le tout pour le tout. Il forme en carré à environ 150-200 mètres au sud de la Haye Sainte les 4 Bataillons de la Garde encore disponibles qu'il protège contre la cavalerie ennemie par l'envoi au feu des 4 escadrons de service dont il dispose. Dans les rangs du 4e Chasseurs de la garde, le capitaine Montigny de Tournai sera blessé deux fois.

 

Malgré l'héroïque résistance des carrés et le combat retardateur mené par Bachelu et Foy, il n'y a plus rien à faire. C'est la retraite. Le colonel Crabbé de Bruxelles, officier d'ordonnance de l'Empereur, est grièvement blessé, et mourra un an plus tard.

 

La manœuvre d’enveloppement des restes de l’armée française échouera grâce aux combats d’arrière-garde menés par les unités de la Garde d’une part à Plancenoit, d’autre part près de la Belle Alliance.

 

L’empereur gagnera Genappe où se trouvent sa berline et les rescapés de l’armée française refluant vers le sud. Pendant ce temps, on se bat encore dans la région de Wavre.

 

La réussite de cette campagne dépendait de la rapidité d’exécution. Mais contrairement au remarquable rassemblement des 125.000 hommes, le 12 juin, après le passage de la Sambre, tout fut lent…

Pierre Couvreur