Un des combats les plus terribles de l’Histoire

 

L'attaque de Ligny commence peu après 15 heures par une vive canonnade en direction de l'artillerie prussienne. Gérard, commandant le 4e Corps, dispose de 18 bataillons des divisions Vichery et Pescheux. Le 12e d'infanterie sépa­ré en plusieurs colonnes et précédé de tirailleurs, se porte sur Ligny.

Les Français s'avancent au roulement des tambours, au son des fanfares, aux cris de «Vive l'Empereur» au devant des Prussiens silencieux, retranchés dans les maisons, les cours, les jardins. La première attaque échoue.

 

Seul le 30ème de Ligne commandé par le général Rome parvient jusqu'à la place de l'Eglise, mais ne peut s'y maintenir. 3 chefs de bataillon, 19 officiers et 500 hommes sont hors de combat.

 

UN TEMOIGNAGE

 

Dans ses «Mémoires», le capitaine François nous a laissé le récit de l'attaque du centre de Ligny.

... «Arrivés devant l'église, l'ennemi nous arrête ; dans des maisons, derrière des murs, sur les toits, il nous fait éprouver une perte considérable, tant par sa mousqueterie que par son artillerie à mitraille et à boulets... des officiers et des centaines d'hommes sont tués et blessés. Moi, Je n'eus que des contusions légères. Depuis longtemps, je ne m'étais battu avec tant d'intrépidité et de dévouement.

Le régiment fut aux deux tiers détruit, sans recevoir de renfort, ni ordre. Malgré l'échec éprouvé, le bataillon fit environ 500 prisonniers. Les soldats nullement rebutés après leur échec marchèrent en avant. Le capitaine Christophe fit battre la charge, le bataillon rentra dans le village ; il fut repoussé. Il se rallia et y pénétra encore trois fois pour éprouver le même revers. Alors, le général Romme nous chargea, le capitaine Christophe et moi, de prendre 100 hommes et de tenter un nouvel effort. Le général se mit à la tête de notre groupe, suivi du 95° régiment.

Arrivé au chemin creux, j'ordonnai le silence. Sur le point d'entrer dans le village, un peloton prussien commandé par un officier se trouva vis-à-vis de moi. Nous fûmes surpris tous deux de nous voir si près l'un de l'autre... Je me baissai et commandai : «Arme, joue, feu !» Le peloton prussien en fit autant et quoique en avant je ne fusse pas atteint mais il y eut des morts et des blessés de part et d'autre. Je reçus bien une balle mais elle s'arrêta dans mon grand collet roulé en sautoir où je la retrouvai le soir. Elle m'avait fait une contusion au sein gauche...»

 

A TONGRINNE

 

La bataille pour Tongrinne se borne, au début, à un échange de coups de canon, alors que la cavalerie de Grouchy bloque le III8 Corps prussien sur ses positions. Ce n'est que vers 16 h que les tirailleurs de la division Hulot attaquent le hameau de Tongrenelle, mais sont repoussés. Une heure et demie plus tard, les postes prussiens retran­chés à l'extrême gauche dans Soignée et Balâtre en sont chassés par la cavalerie de Pajol.

Mais l'Empereur, tout comme Blücher, sont forcés de dégarnir ce front pour sou­tenir, l'un son aile gauche, l'autre sa droite où les enga­gements sont de plus en plus meurtriers. Le «Journal Militaire Autrichien» (1819) rapporte le récit de ces combats :

«Rarement on a vu chose semblable : qu'on se figure ces maisons, ces granges, ces étables en feu, ces nuages et ces flammes, l'odeur suffocante de la poudre qui prend à la gorge, les cris des combattants, les poussées brutales, féroces, le corps à corps. C'est homme à homme que l'on s'attaque avec toute la fureur de la haine personnelle. Il semble que chacun rencontre dans son adversaire un ennemi mortel.

Puis le crépitement incessant de la fusillade mêlé au râle des obus qui crèvent et à l'assourdissant fracas de la bataille qui ait trembler le sol et les maisons ; la chaleur qui s'augmente des incendies et affole ces soldats énervés par la durée et la sauvagerie de la lutte, par la vue de tous ces hommes qui tombent pour ne plus se relever...»

Cinq heures à peine, l'Empereur décide d'en finir ; l'ordre est donné à la Garde de marcher sur Ligny. Mais à mi-chemin, les trois colonnes qu'elle forme sont arrêtées. Napoléon vient de recevoir un message de Vandamme lui annonçant qu'une troupe ennemie débouche sur sa gauche. Un aide de camp est envoyé en reconnaissance... Cette troupe n'est autre que le 1" Corps de Drouet d'Erlon qui hésite entre les Quatre-Bras et Ligny et s'est porté sur Gosselies !

 

«LA VICTOIRE EST A NOUS»

 

La Garde reprend sa progression. La Jeune Garde de Duhesme marche sur Saint Amand qu'elle enlève à la baïonnette. Blücher réagit ; il dégarnit son centre pour tenter de reprendre cette position.

Il est plus de sept heures, l'Empereur rassuré prend la tête de ses réserves et se porte sur Ligny. Les 21 bataillons prussiens qui occupent le centre du village sont épuisés par les attaques répétées du 4ème Corps de Gérard. Il fait très chaud, l'orage menace et bientôt éclate.

 

La Garde aborde Ligny de trois côtés et emporte enfin la place, pratiquement sans combattre. Les cuirassiers de Delort gagnent les hauteurs de Brye et rejettent les Prussiens sur ce village où l'arrière-garde passera la nuit.

Mais Blücher n'a pas renoncé. Entre-temps, il s'est porté sur Saint-Amand qu'il s'entête à vouloir reprendre. Trois charges de cavalerie ont échoué. Rageur, il prend la tête du 6e Ulhans et lance une dernière attaque. Mais son cheval frappé d'une balle s'effondre emportant sous lui son cavalier. Etourdi par sa chute, Blücher sera sauvé par son aide de camp et par la nuit tombante qui dissimulera la scène aux dragons français Et pour la dernière fois retentira sur le champ de bataille «La victoire est à nous» !

 

 

Selon Gneisenau, cette bataille de Ligny du 16 juin 1815 fut « l'un des combat les plus terribles de l'Histoire ».

 

D'après le Grand Etat-Major de Berlin, les pertes des Prussiens s'élevèrent à 20.448 Hommes, dont 406 officiers soit 3.607 tués, 8.270 manquants et 8.270 blessés. Ils perdirent aussi 1.986 chevaux Quant aux Français, leurs pertes varient selon les auteurs de 6.800 tués et blessés d'après Gourgaud,  13.800 pour Mauduit.

 

Léon RUQUOY

 




 

© AFEW 2010
www.afew.be