Y avait-il des "Belges" à Waterloo ?

 

Les habitants des départements qui en 1830, formeront les départements (rebaptisés : "provinces") de la jeune Belgique, étaient des Français depuis 1796, en vertu d'un traité international. En septembre 1814, le traité de Vienne les a fait dépendre du Royaume des Pays-Bas. Il n'y avait donc pas de «Belges» à cette époque, donc pas d'unités belges à Waterloo. Les «futurs Belges» combattant pour les alliés faisaient partie de l'armée néerlandaise. Leur nombre dans le camp allié était inférieur à 4.000, alors qu'il était de 5 à 6.000 dans les troupes de Napoléon durant les 100 jours.

C'est surtout après 1830, pour créer un sentiment national belge que l'on s'est mis à écrire à propos de «hollando-belges», faisant oublier qu'à Waterloo, la majorité des futurs Belges se trouvaient dans l'armée française. Le lieutenant-colonel Bikar l'a très bien démontré, indiquant que les unités du contingent hollandais composées de futurs Belges dont on avait exalté le courage et les pertes, comptaient en réalité un nombre record de déserteurs, non par lâcheté mais parce qu'ils ne voulaient pas combattre leurs anciens compagnons d'armes dans l'armée française, en face.

 

Ainsi, le régiment «belge» de «Huzaren n°8» a perdu, selon certains, 132 tués sur un total de 439. D'où bien longtemps après 1815, les velléités de certains historiens militaires de récupérer cette gloire au profit d'un régiment belge qui en tirerait ses traditions.

Cela dit, voici les noms de quelques « anciens combattants de Waterloo» que l'on retrouvera dans la future armée belge, après 1830.

 

1. Dans les rangs français:

 

- BRIALMONT Mathieu-Laurent-Joseph, capitaine d'état-major, commandeur de la légion d'honneur. En Belgique : lieutenant général et ministre de la guerre.

- de FOURNEAUX de CRUCQEMBOURG Victor (comte), chef d'escadron au G.Q.G. de l'Empereur Commandeur de la légion d'honneur. En Belgique : lieutenant général comman¬dant la division de grosse cavalerie. (N.B. A Waterloo, son frère est aide de camp du prince d'Orange).

- de TIECKEN de TERHOVE Marie-Michel, colonel-major aux lanciers rouges de la Garde, officier de la légion d'honneur. En Belgique : lieutenant général commandant l'armée de l'Escaut en 1830.

- DUPONT Pierre-Louis lieutenant au 2e régiment d'artillerie à pied. En Belgique : lieutenant général, ministre de la guerre, 1er colonel du 1er régiment d'artillerie, inspecteur général de l'artillerie.

- BOUTHAY Henry-Noël, chevalier de la légion d'honneur. Capitaine aide de camp du général comte Lobau ; blessé trois fois le 18 juin 1815. En Belgique il sera général-major.

- WILLMAR Jean-Pierre, capitaine au 2e génie. Chevalier de la légion d'honneur. En Belgique : lieutenant général, aide de camp du roi Léopold 1er, ministre de la guerre.

LISTE D'OFFICIERS BELGES QUI ONT participé à LA BATAILLE DE LIGNY sur le site des Amis de Ligny

 

2. Dans les rangs néerlandais :

 

- CLUMP Ignace, capitaine au 31e de milice et vient du 25e de ligne français, chevalier de la légion d'honneur (1807). En Belgique : lieutenant général, 1er colonel du 4" de ligne en 1830.

- CRIQUILLION Maximilien, Capitaine au 2ème régiment de carabiniers, était capitaine au 3e lanciers français. Chevalier de la légion d'honneur le 17 mars 1815. En Belgique : général major, 1er colonel du régiment de cuirassiers.

- du VAL de BEAULIEU Edouard, major au régiment des dragons légers n° 5. Ancien chef d'escadron au 3e régiment de garde d'honneur français. Chevalier de la légion d'honneur le 11 octobre 1812. En Belgique : lieutenant général.

- DUVIVIER Ignace, colonel commandant le régiment des hussards n° 8. Ancien colonel du 16e chasseurs à cheval français. Baron de l'empire, officier de la légion d'honneur en 1814. En Belgique : lieutenant général de cavalerie.

- GOBLET d'AVIELLA Albert, capitaine en second. Ancien capitaine en premier au 1er régiment du génie français. Chevalier de la légion d'honneur le 25 novembre 1813. En Belgique : lieutenant général, inspecteur du génie et des fortifications. Ministre de la guerre, ministre d'état et ministre des affaires étrangères. (N.B. Goblet se trouvait dans l'armée du maréchal Soult en 1813 et 1814. Il a été fait prisonnier par Wellington en Espagne. Son frère Louis, sous-lieutenant au 61e de ligne, est mort à la campagne de Russie).

- L'OLIVIER Jean, capitaine au 39ème de milice. Etait chef de bataillon au 11e corps d'armée française en 1814. Chevalier de la légion d'honneur (1809). En Belgique : général major, 1er colonel du 7e de ligne.

 

Pour en savoir plus :

(1) Le drame belge de Waterloo - général-major Hre H.J. COUVREUR, Ed. Brépols, Bruxelles 1959.

(2) Les Wallons dans la Grande Armée-général H.J. COUVREUR, Ed. J.Duculot, Gembloux 1971.

 

P.C. et J.E.H.





 

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