Les fautes, les retards et les négligences accumulés par les Français le 17 juin furent à la base de leur défaite du 18 juin. La pierre angulaire de la victoire des Alliés revient sans aucun doute à la clairvoyance de Gneisenau. Si les Prussiens ont perdu le 16 juin, ils ont gagné le 17 juin en réalisant une magnifique manœuvre entre les deux blocs de l'armée française, même si l'exécution du mouvement de repli prussien ne fut pas un modèle du genre. Et quand, le 17 juin vers 14 heures, constatant que le gros des Anglo-Néerlandais refluent vers Bruxelles, Napoléon prend le commandement de toutes les forces et marche à leur poursuite. De crainte que Wellington lui échappe...
Sa cavalerie d'avant-garde harcèle la cavalerie d'arrière-garde de Wellington commandée par Uxbridge. Mais, un violent orage ralentit la poursuite. Suivent dans l'ordre: le 1er Corps, le 6e Corps, la Garde, la cavalerie de Kellermann et le 2e Corps.
Dos à la forêt
Vers 18 heures 30, l'Empereur arrive au niveau de «la Belle Alliance» précédé par la cavalerie de Jacquinot. Les 1ère, 2e et 3e divisions du 1" Corps se sont déjà déployées entre Belle Alliance et la ferme de Montplaisir. L'Empereur fait ouvrir le feu par quelques pièces d'artillerie à pied. La réponse du feu adverse annonça que Wellington s'était installé le dos à la forêt de Soignes. Le dispositif adverse est démasqué.
L'Empereur est donc fixé et attribue leur emplacement aux différents Corps au fur et à mesure de leur arrivée. Il range son armée en bataille. Il établit son Q.G. à la ferme du Caillou. La Garde de ce Q.G. est confiée au commandant Duuring, originaire de Hollande et chef du 1er Bataillon du 1er Chasseurs à pied de la Garde Impériale. Le vaguemestre n'est autre que le capitaine Coignet dont certains descendants habitent la région de Charleroi.
Wellington de son côté a installé son Q.G. en face de l'église de Waterloo, à l'auberge Bodenghien.
Depuis l'aube du 17 juin, il a décidé de déployer son dispositif au sud du plateau du Mont-Saint-Jean. Il a choisi une position solide où il devra résister jusqu'à l'arrivée des Prussiens. Le chemin de crête, c'est-à-dire celui qui relie Ohain à Braine-l'Alleud, bloque très bien la route de Bruxelles.
L'Empereur souhaitait atteindre Bruxelles en fin de journée. Depuis Ohain jusqu'au croisement du chemin avec la route de Charleroi-Bruxelles, la crête qui borde le chemin est hérissée de haies d'aubépines assez hautes. La pente pour y accéder est raide.
Le piège anglais
Par contre, la pente située de l'autre côté du chemin est douce: c'est un terrain rêvé pour disposer les batteries d'artilleries sur la crête et abriter l'infanterie sur la contre-pente. Elle voit sans être vue. Sur le segment de route reliant le carrefour précité à Braine-l'Alleud, s'étend sur une longueur d'environ 400 mètres le fameux chemin creux bordé par des talus de plus d'un mètre de haut. Ce chemin sera un véritable «boyau de la mort». Actuellement, il n'existe plus.
La position est protégée par de solides bastions, avant-postes dont la résistance doit amortir la puissance des assauts adverses. Il s'agit des fermes d'Hougoumont, de la Haie Sainte, de Papelotte, de la Haie et du château de Fichermont. Les champs sont recouverts de seigle, d'avoine et d'orge qui ont atteint en ce mois de juin une hauteur d'environ un mètre.
En face, du côté sud, où se déploie l'Armée impériale, signalons le plateau de la Belle Alliance au sud de laquelle se situent les fermes de Rossomme, la maison du Roi et la ferme du Caillou. Le champ de bataille n'est donc pas très vaste: 5 km d'ouest en est et 2,5 km du nord au sud. C'est une plaine vallonnée qui couvre Braine-l'Alleud et Plancenoit (Lasne). Ce qu'on appelle communément «Bataille de Waterloo» devrait plutôt s'appeler «bataille de Plancenoit» ou à la rigueur «bataille de Mont-Saint-Jean».
Pierre Couvreur