Quelques erreurs qui pèseront lourd...

 

Le matin du 17, Napoléon ignore ce qui s'est passé aux Quatre-Bras. Il veut savoir si Ney s'est opposé à toute l'armée «anglo-néerlandaise» ou s'il s'est agit d'un combat d'arrière-garde. L'Empereur craint que l'armée de Wellington ne lui échappe. Wellington ayant appris à l'aube la victoire de l'Empereur à Ligny et, ne voulant pas être attaqué avec toutes les forces adverses aux Quatre-Bras, décrète le repli, vers Mont-Saint-Jean, de ses troupes encore en position aux Quatre-Bras (Clinton et Colville).

Il fera couvrir ce repli par la cavalerie d'Uxbridge, de Vivian et de Grant. Ce repli qui a commencé vers 10 heures s'est effectué sans attirer l'attention de Ney qui ignore l'issue de la bataille de Ligny et qui, vers 11 heures, fait savoir à Napoléon qu'il fait face à 8 régiments et 2000 cavaliers. Ce sont ces derniers, du moins en partie, qui mèneront les combats d'arrière-garde. Sachant que les Prussiens se retirent vers l'est, Napoléon est décidé à écraser l'armée anglaise avant que l'armée prussienne ne se soit reconstituée. Mais, il la croit plus affaiblie qu'elle ne l'est en réalité.

 

LE PLAN DE NAPOLÉON

 

L'Empereur donne l'ordre à Mouton, comte de Lobau, commandant le VIe Corps ,de se porter sur Marbais pour appuyer Ney qui devra déborder la gauche anglaise. Drouot doit suivre avec toute la garde. Napoléon n'est plus renseigné sur tous les mouvements prussiens. Les liaisons et les transmissions ne fonctionnent pas mieux que l'exploration.

Il envoie une note à Grouchy. En voici l'essentiel: «Rendez-vous à Gembloux avec les Corps de cavalerie de Pajol et d'Exelmans, la cavalerie légère du Vème Corps (Maurin), la division Teste et les IIIe et IVe Corps (Vandamme et Gérard). Vous ferez éclairer dans la direction de Namur et Maestricht et vous poursuivrez l'ennemi»,

Vers midi, Grouchy se dirige vers Gembloux à travers des chemins détrempés par un violent orage. Son Q.G. sera établi à Gembloux. Napoléon l'envoie dans une direction centrale par rapport aux trois routes qui semblaient avoir été prises par Blùcher. Grouchy a tout loisir de modifier son axe de progression en fonction du recueil de renseignements plus précis. Ceux-ci lui seront apportés par son aide de camp. Il s'agit d'un Namurois, le chef d'escadrons Lafontaine.

«L'ennemi se retire en désordre dans la direction de Wavre par Sart-à-Wahlain. Sa force est d'environ 30.000 hommes. Une colonne suit la chaussée romaine comme pour aller vers Maestricht. Une autre a pris le chemin de Perwez. Tous demandent le chemin de Bruxelles».

 

UNE MANOEUVRE DÉROUTANTE

 

Les reconnaissances de Pajol menées très superficiellement avaient fait croire que les Prussiens fuyaient vers Namur. En effet, la tentation était grande de replier l'armée prussienne vers le Rhin et d'attendre les Austro-Russes, d'autant que Wellington n'a pas secouru les Prussiens à Ligny. Gneisenau, le brillant chef d'état-major de Blùcher, estimait que ce choix séparerait définitivement Prussiens et Anglais. Mais, marcher sur Wavre risquait de compromettre ses communications avec la base de ses approvisionnements. Il décide finalement de marcher sur cette ville. Il retrouve, dans une ferme de Gentinnes, Blùcher, blessé à Ligny. Suivant les ordres de Gneisenau, les zones de sta­tionnement prussiens s'établissent de la façon suivante: à Bierges le 1er Corps de Ziethen, à Aisemont la IIe Corps de Pirch II, à la Bawette le IIIe Corps de Thielemann et le IVe Corps de Bulôw à Dion-le-Mont.

Grouchy a souvent été critiqué, peut-être parfois à juste titre, mais les méthodes et le combat d'infanterie lui sont peu familiers. De plus, c'est le premier corps d'armée qu'il commande. Celui-ci, de surcroît, comprend précisément trois divisions d'infanterie.

Vers 13 heures, l'Empereur arrive à Marbais. Sans nouvelle de Ney, il marche vers les Quatre-Bras avec les cavaleries de Domon, Subervie et Milhaud. Barrant la route de Bruxelles, la cavalerie d'Uxbridge tient Ney en respect tandis que l'Empereur de son côté se dirige vers les Quatre-Bras par la route de Namur-Nivelles où les cavaliers de Grant et Vivian dans l'armée de Wellington, ralentissent quelque peu sa progression.

 

Pierre Couvreur




 

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