Bonaparte, capitaine et aussi législateur

 

Toute la dynamique révolutionnaire du XVIIIe siècle à propos du pouvoir, de la nature et du contrat social, sera à l'origine de deux textes fondamentaux qui n'ont guère vieilli aujourd'hui : la Déclaration d'Indépendance (Philadelphie, 1776) et la Déclaration universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen (Paris, 1789). Déjà en 1679, la Grande-Bretagne avait perfectionné le «habeas corpus» contre toute détention arbitraire. En vain, Napoléon l'invoquera lors de son arrestation par les Anglais, en juillet 1815.

Ce mouvement d'idées conduit aux Révolutions américaine et française, aux changements dont elles seront responsables, mais aussi à la Terreur et aux «bricolages» institutionnels qui en seront le fruit en France.

 

Pendant ce temps, les hommes du passé émigrent, s'allient avec les ennemis de leur pays; tous les monarques de droit divin. Les batailles de Jemappes (1792), Valmy (1792), Neerwinden (1793), Fleurus (1794), manifestent un acharnement, peut-être moins contre la France que, contre l'esprit de 1789 et en faveur de la Restauration.

 

Certes, à partir du consulat (1799), Napoléon Bonaparte s'écartera de la dynamique de 1789, même si le regard que l'Europe porte sur lui continue à voir en lui un révolutionnaire, comme l'exprime bien Bernard Voyenne : « Ce n'est pas le capitaine, en effet mais le législateur qui fondait un empire ».

 

«Quand il introduisait derrière ses armées l'Idée explosive des droits de l'homme, quand il installait partout un nouveau code, une nouvelle administration, un nouveau principe de gouvernement, alors il ne fondait plus sur du sable: il façonnait, dans le marbre, ce Janus terrible, l'état moderne. Les vieilles monarchies ne s'y sont pas trompées et virent en lui, quoi qu'il dise et quoi qu'il fasse, l'homme à abattre ».

«Napoléon ne fut pas renversé par les adversaires de sa puissance, d'ailleurs divisés, mais par le front uni des ennemis de ses principes. Les souverains avaient tout à coup compris avec effroi que leur absolutisme de droit divin était bien chancelant en face de celui qui tient sa couronne de la multitude; car alors l'autorité sait se faire aimer et, si loin qu'elle aille, elle n'est jamais indiscrète ».

« Napoléon était peut-être un tyran, mais c'était un tyran qui agissait «au nom des peuples» et les peuples croyaient qu'il agissait pour eux. C'est cela qui l'a perdu et, pourtant, c'est en cela qu'il a triomphé».

 

J.E. HUMBLET






 

 

 

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