Autre temps, autres mœurs

 

La Révolution industrielle de la fin du XVIII8 et du XIXe siècle n'a pas encore influencé de manière importante les combats navals et terrestres de l'époque. Simplement, les nouvelles lointaines circulent plus rapidement grâce au système Chappe de «télégraphe aérien». Axé sur quelques routes, il ne suivait pas les armées en marche. C'est donc seulement à 10h30, le lendemain de la bataille du 18 juin à Waterloo, que Grouchy apprit la défaite française.

 

En matière médicale, aucune véritable anesthésie et asepsie n'existaient, même si de 1792 à 1815 le service de santé français s'était considérablement amélioré, et si les mêmes services des armées alliées, bien que moins structurées, n'étaient pas en reste. Dans les troupes britanniques et hollandaises se pratiquaient les châtiments corporels à coups de «chats à neuf queues». Dans toutes les armées alliées, puisque l'Ancien Régime était encore florissant, on achetait les régiments pour en devenir le colonel.

 

La hiérarchie est davantage soulignée que dans l'armée française, plus «démocratique», même si l'Empire, sur le plan des rétributions, a quelque peu repris des pratiques de l'Ancien Régime: la solde d'un maréchal était de 280 fois celle d'un soldat ! Il est vrai que la contribution de guerre, à laquelle le second traité de Paris condamna la France en 1.815, servit notamment à gratifier les troupes commandées par Blûcher et par Wellington... La prime attribuée aux généraux était de 501 fois celle des caporaux et soldats !

 

Pendant les guerres au Portugal et en Espagne, les troupes françaises et britanniques rivalisèrent en «graves excès». L'esprit de maraude et de rapine était trop ancré dans les mœurs de l'époque. En 1813, en Espagne, lors de la retraite du roi Joseph vers la France, un régiment britannique s'empara d'un important charroi contenant un ensemble impressionnant d'oeuvres d'art, principalement des toiles de Vélasquez, Murillo, Goya et de l'école flamande. Ce butin fut donc remis au commandant en chef Arthur Wellesley, futur duc de Wellington. Il demanda à Londres ce qu'il fallait faire de cette «prise de guerre». Selon H. Bernard, sans réponse, «il conserva le pactole».

 

Ces merveilles sont encore exposées au public à Ashley House, l'ancien hôtel de maître des ducs de Wellington à Londres (Hyde Park Corner). A cela s'ajoutent les quelques services de table en céramique de 360 pièces, chacune peinte et unique, offerts par les souverains tout heureux de leur restauration : Louis XVIII, le grand duc de Bade, le roi des Pays-Bas, etc., ainsi que ceux offerts par les souverains alliés, enfin tranquillisés : Louis XVIII, l'empereur d'Autriche, le Tsar, le Roi de Prusse. Du fait des mesures prises en 1946 à Londres par le gouvernement britannique sur les propriétés foncières importantes, Ashley House relève désormais du domaine public.

 

Jean-E. Humblet





 

 

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