Campagne de 1809
Le 20 avril 1809 : BATAILLE D'ABENSBERG
Napoléon, qui venait de s'essayer au combat de Teugn-Hausen, voulut porter un plus grand coup; en conséquence, laissant les divisions Friant et Saint-Hilaire tenir en respect les corps des généraux autrichiens Hohenzollern, Rosenberg et Liechtenstein, il se porta en avant d'Abensberg sur les corps aux ordres de l'archiduc Louis et du général Hiller avec les divisions Morand, Gudin et les troupes bavaroises et wurtembergeoises. Sentant que le coup qu'il allait porter était décisif, il chercha à exalter le courage des troupes alliées qu'il allait mener au combat. Ayant fait réunir les officiers bavarois et wurtembergeois, il les harangua pendant longtemps[1] avec cette éloquence militaire forte et hardie dont il connaissait si bien le secret. Il leur rappela tous les souvenirs de gloire qui pouvaient illustrer ces deux nations, et finit par leur dire que ne faisant aucune différence entre eux et les Français, il se confiait à leur courage et allait combattre à leur tête dans cette journée.
Les officiers, enthousiasmés, enorgueillis de cette confiance, se séparèrent et portèrent chez leurs soldats toute l'ardeur qui les animait.
Le combat s'engagea aussitôt. Le général bavarois de Wrède[2] attaqua le premier la division autrichienne qui lui était opposée en avant du pont de Siegenburg.
Le général Vandamme, qui commandait les Wurtembergeois, la déborda par son flanc droit. Le duc de Dantzig, avec la division du prince de Bavière et celle du général Deroy, marcha sur Renhausen pour couper la route de Landshut. Le maréchal Lannes, duc de Montebello, qui faisait cette dernière campagne, dans laquelle il devait mourir avec gloire, força l'extrême gauche de Ennemi, le culbuta et se porta sur Rothenbourg avec les divisions Morand et Gudin. Attaqué ainsi de front et de flanc, l'ennemi déconcerté ne songea plus qu'à la retraite, et, après deux heures de combat, il abandonna le champ de bataille, laissant en notre pouvoir huit drapeaux, douze pièces de canon, et dix-huit mille prisonniers.
[1] Le prince royal de Bavière traduisait en allemand et répétait aux officiers les paroles de Napoléon.
[2] Le même qui, en 1813, ayant abandonné nos drapeaux, marcha sur Hanau avec le corps bavarois qu'il commandait pour couper notre retraite sur Mayence, après la bataille de Leipzig. Il fut blessé dangereusement au combat sous cette ville, et reçut ainsi le prix de sa lâche trahison.
Extrait de Éphémérides militaires depuis 1792 jusqu'en 1815, ou Anniversaires
de la valeur française. Avril. par une société de militaires et de
gens de lettres, 1818 Pillet aîné (Paris) 1818-1820.
Nous avons modernisé l'orthographe et les noms des lieux, ainsi que quelques
autres éléments trop datés de l'époque. Nous avons également fait quelques
ajouts.
Forces en présence
Alliés
7e et 8e Corps : 20 000 hommes
Pertes
500 tués et blessés
Autriche
22 000 hommes
Pertes
3 500 tués et blessés 4 000 prisonniers
Le 20 avril 1809, l'Empereur s'arrêta ici, dans l'ancien maison de douane, dans
une pièce du premier étage, pour consulter ses cartes (lieu incertain).
Coin de la Abensstrasse et de la Babostrasse.
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Seul et modeste monument de la bataille, la Napoleonsteil, érigée sur le tertre
où l'Empereur se tint pendant la bataille.
Dans la Straubingerstrasse, où celle-ci passe au-dessus de la voie rapide. C'est
ici que l'Empereur, accompagné du prince royal de Bavière, harangua les troupes
bavaroises et wurtembergeoises.
ZUR ERINNERUNG |
Napoléon Ier harangue les troupes bavaroises et wurtembergeoises à Abensberg,
par Jean-Baptiste Debret.
« Soldats bavarois !
Je ne viens point à vous comme Empereur des
Français, mais comme Protecteur de votre patrie et de la Confédération
allemande.
Bavarois ! vous combattez aujourd'hui seuls contre les Autrichiens.
Pas un Français ne se trouve dans les premiers rangs; ils sont dans le
corps de réserve, dont l'ennemi ignore la présence.
Je mets une entière confiance dans votre bravoure. J'ai déjà reculé
les limites de votre pays; je vois maintenant que je n'ai pas assez
fait.
A l'avenir je vous rendrai si grands, que pour faire la guerre contre
les Autrichiens vous n'aurez plus besoin de mon secours.
Depuis deux cents ans les drapeaux bavarois, protégés par la France,
résistent à l'Autriche.
Nous allons dans Vienne, où nous saurons bientôt la punir du mal
qu'elle a toujours causé à votre patrie.
L'Autriche voulait partager votre pays en baronnies, vous diviser et
vous distribuer dans ses régiments.
Bavarois ! cette guerre est la dernière que vous soutiendrez contre
vos ennemis; attaquez-les à la baïonnette et anéantissez-les ! »
Napoléon à Abensberg, par Myrbach.
ROHR IN NIEDERBAYERN
Hauptstrasse 21, le Gasthof zur Post, ancienne brasserie Wienzell, maintenant Pizzeria Napoleon, a connu de célèbres visiteurs en avril 1809. Tout d'abord le 18, c'est l'archiduc Charles qui y loge. Deux jours plus tard, le 20, le soir d'Abensberg, l'auberge a l'honneur d'accueillir l'Empereur. Le Guide Napoléon nous apprend que Napoléon ne dormit qu’assis sur une chaise.
DIESES HAUS BEEHRTEN
IM J. 1809
DEN 18TEN APRIL DEN 20TEN APRIL
ERZHERZOG KAISER
KARL NAPOLEON
VON OSTEN KOMMEND VON WESTEN KOMMEND
MIT IHRER GEGENWART"En l’année 1809, honorèrent cette maison de leur présence, le 18 avril, l’archiduc Charles venant de l’est, et le 20 avril, l’empereur Napoléon venant de l’ouest."
Sans surprise, c'est bien l'hôte du 20 qui est représenté sur le pignon latéral de la maison ! « 1809 ANNO DOMINI. »
A un tel match, c'est toujours l'Empereur qui gagne !
Suite Le 21 avril 1809 : COMBAT DE LANDSHUT
La bande sonore de ma conférence consacrée à la campagne de 1809 est en ligne : vous pouvez la télécharger au format MP3 : Conférence1809
Sachez aussi que je suis prêt à rééditer la conférence pour les associations qui seraient intéressées. Il suffit de me contacter.