Charles NIELLON
Strasbourg 1795 - 1871 Laeken
sergent-major d'infanterie - Médaillé de sainte-hélène
GENERAL-MAJOR de l'armée belge - Chevalier de l'ordre de Léopold - Croix de fer de 1830
Charles Niellon est né à Strasbourg (Bas-Rhin), le 27 Pluviôse An III de la République (15 février 1795), fils de Jacques-Charles et de Madeleine Gilbert. Un de ses oncles était chirurgien-major.
Débuts sous l'Empire
Il s'engage volontairement le 9 janvier 1812, au 23e Régiment d'Infanterie Légère. Il est rapidement envoyé en Catalogne où il est engagé dans les combats d'Astorga (juillet-août), de Villafranca (août) et de Mattaro (septembre).
Grâce à sa bonne instruction, il devient très rapidement dès mars 1813, caporal puis caporal-fourrier et sergent le 1er avril 1813.
Il est alors envoyé en Allemagne, pour la campagne de Saxe. Avec les 3e et 4e Bataillons du 23e Léger aux ordres du maréchal Marmont, il participe aux batailles de Lützen (2 mai) de Bautzen (21 et 22 mai).
Il est nommé sergent-major le 1er juillet 1813. C'est ensuite la bataille de Dresde les 26-27 août.
Il combat également à Leipzig (16-18 octobre 1813), où il est blessé d'un coup de baïonnette à la joue droite, et fait prisonnier des Russes.
Libéré, il rentre en France, le 1er juin 1814 : il a 19 ans, il est vétéran de 2 campagnes et témoin de 4 grandes batailles.
Au retour de l'Empereur, il est incorporé au 2e Régiment d'Infanterie Légère, le 16 avril 1815.
Ce régiment fait partie de la 1ère Brigade (Bauduin) de la 6ème Division (Prince Jérôme) du 2ème Corps (Reille) et combat à Ligny et à Mont-Saint-Jean. Le général Bauduin est tué à l'assaut du Goumont.
Plaque commémorative au général Bauduin, sur le mur extérieur de la ferme de Goumont.
C'est ensuite la débâcle que l'on sait : l'Empire s'effondre et Niellon déserte le 15 juillet.
Le 28 juin 1816, Charles Niellon s'engage à la mairie de Beaune, dans le régiment des hussards du Bas-Rhin, commandé alors par le colonel de Castellane. Là encore, il devient très rapidement brigadier dès le 29 août, maréchal-des-logis le 13 septembre et maréchal-des-logis-chef le 11 octobre 1816.
Mais le 2 mai 1817, le maréchal-des-logis-chef Charles Niellon, du 4e escadron, déserte avec l'un de ses camarades. (encore !)
Première traversée du désert
Il se réfugie dans le royaume des Pays-Bas (dans la future Belgqiue), et y exerce plusieurs métiers, marchand de vin, littérateur, acteur, secrétaire d'un officier général en voyage en Russie où il réside à St Petersbourg pendant 8 ans, précepteur, il rentre en France vers 1827-1828. Mais, ses différentes projets ayant avorté, il fait des dettes de jeu et doit quitter le pays en catastrophe après avoir émis plusieurs lettres de change : il se réfugie une nouvelle fois à Bruxelles. Une plainte est déposée contre lui en février 1829 : il est condamné par contumace en septembre 1830 pour faux en écriture à 10 ans de travaux forcé.
La gloire à la Révolution
Quand éclate la Révolution Belge, il se jette à corps perdu dans l'action. Le 26 août 1830, il avait commandé, comme capitaine élu, le poste de la rue de l'Écuyer, à Bruxelles, et avait été aide-de-camp du général d'Hoogvorst, puis adjudant-major de l'état-major général. Il prend ainsi une part active dans le retrait de l'armée hollandaise.
Dès le 27 septembre 1830, il est
admis dans l'Armée belge et nommé commandant en chef du premier corps franc.
Investi du grade de lieutenant-colonel par le gouvernement provisoire, Niellon,
à la tête de 6 à 700 hommes, formant le ler corps franc de l'armée, traverse le
Demer, à Aerschot, le 15 octobre 1830.
Ce corps franc possédait 4 pièces de canon de 6 et 2 pièces de montagne. Le but
de Niellon était de franchir la Nèthe en aval, puis de tourner et d'inquiéter
l'aile gauche de l'armée hollandaise. Bientôt la colonne principale, sous les
ordres de Niellon, fut grossie d'un corps franc de volontaires de Louvain, d'un
autre d'Aerschot et de quelques volontaires de la Campine, que l'ascendant et le
patriotique exemple du noble comte Frédéric de Mérode, avaient entraînés.
Bien que mal armés, mal habillés, mal équipés, ces corps francs étaient
cependant remplis d'ardeur. Le 16 octobre ils se dirigent directement sur
Heist-op-den-Berg, puis sur Lierre, qui servait de point d'appui à l'aile gauche
de l'armée royale hollandaise. Lierre se rendit sans coup férir, grâce à la
lenteur et à l'hésitation du colonel comte de Lens qui commandait la 15e
Afdeeling. La ville ayant ouvert ses portes aux patriotes, dès leur
apparition, Niellon y fit son entrée, vers 41/2 heures de l'après-midi et
s'occupa autant que possible de la mettre en état de défense, aidé dans son
travail par le comte de Mérode et par les habitants.
Le 29 octobre, le lieutenant-colonel Niellon, franchissant le grade de colonel, était nommé général-major.
Appelé d'abord au commandement de la 1ère brigade de la
1ère division, il fut investi du commandement de la division des Flandres au
mois d'octobre 1831.
Buste du général Niellon au MRA.
Nouveaux ennuis
Mais son passé le rattrape. Très rapidement, la presse orangiste publie de nombreux articles sur sa condamnation par contumace pour faux et usage de faux. Niellon qui avait déjà réglé ses dettes, découvre avec stupeur cette condamnation et se précipite devant les tribunaux de la Seine en juillet 1832. Les jurés déclarent Niellon non coupable et le président prononce l'acquittement. Dans le même temps, sa désertion du régiment des hussards du Bas-Rhin est amnistiée par l'ordonnance du 28 août 1830. Pourtant ses ennuis ne sont pas terminés : rentrant en Belgique, il découvre que des lettres anonymes sont adressées à tous les officiers supérieurs français participant au siège d'Anvers : Niellon aurait déserté en 1817 car il allait être accusé de vol et de falsification des comptes. Le coup est rude car l'information semble d'origine française. Les officiers du 5e Hussards participant au siège, pour la plupart anciens camarades de Niellon, rédigent une lettre pour réfuter les accusations de malversations et de vol : un des officiers donne même sa version de la désertion de Niellon en 1817 : il était compromis dans un complot bonapartiste...Il est même question d'une rivalité amoureuse entre le maréchal-des-logis-chef Niellon et le colonel de Castellane....
Par souci d'économie les effectifs militaires de sa
division sont réduits (déjà !!): Niellon, considérant qu'il ne peut plus
mener à bien sa mission propose sa démission.
Le général Niellon quitte les cadres de l'armée active, le 26 janvier 1833 et
est créé chevalier de l'ordre de Léopold, le 15 décembre de la même année, à
l'occasion de la première promotion de l'ordre.
Une triste fin de vie
Niellon, en retraite, écrit le livret d'un opéra, se rend en France où il se
marie en 1835, s'occupe d'une briqueterie, dépose des brevets. Il
obtient la grande naturalisation en Belgique, le 16 mars 1837, mais
ne peut réintégrer l'Armée belge. Il est placé à la position de
disponibilité, le 19 juin 1842.
Il se met à voyager en Angleterre, en Allemagne, peut-être même en Turquie,
gagne beaucoup d'argent qu'il perd très rapidement dans les casinos.
En 1868, il publie une version très personnelle des événements de 1830 à 1833,
un volume in-8° intitulé : "Histoire des événements militaires et des
conspirations orangistes de la révolution de Belgique, de 1830 à 1833."
Il meurt à Laeken, le 26 février 1871, après avoir reçu la médaille
de Sainte-Hélène, laissant sa femme et ses 5 enfants sans
argent. Après des funérailles grandioses au cimetière de Laeken, le député
Du Montier fera pour sa veuve voter une pension viagère de 4000 frs. Le
général Niellon possède une rue à son nom à Laeken.
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LA FAMILLE NIELLON |
Sources :
DE LAROIÈRE, Louis, Panthéon militaire ou Mémorial
des Généraux belges, Inspecteurs Généraux du Service de Santé & Intendants en
Chef, décédés depuis 1830, Établissement typographique et lithographique de
C. De Laroière, 1880.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Niellon
Cécilia Vandervelde, Les champs de repos de la région bruxelloise, Bruxelles, 1997.
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