David Maurice Joseph MATHIEU de SAINT-MAURICE, puis de LA REDORTE

dit Maurice MATHIEU 

Saint-Affrique (Aveyron) 20 février 1768  -  1er mars 1833 Paris

Général de division, comte de l’empire

 

Burelé d'argent et de sinople, au comble de gueules chargé de trois étoiles d'or ;
au franc-quartier des comtes militaires.


DAVID MAURICE-JOSEPH MATHIEU DE SAINT-Maurice, dit Maurice Mathieu est issu, selon certaines sources (Mullié) d'une famille noble du Rouergue, selon d'autres, il est le fils d'un médecin protestant.  Il naquit à Saint-Affrique (Aveyron), le 20 février 17681.  Entré comme cadet dans le régiment suisse de Meuron, le 1er avril 1783, et parti pour les Indes à la même époque, il passa, en 1786, dans la légion française de Luxembourg et y fut nommé sous-lieutenant.

 De retour en France en 1789, son corps ayant été licencié le 22 juillet de la même année, il ne reprit du service:  qu'en 1792 dans le 1er régiment de dragons dont son oncle, M. de Muratel, était colonel; celui-ci, devenu maréchal de camp, le fit admettre en qualité de capitaine dans la légion du Centre, le 1er août, et le prit pour son aide-de-camp le 8 du même mois.

 Attaché alors à l'armée du Rhin, il s'était distingué, le 5, à une affaire près de Landau.

 Il se signala de nouveau à la bataille de Valmy, et fit, aux armées de la Moselle et de Sambre-et-Meuse, les campagnes de 1793 et des ans II et III, comme aide-de-camp du général Chapsal.

 Nommé adjudant-général le 25 prairial de cette dernière année, et employé pendant les ans IV et V aux armées de l'intérieur, du Nord et de Sambre-et-Meuse, il rejoignit, en l'an VI, l'armée qui, sous les ordres de Championnet, marchait contre les insurgés de la Romagne. 

Les habitants de Terracine s'étaient attiré la juste colère du général en chef par les excès auxquels ils s'étaient livrés envers les Français. Chargé d'en tirer une vengeance terrible, l'adjudant-général Mathieu s'y porta, le 22 thermidor, avec un détachement.  Il enleva la place après six heures d'une résistance vigoureuse de la garnison, soutenue par 45 pièces de canon et par un grand nombre de paysans embusqués dans les jardins et les marais.  Tous ceux que l'on prit les armes ä la main furent passés au fil de l'épée.

 A la suite de cette action, pendant laquelle il eut un cheval tué sous lui, le Directoire lui conféra, par arrêté du 23 fructidor, le grade de général de brigade.  En l'an VIII, l'armée française ayant été attaquée par 40,000 Napolitains, aux ordres du général autrichien Mack, le général Mathieu fut chargé de les contenir.  Il chassa l'ennemi de Vignanello, et s'empara de Magliano et du camp d'une division napolitaine.  Mais l'occupation d'Otricoli, ville située au delà de Borghetto, compromettant les communications de l'armée française, Championnet remit le soin de la reprendre à Macdonald, qui confia la direction de l'attaque principale au général Mathieu.

 Celui-ci repoussa l'ennemi sur tous les points, pénétra dans Otricoli, et fit plus de 2.000 prisonniers : huit pièces de canon, trois drapeaux, ainsi que tout l'état-major du régiment de cavalerie de la Principessa, tombèrent en son pou­voir. Genzona, Cisterna, Piperno, Prossedi et Frosinone, furent également emportés, ainsi que Céprano, où l'arrière-garde ennemie se trouvait campée sur une hauteur dominant cette ville. Le lendemain il enleva le pont de Carigliano.

 Après quelques jours de repos à Rome, dont les Napolitains avaient été de nouveau chassés, le général Mathieu accompagna Macdonald au siège de Capoue.

 Atteint devant cette place d'un coup de mitraille qui lui fracassa le bras droit, tandis qu'il opérait une reconnaissance, il dut quitter l'armée pour se rendre aux eaux de Baréges.

Promu général de division le 28 germinal, il prit, le 9 nivôse an VIII, le commandement d'un corps de 3,600 hommes rassemblés à Brest, et, le 26 pluviôse, celui du département du Finistère et de la ville de Brest.  A cette époque, on préparait dans ce port une expédition pour la Guadeloupe ; le général Mathieu, qui devait en faire partie, ayant été retenu en France, fut investi, le 11 prairial, du commandement de la 20e division militaire (Périgueux).

 Nommé les 19 frimaire et 25 prairial an XII, membre et grand officier de la Légion d'honneur, un arrêté du 25 floréal de la même année le fit président du collège électoral de l'Aveyron.

 En l'an XIV, il commanda la 2e division du 7e corps (Augereau) de la Grande Armée destiné à repousser sur le Tyrol le corps autrichien du général Jellachich.  Ce corps, cerné dans les positions qu'il occupait, mit bas les armes; le général Mathieu régla, de concert avec le major général Woffskell, les conditions de cette capitulation.

 En 1800, il passa au service de Joseph-Napoléon, décrété roi de Naples, et suivit ce prince en Espagne.

Napoléon, qui faisait le plus grand cas de son mérite, lui avait décerné la croix de chevalier de la Couronne de Fer le 6 décembre 1807.

De la Redorte est chargé à la place de Reynier de commander en Calabre et de préparer une expédition en Sicile, le 28 février 1808.

 Commandant à la place de Lefebvre-Desnouettes la 3e division du 3e corps de l'armée d'Espagne sous Moncey le 9 septembre 1808, il sert au combat de Lérin, le 25 octobre. Commandant la 1e division du 3e corps d'armée du Maréchal duc de Montebello, le 8 novembre, il se distingua et fut blessé à la bataille de Tudela, le 23 novembre. Il est nommé commandant de la 2e division d'infanterie du 6e Corps de l'armée d'Espagne sous Michel Ney à la place de Lagrange le 24 novembre, il est vainqueur à Bubierca le 29 novembre.

 Il fut anobli en tant que comte de l'Empire par lettres patentes du 26 avril 1810 et employé à l'armée de Catalogne le 14 juin, gouverneur de Barcelone et de la Basse-Catalogne en août 1810.  « Dans ce poste difficile, dit le Maréchal duc de Tarente, dans l'éloge du général Mathieu qu'il prononça à la tribune de la Chambre des Pairs , le 4 avril 1833, un général de talents distingués, livré à lui-même , sait développer cette habileté, ces combinaisons de la sagesse, les ressources de l'art, ces à-propos à profiter des circonstances, à saisir les occasions : elles ne manquèrent pas au général Mathieu, qui se montra toujours supérieur aux embarras et aux dangers de sa position. »

 Vers le mois de mars 1811, il y eut un complot organisé pour livrer aux Espagnols le fort Montjuich.  Le général Mathieu, averti à temps, résolut de faire tourner cette entreprise à la perte de l'ennemi ; il laissa donc le général espagnol, le marquis de Campo-Verde, rassembler. 8,000 hommes sous les murs du fort dans la nuit du 19 au 20, et pénétrer 800 grenadiers dans les fossés ; mais alors une fusillade terrible devint le signal de la destruction des assaillants, et le général espagnol, attaqué dans le même moment par des détachements placés hors de la ville, n'eut qu'á chercher son salut dans une fuite honteuse.

 Il se trouva à la prise de Mont-Serrat le 24 juillet 1811, enleva les hauteurs d'Altafula le 23 janvier 1812, et continua, pendant l'année 1813, à mériter la réputation de général intrépide et habile. Il participe à la libération de Tarragone le 15 juin 1813.

 Rentré en France le 2 novembre 1813, il devint chef d'État-Major de Joseph le 7 janvier 1814, fonction dans laquelle il participa à la défense de Paris.  Cela ne l'empêche de s'empresser d'adhérer à la déchéance de l'Empereur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quartier-général de Joseph à Montmartre, pendant la bataille de Paris. Le général Mathieu y est sûrement venu.

 Nommé chevalier de Saint-Louis le 1er juin 1814, et quelques jours après, inspecteur général d'infanterie dans les 10e et 12e divisions militaires.  Chevalier du Mérite Militaire, le 10 novembre 1814, il fut néanmoins employé par l'Empereur pendant son règne des Cent-Jours. Le général Mathieu devint commandant la 10e division militaire à Toulouse, le 5 avril 1815, mais se retira dans ses terres le 4 août 1815.

 Ce n'est que le 9 avril 1817 qu'il prend le titre de comte de La Redorte.  Louis XVIII lui confie le commandement de la 19e division militaire, et celui de Lyon après les événements qui désolèrent cette ville en 1818.

Créé Pair de France le 5 mars 1819, Grand-Croix de la Légion d'honneur le 20 août 1820, le comte Mathieu de La Redorte vota constamment avec la minorité constitutionnelle du Luxembourg.

 En 1830, il prêta serment à la royauté nouvelle ; mais, prétextant ses infirmités pour refuser de faire partie du cadre de réserve, il prit sa retraite l'année suivante, et mourut le 1er mars 1833 à Paris.  

 Son corps fut transféré de Paris (Père-Lachaise ?) à La Redorte le 3 novembre 1885.

La très belle tombe du général dans le cimetière de la Redorte (11).

 

DAVID MAURICE MATHIEU COMTE DE LA REDORTE,

PAIR DE FRANCE LIEUTENANT-GÉNÉRAL GRAND CORDON DE LA LÉGION D’HONNEUR,

NÉ À ST.-AFFRIQUE DÉPARTEMENT DE L’AVEYRON LE XX FÉVRIER MDCCLVII

MORT À PARIS LE PREMIER MARS MDCCCXXXIII

En passant, un bel exemple de pillage sans mentionner la source, et en découpant pour éviter de reprendre la mention de copyright : http://www.appl-lachaise.net/appl/article.php3?id_article=2473

 
Un témoignage bizarre...

Le jour où nous nous sommes rendus sur la tombe du général de la Redorte, dans le petit village de la Redorte, nous avons été amicalement abordés par un habitant du lieu, étonné de voir notre intérêt pour cette tombe et apparemment bien documenté sur son concitoyen.

Il nous raconta plusieurs choses sur le général, entres autres celle-ci.

A un moment de sa carrière, le général Mathieu tomba en défaveur aux yeux de l'Empereur, apparemment pour des pillages en Espagne, dans le style de ceux attribués au maréchal Soult, qui aurait été son ami.

Mathieu fut donc assigné à résidence dans son château du domaine de Massiac, à Azille, à 3 km au N. de La Redorte, surveillé, et avec l'interdiction formelle de mettre le pied en dehors de son domaine, sous peine des "pires représailles".

Cela alla si loin que Mathieu aurait fait creuser des galeries (à partir de son château?) sous les routes pour pouvoir circuler d'une partie de son domaine à une autre.

Le problème, c'est qu'aucune des biographies étudiées ne mentionne ce déshonneur temporaire, à moins qu'il s'agisse de sa période de congé du 30/11/1809 au 14/06/1810. Bien au contraire, sa nomination comme chef d'état-major du roi Joseph semble témoigner de la confiance de l'Empereur. Aucune trace non plus d'un lien avec Soult.

Alors, qu'en est-il ?

 

Son fils Joseph-Charles-Maurice comte Mathieu de la Redorte (né à Paris le 20 mars 1804) eut une belle carrière politique : ambassadeur, député de l'Aude (1834-1848-1871), Chevalier de la Légion d'Honneur , pair de France (20 juillet 1841),  marié, le 11 octobre 1830, à Louise-Honorine Suchet d'Albuféra, la fille du Maréchal Suchet, décédée le 23 octobre 1885. Il décède lui-même à Paris, 20 janvier 1886 et est enterré au Père-Lachaise (62ème division).

 

Le nom du général est inscrit au côté Ouest de l'arc de triomphe de l'Étoile, mais il faut le trouver sous le nom de Mce Mathieu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1. Selon Six.  Selon Mullié, il serait né le 30 septembre 1768. Sa tombe mentionne le 20 février 1757.  Cette date est manifestement erronée et le vieillirait trop. Mais rappelons que cette tombe date de 1885, ce qui expliquerait l'erreur.

Bibilographie:

- MULLIÉ, C.,  Biographie des Célébrités militaires des armées de Terre et de Mer de 1789 à 1850, Poignavant et Compie, Editeurs, Paris, s.d.. tome 2.

- SIX, Georges, Dictionnaire biographique des Généraux & Amiraux français de la Révolution et de l'Empire (1792-1814), Saffroy, éditeur, Paris,1934.

- Tulard, Jean, (sous la direction de), Dictionnaire Napoléon, Fayard, Paris, 1999. (notice de Jacques Garnier)
                                                                                      

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