FRançois fournier, dit Fournier-SaRlovèse

Sarlat (Dordogne) 1772 – 1827 PARIS

bARON de l'Empire - general de division

La vie de celui qu'on a surnommé - sans doute à juste titre - "le plus mauvais sujet de l'armée" est digne d'un roman d'aventures ou d'un film. C'est d'ailleurs ce qu'on a fait. Il semble établi que Joseph Conrad se soit inspiré de la vie de Fournier pour son roman "The Duel", dont on a tiré l'excellent film "The Duellists". Seule transformation de la réalité : dans le film, le "bon" est le royaliste et le querelleur est bonapartiste, alors qu'en réalité, Fournier était royaliste et Dupont -PAS celui de Baylen- bonapartiste.

Le très beau portrait de Founier par Antoine Gros, que l'on trouve au Louvre.

François Fournier est né à Sarlat en Dordogne, le 28 avril 1772 (1)  

Il fit ses études chez des moines à Sarlat; entra ensuite comme scribe chez un huissier, puis vint à Paris. Sous-lieutenant au 9e dragons le 25 janvier 1792; servit à l'armée des Alpes, 1792-1793; lieutenant, 15 févier 1793; s'était signalé à Lyon par ses opinions jacobines comme ami de Chalier; fut emprisonné par les Lyonnais après le 29 mai 1793, mais réussit à s'évader.

    Chef d'escadrons au 16e Chasseurs à cheval, 12 septembre 1793; aux armées du Nord et de Sambre-et-Meuse, 1793-1794; destitué pour comptes frauduleux et absence illégale (ça commence!) par le représentant Gillet, 24 novembre 1794; réintégré dans son grade, mais maintenu en non-activité, 17mai 1795; aide de camp provisoire du général Augereau, 18 août 1797; confirmé dans ces fonctions le 23 septembre 1797; nommé provisoirement par Augereau chef de brigade des guides de l'armée d'Allemagne, 17 octobre 1797; servit en Allemagne, 1797-1798.

   Chef de brigade à la suite du 11e régiment de hussards, 28 avril 1798; confirmé dans le grade de chef de brigade pour être mis à la suite d'un régiment du corps expéditionnaire de Toulon, 2 juin 1798, qui était déjà parti pour l'Egypte; placé par le général Saint-Hilaire à la suite du 8e régiment de hussards, 20 septembre 1798; chargé du commandement provisoire de ce régiment par le général commandant la 8e division militaire, 23 septembre 1798. Chef de brigade auxiliaire au 4e régiment de hussards, 24 février 1799; sert à l'armée de l'Ouest, 1799; chef de brigade titulaire du 12e hussards, 22 mai 1799; brigade Rivaud à l'armée de réserve, mai 1800; servit au combat de Châtillon, 18 mai 1800; à l'armée d'Italie, fin juin 1800; prit part au combat de Loria sous Moncey, 11 janvier 1801 ; arrêté, ainsi que Donnadieu comme prévenu de conspiration contre le premier consul et enfermé au Temple le 7 mai 1802; admis au traitement de réforme le 16 mai 1802; mis en liberté, 26 mai 1802, et envoyé en résidence à Périgueux.

   Commandant 600 hommes de l'expédition du contre-amiral Magon réunie à Rochefort et autorisé à prendre le titre d'adjudant-commandant à son débarquement le 11 mars 1805; arriva à la Martinique et revint en France sans avoir débarqué, sur l'escadre de Villeneuve.  Mis à la disposition du ministre de la Guerre par l'amiral Villeneuve qui le débarqua à Cadix, 30 septembre; fut invité par le ministre à se retirer à Orléans. Employé à l'armée de Naples, 15 juin 1806; chef d'état-major de la division Lasalle à la réserve de cavalerie de la Grande Armée, 2 février 1807; servit à Eylau, 8 février; à Friedland, 14 juin; général de brigade, 25 juin 1807; employé à la 5e division de dragons, 16 juillet; baron de l'Empire avec dotation de 4.000 francs de rente annuelle sur les biens réservés en Westphalie, 17 mars 1808.

   Passé à l'armée d'Espagne avec sa division, 7 septembre 1808; chef de la 2e brigade (15e et 25e dragons) de la 5e division (Lorge) au 19 décembre 1808; servit à la Corogne, 16 janvier 1809; détaché au 6e Corps sous Ney, défendit Lugo, en mai 1809, débloqué par Soult, 22 mai 1809. Sa défense de Lugo se fait dans de telles conditions héroïques que son avenir semble assuré. Il chasse alors à coups de sabre un nouvel aide de camp envoyé par le Ministre de la Guerre,... parce que sa tête ne lui revient pas !

  Disponible le 15 décembre 1809; commandant les 2 régiments provisoires de cavalerie légère réunis à Tours le 23 août 1810; commandant la cavalerie du 9e Corps de l'Armée d'Espagne, 10 septembre 1810; puis au 6e Corps sous Loison, mars 1811;
 

 

Le 3 mai; par une magnifique charge, il culbute 2.000 cavalier ennemis. Le  5 mai 1811, il réalise avec sa brigade, 7e et 20e Chasseurs, une magnifique et héroïque charge lors de la bataille de Fuentes de Oňoro : il enfonce 2 carrés britanniques de la Brigade Crawford et fait 2.000 prisonniers, dont 2 généraux.

 

 

Sous Marmont à l'armée de Portugal, juillet 1811; désigné pour l'armée d'Aragon, 20 octobre 1811.ne rejoignit pas et resta malade à Irun ; autorisé à rentrer en France avec un congé de convalescence, 31 décembre 1811; commandant la 3e brigade de cavalerie légère à la Grande .Armée, 20 mai 1812; au 9e Corps sous Victor à l'armée de Russie, 22 juillet; à Smolensk, octobre 1812, couvrit la gauche de l'armée;
   
    Enfin nommé général de division, 11 novembre 1812; blessé à la Bérézina, 28 novembre 1812; disponible le 2 février 1813.
 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce célèbre dessin, un peu naif, du passage de la Bérézina, serait de la main de Fournier.

 

 

Le monuments portant le nom de Fournier sont rares ! J'en ai pourtant déniché un... à  Kleinschkorlopp, en Saxe, près de Kitzen ! Ce monument commémore le combat du 17 juin 1813 entre, d'une part, les dragons français de Fournier et les chasseurs à cheval wurtembergeois de Normann et, d'autre part, le corps franc de Lützow.

Premier problème : Fournier est nommé le 25 mars 1813, la tête de la 6e division de cavalerie légère du 3e Corps de la réserve de cavalerie sous Arrighi.  Puis il passe à la 2e division de cavalerie légère le 12 avril.  Le problème, c'est qu'il s'agit dans les deux cas de cavalerie légère et que ces unités ne comptent pas de dragons !  Notons que l'ordre de bataille donné par Camille Rousset dans "La Grande Armée de 1813" donne Fournier en tant que commandant .. de la 6e division au 15 août.  Six n'en parle cependant pas.  C'est dire à quel point l'organigramme de la Grande Armée de 1813 est complexe.

D'autre part, on se rappellera que l'armistice de Pleiswitz avait été signé début juin et qu'il était déjà en vigueur. Cependant, excédé par les actions de commando du corps de Lützow derrière les lignes françaises, Napoléon avait décidé d'appliquer et de respecter l'armistice, mais sur base des lignes des belligérants, mettant donc d'office le corps de Lützow hors-la-loi.  L'occasion était trop belle de se débarrasser de ce trouble-fête.

Le 17 juin, les cavaleries française et wurtembergeoise tendent une embuscade au corps de Lützow et parviennent à le détruire presque entièrement : sur 400 hommes, seuls 60 parviendront à s'échapper, dont Lützow lui-même et Theodor Körner, le célèbre poète, sérieusement blessé. De nombreux monuments en témoignent dans les environs.  Nous y reviendrons sans doute un jour.


N.B. : Ce combat est parfois mentionné sous les noms tout à fait fantaisistes de Deuben ou d'Ubend (Pigeard).

 

+
LUETZOWS
FREICORPS UEBERFALLEN
DURCH FRANZOSEN UND
WUERTTEMBERGER
UNTER
FOURNIER
UND
NORMANN

À gauche

DAS WAR
LUETZOWS
WILDE VERWEGENE
JAGD*

À l'arrière

DEN 17. JUNIUS
1813










Le corps franc de Lützow attaqué par les Français et les Wurtembergeois de Fournier et Normann.
Telle était la folle et téméraire équipée de Lützow.*
Le 17 juin 1813

  * Extrait d'un poème de Körner.

  Le monument fut érigé en 1863.

 

 

 

 

 

IM TODE VEREINT SIND
FREUND UND FEIND
ZUM
GEDENKEN
DEN 30 GEFALLENEN
VOM 17.BRACHET
1813
 

IG LUTZOWER FREIKORPS 1813. LEIPZIG
ANNO 17.06.2002.

 

 

 

 

Amis et ennemis sont réunis dans la mort
À la mémoire de trente combattants tombés le 17 juin 1813
Association corps franc de Lützow. Leipzig, le 17 juin 2002. 

Une nouvelle dalle, posée le 17 juin 2002, vient rappeler que ce lui est aussi la tombe de 30 braves tombés ce jour-là

 

 

 


Photo G. Bourlier

Il est nommé à la tête de la 6e division de cavalerie légère du 3e Corps de la réserve de cavalerie sous Arrighi à la Grande Armée le 25 mars 1813, puis à celle de la 2e division de cavalerie légère même corps le 12 avril. Il servit à Gross-Beeren, 23 août; puis sous Ney, septembre 1813; à Leizig, 16-19 octobre 1813; destitué comme s'étant mal comporté dans les dernières affaires et pour avoir tenu des propos qui avaient déplu à l'Empereur, 26 octobre 1813. .Arrêté le 28 novembre 1813.

  Rétabli sur le tableau de l'état-major général et disponible, 5 mai 1814; comte, 1814 employé près le ministre de la Guerre pour la rédaction d'un projet de code militaire, 2S juin 1814; chevalier de Saint-Louis, 13 août 1814.  Employé au licenciement des corps de cavalerie dans les 11e et 20e divisions militaires, 11 septembre 1815; en non·activité le 1er janvier 1816.

  Inspecteur général d'infanterie dans la 10e division militaire le 25 juillet 1816; inspecteur générai pour 1817 dans les 10e et 11e divisions militaires, 27 avril 1817; membre de la commission du projet de code militaire, 25 avril 1818; autorisé par ordonnance du roi à ajouter à son nom celui de Sarlovèse, 10 mars 1819; inspecteur
général de cavalerie dans les 4e, 11e, 12e et 13e divisions militaires le 16 juin 1819; disponible le 1er juillet 1820; employé de nouveau à la rédaction du code militaire le 1er janvier 1826; grand officier de la Légion d'honneur. 29 octobre 1826.

 Il meurt à Paris le 18 janvier 1827 et est enterré au cimetière de Sarlat.

D'après le Six.

 

 

 

 

 

 

 

 

   

Ici fut inhumé

François Founier

surnommé Sarlovèse,

Général français.

Il était fils

de Jean Fournier

et de

Marie-Anne Borne,

commerçants.

P.P.L.

(Expr. par lui-même)

 

 

MONUMENT

élevé au général

fournier

par

ses concitoyens

1839
 

 


Photo D. Contant


Photo G. Bourlier

MARENGO
VALLéE D’AOSTE
CHIUSELLA, MONTEBELLO
EYLAU, FRIEDLAND, LUGO
PLANTA L’AIGLE SUR LES REMPARTS DU KREMLIN
BéRéZINA ET GROSS BEEREN.
 –
FIT IMPRIMER EN 1814
UN OUVRAGE INTITULé
CONSIDéRATION SUR LA LéGISLATION
MILITAIRE, DONT LA MAJEURE
PARTIE A éTé ADOPTée ET
 A PRÉVU DANS CET OUVRAGE
 LE RETOUR DE NAPOLéON
DE
L’ILE D’ELBE

 

 

 

 


 

SOUS-LIEUTENANT DE DRAGONS
à 17 ANS
COLONEL DU 12e HUSSARDS
à 22 ANS.
DEVENU LIEUTENANT GéNéRAL, COMTE
DE L’EMPIRE ET INSPECTEUR
GéNéRAL DE CAVALERIE.
MORT A PARIS LE 18 JANVIER 1827
ET PAR TESTAMENT A CRéé UNE DOTATION
DE 1 500 FRANCS DE RENTE AUX TROIS
PLUS ANCIENS CAVALIERS DE L’ARMéE.
 
GRAND OFFICIER DE LA LéGION D’HONNEUR.


Photo D. Contant


Photo G. Bourlier

Contrairement aux bruits qui ont circulé - et que nous avons relayé de bonne foi- le médaillon n'a pas été volé, mais déposé par les services de la ville pour être restauré. Il a été replacé lors d'une cérémonie le 21/06/2014. L'ACMN a contribué au financement de la repose du médaillon.


Photo F. Nicourt

Ce beau monument a ainsi retrouvé toute sa splendeur.

Merci à la ville de prendre soin de son patrimoine et à Mme Pelé de nous avoir avertis et permis de corriger les erreurs figurant sur ce site.


Photo D. Contant

Un grand merci à MM. Dominique Contant et Gérard Bourlier pour les belles photos de ce superbe monument.

 

1. Et non le 6 septembre 1773 (selon les Archives Départementales de la Dordogne et l'ordonnance du 10 mars 1819, autorisant le comte François Fournier, à ajouter à son nom celui de Sarlovèse).(Cf. correctif du Six dans la Revue ACMN et dans la revue du Souvenir Napoléonien, n. 392, Décembre 1993, p. 49). C'est son frère Nicolas Fournier (colonel du 5e régiment de Hussards), qui est né le 6 septembre 1773, comme le confirme d'ailleurs le Six (pp.342-343).

 


Collection Hachette : Maréchaux d'Empire, Généraux et figures historiques (Collection de l'auteur)

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