Mariano Álvarez de Castro

8 septembre 1749 (Grenade) - 21 ou 22 janvier 1810 (Figueres)

Maréchal de Camp

Lieutenant-Général
(à titre posthume)

 

Mariano Álvarez de Castro est né le 8 septembre1749 à Grenade. Il entre dans l'armée le 14 décembre 1768 (à l'âge de 19 ans) comme cadet aux Gardes royales de l'Infanterie.  De 1772 à 1775, il étudie à l'académie de mathématiques de Barcelone.  Il obtient son diplôme en 1775.

Il est régulièrement promu et participe au siège de Gibraltar de 1779 à 1783.  En 1793, il est nommé colonel d'infanterie.

De 1790 à 1793, il est professeur à l'académie de Madrid pour les cadets des Gardes royales de l'Infanterie.

Pendant la guerre des Pyrénées (1793-1795) contre la France (Guerra del Rosellón pour les Espagnols), il participe à de nombreuses actions : blocus de Castillo de Baños, bataille de Mas Deu, prise d'Elna, attaque de Perpignan, attaque de Rivesaltes, batailles de Trouillas et de Sainte-Colombe-de-la-Commanderie, occupation de Banyuls-dels-Aspres et siège de Collioure. Il passe 75 jours sous le feu. Selon les sources, il est blessé à Pla de Rey, Banyuls ou/et Collioure.

En 1795, il passe général de brigade et est nommé à la tête des troupes expérimentales d'artillerie à cheval des Gardes royales de Corps d'Aranjuez.

Il participe en 1801 à la guerre du Portugal et devient gouverneur d'Alegrete.

En 1807, il réside à Madrid et rejoint ensuite son régiment à Barcelone, et est nommé commandant de la forteresse de Montjuich.


La forteresse de Montjuich, qu'Álvarez commande en 1807-1808.

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Le 29 février 1808, il refuse de céder la forteresse aux troupes françaises, mais reçoit l'ordre de son supérieur de la remettre la ville aux Français. Il quitte alors Barcelone et se joint au rebelles espagnols.

Le 14 octobre 1808, il est placé à la tête de l'avant-garde de l'armée de Catalogne qui doit opérer en Ampurdan. Le 24 novembre, il attaque les troupes françaises à El Fluvia.

Le 2 février 1809, il participe à l'action à Castellón de Ampurias.

Il est alors nommé comme gouverneur de Gérone et dirige la défense de la ville lors du 3e siège par les troupes impériales. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Álvarez de Castro établit son QG dans la maison en face de la cathédrale, à droite du palais de justice.

 

AQUÍ VIVIÓ EN 1809 EL GENERAL
D. MARIANO ALVAREZ DE CASTRO
CON EL PUEBLO Y EL EJÉRCITO UNIDOS
HIZO A GERONA HEROICA E INMORTAL.
                                              MAYO 1986

 Ici vécut en 1809 le général D. Mariano Álvarez de Castro. Avec le peuple et l’armée unis, il rendit Gérone héroïque et immortelle. Mai 1986.

Le 6 (ou le 20) juin 1809, les 18 000 hommes sous le commandement de Verdier, qui vient de remplacer Reille (4e et 6e divisions et division allemande du VIIe Corps de Gouvion-Saint-Cyr, 38 bouches à feu) établissent le siège devant Gérone. A cela s'ajoutent le reste du Corps de Gouvion - qui est remplacé par Augereau, mais qui doit attendre l'arrivée de son remplaçant - en couverture pour empêcher les Espagnols d'amener des renforts à la ville. Castro a 5 723 hommes à sa disposition. Il faut y ajouter les troupes de Blake qui essaient régulièrement de venir en aide et de ravitailler la ville.

Le général du génie Sanson entame les travaux devant la citadelle de Montjuich.

Álvarez de Castro, gouverneur de la ville, fait afficher deux avis aux murs de la ville, le premier, du 1er avril, est destiné aux défenseurs, le deuxième, daté du 2 juillet, est adressé aux assiégés. Le fait que l'avis du 1er avril parle déjà de siège et que les assiégés reçoivent tant de renforts indique bien que la notion de "siège" est bien variable, ce qui rend plus difficile la détermination de dates précises.

A LOS SITIADOS
BANDO : SE IMPONDRÁ
PENA DE LA VIDA, EJECUTADA
INMEDIATAMENTE A CUAL-
QUIER PERSONA SIN DISTIN-
CIÓN DE CALIDAD NI CONDI-
CIÓN QUE HABLARE DE CA-
PITULAR O RENDIRSE.

GERONA, 1º DE ABRIL DE 1809
MARIANO ALVAREZ DE CASTRO

A LOS SITIADORES
NADA TENGO QUE TRATAR
Y PARA LO SUCESIVO SEPAN
QUE NO ADMITIRÉ NI TEN-
DRÉ CONSIDERACIÓN A PAR-
LAMENTARIO NI TROMPETA
DE SU EJERCITO.
CONTESTO SU PAPEL DE HOY.
GERONA, 2 DE JULIO DE 1809.
MARIANO ALVAREZ DE CASTRO.

Aux assiégés.
Arrêté : la peine capitale sera imposée
et tout de suite exécutée à toute personne,
sans distinction de qualité ni de condition,
qui parlerait de capituler ou se rendre.
Gérone, le 1 avril 1809
Mariano Álvarez de Castro. »

Aux assiégeants.
Je n’ai rien à traiter et,
dorénavant, sachez que je n'admettrai ni
ne traiterai avec égards
les parlementaires et trompettes
de votre armée.
Je réponds à votre courrier d’aujourd’hui.
Gérone, le 2 juillet 1809
Mariano Álvarez de Castro

Ces avis seront plus tard gravés dans le marbre de part et d'autre de son mémorial au château de Figueres.

Le 8 juillet à quatre heures du matin, après une importante préparation d'artillerie, 4 000 Français et Allemands montent à l'assaut du fort de Montjuich, véritable point fort de la défense de Gérone.  Ils sont cependant repoussés avec d'importantes pertes (900 morts et blessés - 3 800 selon les Espagnols). Mais à peine le combat est-il terminé, qu'un événement tragique pour les défenseurs fait tout basculer : vers 7 heures et demie, un artilleur espagnol entre avec une bougie non protégée dans le dépôt de poudre du fort San Juan, et fait sauter le fort, ensevelissant bon nombre des défenseurs. Or, ce fort est la clé de voûte de la défense, car il permet la liaison entre le fort de Montjuich et la ville. Une fois ce fort pris, Montjuich devient plus vulnérable, et par là, la ville. Cet événement fait basculer le rapport des forces.

Le 10 juillet, une colonne espagnole qui tente de secourir la place est dispersée et perd 1000 prisonniers.

Le 4 août, la demi-lune du fort de Montjuich est prise d'assaut. Le fort est tellement menacé que, dans la soirée du 11 août, les Espagnols font sauter le magasin et abandonnent le fort pour se replier dans la ville.

Álvarez de Castro fait alors construire des barricades et creuser des fossés à l'intérieur même de la ville. La défense est héroïque et la guerre acharnée.

Le 1er septembre (et non le 17 août, comme certaines sources l'affirment) un convoi de 1500 mules chargées de munitions et de vivres, escorté de 4500  hommes (ou 3 687, selon d'autres sources) sous le commandement du maréchal de camp Conde, surprend les assiégeants (division Lechi), romp l'encerclement et entre dans la ville pour venir renforcer la garnison d'Álvarez de Castro, ce qui donne alors un total de 9 371 hommes et 168 bouches à feu.

Mais cet arrivage de renforts pèse trop fort sur les vivres de la ville et le 4 septembre, Conde quitte la ville assiégée, laissant 2800 hommes pour compenser les pertes subies.

Le 6 septembre, l'encerclement est à nouveau complet quand Mazuchelli prend le couvent de la Madone des Anges situé sur la montagne.

Les Français croient que la ville est enfin mûre pour être prise. Une brèche a été pratiquée et un assaut peut être tenté. Mais le 19 septembre, c'est le "Grand Jour de Gérone" : un important assaut français est repoussé avec de nombreuses pertes.


Le Grand Jour de Gérone, par Ramon Martí i Alsina (document Wikipedia)
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Le 26 septembre, nouvelle tentative de Blake : un grand convoi de ravitaillement tombe entre les mains des Français qui font 700 prisonniers.

Gouvion quitte alors son poste (!) sans attendre Augereau, qui n'arrivera que le 12 octobre.

La bataille fait encore rage pendant plusieurs mois. Le 9 décembre, épuisé et gravement malade de fièvres, Álvarez de Castro reçoit l'extrême-onction, puis remet son commandement au commandant en second, Julian de Bolivar. Deux jours plus tard, le 11 décembre, la ville capitule.

Le 21 décembre, il est transféré comme prisonnier de guerre au château de Figueres, puis, 2 jours plus tard, à Perpignan. Le 8 janvier 1810, il est envoyé à Narbonne, mais le lendemain, il est renvoyé à Figueres. Le 10 janvier, il y est enfermé, en attente d'un conseil de guerre qui doit le condamner à mort.


L'entrée de San Ferran


Les écuries de la citadelle de San Ferran.  Au fond, le mémorial au général Álvarez de Castro.

EN MEMORIA
DEL GENERAL
ÁLVAREZ               DE CASTRO

Dans la cellule  (en fait, à l'époque, un dépôt de paille des écuries) se trouve une reconstitution de la chaise à armature de fer où il mourut le 21 janvier 1810. 1

Cette chaise fut conservée ici jusqu'à la Guerre civile espagnole, au cours de laquelle elle fut détruite, lorsque les Républicains firent sauter une partie importante du fort, e. a. plus de la moitié des écuries. Si le général Álvarez de Castro est effectivement mort en captivité et si, en effet, il fut traité sans ménagement par ses geôliers, l'explication de sa mort consécutive au fait qu'on l'ait empêché de dormir dans cette prison doit être considérée comme une légende, car il est décédé seulement quelques jours après son arrivée au fort. Certaines sources mentionnent le 10, il est en fait mort le 21 (ou le 22) janvier 1810.


La reconstitution de la chaise où il mourut.

MURIÓ ENVENENADO
EN ESTA ESTANCIA
EL DIA 22 DE ENERO DE 1810
VICTIMA DE LA INIQUIDAD DEL TIRANO
DE LA FRANCIA
EL GOBERNADOR DE GERONA
DN MARIANO ÁLVAREZ DE CASTRO
CUYOS EROYCOS ECHOS
[sic] VIVIRAN ETERNTE
EN LA MEMORIA DE TODOS LES BUENOS.
MANDO COLOCAR ESTA LÁPIDA
EL EXMO SR DN FRANCO XAVIER DE CASTAÑOS
CAPITAN GENL DEL EXETO DE LA DEREA
AÑO 1815.

Dans cette pièce mourut empoisonné
le 22 janvier 1810,
victime de l'injustice du tyran
de la France
le Gouverneur de Gérone,
Don Mariano Álvarez de Castro
dont les actes héroïques vivront éternellement
dans la mémoire de tous les gens de bien.
Son excellence Don François-Xavier de Castaños,
Capitaine-Général de l'Armée de la Droite,
donna l'ordre de poser cette pierre
en l'an 1815.


On voit d'ailleurs que la première plaque commémorative parle d'empoisonnement.  Cette plaque de marbre, placée dès 1815 au-dessus de la cellule d'Álvarez de Castro, a été cassée en deux en décembre 1823, sur ordre de Moncey, par les troupes françaises venues remettre Ferdinand VII sur le trône d'Espagne lors de la "Croisade de 100.000 fils de saint Louis", sur la route du retour en France.

En face de la cellule, au-dessus des mangeoires:

 

EN LA PAJERA DE ESTA CUADRA (CUYOS PESEBRES SE HAN CONSERVADA COMO MUESTRA DEL TRATO QUE LE DIERON)
SUFRIÓ PRISIÓN DE LOS FRANCESES EL EXCMO. SR. D. MARIANO ÁLVAREZ DE CASTRO, LÓPEZ GONZÁLEZ DEL PINO,
TRONCOSO DE LIRA Y SOTOMAYOR CABALLERO DEL HÁBITO DE SANTIAGO, MARISCAL DE CAMPO DE LOS REALES EJÉRCITOS
NACIONALES, CAPITÁN DE REALES GUARDIAS DE INFANTERÍA ESPAÑOLA Y GOBERNADOR MILITAR DE GERONA Y SUS
FUERTES.            MARTIRIZARONLE SUS GUARDIANES, NO PERMITIÉNDOLE DORMIR, Y YA EN LA AGONÍA, LO SACA-
RON PARA CONDUCIRLO A LA PLAZA QUE TAN HEROICAMENTE SUPO DEFENDER, DONDE HABÍA DE SUFRIR LA PE-
NA DE MUERTE VIL EN HORCA.       DIOS FUE CLEMENTE CON EL HÉROE Y LE LLAMÓ A SI ANTES DE QUE SUFRIE
RA MUERTE INFAMANTE.                       S.M. EL REY DON ALFONSO XIII (Q.D.G.) ORDENÓ HONRAR LA MEMO-
RIA DEL HÉROE Y MÁRTIR DISPONIENDO LA PRESENTE ORNAMENTACIÓN QUE SIN DESFIGURAR EL LUGAR
SIRVIESE DE PERPETUO HOMENAJE AL SACRIFICIO POR LA PATRIA.                                                                

 

Dans le fenil de cette écurie (dont les mangeoires ont été conservées comme preuve du traitement qu'ils lui donnèrent)
 son excellence Don Mariano Álvarez de Castro, López, González del Pino,
Troncoso de Lira y Sotomayor, Chevalier de l’Ordre de Saint Jacques, Maréchal de Camp des Armées royales
de la Nation, Capitaine des Gardes royales de l’Infanterie espagnole et Gouverneur militaire de Gérone et de ses
forts, souffrit la prison de la main des Français, ses gardiens le martyrisèrent en l'empêchant de dormir et, déjà dans l’agonie, le firent
sortir pour le conduire dans la place que, si héroïquement, il sut défendre, où il devait souffrir la
vile peine de mort au gibet. Dieu fut clément avec le héros et le rappela à lui avant qu’il ne souffrît une
mort infamante. S. M. le roi M. Alphonse XIII (Q.[ue] D.[ieu] [le] G[arde] ) ordonna d'honorer la
mémoire du héros et martyr en disposant cette décoration qui, sans défigurer le lieu,
servira comme perpétuel hommage au sacrifice pour la Patrie.

Bien plus tard, on plaça cette stèle près du parking de la citadelle.

AL GENERAL
Álvarez de Castro
DEFENSOR
DE
GERONA
MUERTO EN ESTE CASTILLO
PASAJERO
DESCUBRETE Y
PIENSA EN LA
PATRIA

Au Général Álvarez de Castro, défenseur de Gérone, mort dans ce château.  Passant, découvre-toi et pense à la Patrie.
 

Le lendemain de sa mort, son corps est enterré anonymement dans un simple linceul au cimetière communal de Figueres, près de l'église.


Quelques personnalités de Figueres viennent rendre hommage à la dépouille du brave général, avant son enterrement.


El cadàver d'Álvarez de Castro, par Tomás Muñoz Lucena, 1887.

En avril 1810, il est promu maréchal de camp à titre posthume (ce grade devait donc être, à l'époque dans l'armée espagnole, supérieur à celui de général de brigade, qu'il occupait déjà). En mai, il est fait commandant du 1er bataillon du régiment de la Garde royale espagnole. En octobre 1810, il est nommé lieutenant-général à titre posthume.

Le 5 juillet 1814,  on exhume son corps, qui peut être identifié grâce au fait que le fossoyeur y avait placé une tuile. Il est ensuite inhumé dans la chapelle de la forteresse. En décembre 1823, sur ordre du maréchal Moncey, les troupes françaises, sur la route du retour en France après la "Croisade de 100.000 fils de saint Louis", cassent la pierre qui avait été placée au-dessus de sa cellule.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le musée d'histoire de la ville de Gérone conserve le premier cercueil d'Álvarez de Castro, tandis que le musée archéologique dans le monastère Sant Pere de Galligants conserve son mausolée primitif (que je n'ai pas vu, une salle étant en travaux).


Il fut ensuite inhumé avec les honneurs dans la chapelle San Narciso de l'église Sant Feliu de Gérone.


En 1880, un monument funéraire sculpté par Jeronimo Suñol a été érigé sur sa tombe.
Plus de photos ici : http://www.pedresdegirona.com/mausoleu_alvarez_0.htm


Le monument érigé sur la Plaça Independencia de Gérone à la mémoire du général Álvarez de Castro. C’est une œuvre d’Antoni Parera.
A
LOS DEFENSORES
DE GERONA
EN
1808 Y 1809

 

Monument du Centenaire, Plaça Calvet i Rubalcaba à Gérone.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le nom d'Álvarez de Castro figure en place d'honneur parmi les quatre grands noms de la défense de la ville.

Au bout du Pont de Pedret, côté ville, sur la Carrer de Palamos, à Gérone, les sièges et le nom d'Álvarez de Castro figurent évidemment sur la colonne évoquant les moment importants et les grands noms de l'histoire de la ville.

Alvarez de castro

setges 1808-09

 

1. La cause exacte de sa mort est encore obscure de nos jours. Cependant, "La véritable cause de la mort de l'infortuné Álvarez de Castro devrait être recherchée dans l'état physique et moral d'une personne âgée, malade, solitaire et vaincue et, ne l'oublions pas, en route vers l'échafaud. Peu de cœurs résistent à cela. (Il avait dû être remplacé à la tête de la place de Gérone et avait déjà reçu les derniers sacrements avant la reddition de la ville.)" Le château de San Ferran de Figueres, J.M. Alfaro Guixot, 2008.

Une biographie ici : http://www.pedresdegirona.com/guerra_frances/mariano_alvarez.htm

Sources :

-Cuadernos de San Fernando, Alvarez de Castro y el sitio de Gerona. Una necesaria revision para el bicentenario, German Segura Garcia, 2010, Les Fortaleses catalanas.
- Los Sitios de Gerona, César Alcala, 2009

Et, avec de nombreuses corrections:

http://en.wikipedia.org/wiki/Mariano_%C3%81lvarez_de_Castro

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mariano_%C3%81lvarez_de_Castro

 

 

 

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