Mort d'Un géant: les obsèques de Ben Weider
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par Jean-Claude Damamme, représentant pour la France
de la Société Napoléonienne Internationale de Montréal
La nouvelle du décès de Ben, le 17 octobre 2008, m’a laissé sans voix. Lorsque j’en ai pris connaissance, je n’y ai pas cru. Ou, plus précisément, j’ai refusé d’y croire.
Ben mort ? Cela ne semblait pas possible, mais absurde.
Dans cet hommage à mon ami Ben, j’ai tenu à associer son image à celle de l’homme pour lequel, en véritable mécène, il s’est battu si bien et si longtemps |
Mon ami le Pr. Eduardo Garzon-Sobrado, président-fondateur du site frère mexicain, I.N.M.F., eut le même mouvement de refus, et, comme s’il se raccrochait à un vain espoir, il pensa d’abord qu’il s’agissait d’une sinistre plaisanterie. Il eût sans doute mieux valu qu’il en fût ainsi, car il me serait encore donné d’entendre résonner dans mes oreilles la voix chaleureuse de ce Québécois de cœur et d’âme, qui savait si bien vous communiquer l’énergie qui l’habitait.
Que dire de Ben ?
Il est toujours d’usage, lorsqu’une personne s’en va, de dresser d’elle un portrait flatté. Avec Ben, cela ne sera pas nécessaire, car le portrait ne sera ni flatté, ni flatteur, mais vrai.
Je l’ai connu il y a plusieurs années par l’intermédiaire d’un ami, aujourd’hui disparu, qui était membre d’une association que je ne connaissais pas : « Toi qui admires Napoléon, tu devrais, m’avait-il suggéré, adhérer à cette association. Son président et fondateur se nomme Ben Weider ».
Et il avait prononcé le nom de la Société Napoléonienne Internationale, dont le siège m’avait-il précisé, se trouvait à Montréal.
J’écrivis donc à ce président Weider, sans, d’ailleurs, attendre de réponse précise. Je m’étais trompé. Avec cette courtoisie dont il ne se départait jamais, il me répondit, et j’ai encore cette réponse, qu’il serait heureux de m’accueillir.
Nos relations, au fil des années, se resserrèrent au point qu’un jour il me proposa de devenir son représentant officiel en France. J’acceptai d’autant plus volontiers que je découvris que, outre sa très prenante activité d’homme d’affaires international, il était effectivement entièrement dévoué à la mémoire d’un homme que nous admirions tous les deux : Napoléon. Pour l’Empereur, et je puis le rappeler puisqu’il n’est plus là pour m’empêcher de l’écrire – Ben était pudique dans sa générosité – il dépensait, en plus de son temps, beaucoup d’argent afin de faire connaître l’homme exceptionnel qu’était Napoléon, et réfuter les calomnies et les bassesses – pour ne pas dire pire – que nous, en France, aimons tant à déverser sur lui.
Je découvris ensuite qu’il s’était lancé dans une grande croisade visant à prouver que l’Empereur, déporté à Sainte-Hélène, avait été victime d’un empoisonnement à l’arsenic. Par la suite, les analyses démontrèrent que cet arsenic était de la mort-aux-rats.
Que n’avait-il pas fait là ?
Je ne vais pas entrer dans les détails de cette affaire. Ils figurent en bonne place sur le site que Ben a créé. Je me joignis à cette croisade et, de ce moment, nous travaillâmes et luttâmes – juste vocable – en étroite collaboration.
Dès que cette thèse commença à se faire jour, fleurirent les attaques, toutes plus basses les unes que les autres, qui ne faisaient pas – et ne font toujours pas – honneur à leurs auteurs. Ceux-ci, entre quelques sarcasmes savamment distillés, ne reculèrent devant rien pour la ridiculiser, allant jusqu’à refuser de prendre en compte les travaux effectués sur cette question par les scientifiques les plus renommés internationalement dans le domaine de la toxicologie.
Que l’on me pardonne ce mot, mais lorsque je lisais ce que certains écrivaient, ou faisaient écrire, il arrivait souvent que je fusse écœuré. J’avais honte pour eux. Alors aujourd’hui… Comment peut-on être aussi vil ?
Peut-être aurais-je fini par me décourager si Ben ne m’avait relancé dans la « bagarre ». Et si je n’avais cru au sérieux de cette thèse et aux arguments scientifiques sur lesquels elle s’appuyait, et continue de s’appuyer.
Ben ne s’est jamais découragé. Et il en a bien du mérite, car cette lutte qu’il avait entreprise a duré près de quarante années !
Finalement, c’est lui qui a gagné, car, en dépit de toutes les manœuvres malhonnêtes faites pour la discréditer avec le soutien de certains moyens médiatiques soigneusement utilisés qui ne faisaient pas défaut à ses adversaires, la thèse de l’empoisonnement de Napoléon a fait son chemin. Ben en était heureux, et je suis certain que là où il se trouve ce soir, au moment où j’écris – nous sommes le samedi 18 octobre, et je le fais le cœur serré – il en est toujours ainsi.
Il ne serait pas juste que tout s’arrête parce que l’on quitte un monde pour se rendre dans un autre.
Ce qui n’est pas juste, c’est que Ben ait quitté ses amis qui lui étaient tout dévoués. J’aimerais à pouvoir retranscrire les paroles que le Premier Consul prononça en apprenant la mort au combat, à Marengo, de son ami Desaix. Je ne les écris point, mais elles me serrent la gorge.
Il me souvient aussi de la joie de Ben lorsque le gouvernement français, pour le récompenser de son dévouement à la personne de celui qu’il appelait, avec ô combien de raison, « ce géant de l’Humanité », lui décerna la Légion d’honneur.
Une distinction créée par Napoléon Bonaparte ! Je ne doute d’ailleurs pas qu’il eut, à ce moment riche d’émotion, la vision de l’Empereur en personne lui accrochant la médaille au revers de son habit.
Ben devait inaugurer le 23 de ce même mois d’octobre 2008 la salle qui va désormais abriter la splendide collection napoléonienne qu’il a léguée au musée des Beaux-Arts de Montréal. Cette salle va porter son nom. Ben va donc vivre dans cette salle, et peut-être est-ce lui qui, un jour, guidera vos pas lorsque vous la viendrez visiter.
Cet ultime geste d’élégance me permet de reprendre, à propos de la vie de mon ami Ben, ce que dit du maréchal de Turenne l’un de ses adversaires en apprenant sa mort :
« Voici l’ouvrage d’un homme qui faisait honneur à l’homme. »
Mes pensées vont à son épouse, à ses enfants, et à toute sa famille, à qui je présente, avec une immense tristesse, l’expression de ma très profonde sympathie.
Napoléon, qui, pourtant, ne devrait pas en avoir besoin, perd un défenseur comme il n’en eut jamais.
Quant à moi, je perds un ami très cher et très proche, un ami pour lequel j’éprouvais infiniment de respect et d’affection.
Mais, dans le chagrin, il faut, sans quoi il serait insupportable, toujours se chercher une raison, sinon d’espoir, du moins de consolation. Là où il se trouve désormais, et, pour peu que l’on accepte de croire que tout ne finit pas avec notre trajet terrestre, je sais que Ben ne sera pas seul, puisqu’il va retrouver celui auquel il a consacré tant d’années de sa vie. Ils doivent certainement avoir plein de choses à se dire.
La mission que Ben avait assignée au site de la SNI était – et est toujours, car ce serait faire injure à la mémoire de celui qui vient de nous quitter que d’en parler au passé – de faire connaître le vrai visage de Napoléon.
Cette mission, je suis heureux et fier d’y avoir activement participé. Aujourd’hui, nos 270 000 visiteurs mensuels ont prouvé à Ben que ce projet, qui lui était d’abord apparu comme une impossible gageure, a été réalisé, et que nous avons été suivis dans notre démarche. Cette réussite aussi le rendait très heureux. Son dernier message à ce sujet date du 6 octobre. Comment aurais-je pu seulement imaginer que onze jours plus tard…
Et maintenant ?
Maintenant, cher Ben, vous et « notre » Empereur, vous pouvez compter sur moi, et je sais que, tous les deux, vous serez toujours là, à mes côtés, pour m’aider à continuer la route.
Toute histoire humaine a une fin.
C’est pourquoi, très cher Ben, en cette bien triste soirée du 18 octobre, je ne vous dis pas : « Adieu », mais : « Au revoir ».
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Robert Chénier, Président, au nom de l’ACMN.
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Bien chers amis napoléoniens,
Nos cœurs sont en berne. Le docteur
Ben Weider, Président Fondateur de la Société Napoléonienne Internationale, a
accompli sa fabuleuse destinée le 17 octobre 2008 à Montréal, foudroyé en pleine
action.
Il achève une vie admirable dont les mérites exceptionnels, civils et
militaires, ont été récompensés par les plus hautes distinctions de son pays et
la Légion d’honneur.
Bouleversés jusqu’au tréfonds de leur âme par la brutalité de cette disparition et accablés par cette perte inestimable, ses fidèles compagnons de la SNI, auxquels se joignent le président et les membres de l’Institut Napoléonien Mexique-France, ont l’honneur de présenter par ma plume à sa famille leurs condoléances les plus attristées.
Orphelins désemparés, nous
perdons un chef courageux et généreux, un ami chaleureux, un frère affectueux.
Notre cher Ben est mort la plume à la main pour la promotion de la mémoire de
Napoléon. Autant dire qu’il est tombé les armes à la main au champ d’honneur de
l’Histoire.
Cette issue fatale est intervenue quelques heures avant l’inauguration
solennelle de l’espace Napoléon du musée des Beaux-Arts de Montréal, apothéose
de la généreuse donation de la richissime collection napoléonienne de Ben
Weider. La Providence a ainsi voulu marquer sa claire volonté de se faire
rejoindre dans l’immortalité Napoléon le Grand et celui qui lui aura consacré sa
vie.
Au Panthéon des gloires de son épopée, les mânes de l’Empereur doivent
tressaillir de la même douleur que celle ressentie jadis pour les morts de
Desaix, Lannes et Duroc.
Le souvenir de la grande figure du président Ben Weider commande à tous ses amis
napoléoniens le devoir sacré de poursuivre résolument son œuvre dans la voie
impériale qu’il nous a tracée.
Général Michel Franceschi
Conseiller personnel. Le 19/10/08
Chers
amis de l’Institut Napoléonien Mexique-France,
C’est avec une extrême tristesse que
nous annonçons le décès, vendredi 17 octobre dernier, d’un membre insigne
de notre Institut, mais avant tout d’un ami personnel de votre serviteur
depuis une décennie, le Dr. Ben Weider, président et
fondateur de la Société Napoléonienne Internationale, SNI. |
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Le fait que ce jour si sombre se produise
juste lorsque nous étions déjà préparés et tout prêts pour célébrer
ensemble, dans une apothéose festive, son incroyable vie et ses
merveilleuses contributions au monde de l’académisme et de la culture
napoléoniens, constitue une double et indescriptible tragédie,
particulièrement douloureuse pour ceux qui ont eu l’honneur et le
privilège de connaître et de compter avec la généreuse amitié d’une
personnalité dont la présence était reconnue comme étant celle des grands
hommes, ceux qui de par leur exemple et leur démarche exemplaires marquent
ce monde d’une empreinte propre et profonde. Son départ, disais-je, est un
désastre pour ceux qui avons eu le bonheur de jouir de l’affection d’un
homme qui pour le monde était naturellement et en toute simplicité
Monsieur le Président, et pour nous, ses amis, notre Cher Ben.
Nous associons nos prières à Dieu à celles de sa famille et de ses amis de partout dans le monde, et, dans le petit noyau de la SNI, nous demeurons étroitement unis avec plus de courage et de fermeté que jamais, avec le but de préserver et de défendre la glorieuse mémoire de l’Empereur Napoléon, car c’est bien ce que Ben attend de nous, et que, de là où il se trouve maintenant, il nous aidera à réaliser de jour en jour. Vive l’Empereur! Honneur
au Président! |
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Par le colonel
(ret)
Jerry D. Morelock, PhD, F.I.N.S. Vétéran de l’Armée des Etats Unis, décoré au Vietnam et en Corée Editeur en chef de la revue spécialisée Armchair General |
Adaptation du site INMF Hommage complet en anglais sur Armchair General
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Vous retrouverez ces hommages dans le numéro 8 de la Gazette de l'ACMN, que vous pouvez télécharger ici : Volume 10, Numéro 8, octobre 2008