Puis le Dervois est choisi pour accompagner, avec le lieutenant de Talhouet, le
général Savary dans sa mission de plénipotentiaire (entre juillet 1807 et
janvier 1808) à Saint-Petersbourg.
C’est le maréchal Murat qui, en 1808, l’envoie à son tour en mission aux
Baléares.
Diminué par ses blessures, par
ces épreuves, promu chef d’escadron (soit en son absence, soit rétroactivement)
à compter du 17 juillet 1808, Berthemy reçoit un poste un peu plus reposant :
celui de gouverneur du château de Valençay (propriété du ministre Talleyrand) où
sont « logés » les princes d’Espagne depuis l’avènement sur le trône de cet Etat
de Joseph Bonaparte.
C’est en mars 1810 que cet officier de 32 ans entre en fonction. Selon P.
Ollendorf, auteur d’un ouvrage sur les « Aventuriers politiques », c’est à la
protection de généraux distingués (Savary, Duroc) que Berthemy doit cette
fonction. « Sa santé s’était délabrée, ses blessures d’Austerlitz et d’Eylau
s’étaient rouvertes dans la prison d’Espagne, le faisaient si affreusement
souffrir que l’usage du cheval lui fut totalement défendu », écrira l’historien,
qui souligne, de la part du Haut-Marnais, certes, de « nombreuses qualités »,
une « instruction assez soignée », mais qui « manquait de cette distinction
native caractéristique de race ».Durant sa mission – « veiller à la sécurité des
princes » (selon les instructions de Duroc), Berthemy « gagne l’estime des
princes », offrant à Ferdinand des dessins qu’il a faits à la façon d’Isabey. Il
entre dans l’Histoire en faisant arrêter un aventurier piémontais se faisant
passer pour un baron irlandais, Kolli, soupçonné de vouloir enlever les princes
d’Espagne. C’est le 6 avril 1810 que Berthemy annonce cette arrestation à
Fouché, ministre de la Police.
Chevalier d’Empire en septembre 1810, le Dervois cesse ses fonctions en février
1811, « à la suite d’une intrigue avec Mme d’Amezaga, femme de l’écuyer du roi
», précisera Percheron.
Promu major en second le 19 avril 1812, Berthemy entre, le 10 mai, au service
d’un autre monarque européen : le maréchal Joachim Murat, comme aide de camp. Il
prend part à ses côtés à la Campagne de Russie. Promu colonel le 4 août, le
Haut-Marnais est blessé pour la troisième fois lors de la bataille de La
Moskowa. Ce qui ne l’empêche pas d’être choisi pour porter à Koutousov, général
en chef de l’armée russe, une lettre signée du maréchal Berthier, les 21 et 22
octobre 1812. Commandeur de la Légion d’honneur le 5 décembre 1812, Berthemy est
toujours au service de Murat qui, le 5 juillet 1813, demande au général Clarke
la mise en retraite de son aide de camp, officier « distingué », dont « le froid
et la fatigue ont augmenté les douleurs que lui causent les blessures, de
manière à ne plus lui permettre de monter à cheval ».
Non seulement Berthemy n’est pas mis en retraite, mais il est promu maréchal de
camp (général de brigade) à titre napolitain le 14 décembre 1813. Fidèle à son
souverain, il remplit une mission auprès de la grande-duchesse Elisa, puis
signe, le 25 janvier 1814, une convention avec le général Graham, aide de camp
de lord Bentinck. Contre les intérêts de l’Empire français…
Rappelé en France en juillet 1814, Berthemy va s’employer à obtenir les faveurs
des Bourbon. C’est même, en décembre 1814, Kolli lui-même qui intercède en sa
faveur, soulignant la « délicatesse » du Haut-Marnais !