Michel NEY

Saarlouis 1769 - 1815 Paris

Maréchal de l'Empire

Duc d'Elchingen
Prince de la Moskowa

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ney en Sous-Lieutenant au 4e de Hussards en 1792, par A. Brune.

I. - L'HOMME ET SON CARACTÈRE1

On tenterait en vain d'imaginer une figure plus noble, plus chevaleresque, plus vraiment française que celle du maréchal Ney.

Rien ne lui a manqué pour lui assurer une grande place dans l'histoire, ni la bravoure, ni les lauriers, ni les malheurs. Il est une sorte de résumé de toutes les grandeurs humaines, heureuses ou malheureuses. Il a bénéficié des plus glorieuses faveurs de la fortune ; il a subi les coups les plus terribles du destin avec la même sérénité d'âme, avec le même courage intrépide qui lui valurent, au début de sa carrière, le surnom d'Infatigable, et plus tard celui de Brave des braves, sous lequel il est aussi connu que sous son propre nom.

Il était de haute taille (Note : 1,72 m), solide et robuste. Ses traits sans finesse, son nez large et relevé, sa bouche épaisse trahissaient la volonté et l'énergie; mais ses yeux étaient surtout remarquables. On y voyait tour à tour la flamme de l'enthousiasme ou la plus douce bienveillance. Son visage expressif et mobile n'exprimait jamais la froideur ou l'indifférence; et les Français, qui aimaient à voir le Brave des braves commander une armée ou caracoler sur son grand cheval, le regardaient, bien qu'il fût Alsacien (note : en fait Sarrois), comme un de ces enfants de Paris dont la laideur est plus attrayante que certaines beautés, et dont l'ardeur toujours en éveil électrise les foules et réveille les courages.

Ney fut un homme profondément honnête, droit et bon. On lui reproche à la vérité d'avoir comme les autres abandonné son Empereur, et même de l'avoir, à Fontainebleau, en 1814, cruellement rudoyé pour obtenir qu’il abdiquât.

Mais, outre qu'il profite mieux que personne des excuses tant de fois invoquées par de moins dignes, il agit toujours en face, ne fut jamais guidé que par le souci du bien public, et s'abstint constamment d'insulter dans sa disgrâce celui qu'il avait si glorieusement servi dans sa prospérité.

Au surplus, la tragédie de son procès et de sa mort doit effacer bien des faiblesses, et il n'est pas de meilleure occasion de rappeler l'admirable parole de La Fontaine : C’est être innocent que d'être malheureux !

Comme soldat, Ney demeure au-dessus de toute comparaison. Il a figuré dans cinquante batailles rangées, dans trois cents combats et dans trois sièges fameux. Il a sauvé une armée française, et il compte plus de victoires que de campagnes. Il avait la bravoure idéale et parfaite, celle qui raisonne, qui est capable, selon le besoin, des plus folles témérités et des plus prudents ménagements ; celle qui sait gagner des batailles et sait ensuite en profiter. Enfin, titre suprême de gloire, il était ménager de la vie des soldats. Il les aimait réellement, effectivement, non pas pour la renommée qu'ils l'aidaient à acquérir, mais pour eux-mêmes et pour leur propre sécurité. Cette héroïque tendresse lui était d'ailleurs bien rendue, et je ne sache pas de plus bel éloge à faire de Michel Ney gué de lui reconnaître, en même temps que le talent de vaincre et de détruire, celui de reconstruire et de protéger.

Le maréchal Ney mesurait 1,72 m.

II. - SON ORIGINE ET SA JEUNESSE

Michel Ney est né le 10 janvier 1769 à Sarrelouis, au 8 de la Bierstraße.  Il est donc l'aîné de l'Empereur de plus de huit mois.  Mais Sarrelouis est à l'époque une ville française et il naît donc bien sujet français.  Sa maison natale existe encore et est actuellement l'auberge  " Maréchal Ney", ornée d'une plaque commémorative portant en français les mots : "Ici est né le Maréchal Ney".  On peut également y voir son portrait, ses armoiries et, au-dessus de la porte, une plaque en allemand portant ses principaux titres.

Ici est né

le Maréchal Ney

Maison natale du Maréchal Ney

                                                                             1804

                                                                             1808      

                                                                 1812   

                                                              1814

Maréchal de France

Duc d'Elchingen

Prince la Moskowa

Pair de France

10 janvier 1769 - 7 décembre 1815

Napoléon l'appelait

"le Brave des Braves"

 

 

Mais sa ville natale comte encore un autre monument, même assez récent, puisqu'il date d'après la Deuxième Guerre mondiale.

MICHEL NEY
"Der Tapferste der Tapferen"
*
Geboren in Saarlouis am 10. Januar 1769
als Sohn eines Küfers aus der Bierstrasse
Husar in Metz
General in der Revolutionsarmee
Marschall des Kaiserreiches
Herzog von Elchingen
Fürst von der Moskowa
*
1814 drängt Ney Napoleon zur Abdankung
Ludwig XVIII beruft ihn in die Pairskammer
*
Ney verhütet 1815 den Burgerkrieg durch
Unterstützung des "Napoleon der 100 Tage"
Schlacht bei Waterloo
*
Erschiessung wegen
Hochverrates am 7. Dezember 1815 in Paris

Denkmal errichtet 1946

MICHEL NEY
"Le Brave des Braves"
*
Né à Saarlouis le 10 janvier 1769
comme fils d'un tonnelier de la Bierstrasse
Hussard à Metz
Général dans les Armées de la Révolution
Maréchal de l'Empire
Duc d'Elchingen
Prince de la Moskowa
*
En 1814, Ney force Napoléon à l'abdication
Louis XVIII le nomme à la Chambre des Pairs
*
En 1815, Ney prévient la guerre civile en soutenant le "Napoléon des 100 Jours"
Bataille de Waterloo
*
Fusillé pour
haute trahison le7 décembre 1815 à Paris

Monument érigé en 1946

J'ai été bien perplexe quand je me suis retrouvé devant cette plaque, sans doute comme vous en la lisant. Expliquer son revirement de 1815 par une volonté d'éviter une guerre civile est un exercice pour le moins périlleux, mais il a le mérite de l'originalité. Si, personnellement, je n'apprécie pas tellement l'œuvre du sculpteur parisien Lambert Rucki, je dois pourtant avouer que cette statue à un grand mérite, celui d'avoir été érigée en 1946, au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, à un moment où le statut de la Sarre n'avait pas encore été fixé définitivement, et où elle balançait encore entre la France et l'Allemagne.

 

Son père était tonnelier, mais on dit qu'il avait encore combattu à Rossbach. Le petit Michel eut une assez bonne instruction chez les pères augustins, puis il fut placé chez un notaire. Ce n'est pourtant pas la vie dont il rêve, et à 19 ans, le 1er février 1787, il s'engage au régiment de hussards Colonel-Général (en 1791, le 5ème de Hussards). Il combat à Valmy, où il est nommé adjudant et, le 29 octobre 1792, il est enfin nommé sous-lieutenant. Il passe lieutenant à peine 15 jours plus tard ! Il combat ensuite à Neerwinden (18 mars 1793) et cinq jours plus tard, il devient aide de camp du général Lamarche (ses nominations successives sont mentionnées sur le socle de son monument, avenue de l'Observatoire). Élu capitaine, il est remarqué par Kléber, ce qui aidera beaucoup sa carrière. Celui-ci, afin de le maintenir dans l'Armée de Sambre et Meuse, le nomme adjudant-général et lui donne un corps de partisans en mai 1794. Il sert à Aldenhoven, le 2 octobre de la même année, puis au siège de Maastricht. À cette époque, il se lie d'amitié avec Jourdan et Bernadotte.

On le voit avec Kléber au siège de Mayence, où il est cependant gravement blessé d'un coup de feu à l'épaule gauche, le 22 décembre. En février 1795, Kléber réclama pour lui le grade de général en disant : « Il a montré un courage intrépide et une intelligence consommée. » Il combat à Altenkirchen le 4 juin 1796. Sa nomination au grade de général de brigade arrive le 1er août 1796. Toujours selon Kléber : « Ce Ney est un preneur de villes : avec de pareils hommes, un général peut se dispenser de compter le nombre de ses ennemis. » Sa réputation d'audace est maintenant établie. Cependant, sa carrière ne se poursuit pas toujours sans mal et, le 21 avril 1797, il est fait prisonnier à Giessen (Neuwied). Il a cependant la chance d'être échangé 6 jours plus tard.

En mars 1799, le Directoire le nomme général de division. Il eut sous Masséna le commandement successif de plusieurs corps, mais trois blessures graves l'écartèrent du théâtre de la guerre, et il dut, en 1799, se rendre aux eaux à Plombières. À peine rétabli, il gagna l'Armée d'Helvétie, puis passa sur le Rhin, où deux nouvelles blessures ne l'empêchèrent pas de demeurer à son poste. Investi malgré lui pendant dix jours du commandement en chef, il arrêta le prince Charles, et donna ainsi un glorieux complément à la victoire de Masséna à Zurich.

Il fait ensuite la campagne d'Allemagne avec Moreau, se distingue à de très nombreuses reprises et joue un rôle décisif à Hohenlinden, où il commande la 2ème division du 3ème Corps d'Armée de Grenier. (Au NE d'Oberkaging)
 

Vue du champ de bataille de Hohenlinden entre Kronacker et Hohenlinden. (cliquez pour agrandir)

Monument de la bataille de Hohenlinden, inauguré en 1998.  Les trois premiers  piliers symbolisent les nations belligérantes, la Bavière, l'Autriche et la France. Le dernier représente la population entre Danube et Inn, qui souffrit de la guerre. Les poutres transversales qui  reposent sur les piliers représentent l'espoir d'un avenir pacifique qui unira les peuples d'Europe. La stèle en granit rouge de Finlande représente le sang versé, et les thuyas, à gauche, les troupes françaises montant à l'assaut .

 

Bonaparte, devenu Premier Consul, prévenu en sa faveur, le rencontre et se l'attache. Il le nomme médiateur en Suisse et le marie à une amie d'Hortense, Aglaé Auguié. Il eut à cette occasion un de ces gestes touchants qui caractérisent le personnage et dont il était coutumier. Ney voulut, en effet, que l'on bénît au même autel, le même jour et à ses frais, les noces d'or de deux pauvres vieillards, afin, dit-il, de lui rappeler son humble origine et de lui présager un aussi long bonheur. Hélas, ce ne sera pas le cas...
Le couple eut quatre fils :
- Napoléon Joseph, prince de la Moskowa, général de Brigade, homme politique (1803-1857),
- Michel Louis Félix, dit "Alloys", duc d'Elchingen  général, mort du choléra à l'armée d'Orient lors du siège de Sébastopol (1804-1854),
- Eugène, comte Ney  diplomate, (1808-1845),
- Edgar, prince de la Moskowa, Général de division.

 

III - SA CARRIÈRE SOUS L'EMPIRE

Maréchal en 1804, Grand-Aigle en 1805, Ney commande le 6ème Corps de la Grande Armée qui, partie du camp de Boulogne, va s'élancer contre les Austro-Russes en 1805. Une faute de manœuvre manque d'entraîner la destruction de la division Dupont (bataille d'Haslach), placée sous ses ordres, mais, à Elchingen, il brille devant l'Empereur, « qui aime bien voir au feu ces guerriers au courage insensé ». Et cela s'applique bien à Ney !


Panorama de la bataille d'Elchingen. Vue à 180° d'ouest en est, face aux positions autrichiennes, à partir des positions françaises.
(cliquez pour agrandir)

Il y démontre ses qualités dans une entreprise périlleuse : il fallait passer le Danube débordé sur un mauvais pont à demi détruit et balayé par l'artillerie ennemie. La pluie tombait à torrents et le village, sur une hauteur, était formidablement défendu et difficile d'accès. Ney s'élance en grande tenue, enlève une division, gravit les pentes sous une grêle de mitraille, et déloge une armée quatre fois supérieure, contre laquelle il tient bon jusqu'à l'arrivée des secours. Cet exploit lui valut plus tard le titre de duc d'Elchingen.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Vue du Ney-loch, emplacement de la brèche pratiquée par l'artillerie française dans le mur sud-est du cimetière  d'Elchingen.

"à cet endroit, le 14 octobre 1805, les soldats de Napoléon ont pratiqué une brèche de plusieurs mètres dans le mur de l'abbaye avec un (sic !) boulet de canon pour pénétrer dans la cour de l'abbaye.  Dans le langage populaire, cette percée dans le mur est appelée "trou de Ney", d'après le maréchal français Michel Ney, qui commandait les troupes françaises lors de la "bataille d'Elchingen" contre l'armée autrichienne."

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Bibliographie:


Texte : d'après de Beauregard, Gérard, Les Maréchaux de Napoléon, Mame, Tours, s.d. (1900).

F. G. Hourtoulle, Ney, le Brave des Braves, Lavauzelle, 1981.

Éric Perrin, Le Maréchal Ney, Éditions Perrin, 1993.

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