Campagne de 1809

 

Le 22 avril 1809 : BATAILLE D'ECKMÜHL*


Carte cliquable.

Eggmühl
Vorberg
Unterdeggenbach
Obersanding
Unterlaichling
Oberlaichling
Schierling
Lindach
Dünzing
Lanquaid

Alteglofsheim

 

Tandis que la bataille d'Abensberg et le combat de Landshut avaient pour nos armes des résultats si importants ; tandis que l'armée autrichienne, coupée par son centre, était obligée de se retirer sur l'Inn par sa gauche, et n'avait plus de communications avec sa droite, le prince Charles se porta sur Ratisbonne avec le corps de Bohême, commandé par le général Kollowrath, afin de soutenir les généraux Rosenberg, Hohenzollern et Liechtenstein, qui avaient en tête les maréchaux Davout et Lefebvre, et devaient bientôt être aussi attaqués par les troupes victorieuses à Landshut. Lorsque le duc d'Auerstaedt quitta Ratisbonne le 19 avril, il laissa le 65e régiment, commandé par le colonel Coutard, afin de conserver le pont sur le Danube, dont on prévoyait dès-lors la nécessité, et de défendre la ville contre un coup de main.

Le prince Charles l'attaqua le 21 avec toutes ses forces. Le 65e se défendit courageusement ; mais n'ayant plus de cartouches, point d'artillerie, et menacé d'un assaut, il se rendit prisonnier, et l'archiduc se porta aussitôt sur les maréchaux Davout et Lefebvre. Napoléon apprit dans la nuit, à Landshut, l'occupation de Ratisbonne. Il envoya le maréchal Bessières, duc d'Istrie, avec les troupes bavaroises aux ordres du général de Wrède, et la division Molitor, sur l'Inn, poursuivre les deux corps autrichiens battus à Abensberg et à Landshut; et de sa personne, avec les divisions aux ordres des maréchaux Lannes, Masséna, de la cavalerie des généraux Nansouty et Saint-Sulpice, il se porta rapidement sur Eckmühl, où se trouvait le prince Charles, en position avec cent dix mille hommes.

Il serait difficile de dire pourquoi l'archiduc, maître d'attaquer les corps de Davout et de Lefebvre avant l'arrivée de Napoléon, et dès le matin du 22, ne l'essaya pas. Certainement ces corps, par trop faibles, n'eussent pu résister au choc de forces triples; et il eût pu arriver à l'armée française ce qu'elle venait de faire éprouver à l'armée autrichienne, c'est-à-dire qu'elle fût enfoncée sur son centre, et perdît les communications de son aile gauche avec son aile droite.

De pareilles fautes, dont Napoléon savait profiter, devaient nécessairement être funestes à nos ennemis, et la bataille d'Eckmühl, en leur faisant quitter l'offensive pour toute cette campagne, leur prouva qu'il n'en fallait point faire devant un aussi habile général.

A deux heures après midi, Napoléon arriva devant Eckmühl, et le combat s'engagea aussitôt. Électrisés par trois jours de victoire, les soldats coururent aux ennemis avec toute la confiance du succès. Le duc de Montebello déborde promptement la gauche des Autrichiens avec la division du général Gudin, tandis que les autres divisions l'attaquent de front. Les ducs d'Auerstaedt et de Dantzig, entendant le canon sur leur droite, débouchent à leur tour, et se précipitent sur l'ennemi; le 10e régiment d'infanterie légère, de la division Saint-Hilaire, s'élance dans les rangs autrichiens, et pendant une demi-heure soutient à lui seul tout l'effort de leur aile droite. Le général Montbrun, avec sa cavalerie, les attaque opiniâtrement, et de flanc et de front. On vit alors un des plus beaux spectacles que puisse présenter la guerre: une armée de cent dix mille hommes, attaquée sur tous les points par moins de soixante-dix mille, tournée par sa gauche, et, successivement dépostée de toutes ses positions, obligée de fuir dans le plus grand désordre.

La cavalerie autrichienne, forte et nombreuse, se présente pour protéger la retraite de son infanterie; les divisions Saint-Sulpice et Nansouty tombent sur elle, la dispersent et la mettent en fuite.

Cependant deux carrés de grenadiers hongrois tenaient encore dans la plaine. Le général Nansouty se porte sur l'un, le rompt et le fait prisonnier en entier. Le général Saint-Sulpice se précipite sur l'autre, le met dans le plus grand désordre, en prend une partie, et le reste fuit en déroute. On prétend que l'archiduc Charles se trouvait dans ce carré, et qu'il ne dut son salut qu'à la vitesse de son cheval. Dès ce moment, et malgré la nuit qui était survenue, poussée l'épée dans les reins, l'armée autrichienne continua à défiler par morceaux, et dans la plus épouvantable déroute. Tous les blessés, la plus grande partie de son artillerie, quinze drapeaux et seize mille prisonniers tombèrent en notre pouvoir.

Pendant cette journée, le général Clément, commandant une brigade de cuirassiers, eut un bras emporté ; le général Schramm fut blessé, et le colonel du 14e de chasseurs fut tué dans une charge. Mais la perte la plus sensible fut celle du général de division Cervoni, chef d'état-major du duc de Montebello. Au moment où, à la tête des troupes, il tournait et mettait en désordre l'aile gauche des ennemis, il fut frappé d'un boulet, et tomba mort sur le champ de bataille.

Né à Soveria en Corse, il était employé, en 1793, à l'armée des Alpes. Il se distingua comme adjudant-général au siège de Toulon, et particulièrement à l'attaque du fort Malbousquet ; nommé général de brigade, il commanda dans les Alpes, sous le général Dumerbion, jusqu'au moment où Bonaparte vint prendre le commandement de l'armée d'Italie. Nous l'avons vu à cette époque, avec trois, mille hommes, résister tout un jour à dix mille autrichiens dans la position de Voltri Il suivit Bonaparte en Italie, et participa à toutes nos victoires. A la paix de Campo-Formio, le grade de général de division fut la récompense qu'il obtint pour sa belle conduite dans cette campagne. En 1798, il faisait partie de l'armée de Rome, commandée par le général Championnet, et organisa dans cette ville le gouvernement républicain, qui succéda au gouvernement papal. Il commanda dans la république romaine jusqu'en 1800, époque à laquelle il fut appelé au commandement de la huitième division militaire. C'était un officier d'un mérite distingué, propre également à la conception et à l'exécution de plans habiles et hardis. 

Extrait de Éphémérides militaires depuis 1792 jusqu'en 1815, ou Anniversaires de la valeur française. Avril. par une société de militaires et de gens de lettres, 1818 Pillet aîné (Paris) 1818-1820.
Nous avons modernisé l'orthographe et les noms des lieux, ainsi que quelques autres éléments trop datés de l'époque. Nous avons également fait quelques ajouts.

Pour voir tous les panoramas : http://extrazoom.com/gallery/Eckmuehl.html

Le superbe lion (bavarois) d'Eggmühl, sculpté par F.V. Miller. Il fut érigé en 1909, pour le centenaire de la bataille, à l'endroit le général Cervoni fut décapité par un boulet, au moment où il se trouvait aux côtés de l'Empereur. Cervoni était alors chef d'état-major du 2ème Corps, sous Lannes.

 

L'auberge d'Eckmühl, témoin de furieux combats lorsque les Jäger wurtembergeois, avec, à leur tête, le 1er Füβjäger-Bataillon König conquirent le village, défendu par les Perterwardein Grenzer, troupes originaires de Transylvanie.

Et ci-dessous, la preuve qu'on apprend tous les jours !

Napoléon... depuis 1630 !


Emplacement du pont dans Eggmühl franchi par les Autrichiens lors de leur attaque.

En face de l'auberge, le château, lui aussi, âprement disputé ce 22 avril 1809.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


L'arrière du château, la partie ancienne.

La petite église d'Eggmühl.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Panorama nord-sud.


La plaine d'Eckmühl.


Vorberg

 

Unterdeggenbach

La tombe du général Cervoni à Unterdeggenbach, à l'est d'Eckmühl.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il y a très peu de monuments consacrés à la bataille d'Eckmühl sur un champ de bataille, somme toute, assez bien préservé. On trouve pourtant cette petite croix, qui rappelle le passage de l'Empereur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Errichtet

von

Anton u. Maria

Schmidl,

1887.

Unweit dieser Stelle

Stand vor Jahrhundert eine

Feldkapelle

Wo sein Schutz gesucht hat jemals

Napoleon achtzenhundertneun.

 

 

 

 

 

Érigé / par / Anton et Maria / Schmidl, / 1887. / Non loin de cet endroit / se trouvait, il y a un siècle, une / chapelle champêtre / où, un jour, Napoléon s'abrita. 1809

Obersanding

Oberlaichling

 

Unterlaichling

L'église d'Unterlaichling, point marquant du champ de bataille, a très peu changé depuis lors. Le village fut capturé par le 10ème Régiment d'Infanterie légère, à l'exception du cimetière, tenu par deux compagnies de l'IR 44 Bellegarde de la brigade Riese de la division Hohenlohe (IVème corps de Rosenberg).  Il s'ensuivit de furieux combats dans le bois au nord du village, que l'on peut voir ici, et qui a également très peu changé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le sous-bois d'Unterlaichling, témoin de furieux combats.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Schierling

Le monument commémoratif au centre de Schierling, qui est une petite ville, contrairement à Eggmühl, qui n'est qu'un village. Les combats de 1809 et les combattants de 1870-71 y sont associés. Quatre boulets sont fixés sur le socle du monument.


Le panorama à la sortie nord-est du village.

Lindach

La petite église de Lindach offre une vue magnifique sur le champ de bataille. L'empereur ne s'y trompa pas et utilisa la tour comme observatoire pendant une partie des combats.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Malheureusement, de nos jours, impossible d'avoir la même vue. Voici cependant celle qu'on a du sol.

 


Alteglofsheim

 
Panoramas sur la plaine d'Alteglofheim. Comme on le voit le terrain est particulièrement adapté aux charges de cavalerie.


Le combat de cavalerie eut lieu dans la plaine au sud-est d'Alteglofsheim, entre ce village et Langenerling


La plaine d'Alteglofsheim fut le théâtre d'un célèbre combat de cavalerie où la double cuirasse des cuirassier français démontra sa supériorité sur la cuirasse simple des Autrichiens.

À Alteglofsheim, à l’entrée sud du village, le château, actuellement académie de musique, est celui où coucha Napoléon le soir de la bataille d’Eckmühl (22 avril 1809). L’Empereur occupe une chambre au premier étage ; c’est celle que l’archiduc Charles avait quittée le matin même.

On y trouve une plaque qui mentionne les maréchaux Berthier, Masséna et Lefebvre.

IM SCHLOSS ALTEGLOFSHEIM BEFAND
SICH VOM 20. BIS 22. APRIL 1809 DAS
HAUPTQUARTIER DES
ÖSTERREICHISCHEN GENERALISSIMUS
ERZHERZOG KARL.
AM ABEND DES 22. APRIL NACH DER
SCHLACHT VON EGGMÜHL BEZOG
HIER SEIN SIEGREICHER GEGNER
KAISER NAPOLEON
FÜR EINE NACHT QUARTIER – IN
SEINER BEGLEITUNG BEFANDEN SICH
DER BAYERISCHE KRONPRINZ
LUDWIG SOWIE DIE MARSCHÄLLE BERTHIER, MASSÉNA UND LEFEBVRE
.

 « Le château d’Alteglofsheim abrita entre le 20 et le 22 avril 1809 le quartier général de l’archiduc Charles. Au soir du 22 avril, après la bataille d’Eckmühl, son adversaire victorieux, l’empereur Napoléon, passa la nuit ici, en compagnie du prince héritier de Bavière Louis, et des maréchaux Berthier, Masséna, et Lefebvre. »

Langquaid
Nous nous éloignons ici un peu des combats d'Eckmühl à proprement parler, car cette tombe devrait être une des combats de Paring du 21 avril 1809. Elle se trouve au bord de la route de  Langquaid à Hellring, à +/- 1.6 km.

ANDENKEN
AN DIE GEFALLENEN
KRIEGER V. JAHRE
1809

 

Dünzing

 

 

Premier Bulletin de la Grande Armée (relatant la bataille d'Eckmühl)

Ratisbonne, le 24 avril 1809.

Tandis que la bataille d'Abensberg et le combat de Landshut avaient des résultats si importans, le prince Charles se réunissait avec le corps de Bohême, commandé par le général Kollowrath, et obtenait à Ratisbonne un faible succès.
Mille hommes du soixante-cinquième, qui avaient été laissés pour garder le pont de Ratisbonne, ne reçurent point l'ordre de se retirer.
Cernés par l'armée autrichienne, ces braves ayant épuisé leurs cartouches, furent obligés de se rendre.
Cet événement fut sensible à l'empereur; il jura que dans les vingt-quatre heures le sang autrichien coulerait dans Ratisbonne, pour venger cet affront fait à ses armes.
Dans le même temps, les ducs d'Auerstaedt et de Dantzick tenaient en échec les corps de Rosemberg, de Hohenzollern et de Liechtenstein.
Il n'y avait pas de temps à perdre.
Le 22 au matin, l'empereur se mit en marche de Landshut avec les deux divisions du duc de Montebello, le corps du duc de Rivoli, les divisions de cuirassiers Nansouty et Saint-Sulpice et la division wurtembergeoise.
A deux heures après-midi, il arriva vis-à-vis Eckmülh, où les quatre corps de l'armée autrichienne, formant cent dix mille hommes, étaient en position sous le commandement de l'archiduc Charles.
Le duc de Montebello déborda l'ennemi par la gauche avec la division Gudin. Au premier signal, les ducs d'Auerstaedt et de Dantzick, et la division de cavalerie légère du général Montbrun, débouchèrent.
On vit alors un des plus beaux spectacles qu'aient offerts la guerre.
Cent dix mille ennemis attaqués sur tous les points, tournés par leur gauche, et successivement dépostés de toutes leurs positions.
Le détail des événemens militaires serait trop long; il suffit de dire que, mis en pleine déroute, l'ennemi a perdu la plus grande partie de ses canons et un grand nombre de prisonniers; que le dixième d'infanterie légère, de la division Saint-Hilaire, se couvrit de gloire en débouchant sur l'ennemi, et que les Autrichiens, débusqués du bois qui couvre Ratisbonne, furent jetés dans la plaine et coupés par la cavalerie.
Le sénateur général de division Demont eut un cheval tué sous lui.
La cavalerie autrichienne, forte et nombreuse, se présenta pour protéger la retraite de son infanterie; la division Saint-Sulpice sur la droite, la division Nansouty sur la gauche, l'abordèrent; la ligne de hussards et de cuirassiers ennemis fut mise en déroute.
Plus de trois cents cuirassiers autrichiens furent faits prisonniers.
La nuit commençait; nos cuirassiers continuèrent leur marche sur Ratisbonne.
La division Nansouty rencontra une colonne ennemie qui se sauvait, la chargea et la fit prisonnière; elle était composée de trois bataillons hongrois de quinze cents hommes.
La division Saint-Sulpice chargea un autre carré dans lequel faillit être pris le prince Charles, qui ne dut son salut qu'à la vitesse de son cheval. Cette colonne fut également enfoncée et prise. L'obscurité obligea enfin à s'arrêter.
Dans cette bataille d'Eckmülh, il n'y eut que la moitié à peu près des troupes françaises engagée.
Poussée l'épée dans les reins, l'armée ennemie continua de défiler toute la nuit par morceaux et dans la plus épouvantable déroute.
Tous ses blessés, la plus grande partie de son artillerie, quinze drapeaux et vingt mille prisonniers sont tombés en notre pouvoir. Les cuirassiers se sont, comme à l'ordinaire, couverts de gloire.

Suite Le 23 avril 1809 : 2e bataille de RATISBONNE

La bande sonore de ma conférence consacrée à la campagne de 1809 est en ligne : vous pouvez la télécharger au format MP3 :

Conférence1809

Sachez aussi que je suis prêt à rééditer la conférence pour les associations qui seraient intéressées. Il suffit de me contacter.

 

* Eggmühl est le nom actuel allemand du village. Les "napoléoniens" francophones sont bien évidemment plus familiarisés avec le nom d'Eckmühl, comme la bataille fut appelée à l'époque, et qui valut à Davout son titre, bien mérité, de prince d'Eckmühl.

 

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