Campagne de 1809

 

La bande sonore de ma conférence consacrée à la campagne de 1809 est en ligne : vous pouvez la télécharger au format MP3 :

Conférence1809


Sachez aussi que je suis prêt à rééditer la conférence pour les associations qui seraient intéressées. Il suffit de me contacter.

 

Bataille d'Aspern-Essling (21-22/05/1809)


Attention, le nord est à droite.


Attention, le nord est à droite.

 

Le 22 mai 1809 : BATAILLE D'ASPERN-ESSLING


Après les batailles d'Eckmühl et de Ratisbonne, l'armée autrichienne s'était repliée sur Vienne, par les deux rives du Danube. L'armée française, comme nous l'avons vu, la poursuivit par la rive droite, entra le 12 mai dans la capitale de l'Autriche, et essaya aussitôt de passer le fleuve pour marcher à l'ennemi, retiré en entier sur la rive gauche.

A deux lieues au-dessous de Vienne, vis-à-vis d'Ebersdorf, sur la rive droite, deux îles séparent en trois brandies les eaux du Danube. Ce point fut choisi pour établir un pont.  Dès le 18 mai, les matériaux nécessaires ayant été réunis, la division du général Molitor passa dans l'île de Lobau, séparée de la rive gauche par le dernier bras, dans des bateaux à rames ; et, le 19, les ponts sur le premier et sur le second bras furent achevés. Le 20, par un troisième pont, on aborda la rive gauche, et les généraux Molitor, Lasalle et Boudet passèrent pendant la nuit le dernier bras, avec leurs divisions.

Le 21, l'armée continua à filer sur la rive gauche, mais lentement; la fragilité des ponts ne permettant pas plus de célérité dans sa marche.

L'ennemi, jusque là, n'avait inquiété ni nos travaux, ni le passage du dernier bras: placé à une lieue au-dessus de nos ponts, il ne s'était pas encore montré ; et, sans obstacles, il nous avait laissé aborder son terrain. Cette inactivité apparente, dans un moment aussi important, indiquait assez quelque embûche de sa part. Soit qu'aveuglé, Napoléon ne s'en aperçut pas, soit que, plutôt, il comptât sur le cou- rage de son armée pour vaincre tous les obstacles, nulles précautions ne furent prises pour assurer nos communications avec la rive droite.

Vers les quatre heures du soir, l'ennemi parut enfin; et notre avant-garde, la droite placée au village d'Essling, et la gauche à celui de Gross-Aspern, fut aussitôt attaquée : quatre-vingt-dix mille Autrichiens, et deux cents pièces de canon, heurtèrent en même temps toute notre ligne, forte seulement de trente cinq mille hommes. On combattit vivement, de part et d'autre, jusqu'à la nuit ; notre cavalerie fit plusieurs belles charges et prit quatorze pièces de canon. Ce fut dans l'une d'elles que fut tué le général d'Espagne, commandant une division de cuirassiers. Malgré leur immense supériorité, les Autrichiens ne purent gagner de terrain; le maréchal Masséna, défendant le village d'Aspern, le maréchal Lannes, celui d'Essling, se maintinrent dans leurs positions, et nous conservâmes intact notre champ de bataille.


Massena à Essling.

Dans la nuit du 21 au 22, de nouvelles troupes passèrent sur la rive gauche et le 22 nous avions de quarante-cinq à cinquante mille hommes sur cette rive.

A quatre heures du matin, l'armée autrichienne s'ébranla, nous attaqua sur toute la ligne, et profitant de sa supériorité numérique, étendit ses ailes afin de nous déborder. Napoléon profite alors habilement de ce mouvement de l'ennemi, qui, en affaiblissant son centre, donne la possibilité de le percer. Le duc de Montebello, à la tête du corps des grenadiers réunis que commandait le général Oudinot, des divisions Saint-Hilaire et Boudet, quitte la défensive et tombe sur les Autrichiens. Dans ce moment le duc d'Istrie faisait charger la cavalerie, et le maréchal Masséna attaquait sur notre gauche; ce terrible choc arrête l'ennemi sur ses ailes, et le fait plier sur son centre : il perd du terrain, et bientôt son mouvement rétrograde prend l'aspect d'une retraite; un effort de plus, et cette retraite va se changer en une déroute complète. Il est neuf heures; de tous côtés. nos soldats demandent des cartouches, et notre artillerie des boulets, pour achever la victoire; il n'y a plus ni boulets, ni cartouches; c'est en vain qu'on en cherche de tous côtés; les ponts sur le Danube sont rompus, et nous n'avons plus de communication avec la rive droite, ou sont restés nos parcs de réserve et une partie de l'armée.


Bas-relief à Aspern

Les stratagèmes et les ruses de guerre sont les armes du faible; le prince Charles y avait eu recours, ne pouvant nous vaincre à force ouverte. Pendant que sur la rive droite nous faisions nos préparatifs de passage, lui, sur la rive gauche, avait fait préparer de gros bateaux chargés de pierres, de pesants radeaux, de nombreux brûlots, et jusqu'à des moulins placés sur le fleuve, qu'il fit détacher prêts à être lancés. Malgré le rapprochement des lieux, ces préparatifs de l'ennemi nous restèrent inconnus, et aucune estacade ne fut placée pour couvrir les approches de nos ponts. Lorsque l'archiduc s'aperçut que la moitié de l'armée française était sur la rive gauche, il laissa aller au gré du courant toutes ces machines préparées, qui, venant heurter les deux ponts qui joignaient l'île Lobau à la rive droite, les rompirent et les détruisirent de manière à rendre impossible toute communication d'une rive à l'autre. Faisant alors un grand effort de toute son armée, le général ennemi crut avoir bon marché de nos troupes, restées sur la rive gauche sans munitions, et il comptait déjà les noyer dans le Danube ou les forcer à capituler; mais il ne sut pas achever de vaincre, et la valeur française lui arracha le plus glorieux succès qui puisse illustrer un grand capitaine.

Dès que Napoléon eût appris la rupture des ponts, il arrêta l'offensive et borna tous ses efforts à se maintenir dans ses positions. Ce fut en vain que les Autrichiens, instruits de l'événement et rallies, nous attaquèrent incessamment depuis neuf heures du matin jusqu'à neuf heures du soir; trois fois attaqués, les villages d'Essling et de Gross-Aspern restèrent toujours en notre pouvoir, encombrés de cadavres autrichiens. Enfin, vers neuf heures du soir, le feu de l'ennemi cessa; le nôtre était déjà éteint, et nous ne combattions presque plus qu'à l'arme blanche.

L'armée resta dans sa position pendant la nuit, et le 23 au matin Napoléon, ayant reconnu l'impossibilité de rétablir promptement les ponts, la fit passer de la rive gauche dans l'île de Lobau, où aussitôt on travailla à des retranchements pour se garantir des tentatives de l'ennemi, qui ne s'était que faiblement opposé au passage dans l'île.

On peut se demander, maintenant, comment il se fit qu'un général exercé, habile même, qui avait si heureusement employé un adroit stratagème pour placer son ennemi entre une armée deux fois plus nombreuse et un fleuve de quatre cents toises (= 800 m) de large, ne profita pas de ce premier succès pour l'écraser; chose d'autant plus facile que cet ennemi ne pouvait être secouru, et manquait de munitions pour se défendre. Si à Essling le prince Charles n'eût point commis une faute aussi capitale, l'empire d'Autriche était sauvé, et l'empire français pouvait finir là; car telle était son instabilité qu'à chaque nouvelle bataille son existence était remise en question. La faute fut commise, et l'Autriche s'humilia de nouveau; exemple attristant de l'influence que peuvent avoir, sur la destinée des peuples, les fautes d'un seul homme.

La perte des Autrichiens fut considérable ; ils eurent de huit à neuf mille hommes tués ou blessés. Nous leur prîmes quelques pièces de canon, quatre drapeaux, un officier général, et mille à onze cents prisonniers. Notre perte ne fut pas moindre en tués et blessés. Le général de division comte de Saint-Hilaire eut la jambe cassée et mourut peu de temps après des suites de sa blessure. Mais la perte la plus considérable, la plus douloureuse pour l'armée française, fut celle du maréchal Lannes, duc de Montebello, qui, le 22 au soir, vers les six heures, eut une cuisse emportée par un boulet. Napoléon apprenant cette nouvelle, s'écria: « Il fallait que, dans cette journée, mon cœur fût frappé par un coup aussi sensible pour que je pusse m'abandonner à d'autres soins qu'à ceux de mon armée. » Le duc de Montebello, revenant de son évanouissement, lui dit: « Dans une heure vous aurez perdu celui qui meurt avec la gloire et la conviction d'avoir été et d'être votre meilleur ami. » On lui fit l'amputation, et, transporté à Vienne, il y mourut le 31 mai suivant.

La ville de Lectoure, dans le département du Gers, se glorifie d'avoir vu naître le maréchal Lannes ; il partit comme volontaire dans le département du Gers, lorsque les insolentes proclamations du duc de Brunswick appelèrent aux armes la jeunesse française. Nommé sergent-major, il devint bientôt officier, et s'étant souvent distingué à l'armée des Pyrénées orientales, il parvint rapidement au grade de chef de brigade. Réformé par un gouvernement qui punissait ses meilleurs défenseurs, il resta quelque temps sans emploi. Lorsque Bonaparte prit le commandement de l'armée d'Italie, Lannes fut se présenter à cette armée comme simple volontaire. Son mérite ne pouvait être méconnu: le nouveau général en chef l'employa comme adjudant- général. Nous l'avons vu aux batailles de Montenotte, de Millesimo, au combat de Dégo, justifier par sa bravoure le choix de Bonaparte, dont il devait devenir un des plus habiles lieutenants. Il passa le Pô le premier de l'armée, se distingua au combat de Fabio, et à Lodi il fut du nombre des intrépides généraux qui s'élancèrent sur le pont à la tête des troupes. Nommé général de brigade après la prise de Pavie, qui s'était révoltée et qu'il soumit le premier, il suivit l'armée au siège de Mantoue ; là, avec six cents grenadiers, il enlève à la baïonnette le faubourg Saint-Georges, défendu par de nombreux ennemis. Quoique blessé au combat de Governo, il ne quitta point l'armée; blessé de nouveau, mais plus sérieusement, devant Arcole, il était souffrant, étendu sur un lit, lorsqu'il apprend que le combat est terrible, et qu'on ne peut forcer le passage du pont; il sort de son lit malgré ses douloureuses blessures, il se précipite au milieu de la mitraille. Atteint d'une nouvelle blessure à la tête, il tombe sans connaissance. Rétabli, il marche avec le général Victor contre les troupes que la cour de Rome a levées contre nous; à la tête de la brigade, il enlève les retranchements ennemis près d'Imola, et s'empare de la ville. Il accompagna Bonaparte en Égypte; y fut nommé général de division; fit partie de l'expédition de Syrie; se distingua dans plusieurs combats; contribua principalement au succès de la bataille d'Aboukir. Blessé à la jambe à l'attaque du fort de ce nom, il revint en France; et lorsqu'au 18 brumaire le gouvernement changea, Lannes se montra un des plus zélés amis de Bonaparte. Dans la mémorable campagne de Marengo, le général Lannes commandait l'avant-garde: il franchit le premier de l'armée le Saint-Bernard, devenu à jamais célèbre par ce passage. Le premier il attaqua les Autrichiens. Aoste, Châtillon tombent devant lui. Il escalade la citadelle d'Ivrée. Arrivé sur les bords de la Chiusella, le corps qu'il commande emporte le passage de vive force, traversant la rivière sur le pont et à la nage. Il pénètre dans Pavie, en chasse les Autrichiens, et s'empare de leur artillerie. La bataille de Casteggio et de Montebello ajoutèrent à la réputation de bravoure du général Lannes celle de général habile. C'est en mémoire de cette journée glorieuse que le nom de Montebello devint inséparable de celui de Lannes. Sa conduite, à la bataille de Marengo, lui valut des éloges publics de la part du général en chef. Ce fut à cette occasion qu'il eut un sabre d'honneur. Cette récompense, qui enfantait de si brillants exploits parmi nos guerriers, allait bientôt être remplacée par une décoration nouvelle, qui devait donner des charmes à la mort même. Au retour de cette campagne, le général Lannes fut nommé à l'ambassade de Portugal. Créé maréchal d'empire, il commanda dans les campagnes d'Austerlitz, d'Iéna et de Friedland, et soutint dignement sa grande réputation. Ce fut pendant la pénible campagne de 1807, qu'avec une franchise dont il ne se départit jamais devant celui qui la souffrait impatiemment, il répondit à Napoléon, qui le questionnait sur la Pologne : Je pense que ce pays ne vaut pas le sang du dernier caporal de l'armée. Il commanda aussi en Espagne. Saragosse en ruines fut témoin de sa bouillante audace. La guerre d'Autriche, en 1809, fut sa dernière campagne. Il mourut comme il avait vécu, environné de gloire.

 

Extrait de Éphémérides militaires depuis 1792 jusqu'en 1815, ou Anniversaires de la valeur française. Mai. par une société de militaires et de gens de lettres, 1818 Pillet aîné (Paris) 1818-1820.
Nous avons modernisé l'orthographe et les noms des lieux, ainsi que quelques autres éléments trop datés de 1820. Nous avons également fait quelques ajouts.

 


Une des rares parties encore préservées du champ de bataille, au nord d'Aspern.

 

 
Près du grenier d'abondance d'Essling.

 
Le sud du champ de bataille

Lorsque le passage fut redevenu praticable, Napoléon, qui voyait son avant-garde décimée, sur le point d'être presque entièrement détruite, donna l'ordre d'opérer la retraite, et Lannes eut pour mission de la favoriser.

Mais ce qui était facile à prévoir arriva. Le pont trop étroit, chargé d'innombrables blessés hors d'état de se soutenir, balayé par les batteries autrichiennes, n'offrait qu'une faible ressource aux milliers de soldats qui se hâtaient pour le franchir. On assista à des scènes indescriptibles : successivement tombèrent le général d'Espagne et, vers 6 heures du soir, sous les yeux mêmes de Lannes, le vieux général Pouzet, qui avait été en Italie le commandant du maréchal.

Lannes l'aimait avec tendresse, et son émotion fut telle en le voyant rouler de son cheval mortellement atteint, qu'il mit lui-même pied à terre afin de cacher ses larmes à ceux qui l'entouraient. Il était appuyé aux fontes de sa selle, une jambe croisée sur l'autre, lorsqu'un boulet de cinq l'atteignit en ricochant, et lui emporta une jambe. A son tour, le maréchal tomba sans connaissance.

De loin, Napoléon avait remarqué cette scène rapide, sans pourtant reconnaître, autrement que par les dorures de l'uniforme, l'importance du personnage qui venait d'être frappé.

« Qui est celui-là qui tombe là-bas?
-  Allez vous en informer, » dit-il froidement à un aide de camp.

Celui-ci partit au galop et revint sur-le-champ.

« Eh bien ? interrogea Napoléon.
- Sire, répliqua très troublé l'officier, c'est le maréchal Lannes !  

 

L'endroit tragique: au 99 de la Schlachthammerstrasse, près de l’angle avec la Langergarten Gasse, lieu probable où le maréchal Lannes fut blessé mortellement, le 22 mai 1809.

 

Certaines sources parlent cependant d'un autre endroit, ceci reste à examiner. Je vous donne ici une comparaison des deux endroits :

1.Schlachthammerstrasse 99, près de l’angle avec la Langergarten Gasse. (Selon Pigeard)

2. À une centaine de mètres à l’est du bout de la Brockhausengasse, à hauteur des arbres à l’ouest de la Lannesstraße (48°12'8.17"N, 16°30'8.50"E). (selon Zins)

L'empereur voulut se raidir contre sa propre émotion, mais ses traits contractés révélèrent assez à ceux qui le virent à cette minute qu'il était en proie au plus douloureux bouleversement.

Napoléon apprenant cette nouvelle, s'écria: « Il fallait que, dans cette journée, mon cœur fût frappé par un coup aussi sensible pour que je pusse m'abandonner à d'autres soins qu'à ceux de mon armée. »

C'est que, dans cette circonstance solennelle où Napoléon en personne reculait pour la première fois devant l'Europe attentive, la perte de Lannes était plus qu'un deuil intime : c'était une grande calamité publique ; c'était une force qui disparaissait au moment où les forces étaient le plus nécessaires; c'était un épais nuage qui passait devant l'étoile impériale.

D'Essling, en effet, datent vraiment les revers, et sans Wagram, qui ramena peu après la fortune, on eût pu dater de là le grand effondrement que consommèrent plus tard les désastres de Leipzig et de Waterloo.

L'empereur n'était point encore remis de la commotion d'une telle nouvelle lorsque douze grenadiers, portant le maréchal sur leurs fusils croisés avec des branches d'arbre, passèrent près de lui. Aussitôt Napoléon descendit de cheval, courut au blessé et, lui prenant la tête, lui dit d'une voix altérée :

« Lannes, me reconnais-tu? C'est moi; c'est Bonaparte. Ah! Tu nous seras conservé ! »

Le maréchal, que la perte de son sang avait épuisé, se souleva à peine et murmura :

« Adieu, je vais mourir... »

Autre version : le duc de Montebello, revenant de son évanouissement, lui dit: « Dans une heure vous aurez perdu celui qui meurt avec la gloire et la conviction d'avoir été et d'être votre meilleur ami. »

Une faiblesse le prit; il n'en put dire davantage.

La representation de la scène par le peintre Boutigny, que l'on peut admirer au musée des Beaux-Arts d'Arras.

Tandis que le funèbre cortège poursuivait sa route, en quête d'un chirurgien, Napoléon demeura plongé dans une sombre rêverie. Un ordre qu'on vint lui demander le tira de cette .distraction, et il s'en excusa en disant :

« Il fallait que, dans cette journée, mon cœur fut frappé par un coup aussi sensible pour que je pusse m'abandonner à d'autres soins qu'à ceux de mon armée. »

Le maréchal Lannes est mort dans à Kaiserebersdorf, à 5 km au sud-est de Vienne. Pour plus de détails sur sa mort, je vous recommande la lecture de cette page du magnifique site de Robert Ouvrard :  http://www.histoire-empire.org/essling/la_mort_de_lannes_01.htm



La maison au numéro 12 de la Mailergasse où il mourut, bien que fortement rénovée, existe encore.

Elle porte une plaque commémorative avec l'inscription :

In diesem Hause
starb am 31.5.1809
der bei Aspern schwerverwundete
Marschall
Jean Lannes
Herzog von Montebello

                            Bezirksmuseum
                                     Simmerung

A Kaiserebersdorf, où l'on porta Lannes dans la maison d'un brasseur, au milieu d'autres malheureux mutilés, il supporta héroïquement l'amputation de la cuisse droite qui fut reconnue absolument nécessaire. Mais le boulet avait brisé le genou gauche, et le chirurgien déclara qu'il fallait de même couper l'autre jambe. Le maréchal se refusa, avec la plus grande énergie, à cette seconde opération, en dépit des supplications qu'on lui fit à ce sujet. Il lui arriva même de repousser brutalement ceux qui avaient charge de lui donner leurs soins et de s'abandonner au plus furieux désespoir, en disant qu'il ne voulait pas quitter la vie à son âge.

Son cas n'était pas absolument inquiétant d'abord, mais une fièvre maligne survint qui l'abattit beaucoup, et dans le délire de laquelle il appelait sa femme et ses enfants avec des supplications déchirantes.

Il est donc fort naturel d'admettre -avec quelques historiens que, même revenu à la raison, Lannes dut tenir à Napoléon, au cours des nombreuses visites que lui fit celui-ci, des propos au moins désobligeants, car il le considérait à bon droit, sinon comme la cause, au moins comme l'occasion de son malheur.

En tous cas, les soins les plus dévoués de Larrey, d'Yvan, de Paillet, de Lannefranque et du célèbre docteur Franck, qu'on avait été tout exprès chercher à Vienne, ne purent triompher du mal. Après avoir été neuf jours entiers à la torture, le maréchal expira le 31 mai 1809, à peine âgé de quarante ans.

L'Empereur voulut qu'on embaumât son corps, et qu'on le rapportât à Paris, où de grands honneurs lui furent rendus.

 

 

 

 

Note : Quand Napoléon nomme Masséna prince d'Essling, on croit généralement que c'est pour la bataille des 21-22 mai. Mais l'Empereur n'aurait pas donné un titre pour un échec. Masséna reçut en fait ce titre pour les combats à Essling... les 5-6 juillet. Belle ambiguïté - volontaire...

 


Suite 05-06 juillet : Bataille de Wagram

Lannes

 

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