Piotr Ivanovitch Bagration
(1765 à Kizliar -1812 près de Mojaïsk)

PRINCE
GENERAL D'INFANTERIE


Chevalier des Ordres de St-André, de St-Alexandre-Newsky, de St-George de 3ème classe, de Ste-Anne et de St-Wladimir de 1ère Classe,
Commandeur de St-Jean-de-Jérusalem, décoré de l'épée en diamants pour la bravoure, Commandeur de l'Ordre de Marie-Thérèse,
Grand-Croix de St-Lazare et de St-Maurice, Chevalier de l'Aigle-Noire et de l'Aigle-Rouge de Prusse.


 

 

PIERRE BAGRATION, descendant des Princes de Géorgie, est né en 1765 à Kizliar (Géorgie), fils du prince Ivan Alexandrovitch Bagration. Il entre au service comme Sergent, le 5 mars 1782. Après avoir passé successivement par tous les grades, avoir commandé un régiment de son nom, il fut nommé chef des Chasseurs de la Garde, le 21 juin 1800, fait lieutenant-général le 20 novembre 1805, et général d'infanterie le 20 mars 1809.


De 1783 à 1790, il fit cinq campagnes sur la ligne du Caucase, et sur le Kouban, au-delà de la rivière de Laba, dans des corps partout victorieux, qui forcèrent plusieurs peuplades à reconnaître l'autorité de son Maître; et cependant en 1788 il était à l'assaut d'Otchakow.


En 1794, en Pologne, il se signala dans toutes les rencontres, par sa valeur et son intelligence contre les insurgés. Soit qu'il fallût reconnaître l'ennemi ou lui enlever des postes, des piquets, le débusquer d'un bois, où il était retranché avec de l'artillerie, ou aller faire des fourrages loin du camp russe, en présence de forces supérieures à celles qu'il commandait; attaquer avec un seul escadron, tantôt six escadrons, tantôt un corps de 1.000 hommes; ces différentes entreprises furent toujours couronnées du plus brillant succès. Le 6 novembre, à l'assaut de Prague, envoyé en avant, il défit la cavalerie ennemie, et la poursuivit jusqu'a la Vistule.
 

 

En 1798, le 22 avril, en Italie, par les ordres du Feld-maréchal Souvorov, avec un bataillon de grenadiers de son régiment et deux régiments de Cosaques, il força les Français à rendre Brescia, fit prisonniers 1.800 hommes, un colonel et leur commandant, et s'empara de 42 canons. Le 26, à 8 heures du matin, il fait monter 200 chasseurs sur des chevaux de Cosaques, les joint à ses Cosaques, poursuit les Français, commandés par le général Sérurier. La vigueur de son attaque les force à s'arrêter jusqu'à l'arrivée de ses renforts ; il combat jusqu'à 8 heures du soir, tue 3.000 hommes, fait 200 prisonniers, et est blessé d'une balle au pied droit. Le 17 mai, il passe le Po, à la tête de 5 bataillons de grenadiers, de son régiment de chasseurs, et de deux régiments de Cosaques, se mesure, à Marengo (?), avec le général Moreau, commandant 12.000 hommes, le défait complètement, tue ou noie, dans la Berilo, 2.000 hommes et fait 300 prisonniers. Du 18 au 22 juin, sur les rivières Tidena, Trébie, et Noura, commandant toujours l'avant-garde contre un formidable ennemi, dans plusieurs combats qu'il livre, il tue 1.824 hommes, fait prisonniers 1.606 soldats, un général, 3 colonels, 116 officiers, enlève 15 drapeaux et 2 canons. Le 5 juillet, dans les États de Gênes, avec 1.000 hommes d'infanterie et 100 de cavalerie, il bloque un fort, et le 10, il l'oblige à se rendre. Le 16 août, commandant l'avant-garde contre un grand corps français, il fait des prodiges de valeur, tue 2.000 hommes, en prend 500, 4 généraux, 21 canons, et grand nombre de caissons.Le 18 septembre, il entre en Suisse. Du 25 septembre au 6 octobre, marchant à la poursuite de l'ennemi, depuis le défilé souterrain Ounzerlogue, jusqu'au-delà de Glaris, il le combat dans cinq rencontres, a Montendali, près du lac Sérouti, au bourg Nafalse, où il reçoit une contusion de mitraille, et enfin près du village de Schwadin; partout il en triomphe, lui tue et lui enlève beaucoup de monde. Le 21 juin 1800, il est nommé chef des Chasseurs de la Garde.


À la suite de quelques revers, il fut disgracié avec Souvorov par Paul Ier. Rappelé en 1805 par Alexandre Ier, il commanda un corps de l'armée envoyée au secours de l'Autriche sous les ordres de Koutouzov, fit une belle retraite sur la Moravie. Le 16 novembre 1805, il participe à la bataille de Schöngraben, où il se distingue. Encerclé par les corps de Murat et de Soult, il doit affronter une force numérique quatre fois supérieure. Bagration refuse de se rendre. Il met le feu au village d'Hollabrunn et combat au corps à corps. Enfin, stratagème de désespéré, il fait marcher en colonne sur l'ennemi et s'écrie "Ne tirez pas, nous sommes Français". Il passe, bien qu'il ait perdu près de la moitié de ses hommes. Quatre jours plus tard, le 20 novembre 1805, il est fait lieutenant-général pour cet exploit.


En 1807, le 26 janvier, il prend le commandement de l'avant-garde de l'armée russe. Le 27, il marche à la poursuite de l'ennemi ; il le chasse de Zambora. Le 7 février, il combat à Preussisch-Eylau ; le 14 février, sur le flanc gauche, il défait la cavalerie ennemie, et le 17, sur le flanc droit, un détachement plus fort que le sien. Le 6 juin, il attaque le corps du Marechal Ney, le chasse des travaux faits à Altenkirchen et de Godstadt, le poursuit jusqu'au village Kwetz; le 7, il le jette au-delà de la Passarge ; le 8 et le 9, le poursuit au-delà de la rivière, atteint son arrière-garde, lui prend 5 officiers et 160 hommes; le 11 et le 12, il combat à Heilsberg; le 14 juin à Friedland, puis couvre la retraite jus¬qu'au Niémen.


Le 17 février 1808, commandant la 2ème division, il entre sur les frontières de la Finlande suedoise; s'avance par la ville de Tavasthous, et occupe le pays situé sur le golfe de Botnie, depuis le grand Carbelli jusqu'a Abo, et au-delà, ainsi que les Îles d'Aland. Le 17 mars, près du village Castille, il attaque 5.000 hommes enretraite, commandés par le maréchal Klingsporre, et l'aide-de-camp-général Löwenhielm, les chasse d'une forte position, les poursuit jusqu'à Kirka-Outfébo. Le 22, commandant 2 bataillons incomplets du 25ème régiment des chasseurs, 2 pièces d'artillerie légère, et un détachement de hussards et de Cosaques, il occupe Abo, ville capitale de la Finlande.

En 1809, il commande armée en Moldavie, et prend la forteresse Hirsova. Le 20 mars de cette année, il est nommé général d'infanterie.


En 1812, il commande, contre les Français, la première armée d'Oc¬cident ; il la transporte de Grodno à Smolensk, avec une rapidité, qui passerait encore pour impossible, si on n'en avait cet exemple; en opère la jonction avec celle du général en chef, Barclay de Tolly, et déconcerte les projets de l'ennemi, qui, ayant déjà plusieurs marches sur lui , s'avançait en grande hâte, se croyait déjà sûr de couper ces deux armées russes, et y aurait infailliblement réussi , si le Prince n'eût fait un prodige. Le 6 septembre 1812, à Borodino, commandant le Banc gauche des Russes, sur lequel sont dirigées toutes les forces de l'ennemi , au milieu du plus terrible choc , du plus épouvantable feu, dont le génie de la guerre eût jamais donné l'horrible spectacle, toujours calme et inébranlable , il déploie une valeur supérieure à tous les dangers. Une balle le frappe à la jambe gauche et le met hors de combat. II survécut peu à cette blessure. Sa mort fut un sujet de deuil pour les soldats, qu'il avait souvent conduits à la victoire, pour sa patrie et son Souverain, qui le comptaient au nombre de leurs serviteurs les plus zélés, de leurs plus intrépides défenseurs.
 

D'après :
An., Galerie des portraits gravées des Généraux, Officiers, etc. qui par leurs valeur, leurs talens militaires et leur patriotisme, ont contribué aux succès des armées russes pendant la guerre commencée en 1812, St-Pétersbourg, Imprimerie de Pluchat et Cie, 1813.


Attention, le texte russe (!) est livré tel quel, mais il a été complété, l'orthographe a été modernisée et les dates converties au calendrier grégorien.