Jean RAPP
Colmar 1771-1821 Rheinweiler

Lieutenant-Général - Grand-Officier de la Légion d'honneur- Pair de France

comte de l'Empire

 

 

Ecartelé :
au 1er, des comtes militaires ;
au 2e, de gueules au vol ouvert d'or, surmonté de trois étoiles d'argent, 2. 1 ;
au 3e, de gueules au cavalier, monté, armé, cuirassé et casqué à l'antique, d'or, soutenu d'une terrasse de sinople et surmonté d'un comble d'or, au lion passant de sable, lampassé de gueules ;
au 4e, d'azur au palmier d'or, terrassé de sable, brochant sur un crocodile passant d'argent et accosté d'un ibis d'or, tenant dans son bec un serpent du même

 

Quatrième enfant sur 10, Jean Rapp est né le 27 (ou le 26) avril 1771, au Koïfhus, au coeur de Colmar (Haut-Rhin), son père étant concierge de l'hôtel de ville. Une plaque commémorative indique l'endroit :
 

LE GÉNÉRAL

JEAN RAPP EST NÉ

DANS CETTE MAISON

LE 27 AVRIL 1771

 

 

Il s'enrôla à l'âge de 16 ans dans le régiment de chasseurs à cheval et y fut nommé brigadier-fourrier le 1er janvier 1791, et maréchal-des-logis le 16 mai 1793.  

Il avait déjà fait les premières guerres de la Révolution à l'armée de la Moselle et à celle du Rhin, lorsqu'il obtint le grade de sous-lieutenant le 14 germinal an I (3 avril 1793). Envoyé à l'armée des Alpes, il devint lieutenant le 1er vendémiaire an III (22 septembre 1794).  Bientôt après, il passa à l'armée du Rhin.  A Lignenfelds, le 9 prairial de la même année (28 mai 1795), il chargea, à la tête de 100 chasseurs de son régiment, plus de 800 hommes de cavalerie ennemie, qu'il parvint à culbuter au moment où plusieurs pièces de canon allaient tomber en leur pouvoir. Il reçut dans cette charge plusieurs coups de sabre sur la tête et sur le bras droit. Le général Desaix, témoin de la valeur qu'il avait déployée, se l'attacha comme aide-de-camp avec le grade de capitaine, le 29 frimaire an V (19 décembre 1796) et lui voua, à partir de, cette époque, une  affection qui ne se démentit jamais. Il l'emmena avec lui en Égypte, où de nouveaux combats lui valurent de nouveaux succès. A la bataille de Sédiman, le 16 vendémiaire an VII (7 octobre 1798), l'artillerie des Beys se démasque tout à coup et porte le ravage dans nos rangs ; Desaix, impatient d'éteindre le feu qui nous écrase, se tourne vers son aide-de-camp, et, lui montrant les pièces..... :  "Vaincre ou mourir", s' écria-t-il ; "Vaincre!" répond l'intrépide Rapp, et se précipitant sur les Arabes, il renverse tout ce qui s'oppose à son passage, s'empare de l'artillerie, fait un grand nombre de prisonniers, et disperse en un instant le reste de la cavalerie. Ce beau fait d'armes lui fit décerner sur le champ de bataille le grade de chef d'escadron.

À la journée du 3 pluviôse (22 janvier 1799), envoyé en reconnaissance, il marcha sur les avant-postes des Mamelucks, les mit en fuite, pénétra dans le village de Samanhout, et soutint une lutte inégale, dans laquelle il aurait infailliblement succombé, si les carabiniers de la 21e Légère ne l'eussent promptement dégagé. Grièvement blessé d'un coup de kandjar à l'épaule gauche, il se rendit au Caire pour se faire soigner. Élevé au grade de colonel le 26 pluviôse (14 février 1799), Rapp suivit son général en Europe. Il le vit tomber à Marengo et porta au général Bonaparte les dernières et patriotiques paroles de ce jeune héros. L'aide-de-camp du vainqueur d'Offenburg devint celui du conquérant de l'Italie le 25 prairial an VIII (14 juin 1800). Chargé en l'an X  (1801-02) d'une mission importante dans les cantons suisses, il somma les insurgés de Berne de suspendre les hostilités, fit évacuer Fribourg qui avait été enlevé pendant l'armistice, et somma la diète de Schwitz à accepter la médiation que lui offrait le chef du gouvernement français. Le colonel Rapp partit pour Coire au mois de brumaire an XI (novembre 1802), fit comparaître devant lui le petit conseil de celle ville et contraignit la municipalité à se dissoudre.

Revenu à Paris, il accompagna le premier Consul dans son voyage en Belgique, obtint le brevet de général de brigade le 11 fructidor an XI (29 août 1803), puis il se rendit sur les bords de l'Elbe, pour y faire élever des redoutes et prendre des mesures défensives en cas d'un débarquement des Anglais.

À son retour en France, créé membre de la Légion d'honneur le 19 frimaire an XII (11 décembre 1803), il en devint commandeur le 25 prairial suivant (14 juin 1804).  Le 27 mars 1805, il épousa, par ordre de l'Empereur, mademoiselle Barbe-Rosalie-Joséphine Vanlerberghe, fille d'un riche fournisseur ; mais cette volonté toute puissante, qui alliait ainsi l'opulence à la gloire, ne le rendit point heureux et le couple divorça en décembre 1810.

Il se distingua sur le champ de bataille d'Austerlitz. Ce fut lui qui, sur les hauteurs de Pratzen, vengea la défaite d'un bataillon du 4e de Ligne et du 24e Léger, que les fausses manœuvres de leurs chefs avaient livrés au fer de l'ennemi. A la tête de deux escadrons de chasseurs et de Mamelouks, il se précipita sur la Garde impériale russe, porta le désordre dans ses rangs, fit prisonnier le prince Repnin, l'un des colonels des chevaliers-gardes, et s'empara de l'artillerie et de tous les bagages des troupes qui lui étaient opposées. La satisfaction de l'Empereur fut telle, qu'il nomma Rapp général de division le 3 nivôse an XIV, et voulut qu'il figurât dans le tableau que Gérard a fait de cette immortelle journée.

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Austerlitz-baron-Pascal.jpg

La campagne de Prusse et de Pologne, en 1806-1807, fournit au général Rapp de nombreuses occasions d'y déployer sa valeur chevaleresque. Chargé de poursuivre les fuyards après la  bataille d'Iéna, il pénétra des premiers dans Weimar. À Naziesk, il tailla en pièces le corps de cavalerie du général russe Kaminskoi. Enfin, à Golymin, il soutint une lutte opiniâtre contre des masses d'infanterie et eut le bras gauche fracassé par une balle. Il n'était pas encore guéri de sa blessure quand il remplaça, le 2 juin, dans le poste de gouverneur de Dantzig, le maréchal Lefebvre qui venait de s'emparer de cette place.  Le 23 décembre de la même année, il fut créé chevalier de la Couronne de Fer.

Pendant deux ans il exerça les fonctions importantes de gouverneur de Dantzig ; les habitants lui décernèrent une épée enrichie de diamants sur laquelle on lisait une inscription, et Napoléon le nomma, le 1er août 1809, comte de l'Empire avec une dotation de 21.000 fl. sur le domaine de Hitzacher situé en Hanovre. La guerre se ralluma cette année dans le Nord avec une nouvelle fureur : la Bavière est envahie par les Autrichiens; Napoléon accourt à la rencontre de l'ennemi. L'armée française triomphe à Eckmühl, à Ebelsberg, et se porte rapidement sur Vienne. Pendant qu'elle s'avance sur les rives du Danube, les Autrichiens descendent ce fleuve par l'autre rive. Les combattants des deux armées opposées se trouvent bientôt en présence au village d'Essling; une partie de nos troupes franchit le fleuve sous le feu des batteries ennemies; mais les ponts sont emportés par une crue subite du Danube, et 25 à 30.000 hommes ont à soutenir ,les efforts de toute l'armée autrichienne. Pendant que nos bataillons, exténués de faim, de fatigue et manquant de munitions, déploient un courage surhumain, mais sans espoir de succès, les masses qu'ils ont à combattre redoublent d'efforts pour les déborder. Le général Mouton, avec deux bataillons de la Garde, parvient un instant à les contenir; cette lutte est trop inégale pour être durable. Napoléon inquiet de la position critique de cette partie de l'armée, fait, dire à Rapp de se mettre à la tête de deux nouveaux bataillons, de voler au secours de ses frères d'armes, de protéger leur retraite, et de prendre position avec eux sur les bords du Danube. Le prince Charles, pressé de profiter de ses avantages, ébranlait de nouveau ses masses. Les deux généraux, fondant avec impétuosité sur ces colonnes hérissées de fer et entourées d'une ceinture de feu, portent le désordre dans leurs rangs, les culbutent et restent maîtres du champ de bataille.

Revenu à Paris en 1810, à l'époque du divorce de Napoléon avec Joséphine, Rapp ne craignit pas de blâmer la conduite de son maître, et reçut, en récompense de sa franchise, l'ordre de retourner dans son gouvernement de Dantzig. Il n'en fut pas moins créé Grand-Officier de la Légion d'honneur le 30 juin 1811.  Il donna toutefois une nouvelle preuve de sa sincérité à l'Empereur en condamnant l'expédition projetée au delà du Niémen, dont il prévoyait les  funeste résultats. Nos troupes marchent sur le Niémen, le franchissent, culbutent les Russes à Ostrowno, à Smolensk, et arrivent à la Moskowa , où l'armée ennemie avait rassemblé la plus grande partie de ses forces, évaluées à 430,000 hommes. Cette journée couvrit d'une nouvelle gloire toute l'armée française : généraux et soldats, tous firent des prodiges de valeur, tous combattirent en héros. Rapp ajouta à sa réputation et fut atteint de quatre coups de feu.  Quoiqu'il ne fût pas remis de ses blessures, on le vit se signaler de nouveau à l'affaire de Malo-Jaroslawetz où il eut un cheval tué sous lui. 

De concert avec le maréchal Ney, il défendit le passage de la Bérézina, concourut à sauver l'artillerie française qui se trouvait compromise sur ce point, et y reçut sa vingt-quatrième blessure.  Napoléon l'envoya ensuite  prendre le commandement de Dantzig, où il devait soutenir pendant un an un des sièges les plus mémorables que nous offrent les annales. de la guerre. Secondé par le général Campredon, Rapp résolut de faire de Dantzig, qui n'avait ni casernes, ni écuries, ni magasins, un boulevard inexpugnable.  Il s'affermit surtout dans cette résolution lorsque les divisions Heudelet et Grandjean vinrent, dans le courant de janvier 1813, renforcer la garnison de la place. Cette garnison s'éleva alors à 35.900 hommes d'infanterie et 3,600 de cavalerie; mais la plupart de ces hommes, de toutes armes et de toutes nations, étaient perclus de froid, exténués par les fatigues, consumés par les privations et toutes les misères. 12.000 invalides seulement reçurent une nouvelle organisation; mais on s'occupa avec activité des fortifications, l'artillerie répara les armes portatives, confectionna une grande quantité de munitions de tout genre.  L'Empereur récompensa le dévouement de Rapp en le nommant commandant en chef du 10e Corps de la Grande Armée le 12 mars suivant, et Grand-Croix de la Réunion le 3 avril de la même année.

Le général Rapp eût peut-être lassé, par ses vaillantes sorties, les forces réunies des Russes, commandées par le duc de Wurtemberg, si la famine, une épidémie cruelle, et l'hiver avec ses pluies et ses glaces, ne lui eussent enlevé les deux tiers de son armée. Jaloux de conserver à la France le reste des braves qui l'avaient si bien secondé, le général français se décida á entrer en négociations pour la reddition de la place.

Place Rapp, à Colmar, sa statue par un autre célèbre fils de la ville, Frédéric Auguste Bartholdi . Elle figura à l'origine sur les Champs-Elysées, avant d'être transférée à COLMAR en 1856.

 

 

AU GÉNÉRAL RAPP

 

ses Compatriotes

et ses anciens Frères d'Armes

...Ma parole et sacrée !

Rapp au siège de Dantzick, 1807

 

Marengo

Austerlitz Dantzick

Essling

Jéna Moskowa

 

né à colmar

 le 27 avril 1771

mort à rheinweiler

le 8 novembre 1821

 

ce monument

que les allemands ont tenté de détruire

en 1940

a été restauré

en 1948

 

Le 27 novembre , il conclut une convention honorable qui portait en substance, que le 10e Corps rentrerait en France avec son artillerie, ses armes et tous ses bagages.  Déjà tous les alliés étaient sortis de Dantzig, lorsque le général Rapp apprit que l'empereur Alexandre refusait de ratifier la capitulation et que la garnison serait conduite en Russie jusqu'à son parfait échange ; Rapp protesta avec énergie, mais fut forcé de se soumettre. Ce fut à Kiev, en Ukraine,  qu'il apprit les événements de 1814.  Il revint à Paris au mois de juillet suivant et y fut accueilli avec distinction par Louis XVIII. Créé chevalier de Saint-Louis le 3 août, il obtint le Grand-Cordon de la Légion d'honneur le 23 du même mois.

En mars 1815, Rapp se rangea sous les drapeaux de son ancien souverain, qui le nomma le 16 avril commandant en chef de l'Armée du Rhin, et pair de France le 2 juin suivant.  L'armée dont il se hâta de prendre le commandement, forte de 18.900 hommes, devait défendre, de concert avec le corps du Haut-Rhin et de la Moselle, la chaîne des Vosges, depuis Belfort jusqu'à Bitche.  

Le désastre de Waterloo rendit inutiles ses dispositions et ses efforts. Lorsque les soldats apprirent là défaite de l'armée du Nord et l'abdication de Napoléon, un découragement universel s'introduisit dans leurs rangs.  Excités par la malveillance, les uns voulaient se rendre dans leurs foyers, les autres proposaient de se jeter en partisans dans les Vosges. Rapp parvint à calmer l'effervescence des esprits. Après le licenciement, le général Rapp, menacé par des royalistes, se retira en Argovie (Suisse), où il fit, en 1816, l'acquisition du château de Wildenstein.  Le 12 (ou le 22) janvier 1816, le général Rapp épousa la fille du châtelain de Rheinweiler, décédé en 1813, Albertine-Charlotte baronne de Rothberg-Coligny.  Rheinweiler, petit village dépendant de Bad-Bellingen, se trouve à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Mulhouse, sur la rive droite du Rhin.  Rapp racheta le château le 9 août 1817 pour la somme de 121.165 francs. Le château existe encore de nos jours. Vous en trouverez une photo sur ce site : Rheinweiler-Online.de

Lorsque le danger des réactions fut passé, il revint en 1817 â Paris.  Une ordonnance royale du 22 juillet 1818 le mit en disponibilité.  Créé (à nouveau) pair de France le 5 mars 1819, il fut nommé, quelque temps après, premier chambellan et maître de la garde-robe.

Épuisé par les fatigues de la guerre et les nombreuses blessures dont il était couvert, Rapp ne survécut pas longtemps à Napoléon.  Comme l'Empereur – et à peine 6 mois après lui- il mourut d'un squirrhe  -  ainsi appelait-on à l'époque le cancer - du pylore le 8 novembre 1821, dans sa terre de Rheinweiler, en Grand Duché de Bade. Sa dépouille fut ramenée en terre d'Alsace et enterrée au cimetière du Ladhof, à Colmar.

Son nom est gravé sur l'arc de triomphe de l'Étoile, côté Est.

Tombe du général Rapp au cimetière du Ladhof, à Colmar.

Et le détail de l'inscription:

D.O.M.

Ici repose le Comte Jean Rapp

Lieutenant Général Pair de France

Premier Chambellan Maître de la Garde Robe du Roi

Grand Cordon de l'Ordre Royal de la Légion d'Honneur

Commandant de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis

Grand Cordon de l'Ordre Militaire de Maximilien Joseph

de Bavière et du Lion Palatin

Grand Croix de l'Ordre de la Fidélité de Bade

Chevalier de l'Ordre Imp. de la Cour. de Fer d'Autriche

Membre du Consistoire de la Confession d'Augsbourg

Vice-Président de la Société Biblique Protestante de Paris

Né à Colmar le XXVII Avril MDCCLXXI Mort à Rheinweiler le VIII Novembre MDCCCXXI

 

La même inscription, à deux mots près, figure sur la plaque de marbre fermant la niche qui contient son cœur dans l'église Saint-Matthieu à Colmar. Cette église avait été choisie par son épouse, parce que c'était l'église que le général avait fréquenté, étant petit.

Il existe à Colmar encore un autre monument, bien plus discret, à Jean Rapp. Il s'agit d'une plaque contre le mur d'une caserne, avenue du Général de Gaulle, à l'ouest de la ville. Elle porte le texte :
 

GÉNÉRAL RAPP

ILLUSTRE SOLDAT

DE L'ÉPOPÉE IMPÉRIALE

NÉ À COLMAR EN 1772

 

... en 1772 (sic!)

 

Bibliographie :

MULLIÉ, C.,  Biographie des Célébrités militaires des armées de Terre et de Mer de 1789 à 1850, Poignavant et Compie, Editeurs, Paris, s.d..

 

 

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