Après la chute de l’Empire, comme plusieurs de ses compagnons, il
cherchera fortune à l’étranger.
Par un contact en Perse, il entre en relation avec Aditabile.
Il donnait l’impression d’un grossier marin, bien qu’il fût doué d’une
profonde culture, et d’un esprit fort apprécié. Passionné de géographie,
il étudie avec attention le territoire du pays, et fait des recherches sur
la composition minéralogique, la nature, dressant des plans et dessinant
des esquisses qui se sont révélées précieuses, l’Europe ignorant presque
totalement ces lieux à cette époque.
Avec Jean-François Allard(*), il se rend à Lahore en
1827.
Le Maharadja Ranjit Singh(**), Pacha du Royaume du
Pendjab, doué d’un flair infaillible, reconnaîtra les talents de ceux qui
se mettaient à son service.
Artificier expérimenté, sera nommé directeur des fonderies, avec
mission d’organiser l’artillerie et la fabrication des canons selon les
modèles européens.
Leur engagement par le Maharadja était évidemment dû à leurs compétences
et à leurs expériences militaires.
Allard et Ventura, dès 1822, créèrent et commandèrent pour le souverain du
Pendjab le Fauj-i-khas, ou brigade spéciale (au sens de royale), forte de
cinq régiments d’infanterie, trois de cavalerie et d’une puissante unité
d’artillerie (le Top Khana). En 1826, Court et Avitabile les rejoignirent,
créant chacun leur propre brigade et, dans le cas de Court, remodelant
toute l’artillerie de l’armée du Pendjab. Ces unités “françaises”, et
appelées telles tant par les populations penjâbies (Francisi kampu,
Francisi sarwar) que par les services de renseignements britanniques (the
French Legion), montèrent jusqu’à 15.000 hommes de troupes d’élite, soit
le tiers environ des forces régulières du royaume du Pendjab.
A ces unités spéciales et parfaitement disciplinées furent confiées des
missions particulièrement délicates ou dangereuses, allant de la
surveillance des frontières sensibles, par exemple la frontière anglo-sikhe
ou celle avec le Baloutchistan, à l’occupation militaire de la dernière
grande province du royaume, celle de Peshawar, annexée par le général
Court, qui commandait alors deux brigades françaises lors d’une opération
particulièrement rapide en 1834. A de rares exceptions près, la province
de Peshawar restera sous commandement “français”, de 1834 à 1843, quand
les généraux français quittèrent le service du Pendjab pour rentrer en
Europe.
Ces commandements militaires étaient donc étroitement liés, on le voit, à
des responsabilités politiques. Le général Allard, commandant l’ensemble
des unités françaises du royaume, était aussi conseiller politique du
Maharadja
dans le domaine des affaires étrangères. Un nombre restreint d’obligations
étaient imposées à ces officiers étrangers dont les plus élevés en grade,
les généraux français et italiens, occupaient des postes-clefs au sommet
de la hiérarchie militaire et politique de l’État: porter la barbe, ne pas
fumer et se marier avec des dames locales était ce que Ranjit Singh leur
demandait courtoisement, mais fermement. Le moyen le plus sûr, pensait-il
en songeant à cette obligation dernière, de les attacher plus étroitement
à cette terre où ils servaient. Et le Maharadja
ne s’était guère trompé sur ce point.
Allard et Court avaient chacun une seule femme.
Le général Court, veuf, dit-on, d’une première épouse musulmane dont nous
ne
savons rien, épousa vers 1836 la jeune et extrêmement jolie cachemirienne
Fezli Azam Joo. En 1843, Court emmena avec lui en France sa jeune épouse
et leurs trois premiers enfants.
Court quitte le service du Maharadja Ranjit Singh du Pendjab en 1843. Il
rejoint Marseille accompagné de sa jeune compagne
Fezli Azam Joo, dont il avait déjà eu trois enfants :
1) Pauline, Marie, Joséphine Court,
2) Alexandre, Louis-Philippe Court,
3) Marie, Amélie court, née au Pendjab.
Un quatrième enfant, Marie Court, naît à Marseille le 3 janvier 1845.
Le général Court se marie à Marseille le 17 juin 1844 avec la fille
majeure de
Fezli Azam-Khan et de Rani. Un des témoins était le frère du général J.F.
Allard, Benjamin Allard, Chevalier de la Légion d’honneur.
Madame Court (Fezli
Azam Joo), décédera le 4 février 1869 et sera inhumée dans le tombeau de
famille au cimetière Saint-Martin, puis transférée au cimetière
Saint-Pierre, où elle repose avec le général Court, ainsi que ses enfants.