1815
Les Cent-Jours de Murat
- 26 mars : déclaration de guerre de
Murat à l’Autriche
- 30 mars : manifeste de Rimini appelant les Italiens au soulèvement -> scènes
de joie en Italie, mais...le soulèvement escompté ne vient pas.
- 3 avril : victoire de Murat au Panaro
- 4 avril 1815 Ponte Sant'Ambrogio,
4 avril 1815 Ponte Sant'Ambrogio, Murat salue le général Filangieri, blessé.
- 8 avril : victoire autrichienne à Occhiobello
- 28 avril :discours de Fano, dans
l'indifférence relative de la population.
DAL POGGIVOLO DI QVESTO
PALAZZO DEI |
De la terrasse de ce palais des comtes Marcolini qui, dans la tempête de Napoléon, hébergea successivement le commandant turc, la reine de Naples et le vice-roi Eugène, le 28 avril 1815, Joachim Murat, après avoir lancé à Rimini la proclamation aux Italiens, se pencha vers la foule qui, dans un silence terrible, lui donna un premier signe que le temps n’était pas arrivé pour le rêve radieux que les larmes des mères et le sang des martyrs et des héros portèrent à la gloire de Vittorio Veneto.
- 3 mai : défaite de Murat à Tolentino
- 15 mai : défaite à San Germano
- 20 mai : traité de Casalanza, fin du règne
- 25 mai : fuite en France, Murat débarque à Cannes
- Après Waterloo, exil en Corse
Il choisissait mal son temps : la catastrophe finale l'emporta, et il ne revit pas sa capitale.
Ayant demandé à Louis XVIII un passeport pour gagner l'Angleterre, on ne lui répondit même pas. Comme on l'informa que des assassins s'apprêtaient à le frapper, à Toulon où il était, et comme le meurtre récent du maréchal Brune ne donnait que trop de vraisemblance à cet avis, il résolut de gagner le Havre par mer, pour de là se rendre à Paris et se mettre à la discrétion des souverains alliés. Il s'embarqua ; mais une tempête le jeta sur les côtes de Corse, où il fut reçu comme un sauveur. Cet accueil, joint aux excitations de plusieurs imprudents, mêlés sans doute de quelques traîtres, lui persuada qu'il avait encore un rôle à jouer. Le retour de l'île d'Elbe l'avait d'ailleurs vivement frappé ; il se savait aimé et regretté dans son ancien royaume. Sans balancer, il décida d'y retourner en abordant à Salerne, où trois mille soldats de son ancienne armée étaient encore.
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Plusieurs plaques commémorent le séjour.
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À LA MÉMOIRE SOUVENIR NAPOLEONIEN Vescovato, le 10. 8 . 2003
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L'arrière de l'imposante maison.
Le 20 septembre, se dirigeant vers Ajaccio, il est accueilli par le curé Pantalacci du
petit village de Vivario.
Le 21
septembre, il est à Bocognano, où il loge dans cette maison des frères
Bonelli, U Palazzo.
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DANS CETTE MAISON
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- 28 septembre : tentative de reconquête du trône
- 8 octobre : capturé
- 13 octobre : exécuté
Pour ce faire, il rassembla deux cent cinquante hommes de confiance pleins d'ardeur et de dévouement ; puis, avec son habituelle témérité, il embarqua la petite troupe sur six barques et cingla vers de nouvelles conquêtes.
Durant les six premières journées, tout alla bien ; mais le vent s'éleva. Une bourrasque affreuse qui dura trois jours dispersa l'escadrille, et l'ex-roi, séparé de ses autres compagnons, aborda le 8 octobre sur la plage de Pizzo, en Calabre, avec vingt-huit soldats pour toute escorte.
Il s'était rendu compte, en voyant son isolement, du peu de chances qui lui restaient, et il avait voulu gagner Trieste; mais le capitaine Barbara, qui commandait le bateau, insista pour débarquer, ce qui fut fait.
Alors commence un des plus abominables drames dont l'histoire ait à retracer: les détails et qui montre Murat plus grand qu'Il ne fut jamais, aux prises avec un roi, des ministres et des subalternes, assez inconscients pour se glorifier d'avoir été ses bourreaux.
Cela vaut d'être rapporté dans le détail.
Joachin Murat et ses compagnons mirent pied à terre à midi. Quelques canonniers gardes-côtes secondèrent le roi; mais ce fut en vain qu'il harangua les habitants de Pizzo, demeurés immobiles. Joachim ne put les ébranler. Lorsqu'au contraire il partit pour Montelone, chef-lieu du district, ils le suivirent sous la conduite d'un capitaine de gendarmerie nommé Trenta-Capilli, qui voulut arrêter le roi. Le courage de ses vingt-huit compagnons l'arracha des mains de ces brigands, et il reprit le chemin de Pizzo. La fatalité voulut que Barbara, n'ayant tenu compte que de sa sécurité personnelle, se fût remis en mer. Joachim se jeta dans les flots pour atteindre une barque, qui lui manqua; puis une seconde fois pour en atteindre une autre, qui ne put démarrer et de laquelle, d'un coup de poing, il renversa dans la mer un audacieux qui venait de porter la main sur lui.
Debout, entouré des gens de Trenta-Capilli revenus de leur stupeur, Joachim ne demandait qu'une chose, la liberté. Ses ennemis ne voulurent point y consentir. Forcé de se rendre, il prévit le sort funeste qui lui était réservé, et il considéra sa prison au fort de Pizzo comme l'antichambre de l'éternité.
Nunziante, commandant militaire des deux Calabres, ayant annoncé par le télégraphe au roi Ferdinand l'arrestation du monarque déchu, reçut par la même voie l'ordre de former immédiatement une cour martiale chargée d'instruire son procès.
Séance tenante, en effet, le défenseur que ses bourreaux lui avaient nommé vint lui annoncer le douloureux office dont on l'avait chargé auprès des juges.
« Ils ne sont pas mes juges, interrompit vivement Murat, ils sont mes bourreaux ! Comme il n'est pas question de me juger, mais de me condamner, vous ne parlerez pas pour ma défense, je ne le veux pas ! »
Au défenseur qui se retirait, interloqué, succéda le juge
chargé de l'instruction, qui, selon l'usage, venait lui demander son nom.
« Je suis Joachim Murat, s'écria-t-il, roi des Deux-Siciles et le vôtre. Avant
que je pusse m'abaisser jusqu'à reconnaître des juges dans ceux qu'on a choisis,
il faudrait arracher quelques pages de l'histoire de l'Europe. Sortez!
Délivrez-moi de votre présence ! »
L'instruction ne fut pas longue. Condamné d'avance, Murat accueillit avec un sourire de mépris l'arrêt de mort qui suivit la dérisoire comédie des débats. L'exécution devait avoir lieu dans les trente minutes!
Le malheureux n'eut que le temps de se confesser et d'écrire à sa femme la lettre suivante, dont le moindre mot est poignant si l'on songe à l'affreuse agonie morale dont elle est l'expression :
« Ma chère Caroline,
« Ma dernière heure est arrivée ; dans quelques instants j'aurai cessé de vivre •; dans quelques instants tu n'auras plus d'époux. Ne m'oublie jamais; ma vie ne fut tachée d'aucune injustice.
Adieu, mon Achille ; adieu, ma Letizia ; adieu, mon Lucien ; adieu, ma Louise ; montrez-vous au monde dignes de moi.
Je vous laisse sans royaume et sans bien, au milieu de mes ennemis; soyez constamment unis, soyez supérieurs à l'infortune, pensez à ce que vous êtes et à ce que vous avez été, et Dieu vous bénira.
Ne maudissez pas ma mémoire ; sachez que ma plus grande peine, dans les derniers moments de ma vie, est de mourir loin de mes enfants.
Recevez la bénédiction paternelle; recevez mes embrassements et mes larmes. Ayez toujours présent à votre mémoire votre malheureux père.
Pizzo, 13 octobre 1815. »
Joachim coupa quelques boucles de ses cheveux, les enveloppa dans sa lettre, la remit non cachetée au capitaine Starage et le pria de la faire parvenir à la reine avec son cachet en cornaline, représentant la tête de cette femme aimée. La lettre parvint à sa destination; mais, détail d'une bassesse indigne, les cheveux et le cachet furent interceptés. Le délai fatal expiré, l'infortuné prince sortit de sa chambre et se trouva en face du peloton armé qui l'attendait.
« Soldats, dit-il en leur montrant son cœur, dirigez ici vos coups; la localité même vous force d'appuyer le bout de vos fusils contre ma poitrine. »
Alors il fixa d'un dernier regard le cachet qu'il tenait à la main droite, commanda lui-même le feu et reçut la décharge du peloton à 4 heures du soir. Son corps, mutilé par la violence des coups de feu tirés de si près, fut porté dans une sépulture de la cathédrale de Pizzo.
Trenta-Capilli, le misérable qui l'avait arrêté, s'est privé de la justification du devoir accompli en volant à sa victime ses brillants, son argent et une lettre de crédit de douze cent mille francs. Afin de montrer qu’il était d'accord avec les bourreaux, le roi Ferdinand exempta d'impôts la ville de Pizzo et la surnomma Très-Fidèle.
L'Italie d'aujourd'hui a été plus juste pour la mémoire de Murat. Elle lui a rendu un hommage également honorable pour celui qui le reçoit et pour celui qui le donne, en plaçant au palais royal de Naples la statue du héros parmi celles des principaux personnages qui y ont exercé le pouvoir suprême.
La France, grâce à Dieu, n'a pas de réparation à lui faire. Tout au plus peut-on regretter qu'elle ne soit pas le suprême asile de ses restes glorieux.
Sur l'initiative de ses descendants, des recherches ont été faites en avril 1899 dans l'église de Pizzo, où il avait été inhumé après son exécution. On n'a mis au jour que les ossements des cholériques entassés là au cours d'une épidémie, et l'on n'a retrouvé aucune trace certaine du corps de l'ex-roi, pas même les boutons dorés de l'habit qu'il portait le jour de sa mort.
Comme il est souvent écrit, Joachim Murat n'eut pas droit à une tombe individuelle après son exécution au Pizzo. Il y a cependant une inscription à sa mémoire, ainsi que son profil, sur la tombe de la famille Murat, dans la 39e division du Père-Lachaise. Ce monument est un cénotaphe. Son épouse Caroline Bonaparte, qui repose dans l'église Ognissante, à Florence (Italie), est également mentionnée. On remarquera à l'arrière-plan l'imposante tombe d'un autre* amiral, Decrès. |
A la |
* Rappelons que Joachim Murat avait également le titre d'amiral.
Cependant, nous pouvons ici corriger l'affirmation selon laquelle Murat n'aurait aucune tombe. Il est vrai qu'après son exécution, son corps à été jeté à la fosse commune, mais il en fut rapidement extrait pour être enterré dans la crypte de l'église San Giorgio au Pizzo. Cependant, les "ennuis" - ou plutôt, les complications - ne s'arrêtent pas là. Ce n'est pas une tombe individuelle, et à l'époque, une autre personne y est enterrée. Les choses en restent ainsi jusqu'à l'épidémie de choléra de 1830-1832. A cette époque, de nombreux autres corps de victimes de l'épidémie sont enterrés dans cette crypte. D'où la difficulté, de nos jours, d'identifier les ossements de Murat. De nombreuses personnes s'y intéressent et des analyses ADN pourraient apporter une solution. N'essaie-t-on pas également en Italie d'identifier les restes de la Joconde. Tous les espoirs d'une identification pourraient donc être permis.
Mais, même à l'heure actuelle, une plaque commémorative indique la tombe de Murat dans l'église du Pizzo. Nous devons à M. Alexandre Baury de pouvoir vous la présenter ici. Qu'il en soit grandement remercié.
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Qui è sepolto RE
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Une très belle statue de Murat, parmi tous les souverains qui régnèrent sur Naples, orne la façade du palazzo Reale, ancien palais royal, Piazza Plebiscito, à Naples.
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Médaille à l'effigie du roi Murat.
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Bibliographie :
- Marcel Dupont, Murat, Cavalier, Maréchal de France, Prince et Roi, éditions Copernic, 1980.
- J. Lucas-Dubreton, Murat, Fayard, 1944.
- Yves Buffetaut, Collection "Les grandes Destinées" N°4, Murat, Roi de Naples : la chevauchée du meilleur cavalier de l'Empire, 1994.
- Parquin, Récits de guerre, Souvenirs de Parquin, Introduction de F. Masson, 1892
- Jacques Jourquin, Souvenirs et biographie du Commandant Parquin, Tallandier, 2003.
Napoléon 1er Hors Série 27 Murat (décembre 2017)
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