CAMPAGNE DE 1805
14 octobre 1805 : bataille d'Elchingen
Carte de Krauss : 1805 - Der Feldzug von Ulm. Vienne, 1912.
ELCHINGEN (combat d'). Napoléon apprend la nouvelle coalition des Allemands, des Russes et des Anglais. Le camp de Boulogne est levé ; les phalanges françaises, traversant l'Allemagne, recouvrent la Bavière , et se portent, avec la rapidité de l'éclair, sur l'armée autrichienne, campée devant Ulm, dont le fameux Mack était général. Napoléon arrive le 13 octobre 1805, ordonne de s'emparer du pont et de la position d'Elchingen, défendue par seize mille Autrichiens. Le maréchal Ney se met à la tête du soixante-neuvième régiment, formé en colonnes serrées; se place à l'avant-garde, force le pont, puis se déploye à portée du feu des ennemis, avec un ordre et un sang froid qui leur en impose. Les autres troupes françaises imitent ce bel exemple. Les Autrichiens sont partout culbutés. Le champ de bataille est jonché de leurs blessés et de leurs morts. Trois mille sont prisonniers. (Nouveau dictionnaire historique des sièges et batailles mémorables et des combats maritimes les plus fameux, de tous les peuples du monde..., F.M.M., Gilbert, 1809)
Le 14 octobre 1805 (22 vendémiaire an 14).
COMBAT D'ELCHINGEN.
L'empereur Napoléon, instruit par les combats d'Haslach et d'Albeck (8 et 11 octobre) que le général autrichien, au lieu d'opérer sa retraite sur l'Inn ou le Tyrol, avait commis la faute de concentrer ses forces dans la position d'Ulm, se hâta de faire rétrograder sur ce point, par les deux rives du Danube, les divers corps d'armée qui déjà s'étaient portés sur le Lech. Ainsi donc, pendant que toutes les communications de l'ennemi étaient interceptées sur la rive droite, le général français vint attaquer la position centrale par la rive gauche. La première opération, pour s'approcher d'Ulm, était de se rendre maître du pont et de la position d'Elchingen, à peu de distance de cette place.
Le 14 octobre, à la pointe du jour, le maréchal Ney passa ce pont à la tête de la division Loison. Pendant long-tems l'ennemi, qui occupait Elchingen avec seize mille hommes, le lui disputa opiniâtrement; mais enfin, partout culbuté, il perdit trois mille hommes, et fut poursuivi jusque dans ses retranchements. Dans le même tems, le maréchal Lannes occupait les hauteurs qui dominent la plaine au-dessus du village de Pfoël, et ses tirailleurs enlevèrent la tête du pont d'Ulm, tandis que le prince Murât, manœuvrant avec les divisions de cavalerie des généraux Klein et Beaumont, mettait en déroute la cavalerie autrichienne ,qui voulut se montrer. Poussé de tous les côtés avec la même vigueur, l'ennemi, vers la fin de la journée, fut entièrement rejeté dans la place. * Dans le combat d'Elchingen, l'un des plus heureux de cette campagne, on cita pour s'être particulièrement distingués le 18e de dragons et son colonel Lefèvre, le 6gede ligne, qui le premier força le pont en colonne serrée, le colonel du 10e de chasseurs, Colbert, et le colonel Lajonquières, du 76ede ligne. Le titre de duc d'Elchingen, que reçut le maréchal Ney près de deux ans après, lui fut donné en mémoire de cette journée, au succès de laquelle il eut la plus grande part. (Éphémérides militaires depuis 1792 jusqu'en 1815, ou Anniversaires de la valeur française. Octobre. par une société de militaires et de gens de lettres, 1820 Pillet aîné (Paris) 1818-1820)
Tous les panoramas réunis en une galerie : http://extrazoom.com/gallery/Elchingen.html
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Oberelchingen
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2. Axe de l'attaque française à partir de la
vallée du Danube, à gauche. Vue vers le sud. L'abbaye, occupée par les
Autrichiens, est à droite.
3.
Panorama de la
bataille d'Elchingen. A gauche et au centre, vallée du Danube d'où monte
l'attaque française. A droite, abbaye d'Elchingen où sont retranchés les
Autrichiens.
Partie sud du champ de bataille. La route va +/- d'est en ouest.
Le panorama ci-dessous donne la suite du paysage, l'abbaye faisant le raccord.
4.
Panorama de la
bataille d'Elchingen. Vue à 180° d'ouest en est, face aux positions
autrichiennes, à partir des positions françaises.
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5. La route suite un axe sud-nord.
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6. Secteur nord-est du champ de bataille. On
remarque l'abbaye à l'ouest.
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7.
Vue vers l'est à
partir du Ney-Loch
Ney y démontre ses qualités dans une entreprise périlleuse : il fallait passer le Danube débordé sur un mauvais pont à demi détruit et balayé par l'artillerie ennemie. La pluie tombait à torrents et le village, sur une hauteur, était formidablement défendu et difficile d'accès. Ney s'élance en grande tenue, enlève une division, gravit les pentes sous une grêle de mitraille, et déloge une armée quatre fois supérieure, contre laquelle il tient bon jusqu'à l'arrivée des secours. Cet exploit lui valut plus tard le titre de duc d'Elchingen.
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L'abbaye d'Elchingen
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Oberfahlheim
Le soir de la bataille d'Elchingen, l'Empereur logea au presbytère de ce
village.
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15-22 octobre 1805
Oberelchingen
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Une plaque porte l’inscription suivante :
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18 octobre 1805
Elchingen, le 26 vendémiaire an 14 (18 octobre 1805) : Sixième bulletin de la Grande Armée.
La journée d'Ulm a été une des plus belles journées de l'histoire de France.
La capitulation de la place est ci-jointe, ainsi que l'état des régimens qui y sont enfermés.
L'empereur eût pu l'enlever d'assaut ; mais vingt mille hommes, défendus par des ouvrages et des fossés pleins d'eau, eussent opposé de la résistance, et le vif désir de S.M. était d'épargner le sang.
Le général Mack, général en chef de l'armée, était dans la ville.
C'est la destinée des généraux apposés a l'empereur, d'être pris dans des places.
On se souvient qu'après les belles manoeuvres de la Brenta, le vieux feld-maréchal Wurmser fut fait prisonnier dans Mantoue, Mélas le fut dans Alexandrie, Mack l'est dans Ulm.
L'armée autrichienne était une des plus belles qu'ait eues l'Autriche.
Elle se composait de quatorze régimens d'infanterie formant l'armée dite de Bavière, de treize régimens de l'armée du Tyrol, et de cinq régimens venus en poste d'Italie, faisant trente-deux régimens d'infanterie, et de quinze régimens de cavalerie.
L'empereur avait placé l'armée du prince Ferdinand dans la même situation où il plaça celle de Mélas. Après avoir hésité longtemps, Mélas prit la noble résolution de passer sur le corps de l'armée française, ce qui donna lieu à la bataille de Marengo.
Mack a pris un autre parti: Ulm est l'aboutissant d'un grand nombre de routes. Il a conçu le projet de faire échapper ses divisions par chacune de ces routes, et de les réunir en Tyrol et en Bohême. Les divisions Hohenzollern et Werneck ont débouché par Memmingen. Mais l'empereur, dès le 20, accourut d'Augsbourg devant Ulm, déconcerta sur-le-champ les projets de l'ennemi, et fit enlever le pont et la position d'Elchingen, ce qui remédia à tout.
Le maréchal Souk, après avoir pris Memmingen, s'était mis à la poursuite des autres colonnes.
Enfin, il ne restait plus au prince Ferdinand d'autre ressource que de se laisser enfermer dans Ulm, ou d'essayer, par des sentiers, de rejoindre la division de Hohenzollern ; ce prince a pris ce dernier parti ; il s'est rendu à Aalen avec quatre escadrons de cavalerie.
Cependant le prince Murat était à la poursuite du prince Ferdinand.
La division Werneck a voulu l'arrêter à Langeneau ; il lui a fait trois mille prisonniers, dont un officier général, et lui a enlevé deux drapeaux. Tandis qu'il manoeuvrait par la droite à Heydenheim, le maréchal Lannes marchait par Aalen et Nordlingen.
La marche de la division ennemie était embarrassée par cinq cents chariots, et affaiblie par le combat de Langeneau.
A ce combat, le prince Murat a été très-satisfait du général Klein.
Le vingtième de dragons, le neuvième d'infanterie légère et les chasseurs de la garde impériale se sont particulièrement distingués. L'aide-de-camp Brunet a montré beaucoup de bravoure.
Ce combat n'a pas retardé la marche du prince Murat.
Il s'est porté rapidement sur Neresheim, et le 25, à cinq heures du soir, il est arrivé devant cette position.
La division de dragons du général Klein a chargé l'ennemi.
Deux drapeaux, un officier général et mille hommes ont été de nouveau pris au combat de Neresheim.
Le prince Ferdinand et sept de ses généraux n'eurent que le temps de monter à cheval.
On a trouvé leur dîner servi.
Depuis plusieurs jours ils n'ont aucun point pour se reposer.
Il paraît que le prince Ferdinand ne pourra se soustraire à l'armée française qu'en se déguisant, ou en fuyant avec quelques escadrons, par quelques routes détournées d'Allemagne.
L'empereur traversant une foule de prisonniers ennemis, un colonel autrichien témoignait son étonnement de voir l'empereur des Français trempé, couvert de boue, autant et plus fatigué que le dernier tambour de l'armée.
Un de ses aides-de-camp lui ayant expliqué ce que disait l'officier autrichien, l'empereur lui fit répondre : «Votre maître a voulu me faire ressouvenir que j'étais un soldat ; j'espère que la pompe et la pourpre impériale ne m'ont pas fait oublier mon premier métier.»
Le spectacle que l'armée offrait dans la journée du 23 était vraiment intéressant.
Depuis deux jours la pluie tombait à seaux.
Tout le monde était trempé ; le soldat n'avait pas eu de distribution.
Il était dans la boue jusqu'aux genoux ; mais la vue de l'empereur lui rendait sa gaieté, et du moment qu'il apercevait des colonnes entières dans le même état, il faisait retentir le cri de vive l'empereur !
On rapporte aussi que l'empereur répondit aux officiers qui l'entouraient, et qui admiraient comment, dans le moment le plus pénible, les soldats oublient toutes leurs privations, et ne se montrent sensibles qu'au plaisir de le voir: «Ils ont raison, c'est pour épargner leur sang que je leur fais essuyer de si grandes fatigues.»
L'empereur, lorsque l'armée occupait les hauteurs qui dominent Ulm, fit appeler le prince de Lichtenstein, général-major, enfermé dans cette place, pour lui faire connaître qu'il désirait qu'elle capitulât, lui disant que s'il la prenait d'assaut, il serait obligé de faire ce qu'il avait fait à Jaffa, où la garnison fut passée au fil de l'épée; que c'était le triste droit de la guerre; qu'il voulait qu'on lui épargnât et à la brave nation autrichienne la nécessité d'un acte aussi effrayant ; que la place n'était pas tenable ; qu'elle devait donc se rendre.
Le prince insistait pour que les officiers et soldats eussent la faculté de retourner en Autriche. «Je l'accorde aux officiers et non aux soldats, a répondu l'empereur ; car qui me garantira qu'on ne les fera pas servir de nouveau.»
Puis après avoir hésité un moment, il ajoute : «Eh bien, je me fie à la parole du prince Ferdinand.
S'il est dans la place, je veux lui donner une preuve de mon estime, et je vous accorde ce que vous me demandez, espérant que la cour de Vienne ne démentira pas la parole d'un de ses princes».
Sur ce que M. Lichtenstein assura que le prince Ferdinand n'était point dans la place. «Alors je ne vois pas», dit l'Empereur, «qui peut me garantir que les soldats que je vous renverrai ne serviront pas.»
Une brigade de quatre mille hommes occupe l'une des portes de la ville d'Ulm.
Dans la nuit du 24 au 25 il y a eu un ouragan terrible; le Danube est tout à fait débordé et a rompu la plus grande, partie de ses ponts ; ce qui nous gêne beaucoup pour nos subsistances.
Dans la journée du 23, le maréchal Bernadette a poussé ses avant-postes jusqu'à Wasserbourg et Haag sur la chaussée de Braunau; il a fait encore quatre ou cinq cents prisonniers à l'ennemi, lui a enlevé un parc de dix-sept pièces d'artillerie de divers calibres; de sorte que, depuis son entrée à Munich, sans perdre un seul homme, le maréchal Bernadotte a pris quinze cents prisonniers, dix-neuf pièces de canon, deux cents chevaux et un grand nombre de bagages.
L'empereur a passé le Rhin le 9 vendémiaire, le Danube le 14, à cinq heures du matin, le Lech le même jour, à trois heures après midi; ses troupes sont entrées a Munich le 20, ses avant-postes sont arrivés sur l'Inn le 23.
Le même jour il était maître de Memmingen, et le 25 d'Ulm.
Il avait pris à l'ennemi, aux combats de Wertingen, de Günzbourg, d'Elchingen, aux journées de Memmingen et d'Ulm, et aux combats d'Albeck, de Langeneau et de Neresheim, quarante mille hommes, tant infanterie que cavalerie, plus de quarante drapeaux, et un très-grand nombre de pièces de canon, de bagages, de voitures ; et pour arriver à ces grands résultats, il n'avait fallu que des marches et des manoeuvres.
Dans ces combats partiels, les pertes de l'armée française ne se montent qu'à cinq cents morts et à mille blessés.
Aussi le soldat dit-il souvent: L'empereur a trouvé une nouvelle méthode de faire la guerre, il ne se sert que de nos jambes et pas de nos bayonnettes.
Les cinq sixièmes de l'armée n'ont pas tiré un coup de fusil, ce dont ils s'affligent ; mais tous ont beaucoup marché, et ils redoublent de célérité quand ils ont l'espoir d'atteindre l'ennemi.
On peut faire en deux mots l'éloge de l'armée : Elle est digne de son chef.
On doit considérer l'armée autrichienne comme anéantie.
Les Autrichiens et les Russes seront obligés de faire beaucoup d'appels, de recrues, pour résister à l'armée française, qui est venue à bout d'une armée de cent mille hommes, sans éprouver, pour ainsi dire, aucune perte.
NAPOLÉON
19 octobre 1805
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Pour info : ces photos ont été prises en 2005, une époque à laquelle la qualité des appareils numériques n'était pas celle de nos jours ! Désolé.
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