OPPOSITION À LA DEMANDE DE DESTRUCTION DE LA FERME HISTORIQUE DES QUATRE-BRAS À BAISY-THY

 Madame, Monsieur,

Par la présente, nous voulons, à titre personnel et au nom de l'Association pour la Conservation des Monuments Napoléoniens, nous opposer fermement à tout projet de démolition de la ferme historique des Quatre-Bras.

 Déjà en 2008, de nombreux citoyens et personnalités en Belgique et à l'étranger avaient exprimé leur opposition à ce projet qui ne vise que l'intérêt financier de ses auteurs, bafouant les intérêts des riverains et la préservation de notre patrimoine historique.  À l'époque, le projet avait heureusement été refusé.  Cependant, les propriétaires des lieux n'ont pas fait la moindre chose pour entretenir les bâtiments, bien au contraire, ils ont manifestement laissé intentionnellement les lieux se détériorer.  Nous en voulons pour preuve le fait qu'ils n'ont rien fait pour rebâcher la grange après la tempête d'août dernier, malgré l'arrêté du bourgmestre (daté du 18 octobre et encore affiché sur les lieux).  Ceci a bien entendu entraîné une dégradation encore plus importante, dégradation maintenant utilisée comme argument pour détruire le bâtiment !

 Il faut préserver ce bâtiment pour des raisons historiques et de sauvegarde du patrimoine.  En effet, cette ferme historique de la fin du 18e siècle est le dernier élément encore existant du hameau des Quatre-Bras et également le témoin direct des combats du 16 juin 1815 entre les troupes du maréchal Ney et celles du duc de Wellington, prélude à la bataille de Waterloo.  La ferme servit également d'ambulance après les combats.

 Après le vol à la disqueuse de la plaque commémorative sur le mur sud en décembre, c'est maintenant l'ensemble du monument qui est menacé (et certains éléments pourraient faire croire aux esprits suspicieux que les deux événements ne sont pas étrangers l'un à l'autre...)

 Il est encore temps d'intervenir pour arrêter la destruction et demander une nouvelle affectation à ces bâtiments laissés à l'abandon depuis trop longtemps.  Un classement (même partiel) des bâtiments du 18e permettrait d'éviter une répétition de ces demandes de destruction et cette perte pour notre patrimoine.  Le but des promoteurs pourrait en effet être d'introduire tant de demandes de destruction qu'en fin de compte, une passerait inaperçue et ne trouverait pas d'opposition.  Le temps pour faire opposition est d'ailleurs très court, comme beaucoup de gens nous l'ont fait remarquer.

 Il serait inconcevable que la commune permette cette destruction, alors qu'en même temps, elle veut valoriser l'intérêt touristique des lieux en organisant des visites.  Comment faire visiter des lieux en permettant la destruction de son élément le plus spectaculaire ?

 Nous voulons en même temps réfuter certains arguments des auteurs de ce projet.  Le texte du projet contient, paraît-il, le texte suivant : 
"La reconstruction des façades (qui donnent sur la chaussée de Namur et la rue Dernier Patard) sera identique avec la récupération des anciens matériaux pour préserver le cachet et l'aspect de la ferme d'origine"

 Cependant, nous avons des doutes, car :

1) les promoteurs peuvent promettre, mais une fois l'objectif atteint et la ferme détruite, quelles garanties aurons-nous du respect des engagements ?

2) "au maximum 40 % d'éléments récupérés" :  qui vérifiera ? !

3) le texte dit "vu l'état de délabrement des bâtiments":  les propriétaires sont eux-mêmes en (grande) partie responsables de cet état, n'ayant jamais protégé ni entretenu les lieux !

4) ce n'est même pas le "façadisme" qu'on dénonce tant à Bruxelles !

5) Ces engagements ne changent rien à la destruction des bâtiments historiques.  Ce serait comme de dire :  "Nous allons brûler ce tableau dans votre musée, mais ne vous en faites pas, nous allons en peindre un autre."

6) Certaines parties sont saines et solides et leur destruction ne se justifie absolument pas du point de vue de la solidité.

 Sachez bien que nous ne sommes absolument pas opposés à un projet, mais nous demandons simplement le respect d'un minimum d'éléments historiques, à savoir la conservation des bâtiments le long de la chaussée vers Bruxelles (rue Dernier Patard), le porche et la grande grange (ancien dancing) le long de la N93 (chaussée de Namur).  Ces deux derniers éléments ne sont d'ailleurs pas en mauvais état, puisqu'ils ont été restaurés lors de l'aménagement en dancing.

 Nous croyons que c'est pour des raisons purement économiques que la destruction est l'option choisie par les promoteurs, celle-ci étant moins onéreuse que la réhabilitation/rénovation.

 Nous espérons donc que les pouvoir compétents ne permettront pas cet acte de "barbarisme historique" (l'expression n'est pas de nous) et veilleront à une solution qui pourra convenir à toutes les parties concernées, en préservant notre patrimoine historique qui attire les nombreux touristes, particulièrement au moment de la préparation des commémorations du bicentenaire des événements de  2015.

 Veuillez croire en l'assurance de notre considération distinguée.

 Dominique Timmermans

Membre du Comité Directeur et délégué du Président de l'Association pour la Conservation des Monuments Napoléoniens
Responsable pour la Belgique

 

 

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